Jules Moch

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Jules Moch
Parlementaire français
Naissance 15 mars 1893
Décès 1er août 1985
Mandat Député 1928-1936
puis 1937-1940
puis 1945-1958
puis 1962-1967
Début du mandat 1928
Fin du mandat {{{fin du mandat}}}
Circonscription Drôme
puis Hérault
Groupe parlementaire SFIO
IIIe République

Jules Moch (prononcer "Mok") est un homme politique français, né le 15 mars 1893 à Paris et décédé le 1er août 1985 à Cabris (Alpes-Maritimes). Il est le fils de Gaston Moch.

Sommaire

[modifier] Biographie

Polytechnicien (Promotion X 1912) et ingénieur de la Marine, il adhère à la SFIO en octobre 1924 et est élu député dès 1928, d'abord de la Drôme jusqu'en 1936, puis, lors d'une partielle, en 1937, de l'Hérault. Il s'impose comme un des meilleurs techniciens du parti socialiste. Esprit anticonformiste, il n'hésite pas à écrire qu'une bonne partie de la doctrine marxiste est dépassée.

Secrétaire général du gouvernement dans le premier cabinet Blum, puis sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil (1937), il est ministre des Travaux publics et des Transports dans le second cabinet Blum (mars-avril 1938). Il organise l'aide aux républicains espagnols (ventes d'armes fictives vers d'autres pays, qui se retrouvent en Espagne). En octobre 1938, il s'oppose aux Accords de Munich, et ne les vote à la Chambre des députés que par discipline de parti. Il est ensuite, avec Léon Blum, un des animateurs de la tendance de la S.F.I.O. prônant la résistance à Hitler.

Le 10 juillet 1940, il fait partie des quatre-vingts parlementaires à voter contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il est pour cette raison surveillé par Vichy, qui le fait même arrêter le 25 septembre 1940. Il est incarcéré à Pellevoisin (Indre), en compagnie de Vincent Auriol et de Marx Dormoy, puis transféré à Aubenas et à Vals.

Au début de 1941, il est libéré. Il entre alors dans la Résistance et crée le mouvement 1793, qui se livre à des sabotages dans l'Aude et l'Ardèche. Il rejoint de Gaulle en 1942. Peu enthousiasmé par le général, il préfère s'engager dans les forces navales de la France libre (1943) et participe au débarquement en Provence, en août 1944.

Il est membre de l'Assemblée consultative à Alger et Paris (1944), puis des deux Assemblées nationales constituantes (1945-46) puis de l'Assemblée nationale (1946-1958 et 1962-67). À huit reprises, il est ministre pendant la IVe République : Travaux publics et transports (1945-47), Intérieur (1947-50), Défense (1950-51). Jules Moch est vice-président du conseil de 1949 à 1950. Son dernier poste ministériel est l'Intérieur dans le gouvernement Pierre Pflimlin en mai 1958 : après le putsch d'Alger, il revient pour tenter de sauver la République, mais il constate que le noyautage de l'administration policière par les gaullistes et leurs alliés nationalistes gêne de manière rédhibitoire ses initiatives ; en effet, les CRS qu'il a envoyés échouent à reprendre la Corse aux putschistes.

Comme ministre des Transports, il contribue à la reconstruction des chemins de fer, des ports, des routes et de l'aviation. En tant que ministre de l'Intérieur, il est confronté aux grèves organisées par la CGT en novembre 1947 et il montre une grande fermeté. 9 octobre 1948 : Henri Queuille, président du conseil (de tendance radicale) depuis le 11 septembre 1948 - il forme le cinquième cabinet de la Troisième Force depuis l'éviction des ministres communistes en mars 1947 et la fin du tripartisme -, dénonce le “ caractère insurrectionnel ” des grèves en cours dans les mines. Ces grèves violentes, qui prirent des allures révolutionnaires notamment dans les charbonnages du Nord, furent déclenchées en octobre par la CGT en raison d'un retard des salaires sur les prix de plus de 30 %, l'inflation étant alors un mal chronique malgré l'aide américaine. Elles furent sévèrement contrées par le ministre de l'Intérieur Jules Moch, qui mobilisa 60 000 CRS et soldats contre les 15 000 grévistes retranchés dans les puits, et imposa la reprise du travail fin novembre. A la faveur de la lassitude des travailleurs et des divisions des syndicats, la répression fut sévère, avec plus de 2 000 licenciements, cinq morts et de nombreux blessés.Les communistes l'injurient avec une extrême violence. Il crée les inspecteurs généraux de l'administration en mission extraordinaire (Igames), les premiers préfets régionaux. Au ministère de la Défense, il contribue à la modernisation de l'armée, met sur pied la participation française à la guerre de Corée et contribue à la mise en œuvre de l'OTAN.

Il combat à la fois les gaullistes (RPF) et les communistes (PCF) et est un des leaders de la Troisième force. Délégué de la France à la Commission du désarmement de l'ONU de 1951 à 1960. Comme rapporteur de la Commission des affaires étrangères, il combat la Communauté européenne de défense que l'Assemblée nationale rejette en 1954.

Battu aux élections législatives de 1958, il redevient député en 1962. En 1967, il ne se représente pas et se retire de la vie politique. Il se consacre notamment à ses livres, à des conférences internationales scientifiques et au projet de pont sur la Manche, plus coûteux mais plus rentable qu'un tunnel. Très marqué par son expérience ministérielle pendant la Guerre froide, affecté par la mort de sa femme, il manifeste son opposition à l'Union de la Gauche, et démissionne du Parti Socialiste le 1er janvier 1975.

[modifier] Récapitulatif de ses fonctions

[modifier] Fonctions gouvernementales

[modifier] Députation

  • Député (SFIO) de la Drôme (1928-1936)
  • Député (SFIO) de l'Hérault (1937-1941, 1945-1958, 1962-1967)

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages de Jules Moch

  • L'Espagne républicaine : l'œuvre d'une révolution, éd. Rieder, 1933 (avec Germaine Picard-Moch)
  • Arguments socialistes, éd. de la Liberté, 1945
  • Le Communisme et la France, Société parisienne d'imprimerie, 1948
  • Confrontations (Doctrines - Déviations - Expériences - Espérances), éd. Gallimard, 1952 ; nouv. éd., Socialisme à l'ère atomique. Nouvelles confrontations, éd. Plon, 1974
  • Yougoslavie, terre d'expérience, éd. du Rocher, Monaco, 1953
  • Alerte, le problème crucial de la Communauté Européenne de défense, éd. Robert Laffont, 1954
  • La Folie des hommes (au sujet de la bombe atomique), éd. Robert Laffont, 1955
  • URSS, les yeux ouverts, éd. Robert Laffont, 1956
  • Washington D. Smith, banquier de Wall Street, éd. Robert Laffont, 1957
  • En retard d'une paix, éd. Robert Laffont, 1958
  • Socialisme vivant. Dix lettres à un jeune, éd. Robert Laffont, 1960
  • En 1961, paix en Algérie, éd. Robert Laffont, 1961
  • Le Pont sur la Manche, éd. Robert Laffont, 1962
  • Non à la force de frappe, éd. Robert Laffont, 1963
  • Histoire du réarmement allemand depuis 1950, éd. Robert Laffont, 1965
  • Rencontres avec Darlan et Eisenhower, éd. Plon, 1968
  • Destin de la paix, Le Mercure de France, 1969
  • Rencontres avec Léon Blum, éd. Plon, 1970
  • Le Front Populaire, grande espérance, éd. Perrin, 1971
  • Rencontres avec Charles de Gaulle, éd. Plon, 1971
  • Une si longue vie, éd. Robert Laffont, 1976
  • Le communisme, jamais !, éd. Plon 1977

[modifier] Ouvrages sur Jules Moch

  • Fabienne Chabod, Jules Moch, un socialiste de gouvernement. 1945-1951, mémoire de maîtrise, université de Besançon, 1986
  • Claude Bagheriche Jules Moch et les communistes. 1947-1948, mémoire de maîtrise, Paris-XII, 1988
  • Béatrice Grand, Jules Moch, un polytechnicien socialiste. 1893-1985, mémoire de DEA, Paris-XII, 1992
  • Éric Méchoulan Jules Moch un socialiste dérangeant, Bruxelles, éd. Bruylant, et Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 2000.
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