Jane de La Vaudère

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Jane de La Vaudère d'après une gravure publicitaire d'E. de Lauda pour le vin Mariani. Comme beaucoup de célébrités de la Belle Époque, Jane de La Vaudère fut invitée à saluer les bienfaits de cette boisson : ce qu'elle fit dans le quatrain reproduit ci-dessus en fac-similé. Boire du vin Mariani/C'est chanter, croire, aimer sans trêve/C'est ouvrir, au pays du rêve/Une porte sur l'Infini !
Jane de La Vaudère d'après une gravure publicitaire d'E. de Lauda pour le vin Mariani. Comme beaucoup de célébrités de la Belle Époque, Jane de La Vaudère fut invitée à saluer les bienfaits de cette boisson : ce qu'elle fit dans le quatrain reproduit ci-dessus en fac-similé. Boire du vin Mariani/C'est chanter, croire, aimer sans trêve/C'est ouvrir, au pays du rêve/Une porte sur l'Infini !

Jane de La Vaudère est le nom de plume de Jeanne Scrive, femme de lettres française née à Paris le 15 avril 1857 et morte dans cette même ville le 26 juillet 1908. Ses œuvres traitent avec habileté les thèmes naturalistes et décadents. Très lue avant la Grande Guerre, elle tomba par la suite dans un oubli presque complet, jusqu'à ce que l'étude du décadentisme, de plus en plus florissante, suscite un regain d'intérêt pour son abondante production.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Jane de La Vaudère naquit à Paris le 15 avril 1857 à Paris. Elle était issue de la haute société. Son père, Gaspard-Léonard Scrive, chirurgien militaire célèbre, avait été le médecin en chef de l'armée française durant la Guerre de Crimée. Son oncle maternel, Louis Loew, fut président de la chambre criminelle de la Cour de cassation, et, à ce titre, fut mêlé de près à la révision de la condamnation de Dreyfus. Ajoutons enfin qu'elle cousinait avec la famille Scrive de Lille, qui s'illustra dans diverses branches de l'industrie au XIXe siècle. Très tôt orpheline de père et de mère[1] néanmoins, elle fut placée au couvent de Notre-Dame de Sion. Elle y demeura jusqu'à son mariage avec Gaston Crapez, propriétaire du château de la Vaudère à Parigné-l'Évêque dans la Sarthe, auquel elle emprunta son pseudonyme littéraire. Mais elle vécut essentiellement à Paris, rue La Boétie, dans un appartement somptueusement décoré d'œuvres d'art et de statues orientales. Elle fut faite officier de l'Instruction publique (distinction honorifique que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de Palmes académiques).

Elle mourut le 26 juillet 1908. Ses obsèques eurent lieu le 29 juillet 1908 en l'église Saint-Ferdinand-des-Ternes (Paris).

Le quotiden Le Temps du 27 juillet 1908 faisait part de sa disparition en ces termes : « On annonce la mort d'un écrivain connu, Mme Jane de La Vaudère, auteur de plusieurs ouvrages où la hardiesse du sujet n'enlevait rien à la grâce littéraire. »

[modifier] Son œuvre

Elle est l'auteur d'une quarantaine d'œuvres. On compte plus de trente romans et recueils de nouvelles, quatre recueils de poésie et une dizaine de pièces, opérettes, comédies ou drames. Malgré le succès dont attestent ses tirages ainsi que le nom de ses éditeurs (Méricant, Ollendorf et Flammarion), malgré sa collaboration à de nombreux périodiques de l'époque, elle ne parvint pas à devenir membre de la Société des gens de lettres. Il est vrai que la Belle Epoque fut riche en romancières de talent, et les "mâles" des lettres ne voyaient pas d'un bon œil cette concurrence. Elle fut proche cependant d'Émile Zola dont elle adapta un conte pour le théâtre.

Sa poésie fut saluée par Leconte de Lisle, qui dit d'elle « qu'elle avait le charme et la vigueur, une palette abondante, composée des nuances les plus tendres et des tons les plus chauds »[réf. nécessaire].

La plupart de ses romans traitent avec habileté les thèmes naturalistes ou décadents ; ils font de Jane de la Vaudère un écrivain représentatif de l'esprit et du style fin-de-siècle.On peut citer, parmi ses œuvres les plus représentatives, L'Anarchiste, Le Droit d'aimer, Les Sataniques, ou encore Les Androgynes et Les Demi-Sexes, qui concentrent les représentations polymorphes du saphisme propres à la Belle Époque. Elle cultiva aussi le roman historique et l'exotisme ( Les Courtisanes de Brahma, Les Mystères de Kama, La Vierge d'Israël, La cité des sourires).

On lui doit aussi l'adaptation pour le théâtre d'un conte de Zola, Pour une nuit d'Amour, sous le nom de Jean Scrive, en collaboration, une comédie en vers, Les Statues, et une fantaisie japonaise, Les Trois Mousmés. Elle écrivit également, en collaboration avec Aurélien Scholl, une comédie en quatre actes : l'Eclosion.

[modifier] Notes

  1. Sa mère, Elisabeth Scrive, était née Weigel : elle mourut en 1870. Jane de La Vaudère avait une soeur, Marie Scrive (1849-1918), qui épousa un médecin militaire, J.-B. Dauvais de Gérarcourt.

[modifier] Bibliographie

  • Nicole G. ALBERT, Saphisme et décadence dans Paris fin-de-siècle, Paris : La Martinière, 2005.
  • Nicole G. ALBERT, Du mythe à la pathologie. Les perversions du genre dans la littérature et la clinique fin-de-siècle, Diogène n°208, Paris : P.U.F., 2004.
  • Liz CONSTABLE, Matthew POTOLSKY, Dennis DENISOFF (sous la dir. de), Perennial Decay : On the Aesthetics and Politics of Decadence, Philadelphie : Penn Press, 1998.
  • Peter CRYLE, Reading Sexuality in French Publishers' Catalogue of the Late Nineteenth Century : the Challenge of Using Foucault, Center for History of European Discourses, Université de Queensland (Australie), 2004.
  • Peter CRYLE, Foretelling Pathology : The Poetics of Prognosis, French Cultural Studies, vol.17, n°1, Université de Queensland (Australie), 2006.
  • Geneviève DE VIVEIROS, Lettres inédites de Jane de La Vaudère à Emile Zola, Les Cahiers naturalistes n°81, septembre 2007.
  • C. FRANCIS et F. GONTIER, Mathilde de Morny. 1862-1944. La Scandaleuse Marquise, Paris : Perrin, 2000.
  • Gabrielle HOUBRE, A belle époque das romancistas, Revista Estudos Feministas, Université de Rio de Janeiro, vol. 10, n° 2, juillet/décembre 2002.
  • Jean LIBIS, Le Mythe de l'androgyne, Paris : Berg international, 1980.
  • Frédéric MONNEYRON, L'Androgyne décadent. Mythe, figure, fantasmes, Grenoble : Ellug, 1996.
  • Jean de PALACIO, Figures et formes de la décadence, Paris : Séguier, 1994.
  • Jean de PALACIO, Le Silence du texte. Poétique de la décadence, Louvain : Peeters Publishers, 2003.
  • Nathalie PRINCE, Les Célibataires du fantastique. Essai sur le personnage célibataire dans la littératue de la fin du XIXème siècle, Paris : L'Harmattan, 2002.
  • Joëlle PRUNGNAUD, Gothique et Décadence. Recherches sur la continuité d'un mythe et d'un genre en Grande-Bretagne et en France, Paris : Honoré Champion, 1997.

[modifier] Liste des œuvres

À une exception près, aucune des œuvres de Jane de La Vaudère n'a été rééditée ; on a donc indiqué entre parenthèses, pour chaque titre, la cote de l'ouvrage tel qu'on peut le consulter à la Bibliothèque nationale de France.

POÉSIES

  • Les Heures perdues, Paris : A. Lemerre, 1889. (8-YE-2175)
  • L'Éternelle chanson, [couronné par l'Académie française], Paris : P. Ollendorf, 1890. (8-YE-2478)
  • Minuit, Paris : P. Ollendorf, 1892. (8-YE-2971)
  • Évocations, Paris : P. Ollendorf, 1893.
  • Royauté morte, conte fantastique en 1 acte, Paris. Paru dans la Nouvelle Revue du 4 mars 1897 [1] disponible sur Gallica
  • Les Baisers de la Chimère, Paris. [Non mentionné par le catalogue Opale de la BnF]

ROMANS

  • Folie d'opium, Paris : A. Méricant, 1890. [Non mentionné par le catalogue Opale de la BnF ; voir le Centre Joseph-Sablé de l'Université de Toronto]
  • Mortelle étreinte, Paris : P. Ollendorf, 1891. (8-Y2-44686)
  • L'Anarchiste, Paris : P. Ollendorf, 1893. (8-Y2-47547)
  • Rien qu'amante !, Paris : P. Ollendorf, 1893. (8-Y2-48932)
  • Ambitieuse, Paris : P. Ollendorf, 1894. (8-Y2-49654)
  • Le Droit d'aimer, Paris : P. Ollendorf, 1895. (8-Y2-49166)
  • Le Centenaire d'Emmanuel, Genève : Impr. suisse, 1896. (8-Y2-51305)
  • Les Sataniques (recueil de nouvelles), Paris : P. Ollendorf, 1897.
  • Les Demi-Sexes, Paris : P. Olllendorf, 1897. (8-Y2-23416)
  • Le Sang, Paris : P. Ollendorf, 1898. (8-Y2-51324)
  • Les Frôleurs, roman dialogué, Paris : P. Ollendorf, 1899. (8-Y2-52037)
  • Trois fleurs de volupté, roman javanais, Paris : E. Flammarion, 1900. (8-Y2-52450)
  • Le Mystère de Kama, roman magique indou, Paris : E. Flammarion, 1901. (8-Y2-53162)
  • L'Amazone du roi de Siam, Paris : E. Flmmarion, 1902. (8-Y2-53495)
  • La Mystérieuse, Paris : E. Flammarion, 1902. (8-Y2-40971 (421))
  • Les Androgynes, roman passionnel, illustré de 25 compositions de Maurice Neumont, Paris : A. Méricant, 1903. (8-Y2-54016)
  • Les Courtisanes de Brahma, Paris : E. Flammarion, 1903. (8-Y2-55230) lire sur Gallica
  • L'Expulsée, Paris : E. Flammarion, 1903. (8-Y2-54663)
  • Le Harem de Syta, roman passionnel, Paris : A. Méricant, 1904. (8-Y2-21589)
  • L'Amante du Pharaon (moeurs antiques). [Illustrations de Ch. Atamian] Paris : J. Tallandier, 1905.
  • Confessions galantes, en collaboration avec Théo-Critt (pseudonyme d'Aurélien Scholl) et Théodore Cahu ; illustré de 60 compositions de Préjelan ; Paris : A. Méricant, 1905. (8-Y2-55230)
  • Le Peintre des frissons, roman parisien,Paris : E. Flammarion, 1906. (8-Y2-56316)
  • La Sorcière d'Ecbatane, roman fantastique, Paris : E. Flammarion, 1906.
  • Le Crime d'aimer, Paris : A. Méricant, 1908. (8-Y2-56942)
  • L'Élève chérie, roman parisien, Paris : Bibliothèque générale d'édition, 1908. (8-Y256821)
  • Sapho, dompteuse, Paris : A. Méricant, 1908. (2000-79351)
  • Les Audacieux, Paris : A. Méricant, 1909. (8-Y2-57932)
  • La Cité des sourires, roman japonais, Paris : Librairie des publications modernes, (s. d.). (8-Y2-56310.) Réédition à Paris : Kwok On, 1993.
  • L'Invincible amour ! roman..., Paris : A. Méricant, (s. d.). (8-Y2-57892)
  • Le Jardin du péché, Paris : A. Méricant, (s. d.). (8-Y2-22938)
  • La Porte de félicité, Paris : E. Flammarion, (s. d.). (8-Y2-56311)
  • Les Prêtresses de Mylitta, roman babylonien, Paris : A. Méricant, (s. d.). (8-Y2-56309)
  • Le Rêve de Mysès, roman d'amour de moeurs antiques, Paris : Librairie d'art technique, (s. d.). (8-Y2-56316)
  • La Vierge d'Israël, roman de moeurs antiques, Paris : A. Méricant, (s. d.). (8-Y2-56315)

THÉÂTRE

  • Le Modèle, comédie en 1 acte, en vers, Paris : A. Lemerre, 1889.
  • Pour une nuit d'amour ! drame en 1 acte, d'après le conte d'Émile Zola [Paris, Grand-Guignol, 16 mai 1898], Paris : P. Ollendorf, 1898. (8-YTH-28561)
  • Pour le flirt ! saynètes mondaines,[15 comédies et fantaisies lyriques] Paris : E. Flammarion, 1905. (8-YF-1436)
  • Dupont sera élu ! comédie électorale en 1 acte. Paris : G. Ondet, 1906. (8-RF-63707)
  • Mademoiselle de Fontanges, pièce en 4 actes, en vers..., Paris : A. Méricant, 1909. [Lu au Théâtre Fémina] (8-YTH-33008)

DIVERS

  • La Photographie du nu, par C. Clary, avec la collaboration d'écrivains français et étrangers [Gleeson White, Gustav Fritsch, Will. A. Cadby et Gabriely]. Préface de Jane de La Vaudère. Paris : C. Klary, 1902. (4-V-5439)


[modifier] Lien interne

[modifier] Lien externe

Collection Jane de la Vaudère (biographie, bibliographie) à l'Université de Toronto.