Jacques Derogy

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Jacques Derogy (Jacques Weitzmann, né le 24 juillet 1925 et mort le 30 octobre 1997) est un journaliste français, pionnier du journalisme d'investigation.[1]

Sommaire

[modifier] Biographie

Jacques Derogy s'engage dans la Résistance après avoir échappé aux rafles antisémites de Vichy - la famille Weitzmann est d'origine judéo-comtadine - et prend plus tard le pseudonyme de Derogy. Il couvre pour Franc Tireur le drame de l'Exodus, puis passe à Libération. Il y publie une grande enquête sur les drames de l'avortement clandestin, destinée à soutenir la création du Planning familial ; son enquête est condamnée par Maurice Thorez dans L'Humanité.

De 1959 à 1987, Jacques Derogy travaille à L'Express, où il devient célèbre pour ses nombreuses enquêtes, souvent en tandem avec Jean-Marie Pontaut. Il passe ensuite à L'Événement du jeudi puis Marianne.

Au long de sa carrière, Jacques Derogy a enquêté sur de nombreux scandales, y consacrant reportages et livres. Il couvre entre autres l'affaire Ben Barka (avec Jean-François Kahn[2]), la grâce accordée par Pompidou au milicien Paul Touvier[3], les assassinats à Lyon du juge Renaud et plus tard à Marseille du juge Michel, la tuerie d'Auriol, la corruption et les crimes sur la Côte d'Azur (affaire Jacques Médecin entre autres), les diamants de Giscard, l'affaire du Rainbow Warrior, les Irlandais de Vincennes...

Françoise Giroud évoque son souvenir d'un enquêteur passionné : « Jacques Derogy, merveilleux journaliste, était par exemple toujours noyé dans ses informations, il en recueillait tellement qu'il ne savait plus où les mettre. A un moment donné, en général à la dernière minute, il entrait dans mon bureau pour me dire: "Françoise, je n'y arrive pas." Je lui répondais alors: "Allons-y." Il y en a eu beaucoup comme ça. Je me souviens ainsi d'avoir fait refaire trois fois un papier sur Victor Hugo à Jean-François Kahn! Derogy et Kahn ont été les premiers à faire, à ce moment-là, du journalisme d'investigation avec l'affaire Ben Barka. »[4]

Jacques Derogy meurt à 72 ans d'un cancer et est enterré à Paris, au cimetière du Montparnasse. L'Humanité indique à sa mort qu'il « s’inquiétait récemment de voir les journalistes se livrer "à une course abominable" alors que "l’investigation est précisément le contraire de la vitesse". »

[modifier] Prix Jacques Derogy-l'Express

L'Express, où il a travaillé plus d'un quart de siècle, a rendu hommage à Jacques Derogy en donnant son nom à un prix, doté initialement de 30 000 francs, récompensant des journalistes d'investigation. La première édition de ce prix a été remise en 1998, à Valérie Lecasble et Airy Routier pour Forages en eau profonde, les secrets de l'affaire Elf.[5][6]

[modifier] Œuvres

  • Histoire de l'Exodus. Fayard, 1987.[7]
  • Histoire secrète d’Israël, avec Hesi Carmel. Olivier Orban, 1978.
  • Le cas Wallenberg. Ramsay, 1980.
  • Opération Némésis (sur la traque de 1920 à 1922 de responsables du génocide arménien). Fayard, 1986.
  • Enquête sur les ripoux de la Côte, avec Jean-Marie Pontaut. Fayard, 1991.
  • Bonaparte en Terre sainte, avec Hesi Carmel. Fayard, 1992.
  • Investigation, passion, Enquête sur 30 ans d'affaires, avec Jean-Marie Pontaut. Fayard, 1993
  • Le siècle d'Israël, avec Hesi Carmel. Fayard, 1995.
  • Ils ont tué Rabin, avec Hesi Carmel. Robert Laffont, 1996.)
  • Cent récits sur l’histoire contemporaine d’Israël. 1996.
  • Une ligne de chance, autobiographie inachevée, avec une postface de Françoise Giroud. Fayard, 1998
  • Ils ont tué Ben Barka. Fayard, 1999 (publié à titre posthume après la découverte du manuscrit par sa femme Renée), avec une seconde partie contemporaine écrite par Frédéric Ploquin.[8]

[modifier] Notes

  1. « Jacques Derogy, infatigable jusqu'à la mort, accumulait enquêtes et révélations », L'Express a 50 ans, L'Express n° 2706 du 15 mai 2003, par Jacques Duquesne
  2. Chronologie - L’affaire Ben Barka, Lexpress.fr du 31 octobre 2005, par Pauline Lecuit
  3. L'Express retrouve Paul Touvier, L'Express du 5 juin 1972, par Jacques Derogy
  4. «Nous voulions un journal pour dire ce que nous pensions», L'Express du 3 juin 1999, Françoise Giroud, propos recueillis par Denis Jeambar et Roland Mihaïl
  5. Prix littéraires, Le Monde du 23 octobre 1998
  6. Deux journalistes du Monde lauréats du prix Jacques Derogy-l'Express, octobre 1999
  7. Histoire de l'Exodus, Bibliomonde
  8. Le testament de Maître Jacques, L'Express, 8 juillet 1999, par Vincent Hugeux

[modifier] Liens externes