Irgoun

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L'Irgoun (ארגון, « organisation »), de son nom complet Irgoun Zvaï (ou Tzvaï) Leoumi (ארגון צבאי לאומי, Organisation militaire nationale), parfois abrégé en I.Z.L., acronyme lui-même lexicalisé en Etzel (אצ״ל), est une organisation armée nationaliste juive en Palestine mandataire, née en 1931 d'une scission de la Haganah, et dirigée à partir de 1943 par Menahem Begin.

L'Irgoun organisa l'immigration clandestine de Juifs en Palestine, des opérations de représailles puis des attentats contre les civils arabes et lutta contre la présence britannique dans le pays.

Après la proclamation de l'État d'Israël en 1948, la plupart de ses éléments furent intégrés dans l'armée régulière.

Les anciens membres de l'Irgoun ont majoritairement créés fin 1948 le parti Herout (Liberté), qui est la matrice de l'actuel Likoud, parti de droite israélienne.

Sommaire

[modifier] Création de la Haganah

La Haganah est un groupe d'autodéfense juive crée en 1920 à Jérusalem par des militants sionistes, suite aux émeutes anti-juives et anti-sionistes menées par les nationalistes arabes.

Vladimir Jabotinsky, sioniste de droite et futur inspirateur de l’Irgoun, a joué un rôle dans la création de l’organisation. Mais c'est le parti de gauche Achdut Ha'avoda qui prend la jeune organisation en main, et l’étend rapidement à l’ensemble du Yichouv (communauté juive en Palestine mandataire) après les nouvelles émeutes de 1921.

Assez vite, des militants de toutes origines, mais surtout de gauche, intègrent l'organisation. Achdut Ha'avoda transfère le contrôle de la Haganah à la Histadrout, le syndicat de la gauche sioniste. La Haganah et la Histadrout sont ainsi des organisations « unitaires », qui regroupent les différents partis de gauche (en particulier le Hapoel Hatzaïr et le Achdut Ha’avoda).

Les Britanniques n’officialisent pas l’organisation, mais la tolèrent plus ou moins.

La Haganah organise des gardes et des patrouilles autour des implantations juives. Mais de 1921 à 1929, la situation sécuritaire est assez calme, et la Haganah peu active.

[modifier] La scission de la Haganah (1929 – 1937)

Entre 1929 et 1931, se produisent une série d’émeutes nationalistes arabes anti-juives, qui font faire des dizaines de morts. Ces émeutes vont avoir deux conséquences : la volonté de faire de la Haganah l'organisation commune du Yichouv, mais aussi sa scission.

[modifier] L'unité

Les émeutes font d'abord ressortir le besoin pour le Yichouv d'avoir une organisation de défense commune, qui ne soit pas seulement l'émanation des partis de gauche. La Haganah ne peut donc plus être seulement l'émanation de la Histadrout. Après deux années de négociations entre partis, la direction de la Haganah passe en 1931 de la Histadrout à l’Agence juive (exécutif sioniste en Palestine). L'Agence juive est en effet une organisation officiellement non-partisane, regroupant gauche et droite. Mais comme elle est dominée par la gauche, la droite a exigé un droit de regard. Un comité paritaire est donc créé. C'est l'organe de supervision politique de la Haganah, constitué à parts égales de six membres politiques : trois représentant la « gauche » (dont Eliayhou Golomb et Dov Hoz) et trois représentant la « droite » (dont Saadya Shoshani et Yissaschar Sidkov).

Mais ce changement et ce paritarisme sont plus symboliques que pratiques : les même hommes, plutôt à gauche, restent aux commandes.

La direction de la gauche socialiste, qui tenait la Histadrout, a en effet fusionné au sein du Mapaï, en 1930. Le Mapaï a alors pris la direction de l’Agence juive et de l’Organisation sioniste mondiale, en alliance avec les centristes libéraux (sionistes généraux). David Ben Gourion a dirigé la Histadrout de 1921 à 1935 (et donc la Haganah jusqu’en 1931). C'est lui qui prend la direction de l’Agence juive de 1935 à 1948 (et donc de nouveau de la Haganah).

[modifier] La scission

Avraham Tehomi, créateur et dirigeant de l'Irgoun, de 1931 à 1937.
Avraham Tehomi, créateur et dirigeant de l'Irgoun, de 1931 à 1937.

La Haganah avait développé une doctrine d’utilisation de la force armée, baptisée la Havlagah (« retenue ») :

  • pour la défense, lors d’une attaque arabe ;
  • pour des représailles, mais ciblées sur d’anciens attaquants identifiés.

Bien souvent, les attaquants ne pouvaient être identifiés, et un courant est apparu au sein de l’organisation, prônant des représailles contre les populations « soutenant » les attaquants, c'est-à-dire potentiellement contre tout civil arabe palestinien.

En avril-mai 1931, l'année du transfert de la Haganah sous le contrôle de l'Agence juive, ce courant quitte la Haganah, emmené par le chef de celle-ci, Avraham Tehomi, qui entraîne 19 de ses officiers. L'élément déclenchant de la scission fut la suspension de Tehomi après des attaques de celui-ci contre les « Jésuites socialistes anglais, qui manifestent la plus vive sympathie pour les "malheurs" des arabes, mais ferment les yeux devant les saloperies dont ils se rendent coupables aux Indes, en Égypte et en d'autre pays ». Ces mots furent interprétés comme une attaque en règle contre le socialisme en général et le mouvement ouvrier juif en particulier[1].

La nouvelle organisation prend le nom de Haganah Beth (Haganah « B »), avant de se renommer « Haganah nationale ». Assez rapidement, un autre nom commence à être utilisé : Irgoun Zvaï Leoumi (Organisation militaire nationale), qui deviendra exclusif en 1937.

En pratique, le refus de la Havlagah n’aura guère de conséquences, les attaques arabes s’étant arrêtées avant la scission. Mais la Haganah n’est désormais plus seule en lice dans le camp sioniste.

La « Haganah nationale » n’est pas tout à fait une organisation de droite, mais les sympathisants du Parti révisionniste (le parti de la droite sioniste) y sont nombreux. Vladimir Jabotinsky, leur chef, entre d’ailleurs au « Comité de tutelle » (un comité de supervision politique) de la nouvelle organisation en 1933, au côté du Mizrahi (sionistes religieux), des sionistes généraux et du petit « Parti de l'État juif ». Il est à noter qu'à cette date, Jabotinsky est encore très réticent, et a beaucoup hésité à soutenir la « Haganah nationale » lui préférant l'opion de voir les Britanniques soutenir l'intégration de forces juives au sein de l'armée britannique pour en faire un rempart contre les Arabes.

La Haganah, dirigée et dominée par la gauche, n’est cependant pas non plus une organisation recrutant seulement à gauche. Des militants de droite et surtout du centre (sionistes généraux) y sont restés.

Sur l'idéologie du mouvement révisionniste et de l'Irgoun, voir l'article détaillé Parti révisionniste.

[modifier] La grande révolte arabe (1935-1939)

La Haganah nationale, ou Irgoun, avait eu une faible activité de 1931 à 1935, du fait de l'absence de conflit ouvert avec la population et les militants nationalistes arabes palestiniens. En 1933, elle est estimée à « 300 hommes, pour la plupart des jeunes sans expérience militaire, souvent obligés de s'entraîner avec des armes en bois[2] ».

Mais de la fin 1935 à 1939, les Arabes palestiniens se révoltent contre la puissance mandataire britannique et l'implantation sioniste (la population juive est passée de 80 000 en 1918 à 175 000 en 1931 et 400 000 en 1936). Plusieurs centaines de juifs seront tués au cours de la période.

Ce soulèvement aura trois conséquences majeures pour les organisations armées :

  • le renforcement militaire de la Haganah : celle-ci se montre assez efficace pour bloquer les attaques arabes, sécuriser les points isolés, et lancer des raids de représailles contre les militants nationalistes arabes. Elle attire donc des nouveaux membres, et compte bientôt des dizaines de milliers de membres (dont seulement une minorité sont des combattants stricto sensu). Elle coopère également de façon quasi ouverte avec les Britanniques, qui s’appuient largement sur elle et sur ses réseaux de renseignements dans la répression du nationalisme arabe palestinien. Les Britanniques arment et entraînent également plusieurs unités composées de Juifs comme le Notrim, une police surnuméraire juive qui comprend environ 3000 hommes ainsi que les Special Night Squads (escadrons de nuits spéciaux) dirigés par le major britannique Orde Charles Wingate, un sympathisant sioniste.
  • La scission de la Haganah nationale : devant la montée en puissance de la Haganah, même « limitée » par la Havlagah, une partie de la Haganah nationale décide de rallier la Haganah pour offrir un front commun aux attaques arabes. À partir de 1936, Avraham Tehomi engage des négociations en ce sens. Il est convoqué à Paris par Vladimir Jabotinsky, qui exige de lui un ralliement officiel au révisionnisme (ce que l’Irgoun n'avait jamais fait) et à son autorité politique. Tehomi déclare accepter, mais passe finalement à la Haganah en avril 1937 avec 40 % de ses troupes (1300 hommes). Le « Comité de tutelle » politique éclate. Les partis autres que le Parti révisionniste le quittent. La Haganah est renforcée, tant politiquement qu’en nombre de combattants.
  • La radicalisation de l’Irgoun : après la scission de 1937, la Haganah nationale abandonne son nom historique, et n’utilise plus que celui de Irgoun Zvaï Leumi (IZL). Ayant rompu avec les sionistes généraux et les sionistes religieux, l’organisation devient alors clairement l’aile militaire du mouvement révisionniste, mais avec une puissance bien moindre que celle de la Haganah. Malgré ce rattachement idéologique clair, l'influence de Jabotinsky au sein de l'organisation sera plus théorique que réel (il n'a plus le droit de pénétrer en Palestine depuis 1929).

[modifier] L’Irgoun et la question de la violence

David Ratziel, chef de l'organisation de 1937 à 1941.
David Ratziel, chef de l'organisation de 1937 à 1941.

L’Irgoun a commencé une campagne contre les civils arabes avant même le départ de Tehomi. Ainsi le 16 avril 1936, en réponse à l'assassinat de deux juifs la veille, l’Irgoun a tué deux ouvriers agricoles dans une orangeraie[3]. La généralisation des attaques contre les civils date cependant de 1937, après le départ vers la Haganah de Tehomi et de ses partisans. En 1936, Jabotinsky joue d'ailleurs encore un rôle modérateur, adjurant « ses partisans de faire preuve de retenue, aussi longtemps qu'il existera une chance de reconstituer une Légion juive avec le soutien de la Grande-Bretagne[4] ».

Mais après la scission, la modération est remise en cause. Jabotinsky écrit à la direction de l'IZL « si les troubles reprennent et s'accompagnent d'attaques contre des juifs, ne vous retenez pas[5] ». À Alexandrie, en juillet 1937, il indique cependant à ses troupes qu'il préfère éviter le terrorisme aveugle « je ne vois nul héroïsme à tirer sur un fellah venu vendre ses légumes à Tel-Aviv, ni le bénéfice politique que nous pourrions en tirer[6] ».

La question de la violence agite l'organisation tout 1937. Robert Bitker (un ex-officier des armées blanches de la guerre civile russe) devient le nouveau responsable de l’Irgoun d'après avril 1937, à laquelle sont restés fidèles 1700 combattants. Peu apprécié de ses hommes, il est remplacé à l'automne 1937 par Moshe Rosenberg. Hostile au terrorisme, celui-ci est rapidement remplacé par David Ratziel. C'est ce dernier qui organise les représailles du « dimanche noir », le 14 novembre 1937, où 8 passants (6 hommes et 2 femmes) sont abattus[7].

Preuve de l'influence lointaine de Jabotinsky, pourtant chef politique officieux de l'organisation, l’Irgoun s'est lancé dans la violence contre les civils palestiniens sans son autorisation. Ces attaques valent à l’Irgoun la réprobation des instances officielles du Yichouv et de la Haganah, ainsi que la qualification d’organisation terroriste par les Britanniques. « Des dizaines de cadres du parti révisionniste et du Betar sont placés en détention administrative. Des tribunaux militaires sont instaurés, la possession illégale d'armes devient passible de la peine de mort. [...] L'Irgoun doit interrompre ses attaques fin 1937[8] ».

Mais le 29 juin 1938, un militant de l’Irgoun, Ben Yosef, arrêté pendant la préparation d'un attentat en 1937 est pendu par les Britanniques. La réaction de l'Irgoun sera violente. Il est décidé de ne pas viser les Britanniques, pour ne pas pousser trop loin l'épreuve de force. Alors que la grande révolte arabe se calmait, il est décidé de cibler la population palestinienne : « Il faut créer une situation ou la vie d'un arabe ne vaudra pas plus que celle d'un rat. Comme ça, tout le monde comprendra que les Arabes sont de la merde, que nous sommes, nous et non eux, les véritables maîtres du pays[9] ». Jabotinsky approuve la nouvelle orientation. Le bilan des représailles :

  • 5 Arabes abattus le 4 juillet 1938 dans plusieurs attentats,
  • le 6 juillet, 2 bombes placées dans des bidons de lait explosent en plein marché arabe de Haïfa. La foule attaque les Juifs, la police tire : 21 Arabes et 6 Juifs sont tués dans l'attentat et l'émeute.
  • Une bombe placée dans la rue tue 2 Arabes à Jérusalem le 6 juillet.
  • Une bombe placée dans la rue tue 3 Arabes à Jérusalem le 8 juillet.
  • Une bombe placée dans le souk de la vielle ville de Jérusalem tue 10 Arabes le 15 juillet.
  • Une bombe placée dans le marché arabe de Haïfa le 25 juillet 1938 fait 45 morts (bilan britannique ; l’Irgoun pense que les Britanniques ont réduit le bilan pour calmer la foule arabe. Une enquête interne à l’Irgoun donne 70 morts).
  • Le dernier gros attentat de la campagne de 1938 sera commis le 26 août : un tonneau de dynamite explose dans le souk de Jaffa et fait 24 morts.

En terme sécuritaire, on note que la campagne d'attentats de 1938 a relancé la violence arabe, et le nombre de Juifs tués pendant cette période augmente spectaculairement : 50 par mois entre juillet et octobre, contre 7 par mois au cours des 9 mois précédents (ou la grande révolte arabe se calmait).

Au début de 1939, après des informations sur une révision de la politique palestinienne du Royaume-Uni dans un sens pro-arabe (confirmée ensuite par le Livre Blanc), l’Irgoun relance ses actions. Ainsi sont tués au hasard 27 Arabes dans les rues de Haïfa, Tel-Aviv et Jérusalem, le 27 février 1939, ce qui entraîne les félicitations de Jabotinsky (« votre réponse aux manifestations de victoire des ennemis de l'État juif a produit un effet énorme et positif », lettre de Jabotinsky à David Ratziel, chef de l'Irgoun, archives Jabotinsky).

Le bilan politique de ces actions semble au final plutôt négatif. L'utilisation de la violence contre les civils arabes est largement condamnée par le Yichouv, et isole la droite nationaliste, l’Irgoun et Jabotinsky.

[modifier] Liste des attentats attribués à l’Irgoun sur cette période

Pendant le soulèvement de 1936-1939, les attentats de l’Irgoun ont fait environs 250 victimes civiles arabes. La liste ci-dessous est tirée de l'ouvrage d'Arie Perliger et Leonard Weinberg, Totalitarian Movements & Political Religions, Vol. 4, No. 3 (2003) 91-118. On note quelques différences de détails avec les attentats rapportés par Marius Schattner.

  • 20 avril 1936 : 2 travailleurs arabes d'une plantation de bananes sont tués.
  • Mars 1937 : 2 Arabes tués sur la plage de bat-Yam.
  • 14 novembre 1937 : 6 Arabes sont tués dans plusieurs fusillades à Jérusalem.
  • 12 avril 1938 : 2 Arabes et 2 policiers britanniques sont tués par une bombe posée dans un train à Haïfa.
  • 17 avril 1938 : Un Arabe est tué par une bombe qui explose dans un café à Haïfa.
  • 17 mai 1938 : Un policier arabe est tué dans un attentat contre un bus de la route Jérusalem-Hébron.
  • 24 mai 1938 : 3 Arabes sont tués par balle à Haïfa.
  • 23 juin 1938 : 2 Arabes sont tués près de Tel-Aviv.
  • 26 juin 1938 : 7 Arabes sont tués par une bombe à Jaffa.
  • 27 juin 1938 : Un Arabe est tué dans l'enceinte d'un hôpital à Haïfa.
  • 5 juillet 1938 : 7 Arabes sont tués dans plusieurs fusillades à Tel-Aviv.
  • Le même jour : 3 Arabes sont tués par une bombe déclenchée dans un bus à Jérusalem.
  • Le même jour : Un Arabe est tué dans un autre attentat à Jérusalem.
  • 6 juillet 1938 : 18 Arabes et 5 Juifs sont tués par deux bombes simultanées au marché arabe de Melon à Haïfa.
  • 8 juillet 1938 : 4 Arabes sont tués par une bombe à Jérusalem.
  • 16 juillet 1938 : 10 Arabes sont tués par une bombe dans un marché de Jérusalem.
  • 25 juillet 1938 : entre 39 et 70 Arabes selon les sources sont tués par une bombe placée dans un marché à Haifa.
  • 26 août 1938 : 24 Arabes sont tués par une bombe dans un marché de Jaffa.
  • 27 février 1939 : 33 Arabes sont tués dans plusieurs attentats, dont 24 par une bombe dans le marché de Suk Quarter de Haïfa et 4 dans un marché de légumes arabe de Jérusalem.
  • 29 mai 1939 : 5 Arabes sont tués par l'explosion d'une mine dans le cinéma rex de Jérusalem.
  • Le même jour, 5 Arabes sont tués durant un raid sur le village de Biyar 'Adas.
  • 2 juin 1939 : 5 Arabes sont tués par une bombe Porte Jaffa à Jérusalem.
  • 12 juin 1939 : Une bombe explose dans une poste de Jérusalem, tuant un artificier britannique lorsqu'il essaie de désamorcer la bombe.
  • 16 juin 1939 : 6 Arabes sont tués dans plusieurs attentats à Jérusalem.
  • 19 juin 1939 : 20 Arabes sont tués par de explosifs placés sur un âne au marché d'Haïfa.
  • 29 juin 1939 : 13 Arabes sont tués dans plusieurs fusillades qui durent près d'une heure.
  • 30 juin 1939 : Un Arabe est tué sur un marché de Jérusalem.
  • Le même jour, 2 Arabes sont tués par balle à Lifta.
  • 3 juillet 1939 : Un Arabe est tué par une bombe placée dans un marché d'Haïfa.
  • 4 juillet 1939 : 2 Arabes sont tués dans deux attentats à Jérusalem.
  • 20 juillet 1939 : Un Arabe est tué dans une attaque de train à Jaffa.
  • Le même jour, 6 Arabes sont tués dans plusieurs attentats à Tel-Aviv.
  • Le même jour, 3 Arabes sont tués à Rehovot.
  • 27 août 1939 : 2 officiers britanniques sont tués par une mine à Jérusalem.

Seules les opérations ayant entraînées des décès sont listées ici. L’Irgoun mena au moins 60 opérations distinctes durant cette période[10].

[modifier] Le Livre blanc de 1939

En mai 1939, les Britanniques publient un troisième Livre blanc sur la Palestine, réponse politique à la « grande révolte arabe en Palestine ». Ils mettent quasiment fin à l’immigration juive[11], et envisagent (de façon vague) un État unitaire en Palestine pour 1949, État forcément à majorité arabe[12]. Par ailleurs, dit le Livre blanc, « Le gouvernement de Sa Majesté déclare aujourd’hui sans équivoque qu’il n’est nullement dans ses intentions de transformer la Palestine en un État juif ». C'est potentiellement la fin des espoirs sionistes.

Jusqu’alors, le mouvement révisionniste avait critiqué le mandat britannique, pas assez favorable aux juifs. Mais il restait un allié du Royaume-Uni. Le Livre blanc du 17 mai change totalement la situation. L’Irgoun commence à élargir ses actions à la lutte contre les Britanniques. David Ratziel, son commandant, vient d'être arrêté. « Sous l'impulsion de Stern qui a pris [...] une influence prépondérante sur l'organisation », des centrales téléphoniques sont attaqués, des bombes explosent à la poste de Jérusalem et à la radio nationale. « Trois policiers britanniques et deux juifs, accusés de servir d'auxiliaires, sont assassinés[13] ».

[modifier] Le cessez-le-feu de l’Irgoun (1940-1944)

En septembre 1939 éclate la Seconde Guerre mondiale, entre l'Allemagne nazie d'un côté et l'alliance franco-anglaise de l'autre.

Stern est à son tour arrêté. Jabotinsky, dont l'influence sur l'Irgoun est devenue très théorique, pousse à arrêter les opérations armées, au nom de la priorité à la lutte contre le nazisme. Ratziel le soutient, « Stern et la majorité du commandement s'y opposent[14] ». Un accord est finalement signé par Ratziel fin 1939. L'organisation conclut même un accord avec les Britanniques pour participer à des actions offensives, en particulier dans le domaine du sabotage, et son chef David Ratziel sera tué au combat en Irak, en mai 1941. Pour honorer cet accord, « le 18 juin 1940, après beaucoup d'hésitations, [les Britanniques relâchent] Stern et les quatre autres commandants de l’Irgoun. Ils vont le regretter[15] ».

Jabotinsky a approuvé l'accord. Il meurt d'une crise cardiaque aux États-Unis le 4 août 1940. Avec lui disparaît le chef charismatique de la droite nationaliste sioniste.

[modifier] La scission du « groupe Stern » (1940)

L'opposition à la trêve avait été majoritaire au sein du commandement de l’Irgoun. Avraham Stern (Yair) conteste ce choix de Jabotinsky et Ratziel. Il considère que la menace de disparition du « foyer national juif » prévue par les Britanniques par le Livre Blanc de 1939 (un État palestinien à minorité juive devait être créé en 1949) est plus grave que le danger nazi.

Il crée avec ses partisans, une scission qu'il appelle d'abord « Irgoun Tsvai Leumi beIsraël », puis « Lohamei Herut Israël » (Combattants pour la liberté d'Israël) ou Lehi. Les Britanniques l'appellent le « Stern gang » traduit en français par « groupe Stern ». L'organisation tente de prendre contact avec les Allemands, au nom de la différence entre le « persécuteur » (l'Allemagne), préférable à « l'ennemi » (les Britanniques qui empêchent l'État juif).

La scission d'avec l’Irgoun va en pratique prendre plusieurs mois, certains militants hésitant entre l'Irgoun (et sa politique de cessez-le-feu) et les partisans de Stern. Le parcours de Yitzhak Shamir est ainsi révélateur. En contact avec le groupe Stern dès le début, il « n'arrive pas à prendre son parti. Pendant des mois, il oscillera entre les deux camps rivaux, sans s'engager ni dans l'un ni dans l'autre. Ce n'est qu'au printemps 1941 que Shamir rejoint le groupe Stern, après l'échec des [...] premières tentatives de contact avec l'Axe[16] ». Hostile aux Britanniques, ne reculant pas devant la violence (il dirigeait la 8e compagnie de l’Irgoun de Tel-Aviv, et était donc très impliqué dans les attentats anti-arabes), mais pragmatique et peu intéressé par les grands débats idéologiques, il aurait été longtemps rebuté par l'exaltation de Stern. Marius Schattner note que « l'extrémisme de Yaïr[17] le rebute ».

La nouvelle organisation attire au départ nombre de militants, car l'hostilité à la nouvelle politique britannique était grande au sein de l’Irgoun. Elle se livre à des attentats contre les Britanniques ou des Juifs « collaborateurs », mais sans grand succès. « Le groupe ne compte plus qu'une centaine de membre à la fin de l'été 1941, contre plusieurs centaines en 1940. Presque tous les cadres, les uns après les autres, ont abandonné un chef qui a fait les preuves d'une incapacité flagrante dans le domaine de l'action directe, et dont la stratégie d'alliance avec l'Axe a failli sur toute la ligne[18] ». L'organisation est alors « en pleine déliquescence ». Le Stern est finalement démantelé fin 1941-début 1942 et entre en sommeil. Les responsables sont morts (Stern) ou en prison (Shamir).

Icône de détail Article détaillé : Lehi.

[modifier] La prise de fonction de Menahem Begin (1943)

C'est Yaakov Meridor qui remplace Ratziel après la mort de celui-ci en mai 1941. Mais les temps sont difficiles pour l’Irgoun. L'organisation n'était pas un parti politique, et n'existait que pour la lutte armée. Le cessez-le-feu lui enlevait sa raison d'être. De plus, la scission avec le Stern l’a affaibli : « À l'été 1943, le moral est tellement bas qu'il est question de dissoudre l'organisation[19] ».

C’est à cette date que l’ancien dirigeant du Betar de Pologne, Menahem Begin, reprend la direction de l’Irgoun.

[modifier] Reprise de la lutte armée contre les Britanniques (1944)

En février 1944, l’Irgoun considère que la guerre est maintenant gagnée par les Alliés, et que le problème prioritaire redevient le projet britannique contre le « foyer national juif ». Le refus des Britanniques de laisser entrer en Palestine les juifs qui fuient l’Europe est particulièrement critiqué : « Dans la nuit du 1er au 2 février 1944, des affiches sont placardées dans les localités juives de Palestine. [Elles proclament :] "il ne peut y avoir de trêve entre le peuple hébreu […] et l’administration britannique en Palestine, qui livre nos frères à Hitler. Guerre au pouvoir britannique. Guerre jusqu’au bout !"[20] ».

C’est la première fois que les révisionnistes s’attaquent aux Britanniques. La tentation existe depuis le début des années 1930 (voir Sionisme révisionniste : les Birionim), quand les Britanniques ont commencé à prendre leur distance avec les projets sionistes et à freiner l’immigration juive. Mais Jabotinsky puis la guerre avaient empêché le passage à l’acte.

Le 12 puis le 27 février 1944, des locaux de l’administration sont visés, mais sans faire de mort. Le 23 mars, 5 policiers et un membre de l’Irgoun sont tués lors d’attaques contre les centres de la CID (Central Intelligence Department). Malgré une insatisfaction croissante de la population juive de Palestine contre la politique anglaise, les attentats sont condamnés par les instances officielles du sionisme, mais aussi par l’opinion publique juive.

[modifier] La saison

Dès avril 1944, David Ben Gourion menace de réprimer l’Irgoun avec la Haganah. Devant la montée des actions de l’IZL, il lance finalement le 26 novembre 1944 « la saison de la chasse aux terroristes », restée dans l’histoire sous le nom de « la saison ». Ce jour là, il fait adopter par la Histadrout un programme en quatre points qui prévoit la collaboration avec les Britanniques dans la traque des « terroristes ».

L’Agence juive fournira aux britanniques 700 noms de suspects. « Des dizaines seront enlevés par les équipes spéciales de la Haganah, et soumis à des interrogatoires sévères, accompagnés parfois de sévices. L’Irgoun et le Lehi devront interrompre leurs opérations jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est alors que Begin fait un choix capital « […] en interdisant à ses hommes de se livrer à des représailles[21] ».

La « saison » est un succès pour la Haganah. Beaucoup de chefs de l’Irgoun sont en prison, même si Begin a réussi à passer entre les mailles du filet. Mais l’attitude britannique reste inflexible vis à vis des réfugiés juifs que les armées alliées libèrent de l’occupation nazie. Toute entrée en Palestine leur reste interdite, et la colère grandit dans le Yichouv. La collaboration avec les Britanniques devient donc de plus en plus impopulaire, « y compris parmi ceux chargés de son exécution[22] ». La « saison » est ajournée au début de l’été 1945. L’Irgoun peut souffler et se réorganiser.

[modifier] Le Mouvement de la révolte hébraïque

L'attentat contre l'Hôtel King David, le 22 juillet 1946.
L'attentat contre l'Hôtel King David, le 22 juillet 1946.

« Le 1er octobre 1945, Ben Gourion adresse de Paris un télégramme ultra-secret au commandement de la Haganah en Palestine, lui enjoignant d’engager la lutte contre le pouvoir mandataire. La Haganah se voit confier une double mission : assurer manu militari le débarquement des immigrants clandestins en Palestine, perpétrer des actes de sabotage calculés pour produire le maximum d’effet en causant un minimum de perte[23] ».

D’octobre 1945 à juillet 1946, la Haganah, le Lehi et l’Irgoun créent un « Mouvement de la révolte hébraïque », dirigé par un « comité X » contrôlé par la Haganah.

L’entrée de la Haganah et de ses milliers de combattants (en particulier les 2000 combattants d'élite du Palmach) donne une nouvelle ampleur à la lutte. Les sabotages se multiplient. Le 1er novembre, la Haganah fait ainsi sauter la ligne de chemin de fer en 153 points différents.

Londres réagit en portant les effectifs de l’armée à 80 000 hommes en décembre 1945 (ils seront 100 000 en 1947, soit 1 soldat pour 6 civils juifs, enfants compris).

Le 27 décembre 1945, 10 policiers et militaires sont tués dans une série de raid du Lehi et de l’Irgoun. Le 25 avril 1946, le Lehi tue 7 parachutistes britanniques (attentat condamné par la Haganah).

Le 12 juin, le gouvernement refuse l’entrée de 100 000 réfugiés juifs (une recommandation de la commission anglo-américaine). Dans les jours qui suivent, les groupes armés multiplient les attentats. Le 22 juillet 1946, l’Irgoun fait sauter l’hôtel King David qui abrite le secrétariat du Gouvernement britannique de Palestine. On dénombre 91 victimes (28 Britanniques, 17 juifs et 41 arabes), la plupart civiles. L'attaque a été planifiée par le comité X, mais la Haganah demanda finalement à annuler l’opération face à la possibilité de victimes civiles. L’Irgoun maintiendra l’opération. L'attaque est menée par Yosef Avni, un membre du Betar, qui participera au massacre de Deir Yassin du 9 avril 1948, et Yisrael Levi. Un message téléphonique avertit le consulat français et le journal Jerusalem Post 25 minutes avant l'explosion. Un autre message d'avertissement est donné à l'hôtel peu de temps avant l'explosion, ce que nieront longtemps les autorités britanniques. L’Irgoun revendique immédiatement l'attentat, en affirmant ne pas avoir eu l’intention de provoquer des morts. Menahem Begin relate cet épisode dans un livre autobiographique paru en 1978 [24].

Les modérés de l’Agence juive et de l'OSM, en particulier Haïm Weizmann, faisaient pression depuis quelques semaines pour arrêter les actions armées. Les Britanniques avaient arrêté de nombreux responsable de la Histadrout, de l’Agence juive (dont Moshe Sharett, le chef de son département politique) et de la Haganah. L’attentat du King David et ses dizaines de morts sonnent le glas du « Mouvement de la révolte hébraïque ». Les modérés l’emportent. La Haganah condamne l’attentat et quitte le MRH. Le Lehi et l’Irgoun sont de nouveau isolés face aux Britanniques.

Même le Parti révisionniste, qui partage pourtant la même idéologie nationaliste que l’Irgoun, prendra parfois ses distances d'avec certaines actions de l'organisation.

[modifier] Vers le partage de la Palestine (août 1946 – novembre 1947)

Le Lehi et l’Irgoun n’ont pas beaucoup d’hommes : « 4000 au plus pour l’IZL, dont un millier opérationnels, 10 fois moins pour le Lehi, mais débarrassés des contraintes que leur imposait l’alliance avec la Haganah [qui ne voulait pas trop de morts], les dissidents n’en frapperont que plus fort[25] ».

Après une pause faisant suite à l’attentat contre l’hôtel King David (juillet – septembre 1946), les deux organisations « relancent la guérilla urbaine en octobre 1946. Une centaine de membres des forces de sécurité britanniques sont tués ou blessés en 6 semaines […] le 31 octobre […] l’Irgoun fait sauter une bombe à l’ambassade britannique à Rome[26] ».

La répression est sévère, mais « le maréchal Montgomery, chef d’état major impérial, n’obtiendra jamais carte blanche pour désarmer le Yichouv et employer les mêmes méthodes punitives qui avaient servi pour écraser la révolte arabe en 1936[27] ».

« Les opérations contre les troupes d’occupation, de plus en plus audacieuses, rendent le pays ingouvernable (...). Désemparé, Bevin, [Ministre des Affaires Etrangères britannique] décide en février 1947 de porter l’affaire devant l’ONU, non sans espérer un échec des Nations Unies qui permettrait le retour en force de la Grande-Bretagne[28] ».

Deux sergents britanniques, Clifford Martin et Marvin Paice, capturés par l'Irgoun puis pendus, 1947.
Deux sergents britanniques, Clifford Martin et Marvin Paice, capturés par l'Irgoun puis pendus, 1947.

Une commission de l'ONU est formée, l’UNSCOM, qui proposera un plan de partage de la Palestine, finalement adopté par l’Assemblée Générale des Nations unies fin novembre 1947. Par ce plan, un État juif est prévu pour être créé en mai 1948, sur 55 % de l’ancienne Palestine mandataire.

L’Agence juive et l’Organisation sioniste mondiale acceptent le plan mais l’Irgoun le refuse. L’IZL n’a cependant pas les moyens de s’y opposer, et cesse officiellement ses opérations en août 1947, quand le plan est adopté par l’UNSCOM est qu’elle le soumet à l’Assemblée Générale des Nations unies.

La dernière phase des opérations de l’IZL (août 1946 – août 1947) aura coûté la vie à 141 Britanniques (338 en tout entre 1944 et mai 1948). Ces chiffres sont des chiffres complets, qui incluent les victimes de la Haganah (assez peu) et du Lehi. Mais l’Irgoun est responsable de la majorité des morts.

Une des dernière actions de l’Irgoun aura un grand retentissement en Angleterre, ou des émeutes antisémites visant des magasins et des synagogues éclateront. Le 28 juillet 1947, 3 hommes de l’Irgoun sont pendus. « Le lendemain, deux sergents britanniques pris en otages sont pendus dans un bois d’eucalyptus, près de Netanya. Une mine placée sous les pendus explosera quand un capitaine britannique viendra détacher les corps. Dans les heures qui suivent, 5 juifs sont tués par des policiers britanniques ivres de rage qui mitraillent des passants à l’aveuglette ». Time to go (il est temps de partir) écrit le Manchester Guardian.

[modifier] Guerre civile en Palestine (décembre 1947 – été 1948)

[modifier] Attentats contre les Arabes

Au lendemain du vote de partage, le 30 novembre 1947, des attentats et des émeutes anti-juives éclatent en Palestine et au Proche-Orient : « Les Palestiniens [...] n’acceptent pas de perdre la moitié de leur patrie pour que l’Occident s’acquitte de sa dette morale envers les juifs[29] ».

L’IZL reprend ses attentats contre les arabes, en représailles. Le 27 décembre 1947, des membres de l'Irgoun jette 2 bombes dans une foule d'ouvriers arabes devant la raffinerie de Haïfa. 6 sont tués. 39 travailleurs juifs seront alors tués par les ouvriers arabes en représailles[30]

Tandis que la Haganah travaille à la constitution d’une armée solide, capable de vaincre les irréguliers arabes et les armées arabes régulières dont l'attaque est annoncée après le départ des Britanniques (prévu le 15 mai 1948), l’Irgoun, dont la taille est plus réduite, se livre essentiellement à des attentats aveugle contre la population civile.

A partir d’avril, la Haganah se lance dans une contre-offensive de grande envergure contre les irréguliers arabes, reprenant le contrôle des voies de communications qui relient les zones juives entre elles ainsi que des villes mixtes. (voir une carte des zones juives, et le chapitre sur cette contre offensive dans l'article Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire).

[modifier] Massacre de Deir Yassin

Icône de détail Article détaillé : Massacre de Deir Yassin.

L’Irgoun accepte de coordonner ses actions avec la Haganah, mais dans une certaine mesure seulement. On commence à voir apparaître des unités de plusieurs dizaines d’hommes de l’Irgoun opérant ensemble contre des villages arabes. C’est dans ce cadre que se produit le massacre de Deir Yassin. Le 9 avril, des combattants de l’Irgoun et du Lehi attaquent le village, malgré l’accord de non-agression qu’il avait signé avec ses voisins juifs. Mal entraînés à ce type de combat, les assaillants ont 5 tués, 35 blessés et se retirent. Ils font alors appel au Palmach dont « une section [...] réduira sans problème le principal noyau de résistance. Vendredi midi, elle se retire, laissant le soins aux combattants de l'Irgoun et du groupe Stern de ratisser le village ». Une partie de la population est alors massacrée[31]. Le haut comité arabe parlera de 254 victimes civiles. Les historiens évaluent en général le massacre plutôt entre 60 à 120 morts. Mais, fortement médiatisé, le massacre a eu plusieurs conséquences. D’une part, il a définitivement ancré l’image violente de l’Irgoun. D’autre part, « encore amplifié par la propagande arabe, [il] jettera des milliers puis des dizaines de milliers de Palestiniens sur les routes de l’exode[32] ».

Menahem Begin niera tout massacre, parlant d’une « propagande mensongère » : « Ce ne fut pas ce qui s’est passé à Deir Yassin, mais bien ce qui a été inventé […] qui nous a aidé à nous ouvrir un chemin vers des victoires décisives […] Les Arabes pris de panique s’enfuirent au cris de « Deir Yassin »[33] ». Il est à noter que les autorités de l’Agence juive dénonceront fermement le massacre, mais qu’aucune poursuite judiciaire ne sera entreprise.

[modifier] La prise de Jaffa

La ville de Jaffa a été attribuée aux Arabes mais se trouvent au coeur de l'État juif. Suite à la victoire de la Haganah à Haïfa, Jaffa est attaquée par l’Irgoun le 27 avril. Les forces de l’Armée de libération arabe résistent aux assaillants. Suite aux incidents de Haïfa, les Britanniques interviennent et menacent les Juifs de représailles s’ils ne stoppent pas leur offensive. Suite à des rumeurs de renforcement de l’Armée de libération et d’intervention de la Légion arabe, Yigal Yadin lance l’opération Hametz visant à encercler la ville. Les Britanniques réagissent en bombardant les positions de l’Irgoun[34] ce qui met un terme à l’offensive. La ville ne tombera que le 13 mai suite au départ des Britanniques mais dans la foulée, entre 50 000 et 60 000 arabes supplémentaires se seront enfuis[35],[36].

[modifier] Actions contre les Britanniques

Quartier arabe de Safed (1908)
Quartier arabe de Safed (1908)

Pendant cette période qui va de la fin 1947 au 15 mai 1948 (départ des Britanniques), l’IZL a aussi mené des actions sporadiques contre les Britanniques. Officiellement, ceux-ci se retirant, l’Irgoun avait cessé ses actions. En pratique, considérant que les Britanniques penchaient plutôt du côté arabe dans la guerre civile qui se déroulait sous leurs yeux entre Arabes et Juifs de Palestine, l’Irgoun mènera des actions de représailles ponctuelles. Ainsi, le 22 février 1948, l’Irgoun et le Lehi, lors de 5 incidents séparés, tueront 10 Britanniques et en blesseront gravement 8 autres suite à un attentat arabe à la voiture piégée rue Ben Yehuda à Jérusalem, qui coûtera la vie à plus de 60 Juifs et dans lequel étaient impliqués des déserteurs britanniques au service de Hadj Amin al-Husseini[37]. Il y aura d’autres attentats.

[modifier] La disparition de l’Irgoun

Le 14 mai, l’indépendance d’Israël est proclamée, et l’Agence juive se transforme en gouvernement provisoire. Les troupes étrangères (égyptiennes, transjordaniennes, irakiennes, syriennes et libanaises) pénètrent en Palestine. Les combats deviennent des combats d’infanterie classiques, où les anciennes pratiques de guérilla urbaine et d’attentats n’ont plus cours. L’Irgoun accélère son évolution vers des structures plus larges, mieux adaptées au combat d’infanterie. Elle y obtiendra certains succès, limités par le manque de combattants.

Ainsi à Jérusalem, où le 21 mai, une colonne égyptienne atteint Bethléem après avoir traversée le Néguev et être passée par Beersheba. Le 22 mai, elle mitraille les faubourgs sud de Jérusalem[38]. « Des combats sanglants se déroulent […] au sud, contre les forces combinés de la Légion[39] et de la 4e brigades égyptienne, pour le contrôle du kibboutz Ramat-Rachel qui commande l'accès de la nouvelle ville[40]. Cinq fois pris et repris, le kibboutz finira par rester aux mains des hommes de l'Irgoun[41] ».

Le 26 mai 1948, Forces de défense d'Israël (l'armée israélienne) est officiellement créée, et absorbe immédiatement la Haganah.

Menahem Begin « s'est engagé le 1er juin 1948 à mettre ses hommes et ses équipements à la disposition de l'armée israélienne au sein de laquelle les membres de l'IZL (Irgoun) vont constituer leurs propres bataillons[42] ». Le Lehi rejoint aussi rapidement Tsahal.

L’Irgoun et le Lehi n’alignent à cette date respectivement que 4000 et 1000 combattants[43]. D’autres auteurs, comme Karsh, donnent pour l’Irgoun des chiffres inférieurs, entre 2000 et 4000 hommes.

Relativement peu nombreux, les membres de l’Irgoun sont aussi tenus en suspicion par le nouveau gouvernement de David Ben Gourion pour leurs activités « terroristes » passées et leurs sympathies politiques de droite. La nouvelle armée israélienne est donc constituée essentiellement autour de l'ancienne Haganah.

Les bataillons spécifiques de l’Irgoun ne dureront que 3 semaines. En effet, le gouvernement, et surtout David Ben Gourion, ne souhaitaient pas plus permettre à des unités « de droite » que « de gauche » de continuer à exister au sein de l'armée (le Palmach, très à gauche, venait d’être dissous).

Les unités de l’Irgoun seront dissoutes pendant la 1er trêve israélo-arabe (11 juin - 9 juillet 1948), après l'incident de l'Altalena, les 21 et 22 juin. Il s’agit d’une tentative des unités de l’Irgoun au sein de Forces de défense d'Israël de se procurer des armes par elles-mêmes grâce à l'Altalena, un bateau de l’organisation. Ben Gourion prend prétexte de cette tentative pour dénoncer une tentative factieuse, et faire donner l’assaut au bateau. Lors de celui-ci, il y a 18 morts : 16 membres de l’Irgoun et 2 soldats de Tsahal. « Au lendemain du 22 juin, l’Irgoun a virtuellement cessé d'exister comme force militaire autonome, sauf à Jérusalem. Ses bataillons ont été dissous dans l'armée et des mandats d'arrêts ont été lancés contre plusieurs de ses chefs[44] ». Les membres des unités dissoutes sont répartis dans les autres unités de Tsahal.

L’Irgoun et le Lehi continueront à exister jusqu'en septembre à Jérusalem, ville prévue par l'ONU pour être séparée d'Israël et devenir une « zone internationale ». Les accords nationaux d'intégration de ces organisations à Tsahal ne s'y appliquent donc pas.

Lors de la « Guerre des 10 jours » (9 juillet18 juillet 1948), après la première trêve, l’Irgoun connaît ses derniers combats, mais sans succès. Le commandement israélien lance en effet l’opération Kedem, qui visait à prendre toute la ville de Jérusalem, et surtout la vieille ville.

Prévue dans un premier temps pour être menée par l’Irgoun et le Lehi le 8 juillet, juste après la première trêve, l'opération Kedem est reportée par David Shaltiel, commandant de Jérusalem. En effet celui-ci met en doute leurs chances de succès. Le 9 avril, ces groupes avaient en effet échoué à capturer le village mal défendu de Deir Yassin sans l'aide de la Haganah.

Le plan est prévu comme suit : les forces de lIrgoun, commandée par Yehuda Lapidot (« Nimrod »), doivent entrer par la porte Bab al Jedid, le Lehi passant par le mur partant de Bab al Jedid et par la porte de Jaffa, enfin le bataillon Beit Hiron passant par le Mont Sion.

La bataille est finalement prévue pour débuter au Shabbat, le vendredi 16 juillet à 20 h, un jour avant le second cessez-le-feu. Cependant l'organisation tourne mal et l'opération est reportée à 23 h puis à minuit, pour en fin de compte commencer à 2 h 30 du matin. L’Irgoun réussit à se frayer un chemin par la porte Bab al Jedid mais les autres escouades échouent dans leurs objectifs. À 5 h 45, David Shaltiel est contraint d'ordonner la cessation des hostilités et de replier ses troupes. Une nouvelle trêve entre en vigueur le 18 juillet, et les combats cessent.

Pendant cette seconde trêve, le 16 septembre, Folke Bernadotte, médiateur des Nations unies, propose un nouveau plan de partage de la Palestine, dans lequel la Transjordanie annexerait les zones arabes comprenant le Néguev, Ramla et Lydda. Ce plan prévoit également un État juif occupant l'entière Galilée, le passage de Jérusalem sous contrôle international et le rapatriement (ou dédommagement) des réfugiés. Le plan est refusé par les Israéliens et par les Arabes.

Le lendemain, 17 septembre, Bernadotte est assassiné par le Lehi à Jérusalem. En 24 heures, plus de 250 membres du Lehi sont interpellés dans tout le pays. Le gouvernement en profite pour dissoudre les unités de l'IZL à Jérusalem, bien qu'il sache qu'elles n'ont pas été mêlées au crime. L'entreprise d'intégration du Lehi et de l’Irgoun à Tsahal, largement entamée pendant la première trêve, est donc achevée avec la seconde.

Menahem Begin accepte de se soumettre à la loi du nouveau gouvernement provisoire. Prenant acte de la dissolution de l’Irgoun, il crée fin 1948 le parti Herout (« liberté ») qui sera dirigé par des anciens de l’Irgoun, et qui reprendra l'essentiel de son idéologie. Le Parti révisionniste, peu actif depuis la mort de Vladimir Jabotinsky en 1940, est également absorbé par le Herout. Mais ses dirigeants, parfois critiques des actions de l’Irgoun entre 1944 et 1948, seront tenus à l'écart des postes clefs par Begin.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Références

  1. Marius Schatner, Histoire de la droite israélienne, Éditions Complexe, 1991, p. 153
  2. Histoire de la droite israélienne, p. 153
  3. Histoire de la droite israélienne, p. 159
  4. Histoire de la droite israélienne, p. 162
  5. Directives à l'organisation, Johannesbourg, 30/04/37, publié in extenso par Ben Yerouham, Sefer Betar, Tel-Aviv, 1975, p. 647
  6. Histoire de la droite israélienne, p. 169.
  7. Histoire de la droite israélienne, p. 162
  8. Histoire de la droite israélienne, pp. 171-172
  9. Phrase d'un responsable du parti révisionniste mentionnée dans Histoire de la droite israélienne, p. 173
  10. Perliger et Weinberg, op. cit., p. 101.
  11. Extrait du Livre blanc : « on ne peut nier que la peur d’une immigration juive indéfinie est largement répandue dans les rangs de la population arabe et que cette peur a rendu possibles ces troubles ». Dès lors, « l’immigration sera maintenue au cours des cinq prochaines années pour autant que la capacité économique d’absorption du pays le permettra, à un taux qui portera la population juive à environ le tiers de la population totale […] Au terme de la période de cinq ans, aucune immigration juive ne sera plus autorisée, à moins que les Arabes de Palestine ne soient disposés à y consentir »
  12. Extrait du Livre blanc : « Le gouvernement de Sa Majesté [a le] désir [...] de voir s’établir finalement un État de Palestine indépendant ». « Si, au terme de dix années, il est avéré que l’indépendance doive être ajournée, le gouvernement britannique consultera les habitants de Palestine, le Conseil de la SDN »
  13. Histoire de la droite israélienne, p. 183.
  14. Histoire de la droite israélienne, p. 190
  15. Histoire de la droite israélienne, p. 190
  16. Shamir avait connaissance de ces tentatives, et ne semble pas s'y être opposé. Après la guerre, il déclarera cependant qu'il n'y avait pas été favorable. En toute hypothèse, il n'était encore à l'époque qu'un cadre intermédiaire de la nouvelle organisation, sans poids décisionnel marqué.
  17. Yaïr était le pseudonyme de Avraham Stern dans la clandestinité. De façon révélatrice, ce pseudonyme venait du commandant de la place forte de Massada, au Ier siècle de notre ère, qui préféra organiser son suicide et celui des défenseurs, plutôt que de se rendre aux Romains.
  18. Histoire de la droite israélienne, p. 198.
  19. Histoire de la droite israélienne, p. 206
  20. Histoire de la droite israélienne, p. 204
  21. Histoire de la droite israélienne, p. 222
  22. Histoire de la droite israélienne, p. 224
  23. Histoire de la droite israélienne, p. 224
  24. (en) L'attaque de l'hôtel King David, sur le site de l'Irgoun ; (en) Point de vue britannique de l'attaque de l'hôtel King David ; (en)L'attaque de l'hôtel King David sur wikipédia anglophone ; (en) Menahem Begin, The Revolt, Dell Books, New York NY, 1978
  25. Histoire de la droite israélienne, p. 230
  26. Histoire de la droite israélienne, p. 230
  27. Histoire de la droite israélienne, p. 231
  28. Elie Barnavi, Une histoire moderne d'Israël, Champs Flammarion, 1988, ISBN2080812467, p.188
  29. Histoire de la droite israélienne, p. 236
  30. Efraïm Karsh, The Arab-Israeli Conflit - The Palestine War 1948, Osprey Publishing, 2002, ISBN 1841763721, p.30
  31. Marius Schatner, histoire de la droite israélienne, P.240.
  32. Histoire de la droite israélienne, p. 241
  33. Menahem Begin, La révolte d’Israël, p. 200
  34. Yoav Gelber (2006), p. 94
  35. Yoav Gelber (2006), p.111
  36. Henry Laurens (2005), pp.85-86
  37. Yoav Gelber, Palestine 1948, Sussex Academic Press, Brighton, 2001, ISBN1845190750, p.24
  38. Alain Gresh et Dominique Vidal, Palestine 47, un partage avorté, Editions Complexe, 1994, ISBN2870275218, p. 177
  39. La Légion arabe de Transjordanie
  40. On appelle « nouvelle ville » les quartiers juifs de l'ouest de Jérusalem développés à partir de la fin du XIXe siècle.
  41. Elie Barnavi, Une histoire moderne d'Israël, Champs Flammarion, 1988, ISBN2080812467, P. 197
  42. Histoire de la droite israélienne, p. 246
  43. Palestine 47, un partage avorté, p. 146
  44. Histoire de la droite israélienne p. 249

[modifier] Voir aussi