Hypothèse de la circumnavigation chinoise

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Fusain représentant la flotte de Zheng He
Fusain représentant la flotte de Zheng He

L'hypothèse de la circumnavigation chinoise est une thèse exposée en 2002 par l'auteur britannique Gavin Menzies qui prétend qu'une partie de la flotte chinoise de Zheng He aurait contourné le sud du continent africain pour remonter l'Atlantique jusqu'aux Antilles Une autre partie aurait franchi le détroit de Magellan pour explorer la côte ouest de l'Amérique et finalement, une autre aurait navigué dans les eaux froides de l'Antarctique. Les côtes de l'Australie n'auraient pas été laissées de côté lors des ces voyages d'exploration.

Cette thèse fut élaborée à partir de l'étude d'anciennes cartes maritimes italiennes et portugaises antérieures aux voyages de Christophe Colomb et montrant des îles et territoires inconnus des Européens à cette époque, interprétés généralement par les historiens comme des îles imaginaires. L'auteur affirme que ces territoires correspondent bel et bien à des terres réelles, contredisant l'explication généralement admise. Bien que cette thèse fût bien accueillie par les milieux universitaires chinois, elle est toutefois controversée et recueille un scepticisme prudent de la part des historiens. Seule la découverte de vestiges physiques (épaves de navires, artefacts chinois) et la découverte de textes historiques relatant ces voyages (qui en théorie, ont tous été détruits) dans les archives chinoises pourront confirmer les affirmations de l'auteur.

Sommaire

[modifier] Expéditons de Zheng He

Reproduction d'une carte par Mo Yi Tong en 1763, attribuée par certains aux expéditions de Zheng He et réalisée en 1418. Des tests concernant sa date de réalisation sont en cours en 2006. L'authenticité de cette carte n'est donc pas certaine. On peut tout de même remarquer l'assez bonne précision pour l'époque des différents continents, malgré quelques erreurs (mauvais emplacement de l'Australie et la Californie considérée comme une île).
Reproduction d'une carte par Mo Yi Tong en 1763, attribuée par certains aux expéditions de Zheng He et réalisée en 1418. Des tests concernant sa date de réalisation sont en cours en 2006. L'authenticité de cette carte n'est donc pas certaine. On peut tout de même remarquer l'assez bonne précision pour l'époque des différents continents, malgré quelques erreurs (mauvais emplacement de l'Australie et la Californie considérée comme une île).

À l'époque de Zheng He, la marine chinoise était la plus puissante du monde, de par le nombre et la taille de ses navires, le nombre de ses marins et la modernité des technologies employées [1]. Mais toutes les explorations entreprises n'aboutirent à aucune colonisation, la Chine se repliant sur elle-même pour vivre en autarcie dès 1433. L'interdiction de construire de grands navires, la destruction des grandes jonques et de leurs plans, réduisirent à néant l'immense potentiel chinois en matière d'exploration et toute capacité de tenir en respect les Européens qui allaient bientôt sillonner les mers d'Asie.

Pour expliquer le peu de suites de ces expéditions, on met généralement en avant le fait que la Chine impériale se considérait comme le centre du monde (« l'Empire du Milieu »). Il faut surtout comprendre que la Chine de l'empereur Yongle n'avait, en termes commerciaux, pas beaucoup à attendre des autres nations - alors que les grands voyages espagnols et portugais étaient à l'origine motivés par le commerce des épices.

Les voyages de Zheng He étaient donc avant tout des opérations de prestige destinées à affirmer la puissance de l'Empire des Ming et à gagner la reconnaissance de royaumes lointains - d'où les échanges de produits de luxe, qui relevaient plus de la pratique du tribut que de vraies opérations commerciales. La différence est donc grande avec les expéditions qui partirent d'Europe quelques années plus tard. Si les expéditions de Zheng He augmentèrent grandement le prestige de l'Empire dans toute l'Asie, elle n'étaient pas rentables économiquement et ne constituaient pas un enjeu politique primordial - ce qui explique sans doute que la Chine ait sabordé ce qui était alors la marine la plus formidable de l'Histoire.

[modifier] Référence

  1. Levathes, Louise, When China Ruled the Seas : The Treasure Fleet of the Dragon Throne 1405 – 1433, Oxford University Press, 1997

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • (fr) Jacques Gernet, Le monde chinois. 2. L'époque moderne Xe siècle - XIXe siècle, Armand Colin, Paris, 2005, p. 137-145. ISBN 2-266-16133-4
  • (fr) Jérôme Kerlouégan, « Si la Chine avait découvert l'Amérique... », Les Collections de l'Histoire, n° 38 (janvier-mars 2008), pp. 58-62.
  • (en) Levathes, Louise, When China Ruled the Seas: The Treasure Fleet of the Dragon Throne, 1405-1433, Oxford University Press, 1997, trade paperback, ISBN 0-19-511207-5
  • (en) Ma Huan,Ying-yai Sheng-lan, The Overall Survey of the Ocean's Shores (1433), translated from the Chinese text edited by Feng Ch'eng Chun with introduction, notes and appendices by J.V.G.Mills. White Lotus Press, reprint. 1970, 1997.