Hexafluorure d'uranium

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Hexafluorure d'uranium
Général
Nom systématique Hexafluorure d'uranium
Fluorure d'uranium (VI)
Formule chimique UF6
Masse molaire 352,02 g/mol
Aspect solide incolore
Numéro CAS [7783-81-5]
Propriétés
Densité et phase 5,09 , solide
Solubilité dans l' eau Se décompose
Température de fusion 64,8°C (338,0 K)
Température de vaporisation 56,5°C (329,7 K) (sublimation)
Point triple 64°C (337 K), 150 kPa
Pression de vapeur 16,7 kPa à 25°C
Structure
Forme de la molécule Octaèdre
Coordinence Pseudo-octaèdrale
Structure cristalline Hexagonal compact (HC)
Moment dipolaire nul
Données thermodynamiques
Enthalpie standard de formation ΔfH°solid -2317 kJ/mol
Entropie molaire standard
S°solide
228 J.K−1.mol−1
Risques
RADIOACTIF
Directive européenne non répertorié
NFPA 704
Composés apparentés
Autres anions Chlorure d'uranium (VI)
Autres cations Fluorure de thorium (IV)
Fluorure de protactinium (V)
Fluorure de neptunium (VI)
Fluorure de plutonium (VI)
Composés apparentés Trifluorure d'uranium
Tétrafluorure d'uranium
Pentafluorure d'uranium
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

L'hexafluorure d'uranium (UF6) est un composé de l'uranium. Son utilisation industrielle est liée au cycle du combustible nucléaire (procédé qui produit du combustible pour les réacteurs nucléaires et les armes nucléaires). Sa synthèse chimique, qui intervient après l'extraction de l'uranium, fournit ensuite l'entrée au procédé d'enrichissement.

Sommaire

[modifier] Propriétés

La structure du solide a été décrite parJ.H. Levy, J.C Taylor et A.B Waugh.[1] Dans cet article, la diffraction neutronique a été utilisée pour déterminer la structure de UF6, MoF6 et WF6 à 77 K.

Structure cristalline de l'hexafluorure d'uranium.
Structure cristalline de l'hexafluorure d'uranium.

[modifier] Propriétés

L'UF6 est solide à température ambiante, gazeux à pression normale et 56,4 °C et liquide sous 1,5 atmosphères et à 64 °C. Il possède un point triple à 64°C (147°F, 337 K) et à une pression légèrement plus élevée que la pression atmosphérique.

Il forme des cristaux solides gris dans les conditions normales de température et de pression (CNTP).

Outre sa radioactivité due à l'uranium, c'est un produit hautement toxique, qui réagit violemment avec l'eau. En atmosphère humide ou en présence d'eau, il se transforme en fluorure d'uranyle (UO2F2) et acide fluorhydrique (HF). La transformation est immédiate et violente et s'accompagne d'émission d'abondantes fumées opaques, irritantes et suffocantes de HF.

Le produit est corrosif pour la plupart des métaux. Il réagit faiblement avec l'aluminium, formant une fine couche de AlF3 qui résiste ensuite à la corrosion (passivation).

[modifier] Caractéristiques chimiques

Il a été montré que l'hexafluorure d'uranium est un oxydant et un acide de Lewis qui peut se lier à un fluorure, par exemple la réaction du fluorure de cuivre avec l'hexafluorure d'uranium dans l'acétonitrile est réputée former Cu[UF7]2.5MeCN.[2]

Il est intéressant de noter que les fluorures d'uranium(VI) polymères contenant des cations organiques ont été isolés et caractérisés par diffraction de rayons X.[3]

[modifier] Autres fluorures d'uranium

Le pentafluorure d'uranium (UF5) et le nonafluorure de diuranium (U2F9) ont été caractérisés par C.J. Howard, J.C Taylor et A.B. Waugh.[4]

Image:UF5solid.jpg Image:U2F9solid.jpg Image:UF4solid.jpg

Le trifluorure d'uranium a été caractérisé par J. Laveissiere.[5]

Image:UF3solid.jpg

La structure de UOF4 a été décrite par J.H. Levy, J.C. Taylor et P.W. Wilson.[6]

Tous les autres fluorures d'uranium sont des solides non volatils qui sont des polymères de coordination.

[modifier] Application industrielle

[modifier] Procédé de synthèse

Deux étapes sont nécessaires à la synthèse :

Cette étape permet d'obtenir un nitrate d'uranyle UO2(NO3)2 de grande pureté (>99,95 %).

  • la conversion en elle-même :
    1. précipitation du nitrate d'uranyle par l'ammoniac gazeux pour obtenir du diuranate d'ammonium (NH4)2U2O7 (DUA),
    2. calcination du diuranate d'ammonium, vers 400 °C, pour produire l'UO3,
    3. réduction de l'UO3 par l'hydrogène pour obtenir de l'UO2,
    4. hydrofluoration d'UO2 par l'acide fluorhydrique HF dans un four pour produire du tétrafluorure d'uranium UF4,
    5. L'oxydation par le fluor de l'UF4 dans un réacteur à flamme conduit finalement à obtenir de l'UF6.

[modifier] Application dans le cycle du combustible nucléaire

L'hexafluorure d'uranium est utilisé dans les deux principales méthodes d'enrichissement de l'uranium, la diffusion gazeuse et l'ultracentrifugation, car il possède un point triple à 64°C (147°F, 337 K) et à une pression légèrement plus élevée que la pression atmosphérique. De plus, le fluor possède un seul isotope naturel stable (19F), par conséquent les poids moléculaires des isotopomères de l'UF6 différent uniquement par l'isotope d'uranium présent. [7]

En plus de son usage dans l'enrichissement, l'hexafluorure d'uranium a été utilisé dans un procédé de retraitement avancé développé en République tchèque. Dans ce procédé, le combustible nucléaire oxyde usagé est traité avec du fluor pour former un mélange de fluorures. Ce dernier est ensuite distillé pour séparer les différents types de matériaux.

[modifier] Conversion en oxyde d'uranium

Après enrichissement, l'hexafluorure d'uranium est converti en oxyde d'uranium (UO2) pour ses applications nucléaires.

La conversion en UO2 peut se faire par voie sèche (le plus fréquemment) ou par voie humide.

Voie sèche
  • L'UF6 est vaporisé par chauffage dans une étuve et mis en présence de vapeur d'eau surchauffée.
  • L'UF6 s'hydrolyse en UO2F2 entre 250-300°C : UF6 + 2H2O –––> UO2F2 + 4HF Dr - 113 kJ/mole
  • Le composé UO2F2 est ensuite réduit vers 700-800°C par l'hydrogène, produisant l'UO2 sous forme de poudre : UO2F 2+ H2 –––> UO2 + 2HF + 14,2 kJ/mole

Le rendement est supérieur à 99,5 %.

Voie humide

Ce procédé présente l'inconvénient de produire plus d'effluents que la voie sèche, ce qui a un impact environnemental plus important. Plus flexible, en revanche, il est souvent utilisé pour la récupération des matières fissiles dans les rebuts et les déchets.

Les étapes consistent en un traitement de l'UF6 à la vapeur d'eau et en l'obtention, successivement, d'UO2F2, sels d'uranium, diuranate d'ammonium, UO3 et UF4. Ce procédé enchaîne dissolution en milieu nitrique, purification par solvant en colonne pulsée, précipitation ammoniacale et réduction sous hydrogène.

[modifier] Stockage dans des réservoirs

Aux États-Unis, environ 95% de l'uranium appauvri produit jusqu'à présent est stocké sous forme d'hexafluorure d'uranium, (D)UF6, dans des réservoirs de gaz en acier sur des parcs en plein air à proximité des usines d'enrichissement. Chaque réservoir contient jusqu'à 12,7 tonnes d'UF6. Aux États-Unis seulement, 560000 tonnes d'UF6 appauvri étaient stockés en 1993. En 2005, 686500 tonnes sont contenus dans 57122 réservoirs de stockage situés à Portsmouth dans l'Ohio, Oak Ridge dans le Tennessee et Paducah dans le Kentucky. [8],[9] Le stockage à long terme du DUF6 présente des risques environnementaux, sanitaires et de sûreté à cause de son instabilité chimique. Quand l'UF6 est en contact avec de l'air humide, il réagit avec l'eau contenue dans l'air pour produire UO2F2 (fluorure d'uranyle) et HF (fluorure d'hydrogène) qui sont tous deux très solubles et toxiques. Les réservoirs de stockage doivent être régulièrement inspectés pour rechercher des traces de corrosion ou des fuites. La durée de vie estimée d'un réservoir en acier se mesure en décades. [10]

Il y a eu plusieurs accidents impliquant le fluorure d'uranium aux États-Unis. [11],[12] Le gouvernement US a commencé à convertir le DUF6 en oxyde d'uranium solide pour un stockage à long terme. [13] Un tel stockage de l'ensemble du stock de DUF6 pourrait coûter entre 15 millions et 450 millions de dollars. [14]

[modifier] Notes et références

[modifier] Notes

  1. J.H. Levy, J.C Taylor and A.B Waugh, « Neutron powder structural studies of UF6, MoF6 and WF6 at 77 K », dans Journal of Fluorine Chemistry, 23, p. 29-36
  2. Berry JA, Poole RT, Prescott A, Sharp DWA, Winfield JM, « The oxidising and fluoride ion acceptor properties of uranium hexafluoride in acetonitrile », dans J. Chem. Soc. Dalton Trans., p. 272 x
  3. Walker SM, Halasyamani PS, Allen S, O'Hare D, « From Molecules to Frameworks: Variable Dimensionality in the UO2(CH3COO)2•2H2O/HF(aq)/Piperazine System. Syntheses, Structures, and Characterization of Zero-Dimensional (C4N2H12)UO2F4•3H2O, One-Dimensional (C4N2H12)2U2F12•H2O, Two-Dimensional (C4N2H12)2(U2O4F5)4•11H2O, and Three-Dimensional (C4N2H12)U2O4F6 », dans J. Am. Chem. Soc., 121, p. 10513 x
  4. Howard CJ, Taylor JC, Waugh AB, « Crystallographic parameters in α-UF5 and U2F9 by multiphase refinement of high-resolution neutron powder data », dans Journal of Solid State Chemistry, 45, p. 396-398 x
  5. Laveissiere J, « {{{titre}}} », dans Bulletin de la Société française de minéralogie et de cristallographie, 90, p. 304-307
  6. Levy JH, Taylor JC, Wilson PW, « Structure of fluorides .17. NEUTRON-DIFFRACTION STUDY OF ALPHA-URANIUM OXIDE TETRAFLUORIDE », dans Journal of Inorganic and Nuclear Chemistry, 39, p. 1989-1991
  7. Enrichment and the Gaseous Diffusion Process
  8. FAQ 16-How much depleted uranium hexafluoride is stored in the United States?
  9. Documents
  10. IEER: Science for Democratic Action Vol. 5 No. 2
  11. FAQ 30-Have there been accidents involving uranium hexafluoride?
  12. Large & Associates, Uranium Hexafluoride (UF6) Tailings, Characteristics,Transport and Storage at the Siberian Chemical Combine (Sibkhimkombinat) Tomsk, novembre 2005
  13. FAQ 22-What is going to happen to the uranium hexafluoride stored in the United States?
  14. FAQ 27-Are there any currently-operating disposal facilities that can accept all of the depleted uranium oxide that would be generated from conversion of DOE's depleted UF6 inventory?

[modifier] Liens internes

[modifier] Références

  • Levy JH, « Structure of fluorides. Part XII. Single-crystal neutron diffraction study of uranium hexafluoride at 293 K », dans J. Chem. Soc. Dalton Trans., p. 219x (xstal structure)
  • Olah GH, Welch J, « Synthetic methods and reactions. 46. Oxidation of organic compounds with uranium hexafluoride in haloalkane solutions », dans J. Am. Chem. Soc., 100, p. 5396 x (selective oxidant of CFCs)

[modifier] Lien externe