Gavrinis

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Gavrinis (Gavriniz en breton) est une petite île française, située sur la commune de Larmor-Baden, dans le département du Morbihan et la région Bretagne.

Sommaire

[modifier] Géographie

L'île de Gavrinis est située à dix minutes en bateau du port de Larmor-Baden, dans le golfe du Morbihan. Il n'y a ni bourg, sur ce rocher granitique de 750 m de long et 400m de large, soit 15 hectares environ. Sa position, non loin de l'ouverture du Golfe du Morbihan sur la haute mer, est de 2°53'42″ de longitude ouest et 47°34'56″ de latitude nord. Le point culminant de l'île domine tous les environs.

L’île est partagée en deux parties. Une partie appartient au département du Morbihan et le reste est une propriété privée. Cette partie a été acheté pour 3,5 millions d'euros, en décembre 2006, par un chef d'entreprise parisien qui travaille dans le secteur de la culture. Cette vente intéressait le Conseil Général du Morbihan qui est déja propriétaire de 5000m2, la partie sud de l'île sur laquelle se trouve le cairn, mais le prix dépassait ses possibilités[1].

[modifier] Histoire

Le nouveau propriétaire a eu de nombreux prédécesseurs. On peut mentionner le grand Fouquet puis un de Keryaval. L'île fut vendue comme bien national en 1793 et fut achetée par un Arzonnais, Stéphany, dit «l'Ardent». Elle fut ensuite propriété de l'abbé Hémon de Locmariaquer, du docteur Cauzique, alors maire de Crach, d'une demoiselle de Closmadeuc, nièce d'un ancien maire de Vannes qui la vendit au dernier propriétaire, la famille Voituriez[2].

L'île comportait une ferme qui a longtemps été occupée par des Badennois puis des Larmoriens. Parmi les fermiers, on peu mentionner : les Guillemot, les Brégent, les Le Garrec (Pépé Job et son épouse Guillemette) vers 1920, les Jacob[3]….

[modifier] Étymologie

Gavrinis est parfois interprété comme un nom dérivé du vieux breton gavr, chêvre, et enez, île (prononcé ici inis), qui signifierait l'île de la chêvre. En effet la construction de mots et de noms en vieux breton recourt souvent à l'inversion du déterminant et du déterminé par rapport à l'ordre du français ou a l'ordre habituel en breton actuel où l'on dirait enez ar c'havr. Il s'agit en fait d'une étymologie populaire induite par la prononciation moderne du nom de l'île qui n'a rien à voir avec la réalité.

L'île est mentionnée dans des documents anciens sous le nom vieux-breton de Guirv Enes en 1184 et Guerg Enes en 1202[4]. Guerg n'a rien a voir avec le nom de la chêvre en vieux breton qui est gabr (d'où le breton moderne gavr)[5]. Guerg est un mot apparenté au gallois moyen gwery, actif, et au vieil irlandais ferg, colère (aujourd'hui fearg) ainsi qu'aux mots germaniques de la famille de work, werk. Il est également apparenté au français dialectal verchère, du bas-latin uercaria ou auergaria qui est tiré du celtique *are-uerg-aria, champs travaillé[6]. Ce nom pourrait donc signifier l'île travaillée, cultivée et s'opposer ainsi à gueld enes, "l'île inculte"[7], autre nom d'île qui est mentionné comme le premier dans une vie de Saint Maudez recopiée au XVIIe siècle d'après un manuscrit datant du XIe siècle[8].

L'étymologie qui a été proposée d'aprés l'Akkadien qubūru, qui signifie tombe ou trou, pour expliquer le mot gavr n'est pas sérieuse. Elle ne tient pas compte des formes anciennes attestée et omet le fait que que les Akkadiens n'ont aucun lien avec la Bretagne de cette époque.

[modifier] Le Cairn de Gavrinis

Un cairn est situé au sud de cette île. À l'époque de sa construction (vers 3500 ans avant Jésus-Christ), l'île était encore rattachée au continent. Il a un diamètre d'environ 50 mètres. Le cairn renferme un dolmen à chambre unique et à couloir long de 14 mètres dont les parois, composées de 29 dalles dont 23 sont ornées de gravures. Ce joyau de l'art néolithique est considéré aujourd'hui par de nombreux archéologues, comme l'un des plus beaux monuments mégalithiques au monde, par les gravures et le soin apporté à sa construction. C'est un exemple caractéristique d'architecture néolithique réalisé en maçonnerie sèche : des murs de parement structurent la masse des pierres disposées en écailles de part et d'autre du dolmen intérieur, dessinant une construction à large gradins réguliers. Sa construction est relativement tardive dans le monde du megalithisme. Son utilisation cessa en 3000 avant J.-C. Les structures légères en bois qui se dressaient devant la façade furent incendiées et immédiatement recouvertes d'une masse de pierre qui condamna l'entrée. Une chape de sable fut même ajoutée pour transformer ce cairn monumental en monticule aveugle.

Les premières fouilles connues datent de 1835 avec le dégagement du dolmen intérieur. D'autres recherches furent menées par le célèbre archéologue Zacharie Le Rouzic, qui réalisa les premiers travaux de restauration vers 1930. Charles-Tanguy Leroux, ancien directeur des antiquités bretonnes, a conduit la mise en valeur du monument dans les années 1980 ; en 2006, après quarante ans de labeur, il avoue l'espoir qu'il met dans une nouvelle génération de chercheurs pour éclaircir le sens ou but de cette réalisation[9].

Le cairn recouvre un grand dolmen : un couloir de 14 mètres de long se termine par une chambre simple, presque carrée, de 2,5 mètres de coté. Cette chambre est située sensiblement au centre du cairn. Le dolmen est constitué par l'assemblage d'une cinquantaine de dalles brutes soigneusement juxtaposées. La plus importante couvre la chambre : elle pèse près de 17 tonnes. Probablement destiné au culte des morts, le dolmen à une forme classique "dolmen à couloir et chambre simple", très répandu en Bretagne entre 4500 et 3000 avant J.-C. Vers la même époque, des réalisations comparables sont édifiées en Normandie, dans le Poitou, mais aussi en Irlande, en Angleterre, en Espagne. Gavrinis est ainsi l'une des plus remarquables réalisations de la premières architectures d'Occident. Ce monument est l'un des plus beaux et des mieux conservés qui nous soit parvenus. La somptueuse décoration intérieure ajoute encore à sa célébrité.

A partir de 1969, le ministère de la culture et le Conseil général du Morbihan ont entrepris une série de travaux de restaurations et de fouilles qui ont profondément modifié la connaissance de ce monument. En 1984, les archéologues ont dégagé la face cachée des dalles. Plusieurs gravures sont alors apparues. Certaines de ces pierres semblent provenir de monuments plus anciens qui auraient été réutilisé. En effet les gravures qu'on trouve à leur surface sont d'un style figuratif complètement différent de celui qu'on trouve à l'intérieur du dolmen. Le cas le plus spectaculaire est celui de la dalle recouvrant la chambre dont la face cachée était ornée d'un bovidé, des cornes d'un autre animal et d'un motif qu'on retrouve dans d'autre monuments de la région et dont la signification est controversée (On parle souvent de "hache-charrue" ou de représentation de cachalots). Elle se raccorde à deux autres pierres dont l'une forme une partie de la couverture de la Table des Marchand et l'autre la couverture du caveau d'Er Vinglé, à Locmariaquer, distants d'environ 4 kilomètres du site, à vol d'oiseau. Charles-Tanguy Leroux, archéologue responsable des fouilles, a montré par l'étude des cassures et des décors que ces morceaux formaient un menhir de 14 mètres de haut qui était sans doute élevé non loin du grand menhir brisé de Locmariaquer. Ce menhir fut abattu et débité pour couvrir les tombeaux.

[modifier] Visite

La visite guidée du cairn se fait en prenant un bateau au départ de la cale de Pen Lannic sur la commune de Larmor-Baden (Morbihan). Outre la découverte d'un monument exceptionnel, le site offre aux visiteurs un panorama unique dans le Golfe du Morbihan

[modifier] Bibliographie

  • Charles-Tanguy Leroux, Gavrinis et les mégalithes du golfe du Morbihan, Éditions Jean-Paul Gisserot, 2006.
  • J. L'HELGOUAC'H, "Les Idoles qu'on abat", Bulletin de la Société Polymatique du Morbihan 110, 1983, pp 57-68.
  • Charles-Tanguy Le Roux, "New excavations at Gavrinis", Antiquity 59, 1985, pp 183–187.
  • Charles-Tanguy Le Roux, "Gavrinis et les îles du Morbihan", Guides archéologiques de la France, Paris, Ministère de la Culture, 1985.
  • Charles-Tanguy Le Roux, Gavrinis, J.P. Gisserot, Paris 1995.
  • CASSEN, S. et J. L'HELGOUAC'H, 1992. Du Symbole de la crosse: chronologie, répartition et interprétation. XVIIe colloque interrégional sur le Néolithique: Vannes 1990, actes. Rennes: RAO, supplément 5:223-235.
  • Alberto Pimpinelli, "La Preuve Par Les Pierres", lulu.com, 2007

[modifier] Notes et références

  1. Ouest France 09/12/2006 et 15/12/2006
  2. Ouest France 09/12/2006 et 15/12/2006
  3. Ouest France 09/12/2006 et 15/12/2006
  4. Revue Celtique III , page 416
  5. Léon Fleuriot, Dictionnaire des gloses en vieux-breton Paris 1964, p. 173
  6. Revue Celtique 40, page 216
  7. Léon Fleuriot, Dictionnaire des gloses en vieux-breton Paris 1964, p. 189
  8. Revue Celtique XII, 411
  9. Ouest-France du jeudi 27 juillet 2006.

[modifier] Articles connexes


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