Gabriel Sue

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Gabriel Sue
Gabriel Sue

Gabriel Sue, né à Marseille (Bouches-du-Rhône) au pied de Notre-Dame de la Garde le 1er juin 1867 et mort en 1958, est un peintre français.

[modifier] Biographie

Il est le fils de Gabrielle Labatut et Paul Sue (frère de l'écrivain Eugène Sue). Il est élevé à la Seyne près de Toulon (Alpes-de-Haute-Provence). Il reste toute sa vie un méridional, un trait qui marquera son œuvre. Il veut être peintre dès son plus jeune âge. À 16 ans il dessine des cerfs du Jardin d'acclimatation de Marseille, des portraits, le port de Toulon. En 1885, il est au collège de Caouzou de Toulouse. Son père veut en faire un notaire, Gabriel veut être peintre. De nombreux affrontements les opposent mais la détermination de Gabriel l'emporte.

Après son service militaire au 18e escadron du train des équipages du 12 novembre 1888 au 23 septembre 1891, Gabriel se forme de 1891 à 1892 à l’école de Charles Braquehayes à Bordeaux, grand admirateur de l'art japonais. Recommandé auprès de Jean-Léon Gérôme, il choisit de continuer sa formation à l'Académie Julian à Paris de 1893 à 1894, dirigée par Jean-Paul Laurens. Ce dernier lui insuffle le goût des paysages et de Benjamin Constant dont il tient la vigueur et la brillante harmonie de ses coloris.

Il y rencontre Paul Cézanne et sera très admiratif de la construction du dessin sans cesse remodelé de cet artiste jamais satisfait. Steinlen, voyant ses dessins de chats, lui conseille vivement de s'orienter vers l'art animalier pour lequel il était déjà très attiré. De nombreuses études sont réalisées au Jardin des Plantes, au Muséum national d'histoire naturelle.

[modifier] Peintre animalier

Il quitte l'Académie Julian et continue de travailler en solitaire dans une recherche constante sur la couleur et de l'expression du mouvement notamment sur les tableaux de meute et des marines de l'Île Chausey. En 1896, le mouvement se dégageant des toiles de Gabriel Sue, observées chez une amie commune, intrigue Toulouse-Lautrec qui, pour s'informer de la technique utilisée, lui donne rendez-vous chez Reynolds, l'Irish and American Bar, ou il croquait les évolutions acrobatiques de Chocolat.

Jusqu'en 1912, sa base reste Paris, berceau de la peinture de l'époque. Il y a son atelier. Il étudie les meutes de Normandie, meute Guillet à Saint-Sever-Calvados, d'Aquitaine (meute Fontaine Henri à Marmande (Lot-et-Garonne), du Beuil à Captieux (Gironde), Corteaux à Preychac, Clarayon Latour… et sa propre meute à Servanches en Dordogne.

Au cours de cette période, il est "peintre de meute". Il voyage en Italie, Espagne (Musée du Prado), en Algérie et Tunisie avec son ami peintre Saglio Edouard (1867- ?). Toutefois, s'il côtoie le monde de la peinture parisienne, Sue reste un solitaire. La vie sauvage avec les meutes en pleine nature est une nécessité vitale. En 1910, après 20 ans de fiançailles, il épouse Marie Breen, une irlandaise, professeur agrégée de lettres en même temps qu'Édouard Herriot, et vit définitivement dans le petit village de Servanches en Dordogne dont il est maire.

Il n’aura pas d’enfants mais Gabriel adopte à la fin de sa vie ses neveux Jean-Jacques et William Bordes, afin que sa propriété puisse leur revenir. Sa demeure accueille de nombreux poètes et amis, Frédéric Plessis, Charles Oberthür, et surtout des centaines d’animaux. Peintre campagnard, il exposera avec les grands peintres de son époque jusqu’à sa mort en 1958.

[modifier] Style de Gabriel Sue

Gabriel Sue est tout d'abord très inspiré par l'impressionnisme dont il utilisera la technique de séparation des couleurs dans ses recherches sur le mouvement. Il peut être classé comme néo-impressionnismete avec une attraction certaine pour le fauvisme pour exprimer son tempérament de coloriste. Peintre animalier, Gabriel Sue exprime librement son style malgré les exigences d’une discipline dont les amateurs demandent une reproduction fidèle de l’animal et des scènes cynégétiques. Dualité sinon contradiction entre cet art animalier qui se veut détailliste et la passion de Gabriel Sue pour la couleur, la luminosité, le mouvement, la simplification extrême du trait.

« Ce qui est inutile est nuisible à l'expression », dit-il. Sa manière, fortement structurée quant aux formes et aux couleurs a subi indéniablement l'influence de Gauguin et de son école. À l'encontre de cette école qui prône la peinture de mémoire, le travail en plein air restera vital pour Gabriel Sue. Il s'appuie sur de nombreuses études, esquisses et parfois sur la photo pour composer ses toiles. La période située entre 1900 et 1925 est très représentative de son aspiration de coloriste avec l'utilisation de grands aplats de couleur, du cloisonnisme, de la sobriété du trait pour la représentation de scènes champêtres ou cynégétiques. Les œuvres qui en découlent sont parfois rudes mais toujours réalisées dans un soucis d'unité et d'harmonie.

En ce sens, il est atypique et se différencie des peintres animaliers de son époque. Gabriel Sue portera un soin particulier à la couleur et à la matière. Grâce à son besoin vital d'indépendance, Gabriel Sue a développé un style unique dans l'art animalier de son époque.