Friedrich Heinrich Jacobi

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Friedrich Heinrich Jacobi
Philosophe Occidental
Époque moderne

Naissance : 25 janvier 1743
(Düsseldorf)
Décès : 10 mars 1819
(Munich)

Friedrich Heinrich Jacobi, né à Dusseldorf le 25 janvier 1743 et mort à Munich le 10 mars 1819, est un philosophe et écrivain allemand.

[modifier] Formation et influences

Jacobi, issu d'une riche famille juive, exerça pendant plusieurs années des activités commerciales avant de se consacrer à la littérature et à la philosophie. Il occupa plusieurs places dans l’administration, fut conseiller à Düsseldorf et devint en 1804, conseiller de Bavière et président de l’Académie des Sciences de Munich. Il fut franc-maçon à partir de 1765 et fut trésorier de la Loge « La Parfaite Amitié ». Il se montra critique à l’égard de la Révolution française, dans laquelle il voyait la contrepartie politique du nihilisme qu’il associait au rationalisme.

Jacobi prit connaissance des œuvres de Charles Bonnet et de Jean-Jacques Rousseau. Son frère aîné Johann Georg Jacobi lui présenta Christoph Martin Wieland avec qui il publia à partir de 1773 la revue Der Teutsche Merkur. Il entretint également des relations amicales avec Frans Hemsterhuis, Johann Georg Hamann, Johann Gottfried von Herder, Gotthold Ephraim Lessing et Johann Wolfgang von Goethe.

[modifier] Œuvre

Jacobi a publié un grand nombre d’ouvrages de philosophie et de littérature. Comme philosophe, il fut un adversaire de Kant, et proposa une doctrine mystique qui fondait toute connaissance philosophique a priori sur les perceptions de l’entendement, organe suprasensible par lequel l’âme peut atteindre immédiatement les vérités les plus importantes, Dieu, la Providence, l’immortalité de l’âme. Il se fit le défenseur d’une philosophie du sentiment et se présenta comme un critique sévère à l’égard de toute forme de rationalisme. Ses écrits ne présentent pas de forme systématique, mais consistent plutôt en recueils de lettres ou de conversation. Ses disputes avec Goethe, Johann Gottlieb Fichte ou Friedrich Schelling sont restées célèbres.

Les remarques où Lessing avoue être un disciple de Spinoza ont conduit Jacobi à étudier en profondeur cet auteur. Le résultat de cette réflexion fut que la philosophie, lorsqu’elle entreprend de connaître ou de prouver l’infini au moyen d’un entendement fini, aboutit nécessairement à réduire le divin à quelque chose de fini. C’est pourquoi il faut renoncer au projet rationaliste de prouver l’existence de Dieu; la volonté philosophique de rester attaché au rationalisme ne saurait au contraire conduire qu’au mécanisme, au fatalisme et à l’athéisme (comme c’est le cas chez Spinoza). Ce sont ces réflexions que Jacobi a développées en particulier dans sa correspondance avec Moses Mendelssohn, ce qui eut pour effet de provoquer un regain d’intérêt pour la philosophie de Spinoza dans les années qui suivirent.

Il existe pourtant selon Jacobi un type de certitude qui n’a pas besoin de preuve rationnelle : il s’agit de la croyance ou de la foi. Celle-ci est donc l’instance la plus haute dont procède tout savoir - qu’il soit sensible ou suprasensible. Cette instance est désignée par le terme de Vernunft (« raison ») comprise comme faculté intuitive, et ce par opposition au Verstand (« entendement ») compris comme faculté discursive de connaître. Jacobi ne se considérait ainsi nullement comme un irrationaliste, mais il tenait au contraire son concept de certitude de la croyance pour quelque chose de strictement rationnel.

Jacobi apporta enfin des contributions importantes dans le domaine de la pensée économique, où il s’inspire notamment de l’œuvre d’Adam Smith. Il est considéré comme le premier penseur libéral allemand.

Ses principaux ouvrages philosophiques sont :

  • Lettres sur la doctrine de Spinoza (1785)
  • De Hume et de la foi, ou de l'idéalisme et du réalisme (1787)
  • Lettre à Fichte (1799)

Jacobi est aussi l’auteur du célèbre roman Woldemar, dans lequel il combattit la morale de l’intérêt personnel.