Fight Club (film)

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Fight Club
Réalisation David Fincher
Acteur(s) Edward Norton
Brad Pitt
Helena Bonham Carter
Meat Loaf
Jared Leto
Scénario Jim Uhls
Chuck Palahniuk (roman)
Musique The Dust Brothers
Photographie Jeff Cronenweth
Montage Jim Haygood
Producteur(s) Ross Grayson Bell
Ceán Chaffin
Art Linson
Budget 63 000 000 $
Format 35 mm (2,35:1)
DTS
Durée 139 minutes
Sortie 10 septembre 1999

Fight Club est une adaptation cinématographique américaine du roman Fight Club de Chuck Palahniuk, réalisée par David Fincher et sortie le 10 septembre 1999 lors du Venice Film Festival en Italie. La date de sortie officielle aux États-Unis fut le 21 septembre 1999 au CMJ Film Festival et la première fut lancée le 6 octobre 1999.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Un employé de bureau (sous-directeur), expert en assurances et en accidents de voitures (Edward Norton, le narrateur), seul, dans la trentaine, souffrant d'insomnie chronique et désillusionné par la vie, recherche une façon de s'évader de son existence monotone. Façon qu’il trouvera d’abord dans la souffrance des autres à travers des groupes d’entraide contre la maladie. Mais cette tentative sera parasitée par Marla Singer (Helena Bonham Carter) « la petite plaie dans la bouche » du personnage. Grâce à l'aide d'un louche mais charismatique vendeur de savon, mi-nihiliste, mi-terroriste, Tyler Durden (Brad Pitt), il découvrira une nouvelle façon de vivre et de voir les choses. Les deux personnages trouveront ainsi leur liberté face à la prison de la réalité à travers un fight club (club de combat) underground qu'ils créeront ; où l'homme peut être ce que le monde lui nie d'être. Mais leur fight club et leurs canulars inoffensifs, les conduiront vers un cercle vicieux de comportements et de faits incontrôlables.

[modifier] Commentaire général

  • Fight Club est une critique des hommes et des femmes de notre société occidentale. Par Tyler, ils sont décrits comme étant des êtres soumis à l'apparence des mannequins des magazines et des publicités, qui selon l'exposé du film, influencent la perception de leur virilité et dégradent leur jugement inné. Tyler considère que vivre dans une société de consommation, de l'accepter puis de devenir acteur ne peut pas mener au bonheur. Selon lui, la seule possibilité valable serait de vivre primitivement, où l'on chasserait pour manger, où l'on vivrait loin de tous ces faux-semblants. Bien sûr, il reste encore la perspective d'amour, mais Tyler répond tout simplement : « On est une génération d'hommes élevés par des femmes. Je ne suis pas sûr qu'une autre femme soit la solution à nos problèmes. »
  • Fight Club est aussi une critique de la manipulation : on a là en effet (si on suit l'hypothèse que seul Tyler a été inventé par le narrateur) un homme, qui, à lui tout seul, arrive grâce à un discours à rallier un nombre incroyable de personnes à sa cause (même des policiers y adhèrent et où qu'aille le narrateur, les gens le saluent).

On peut donc le rapprocher de Tueurs nés de Oliver Stone

  • Le fight club en lui-même n'est que le prolongement physique de la « non-virilité » de ses participants. À travers ces combats sanglants, ils retrouvent leur envie de se battre pour ce qu'ils sont, de prendre les choses « à bras le corps » ; ils réapprennent littéralement leur robustesse, leur vigueur ; ils comprennent qu'acheter une télévision 16:9 procure beaucoup moins d'adrénaline et de satisfaction personnelle que de mettre un adversaire au tapis ; ils sortent enfin de leur zone de confort pour se heurter aux choses les plus basiques. Peu à peu, ces hommes se transforment en ce que Tyler lui-même souhaite qu'ils se transforment. Ils redeviennent vifs, ils perdent tranquillement leurs désirs maladifs de consommer et Tyler se crée ainsi une « armée » de personnages disciplinés à valeurs simples ; personnes qu'il nomme les « singes de l'espace » (en référence aux singes utilisés comme cobayes pendant la conquête de l'espace).
  • « Ni loup ni mouton » pourrait être une morale appropriée au film. Outre la dénonciation explicite de l'individu-mouton, le spectateur peut être amené à se révolter face à ces individus-loups, les « Space Monkeys », qui ont aussi peu de personnalité que le type d'individu qu'ils fuient. Donc l'œuvre peut être perçue comme humaniste, personnaliste, et amène à s'interroger sur les doctrines tout de même marginales que sont l'antispécisme et l'anarcho-primitivisme.
  • Tyler méprise le culte de l'apparence ainsi que les futiles préoccupations humaines. Cette partie du film est penchée de façon imagée sur le machisme et même sur le fascisme.
  • Fight Club est ironique dans le sens où le film critique le système dans lequel il a été produit et dans lequel il puise ses codes. C'est au second degré qu'il faut certainement percevoir Fight Club ; non pas comme la réelle critique qu'il prétend faire, mais comme une blague (Fincher a lui-même qualifié son film de blague, sans oublier par contre que le film est tiré du livre original de Chuck Palahniuk). La dernière image du film (un pénis en image subliminale) en est la parfaite illustration, même si le film est plus ambigu que le livre sur cette notion de premier/second degré, avec notamment le dénouement « hollywoodien » du film (fin heureuse, présence d'une histoire romantique, etc.), à l'opposé de celui du roman. D'ailleurs cette ironie et ce second degré présentés précédemment se trouvent dans la schizophrénie du personnage qui devient victime de lui-même. Comme les discours anticapitalistes qui dépendent de l'existence même du capitalisme, le personnage devient victime de son refus de la réalité au sein de la réalité, telle qu'elle se présente : abrupte.
  • Certains adolescents américains n'ont pas vu le film sous cet angle, et des informations ont été filtrées concernant des agressions « gratuites » de personnes attendant le bus dans une rue d'une ville du Nevada, pour faire comme dans le film, devenu culte chez ceux-ci. On constate donc une même influence pour ce film, qu’Orange mécanique, en son temps, au Royaume-Uni, film auquel Fight Club fait référence par la composition de certains plans (l'agression du notable dans les toilettes de l'hôtel).
  • Avant même le début du film, quand on lance le DVD, on a droit à l'habituel « L'œuvre fixée sur ce support est soumis à copyright… », et quelques instants après ce message, un autre texte du même genre apparaît, mais cette fois, il est signé Tyler Durden.

Voici ce texte : « Si vous lisez ceci alors cet avertissement est pour vous, chaque mot que vous lisez de ce texte inutile est une autre seconde perdue de votre vie. Vous n'avez rien d'autre à faire ? Votre vie est-elle si vide, honnêtement, que vous ne puissiez penser à une meilleure manière de passer ces moments ? Ou êtes-vous si impressionnés par l'autorité que vous donnez votre respect et vouez votre foi à tous ceux qui s'en réclament ? Lisez-vous tout ce que vous êtes supposé lire ? Pensez-vous tous ce que vous êtes supposés penser ? Achetez-vous ce qu'on vous a dit d’acheter ? Sortez de votre appartement. Allez à la rencontre du sexe opposé.
Arrêtez le shopping excessif et la masturbation. Quittez votre travail commencez à vous battre. Prouvez que vous êtes en vie. Si vous ne revendiquez pas votre humanité vous deviendrez une statistique. Vous aurez été prévenu… Tyler."''

  • Fight Club prône l'autodestruction et l'abandon d'espoir (mais pas le suicide). Tyler explique que seule une soudaine anarchie, et l'anéantissement du mode de vie existant pourrait nous sauver. Il explique que la vie ne sert à rien et que le paradis n'existe pas vraiment : si une personne meurt, après avoir eu une vie moyenne, elle ira au paradis. Mais sur Terre, elle ne laissera aucune trace. Tyler préconise donc que si l'on doit mourir, autant marquer l'Histoire, et choisir l'Enfer. « On a tous le pouvoir de changer le monde. »

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

[modifier] Commentaires spécifiques

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
  • La dernière image du film est en fait un pénis (2h10min40sec), tel que mentionné plus haut. L'image est visible pendant un très court instant et il s'agit d'une référence à une scène du film. La même image subliminale (d'un pénis en érection imminente) est visible au début du film d'Ingmar Bergman, Persona, dont Fincher s'est fortement inspiré.
  • Dans les premières minutes du film, on retrouve quatre images « pseudo subliminales » du personnage de Tyler Durden, qui ne durent réellement que le temps d'une seule image (environ 0,034 seconde) :

- 3min57 « tout est une copie, d'une copie, d'une copie »
- 6min04 « ça c'est de la souffrance »
- 7min15 « Et de nous ouvrir complètement »
- 12min06 « Au prochain groupe »

Ces images apparaissent ainsi à l'écran et font probablement également référence à une scène particulière du film (où le narrateur explique un des boulots de Tyler ; coupeur dans un cinéma). Mais ces images ne font pas juste référence à cette scène ; mais sont aussi liées à l'insomnie chronique du narrateur. Celui-ci, à moitié réveillé, à moitié endormi, commence simplement à apercevoir Tyler, qui n'est pas présent au début du film. Si l'on porte attention à la réaction du narrateur après chaque apparition, on peut s'apercevoir qu'il voit probablement réellement Tyler. Comble de fait, lorsque Tyler apparaît de façon permanente dans le film, ces images cessent, quant à elles, d'apparaître.

  • Après avoir passé à tabac Gueule d'Ange, le narrateur, accompagné de Tyler, se rend sur le parking. Une voiture et un chauffeur les attendent. En arrivant à leur niveau, le chauffeur dit un « Après vous M. Durden. » tout en fixant le narrateur. Ce dernier renchérit immédiatement en fixant Tyler et en répétant « Après vous M. Durden. », doté d'une voix à la fois méprisante et dépourvue de compréhension.
  • Sans les commentaires des producteurs et des réalisateurs (présents sur le DVD), il n'y a pas de façon précise de connaître le véritable nom du narrateur (qui est, sans contre-dit, le personnage principal). Son nom n'est ni présent au cours du film, ni dans le générique (on voit Narrateur comme rôle pour Edward Norton). Cependant, au début du film on peut voir lors du groupe de soutien aux hommes ayant eu un cancer des testicules que le "narrateur" se fait appeler "Cornelius" ; Bob notamment utilise ce prénom en s'adressant à lui (8min21, 65min7). Ce prénom que s'attribue lui-même le narrateur semble résulter de la volonté manifeste de la part de Palahniuk, de faire allusion à Cornelius Castoriadis, leader du groupe "socialisme ou barbarie", défendant un idéal politique très proche de celui défendu par Tyler, illustré par la lutte continuelle contre la consommation inutile. Son prénom reste un mystère pendant une bonne partie du film, jusqu'à ce que Tyler l'appelle « Jack » alors qu'il fuit un combat imaginaire (vers la minute 127) dans un sous-sol d'immeuble. « Jack » fait également référence à un livre (que le narrateur a probablement écrit lui-même) qu'il trouve dans la maison qu'il squatte ; le narrateur dit alors à Tyler qu'il vient de trouver un livre avec des centaines de lignes poétiques écrites par des organes d'un certain Jack. On peut donc penser, à ce stade, que soit Tyler appelle le narrateur Jack à cause d'un lien avec ces livres, soit qu'il l'appelle ainsi parce que c'est son vrai nom. Dans les commentaires de Chuck Palahniuk et de Jim Uhls, un des deux dit « […] from the beginning of the movie, until now, Jack has the authority of the film […] » lorsque l'on voit à l'écran le narrateur (22min43sec). Ces lignes (épisode du livre trouvé) sont reprises tout au long du film par le narrateur et font toujours référence au moment auquel elles sont dites :
    • Je suis le bulbe rachidien de Jack. (minute 37)
    • Je suis le colon de Jack. (minute 37)
    • Je suis le canal biliaire évidé de Jack. (minute 50)
    • Je suis la sueur froide de Jack. (minute 53)
    • Je suis l'absence totale de surprise de Jack. (minute 72)
    • Je suis la vengeance narquoise de Jack. (minute 73)
    • Je suis la vie gâchée de Jack. (minute 75)
    • Je suis le manque absolu d'étonnement de Jack. (minute 76)
    • Je suis le sentiment de rejet exacerbé de Jack. (minute 91)
    • Je suis le cœur brisé de Jack. (minute 99)
  • Lors de la rencontre du narrateur et de Tyler en avion, Tyler mentionne au narrateur que les personnages sur les illustrations de procédures d'urgence dans les avions ont l'air trop calmes et qu'ils ne représentent pas la réalité ; ce n'est qu'une autre façon de calmer la panique des voyageurs en cas de crash ou de problèmes de vol. Plus tard, on aperçoit brièvement les nouvelles affiches que les Singes de l'espace ont confectionnées ; des personnages paniqués qui sont au bout de leurs inquiétudes.
  • Autre remarque aussi dans l'avion, quand Tyler annonce « Maintenant, une question de protocole : pour passer, je vous présente mon cul ou bien ma queue ? », il ne manque pas de présenter sa "queue" quand il croise l'hotesse de bord qui se penche dans le couloir pour servir un passager.

[modifier] Publicités

Le film, tel que mentionné plus haut, contient un paradoxe apparent : son contenu agit comme une opposition ferme à la publicité et comme un hymne à la révolte face à la consommation, alors que les images du film elles-mêmes sont bourrées de publicité. Chacun en tirera ses propres conclusions : montrer pour démont(r)er, ironie, duplicité, inspiration situationniste

Cependant bon nombre de ces apparitions est associé à des actes de violence ou de destruction, voire à la critique que fait le narrateur de son propre mode de vie.

Voici une liste de ces apparitions:

Starbucks Coffee (3min57sec)

Krispy Kreme (4min17sec)

Mountain Dew (4min18sec)

White Castle (4min19sec)

Ikea (4min50sec)

Ikea (5min22sec)

Pepsi (6min16sec)

Budweiser (29min18sec)

Pepsi (33min29sec)

Pepsi (41min47sec)

Budweiser (42min01sec)

Gucci (42min50sec)

Croton (44min50sec)

Gucci (45min05sec)

Cadillac (1h14min57sec)

Good Year (1h15min03sec)

AT&T (1h18min25sec)

Environmental Protection Agency (1h20min05sec)

Gucci (1h20min39sec)

Volkswagen (1h20min40sec)

Apple (1h21min20sec)

Molson Dry, Mountain Dew et Pepsi (1h21min50sec)

Westinghouse (1h31min01sec)

Busch (1h31min28sec)

Pepsi (1h31min44sec)

Pressman Hotel (1h35min10sec)

Budweiser (1h48min38sec)

Pepsi (1h55min12sec)

Hotel Lindy (1h56min59sec)

Hotel Bristol (1h57min06sec)

Clifton's Cafeteria (1h59min32sec)

MCI (1h59min47sec)

Sony (2h09min17sec)

Busch (2h14min01sec)

Calvin Klein (quand l'appartement brule)

[modifier] Musique du film

  • La bande originale du film est des Dust Brothers.
  • Goin' out west de Tom Waits (musique de l'arrivée du narrateur et de Tyler dans le bar)
  • Where Is My Mind? des Pixies interprétée par les Pixies eux-mêmes (musique de la scène finale)

[modifier] Critiques

[modifier] Médias américains

  • « Est-ce que Fight Club est un bon film ? Il est tellement bourré d'idées explosives et d'humour féroce que les gardiens de la moralité se mettent à crier : « Danger ! » C'est donc un bon film. » (magazine Rolling Stone)
  • « Si vous craignez que ce qui se passe dans le film arrive vraiment, c'est bien, vous devez avoir peur ! C’est le but du film de vous faire peur. De vous donner envie de ne pas être un singe de l'espace, un fou, un autre mouton. » (magazine Aint-it-cool-news)

[modifier] Médias français

  • « Une œuvre brillamment mise en scène, un film coup de poing qui laisse K.-O. » (magazine FHM)
  • « Le voile de l'ambiguïté est levé : des deux côtés, c'est l'impasse. Et le cinéaste se tient là, au milieu, porte-voix d'une génération pratiquant l'auto-sacrification. La caméra virtuose au poing. Et la rage au ventre à l'idée de ne savoir où aller. » (magazine Le nouveau cinéma)
  • « Il y en aura encore certains pour trouver ce film inventif et drôle (à condition de supporter un spot publicitaire de 2h15 et le cabotinage de Brad Pitt), mais ils n'oseront pas dire que Fight Club est « objet gentil ». » (magazine Les Inrockuptibles)
  • « Fight Club se contente de délayer une mélasse sub-nietzschéenne épicée de violence gratuite. » (magazine Télérama)
  • « Fincher adore la décomposition, le sordide, le sombre. Dans Seven, dans The Game, il filmait les têtes coupées, les recoins obscurs, la crasse intime avec un talent évident. Dans Fight Club, ce talent même retourne le film. », Le Nouvel Observateur.
  • « David Fincher ne possède pas les moyens de son ambition. Son film est un objet étrange et assez antipathique, très proche de Tueurs nés d'Oliver Stone, qui lui aussi ressemblait à ce qu'il voulait dénoncer. », "Positif"

[modifier] Liens externes

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