Ferdinand Lassalle

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Ferdinand Lassalle
Ferdinand Lassalle
Tombe de F. Lassalle et de sa famille
Tombe de F. Lassalle et de sa famille

Ferdinand Lassalle (né le 11 avril 1825 à Breslau, actuelle Wrocław, mort le 31 août 1864 à Carouge près de Genève) est un homme politique allemand d'origine juive, penseur, socialiste et écrivain.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Dès l'âge de 15 ans, Ferdinand écrivait ses mémoires, dans lesquelles il exprimait ses opinions. C'est à cette époque qu'il pris conscience de sa vocation - lutter contre les inégalités, et œuvrer pour le bien de la population. Lassalle venait d'une famille juive prospère, son père, marchand de soie, prévoyait pour le jeune Ferdinand la reprise de son commerce, et c'est dans ce but qu'il l'envoya à l'école de commerce (Handelschule) de Leipzig. Lassalle lui, avait de tout autres plans et décida lui-même de son transfert vers l'université, d'abord à Breslau (actuelle Wrocław), puis à Berlin. Ses cours favoris furent la philologie et la philosophie. Il devint un disciple de Hegel. En 1845, ses études terminées, il commença la rédaction d'un travail sur Héraclite du point de vue des Hégéliens (disciples de Hegel), mais il fut rapidement interrompu et son travail ne fut pas publié avant 1858.

Ce fut à Berlin, vers la fin de l'année 1845, qu'il rencontre la comtesse Sophie von Hatzfeldt. Bien que séparée de son mari depuis de nombreuses années, elle avait toujours des problèmes avec ce dernier au sujet de propriétés ou de la garde de leurs enfants. Lassalle s'investit personnellement dans la cause de la comtesse, il entreprit des études de droit, et après avoir longuement plaidé sa cause devant 36 tribunaux, il parvint à réduire la somme demandée par son ex-mari.

Lassalle prit part à la Révolution allemande de 1848-1849, ce qui eut pour résultat son emprisonnement d'un an en 1849 pour « résistance aux forces de l'ordre de Düsseldorf » et son bannissement de la ville de Berlin. Jusqu'en 1859, Lassalle résida principalement en Rhénanie, dans la suite de la comtesse, et put enfin finir son travail sur Héraclite. À cette époque il ne prit part à aucune agitation politique, mais continua toutefois à s'intéresser au mouvement ouvrier.

[modifier] Le retour à Berlin

En 1859 Lassalle retourne à Berlin, il entra dans la ville déguisé en charretier, et grâce à l'influence d'Alexander von Humboldt, reçut la permission d'y rester. La même année il publia un pamphlet sur la guerre en Italie et comment les Prussiens devraient agir : il déconseille à la Prusse de venir en aide à l'Autriche en guerre avec la France, en soulignant que si la France parvenait à expulser les Autrichiens d'Italie, elle serait alors en mesure d'annexer la Savoie, mais elle ne serait pas assez forte pour empêcher l'unification de l'Italie avec à sa tête le roi Victor-Emmanuel II de Savoie. La Prusse, disait-il, devrait former une alliance avec la France pour mettre en déroute les Autrichiens et ainsi gagner du poids en Allemagne. En 1861 Lassalle publia System der erworbenen Rechte (Système des droits acquis) sur ce sujet.

[modifier] La création de l'ADAV

Au début de l'année 1862, la lutte entre Otto von Bismarck et les libéraux prussiens commença. Lassalle affirmait que le politicien libéral Hermann Schulze-Delitzsch et son schéma de société coopérative sur un principe d'autonomie était inadéquat pour améliorer la condition sociale de la classe ouvrière. Lassalle se lança dans une nouvelle carrière d'agitateur politique, voyageant dans toute l'Allemagne, donnant des discours et écrivant des pamphlets, dans le but d'organiser et de sensibiliser la classe ouvrière.

Bien que Lassalle fût membre de la Ligue communiste[réf. nécessaire], sa politique demeurait très différente de celle de Karl Marx et de Friedrich Engels. Marx et Engels pensaient que Lassalle n'était pas un véritable communiste quand celui-ci essaya entre autres de négocier avec le gouvernement de Bismarck sur la question du suffrage universel[réf. nécessaire]. En conséquence, quand Lassalle fonda l'Association générale des travailleurs allemands (Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein - ADAV) le 23 mai 1863, Marx ne le rejoignit pas. Lassalle fut le premier président de l'ADAV, qui fut le premier parti ouvrier d'Allemagne, du 23 mai 1863 au 31 août 1864. Ce parti devint plus tard l'actuel Sozialdemokratische Partei Deutschlands après fusion avec les marxistes (Parti social-démocrate d'Allemagne - SPD).

Le SDP fut créé en 1875, lorsque l'ADAV fusionna avec le Sozialdemokratische Arbeiterpartei - SDAP (Parti ouvrier social-démocrate d'Allemagne), en grande partie grâce aux efforts de Lassalle. Wilhelm Liebknecht et August Bebel (qui étaientmarxistes) rejoignirent également le parti. Dés sa création, le SDP fut divisé entre les réformateurs et les révolutionnaires[réf. nécessaire].

[modifier] Sa théorie

Ferdinand Lassalle développe une critique virulente du libéralisme. Il élabore notamment une loi selon lui centrale lorsque ce système est laissé à lui-même : la loi d'airain des salaires. Ne croyant pas à la prétendue hausse obligatoire et générale des salaires en période de plein emploi, il juge au contraire que le salaire minimum se fixe toujours selon le minimum vital nécessaire à la survie de l'ouvrier. Le terme « airain » renvoie à l'alliage utilisé pour la fonderie des cloches, c’est-à-dire à un matériau très dur et difficilement cassable. Cette loi, que l'on ne pourrait modifier, fixerait le salaire minimum à un niveau équivalent au strict nécessaire à la survie de l'ouvrier et à la continuité de la production.

La paternité de la loi d'airain est très controversée car de nombreux auteurs l'ont formulée avant F. Lassalle de manière plus ou moins achevée : W.Petty dès 1672, J. Vanderlint en 1734, Turgot en 1766 (cités par Marx, In Le capital, 1867), Ricardo en 1821, Engels en 1844, Marx en 1847 dans "Misère de la philosophie". Une brouille politique amènera Marx à critiquer Lassalle sans ménagement, en particulier dans sa "critique du programme du parti ouvrier allemand": "De la "loi d'airain des salaires" rien, comme on le sait, n'appartient à Lassalle, si ce n'est le mot "d'airain" emprunté aux "grandes et éternelles lois d'airain" de Goethe."

[modifier] Mort

A Berlin, Lassalle rencontra une jeune femme, Hélène von Dönniges, et lors de l'été 1864 ils décidèrent de se marier. Le père d'Hélène, diplomate bavarois résidant à Genève, voyait d'un très mauvais œil cette union avec Lassalle. Hélène fut emprisonnée dans sa propre chambre, et finalement, sûrement sous la pression, renonça à son union avec Lassalle au profit d'un autre homme, le comte von Racowitza. Lassalle décida de lancer un défi au père d'Hélène ainsi qu'à Racowitza, qui fut accepté par ce dernier. C'est à Carouge, une petite ville à proximité de Genève, que se tint le duel au matin du 28 août 1864. Lassalle fut mortellement blessé, et mourut le 31 août. Les derniers évènements de sa vie furent décrits par George Meredith dans Les Comédiens tragiques (1880).

[modifier] Sa dernière demeure

Lassalle fut enterré dans le vieux cimetière juif de sa ville natale à Breslau (pol. Wrocław). Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis saccagèrent son caveau. En 1946, le Parti socialiste polonais le reconstruisit entièrement. Aujourd'hui encore, il est régulièrement entretenu par l'actuel parti de gauche polonais, et tous les ans, le 30 avril, y est organisé une discrète célébration en sa mémoire.

[modifier] Publications

  • Die Philosophie Herakleitos des Dunklen von Ephesos (Berlin, 1858)
  • Franz von Sickingen (1859)
  • Über Verfassungswesen
  • Arbeiterprogramm
  • Offenes Antwortschreiben an das Zentralkomitee zur Berufung eines Allgemeinen Deutschen Arbeiter-Kongresses zu Leipzig
  • Zur Arbeiterfrage
  • Arbeiterlesebuch
  • Herr Bastiat-Schulze von Delitzsch, der ökonomische Julian, oder Kapital und Arbeit

[modifier] Références

  • (pl) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en polonais intitulé « Ferdinand Lassalle ».
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ferdinand Lassalle ».

[modifier] Bibliographie

  • Eduard Bernstein, Ferdinand Lassalle, le réformateur social, Rivière, 1913.
  • Sonia Dayan-Herzbrun, L'Invention du parti ouvrier : aux origines de la social-démocratie, 1848-1864, L'Harmattan, 1990.
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