Felix Steiner

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Felix Steiner
Naissance : 23 mai 1896
Stallupönen, Prusse-Orientale, Allemagne
Décès : 12 mai 1966 71 ans)
Munich
Origine : Allemagne
Arme : Waffen-SS
Grade : SS-Obergruppenführer, General der Waffen-SS
Conflits : Première Guerre mondiale,
Seconde Guerre mondiale
Commandement : division Wiking
Distinctions : Croix de fer
Famille : célibataire

Felix Martin Julius Steiner (23 mai 1896, Stallupönen, Prusse-Orientale - 12 mai 1966, Munich), SS-Obergruppenführer, fut le commandant de la division Wiking et l'un des principaux généraux de la Waffen-SS.

Steiner compte parmi les commandants les plus novateurs de la Waffen SS. Il commande le régiment SS Deutchsland durant les invasions de la Pologne, des Pays-Bas et de la France.

Après ces campagnes, il est désigné par Heinrich Himmler pour superviser la création de la 5e Panzerdivision SS Wiking, puis pour la commander. En 1943, il est promu pour prendre la tête du 3e Panzer Corps SS.

Le 22 avril 1945, pendant la bataille de Berlin, il refuse d'obéir à un ordre direct d'Hitler lui enjoignant de lancer une contre-offensive, alors que le rapport des forces est de dix contre un en faveur de l'Armée rouge et que les unités allemandes sont à bout de force.

Emprisonné jusqu'en 1948, Steiner est disculpé de l'accusation de crimes de guerre. Après avoir écrit quelques ouvrages apologétiques, il meurt le 12 mai 1966.

Sommaire

[modifier] Débuts militaires

Felix Martin Julius Steiner voit le jour le 23 mai 1896, à Sallupönen, en Prusse-Orientale. De confession protestante, il garde celle-ci tout au long de sa carrière dans la Waffen-SS, malgré la volonté affirmée d' Heinrich Himmler d'éliminer les religions traditionnelles de la SS, pour les remplacer par un néo-pagansime, les Gottgläubig (croyants en Dieu)[1]. Ce trait dénote une forte personnalité qui se marque aussi par le fait qu'il reste un célibataire endurçi, malgré les instructions d' Himmler relatives au nombre d'enfants que doivent concevoir les officiers de la Waffen-SS[2].

Steiner rejoint l'armée en mars 1914, comme sous-officier (Fahnenjunker) au sein du régiment d'infanterie von Boyen, à Tilsit. Il participe à la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il est gravement blessé en novembre 1914. Il est promu lieutenant le 27 janvier 1915, puis Oberleutnant, le 10 octobre 1918, et est décoré de la Croix de fer de première et de deuxième classe.

En 1919, Steiner dirige une unité de Freikorps, à Memel, en Prusse-Orientale. Il retourne dans l'armée en 1921 qu'il quitte avec le grade de major en 1933.

Après la prise de pouvoir par les nazis, Steiner s'inscrit au NSDAP et à la SA, où il participe à la militarisation de celle-ci afin de doter l'Allemagne d'une nouvelle armée. Il s'engage dans la SS en 1935 et est promu Standartenführer le 1er juillet 1936.

[modifier] Dans la Waffen-SS

« La guerre totale nécessite certes des armées de masse, mais la décision appartient à des corps d'élite opérationnels de faible importance numérique, qui créent des brèches foudroyantes dans le corps de l'adversaire, le divisent, puis se retirent cédant la place à l'armée traditionnelle »
    — Felix Steiner aux généraux de la Reichswehr[3].

Sous les ordres de Paul Hausser, mis à la tête des Verfügungstruppen, Steiner participe à leur entraînement et à leur développement. A partir d'octobre 1936, il est chargé de la formation militaire à la SS-Junkerschule de Bad-Tölz. Il s’attache particulièrement à l’utilisation des armes automatiques et des grenades, au développement d’un esprit de corps, de camaraderie entre officiers et hommes de troupe, et à l’organisation de nombreuses épreuves sportives qui font des membres de la VT des athlètes accomplis, dont les performances surprennent la Wehrmacht [4]. Son modèle d'entraînement est basé sur les tactiques des troupes assaut de la Première Guerre mondiale[5]. La démonstration des capacités des VT organisée par Himmler à Münster le 20 mai 1933 fait forte impression sur les officiers de la Reichswehr [6].

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Steiner est à la tête du régiment Deutchsland des VT, avec le grade d'Oberführer. Il conduit son régiment lors de l'invasion de la Tchécoslovaquie, de la campagne de Pologne et de la campagne de France et est décoré de la Croix de chevalier le 15 août 1940. Le 9 novembre 1940, il est promu Brigadeführer.

« Je sais que je n'ai pas mérité moi-même cette haute décoration, mais qu'elle récompense le courage du régiment dont vous m'avez confié l'instruction, l'éducation et la commandement. Je suis également conscient que je n'aurais pas reçu cette décoration sans votre approbation personnelle. [...] J'essaierai de contribuer à votre œuvre par un travail infatigable. Heil Hitler »
    — Lettre de remerciement de Felix Steiner à Heinrich Himmler[7].

[modifier] La division Wiking

Après les première campagnes, Steiner est chargé par Heinrich Himmler à compter du 01/12/1940 de superviser la création et de prendre le commandement d'une nouvelle division de volontaires, la 5e Panzerdivision SS Wiking. Celle-ci est formée par des volontaires non-allemands ; à l'époque de sa création, ils sont essentiellement issus des Pays-Bas, de Wallonie et des pays scandinaves. Il faut cependant noter que fin juin 1941, la division est à 90% composée d'Allemands et ne comporte que 1143 étrangers, dont 631 Néerlandais, 294 Norvégiens, 216 Danois, 1 Suédois et 1 Russe[8]

À partir d'éléments disparates, Steiner fait de la division Wiking une formation compétente qu'il commande durant de nombreuses batailles sur le front de l'Est jusqu’à son départ pour prendre la tête du IIIe corps d'armée blindé SS en mai 1943, qui regroupe les 5e Panzerdivision SS Wiking et 11e SS-Freiwilligen-Panzergrenadierdivision Nordland). Les trois quarts de l'encadrement de ce corps d'armée sont constituées par des allemands ; lors de ce développement des effectifs, Steiner « réussi le difficile exercice d'accroître le noyau de base tout en demeurant une force absolument homogène »[9]

La seule exaction documentée de cette unité consiste en le massacre de 600 Juifs galiciens en Ukraine, deux semaines après le déclenchement de l'invasion de l'Union soviétique[10].

[modifier] Le groupe d’armée de la Vistule

En janvier 1945, Steiner et le IIIe SS Panzer Corps sont transférés de la poche de Courlande pour aider à la défense du territoire allemand. Le 28 janvier 1945, Steiner est désigné comme commandant de la 11e armée blindée SS, « qui en réalité avait à peine les effectifs et le potentiel d'un corps d'armée »[11], rattachée au groupe d'armée de la Vistule.

Le IIIeSS Panzer Corps est affecté au groupe d'armée de la Vistule et reçoit une nouvelle dénomination en tant que 11e Armée Panzer SS. Lorsque l'Armée rouge atteint l'Oder, la 11e Armée Panzer SS cesse ses activités et le IIIeSS Panzer Corps est réaffecté à la 3e Armée Panzer, comme réserve pour la défense de Berlin. Durent la bataille de Halbe, la première bataille majeure de l'offensive contre Berlin, le général Gotthard Heinrici, commandant du groupe d'armée Vistule, transfère la plupart des divisions du IIIeSS Panzer Corps vers la 9e armée du général Theodor Busse.

Le 1er avril, le 1er front biélorusse, commandé par le maréchal Joukov perce les lignes allemandes sur les hauteurs de Seelow. Sans tenir compte de la réalité, Hitler baptise les unités en loques sous les ordres de Steiner Armeeabteilung Steiner, appellation nouvelle, à mi-chemin entre un corps et une armée. Il donne l'ordre à Steiner d'attaquer le flanc nord du saillant créé par le 1er front biélorusse pendant que la 9e armée, repoussée vers le Sud du saillant attaque vers le Nord, afin de prendre les Russes en tenaille. Pour faciliter sa mission, Steiner se voit assigné trois divisions de la 9e armée, la 4e division SS Polizei, la 5eJägerdivision, la 25e Panzer Grenadier Division -qui se trouvent au Nord du canal de Finow, sur le flanc nord du saillant de Joukov- et le LVIe Panzer Corps de Weidling, qui se trouve à l'Est de Berlin, avec son flanc nord près de Werneuchen.

Les trois divisions le plus au Nord doivent attaquer vers le Sud à partir d'Eberswalde (sur le canal de Finow et à 24 kilomètres à l'Est de Berlin) en se dirigeant vers le LVIe Panzer Corps, pour couper le saillant du 1er front biélorusse en deux.

Steiner a toujours été l'un des commandants préférés d' Hitler, qui admire son attitude selon laquelle « le boulot sera fait », et apprécie le fait que sa fidélité aille à la Waffen SS et non au corps des officiers prussiens. Joseph Goebbels apprécie lui aussi Steiner. À son propos, il écrit le 1er mars 1945, qu’« il est énergique et résolu et qu'il accomplit son travail avec fougue ». Il est aussi l'enfant chéri[12] d' Himmler, bien que celui-ci soit agacé et préoccupé par son attitude, Steiner le traitant de « romantique vaseux »,le surnommant « le maigrichon Reichsheini » et critiquant ouvertement la stratégie du Führer tant sur le front de l'ouest que sur celui de l'est[13]

Cela n'empêche pas Steiner d'appeler le général Heinrici pour lui faire savoir que le plan conçu par Hitler est irréalisable. La 5e Jägerdivision et la 25e Panzer Grenadier Division sont encore déployées de manière défensive, et elles ne peuvent être redéployées pour l'attaque avant que la IIe Division de marine ne les relève ; cela ne laisse pour l'offensive que deux bataillons de la division SS Polizei, dépourvues de l'armement nécessaire. Heinrici contacte Hans Krebs à l'OKH, en lui faisant savoir que la contre-attaque ne peut avoir lieu et en demandant, sans succès, à parler à Hitler[14].

Le 22 avril, lors de sa réunion de l'après-midi, Hitler apprend que Steiner refuse d'exécuter ses ordres. Il entre dans une crise de colère larmoyante, déclarant que la guerre est perdue, blâmant les généraux et annonçant qu'il restera à Berlin jusqu’à la fin et qu'il se suicidera[15]. « L'effet [de la décision de Steiner] est électrique. Le sang se retire du visage d' Hitler et il retombe sur sa chaise en tremblant. Son apparence, son attitude font penser à un coup de sang ou à une crise cardiaque »[16].

[modifier] La fin de la guerre

Steiner est fait prisonnier le 3 mai 1945. Toutes les charges contre lui, notamment celles de crimes de guerre et crimes contre l'humanité sont abandonnées et il est libéré le 27 avril 1948.

Il consacre les deux décennies suivantes à écrire ses mémoires et plusieurs ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale, considérés comme des plaidoyers pro domo, dont Die Armee der Geächteten (L'armée des proscrits) et Die Freiwilligen (Les volontaires). « Si son activité est celle qui de toutes, a le plus retenu l'attention dans les techniques d'assaut, [c'est] tout simplement parce qu'il a pris soin d'en faire la publicité après la guerre »[17]. Felix Steiner meurt le 12 mai 1966.

[modifier] Notes et références

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Felix Steiner ».
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Felix Steiner ».
  1. Jean-Luc Leleu, La Waffen-SS. Soldats politiques en guerre, Paris, Perrin, 2007, p. 211-212
  2. J.L. Leleu, op.cit., p. 483
  3. cité par Heinz Höhne, L'ordre noir, Histoire de la SS, Casterman, Tournai, 1968, p.216
  4. H. Höhne, op. cit., p.217
  5. J.L. Leleu, op. cit., p. 400
  6. Peter Padfield, Himmler, Reichsführer SS, Papermac, London, 1990, p. 252
  7. J.L. Leleu, op. cit., p.480
  8. *Guido Knopp, Les SS, un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, 2006, p. 289
  9. J.L. Leleu, op. cit., p. 313
  10. cf. G. Knopp, op. cit., p. 296 et H. Höhne, op. cit., p.226
  11. Antony Beevor La chute de Berlin, Paris, Editions de Fallois, Le livre de Poche, 2002, p. 156
  12. J.L. Leleu, op. cit., p. 924
  13. H. Höhne, op. cit., p. 231
  14. A. Beevor, op. cit., p. 381
  15. A. Beevor, op. cit., p. 390
  16. P. Padfield, op. cit., p. 592
  17. J.L. Leleu, op. cit, p. 923

[modifier] Bibliographie

  • Antony Beevor La chute de Berlin, Paris, Editions de Fallois, Le livre de Poche, 2002 (ISBN 2253109649)
  • Heinz Höne, L'ordre noir, Histoire de la SS, Tournai, Casterman, 1972.
  • Guido Knopp, Les SS, un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, 2006.(ISBN 9782258064171)
  • Jean-Luc Leleu, La Waffen-SS. Soldats politiques en guerre, Paris, Perrin, 2007 (ISBN 9782262024888)