Famille matrilinéaire

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La famille matrilinéaire est un système de filiation dans lequel chacun relève du lignage de sa mère. Cela signifie que la transmission, par héritage, de la propriété, des noms de famille et titres passe par le lignage féminin.

Toutefois, une gradation dans la transmission des noms ou des titres de propriété se remarque à mesure de l'emprise de la filiation patriarcale. Dans la filiation matrilinéaire, cette transmission en arrive alors à passer de l'oncle (le frère de la mère) au neveu (le fils de la sœur).

La transmission de l'héritage (notoriété, position sociale, biens et services) s'est d'abord effectuée de mère à fille. Par glissement, elle s'est opérée ensuite de mère à fille et à fils, pour finalement se réaliser d'oncle à neveu. Il est remarquable, dans ce contexte, que la filiation (fils) de père à fils est totalement occulté, en tant que substantif, la filliation (fille) de mère à fille, alors que la culture passe généralement par cette filliation.

Selon certains, la raison principale de la filliation est l'ignorance de la vertu reproductive du coït : auparavant de la reconnaissance de cette vertu (très souvent aléatoire et fortement liée a priori au plaisir) les femmes étaient engrossées par un ancêtre (femelle), le vent, des dieux[non neutre] [1]: les femmes étaient l'intermédiaires par lequel passait la régénération de l'espèce[2].

L'héritage d'oncle à neveu implique une dépendance vis-à-vis de la femme, du frère envers sa sœur, détentrice de ce pouvoir spécial de la régénération de la lignée ancestrale.

Les relations sociales régnant dans les sociétés matrilinéaires, avant leur cloisonnement par le patriarcat (les dieux dominant deviennent masculins dans ce cas) peuvent trouver une caractérisation dans le fait même de la position de la femme : étant la personne par laquelle passent les ancêtres (la mémoire de la société en question, son histoire, ses faits, ses gestes), elle trouve un respect qu'elle a perdu plus tard de la part de son compagnon devenu patriarche. De plus, la vertu régénératrice du coït étant totalement ignoré, il y règne une très grande permissivité sexuelle avant le mariage.

[modifier] Remarques sur les sociétés juives

La famille juive orthodoxe contemporaine constitue encore un modèle résiduel de la famille matrilinéaire parce que l'appartenance au peuple juif (et implicitement à la religion) est assurée seulement si la mère est juive.

Dans ce cas, la matrilinéarité n'a de relation avec la domination économique des hommes et le statut social des femmes que par la seule transmission idéale de la religiosité.[3]

[modifier] Notes

  1. on ne sait précisément si les dieux ancestraux, dans ce rôle, des Grecs étaient masculins ou féminins avant l'emprise du patriarcat sur la société
  2. Voir La paternité dans la psychologie primitive de Bronislaw Malinowski, par exemple
  3. Selon de nombreux rabbins, en particulier du judaïsme « réformé », la famille hébraïque telle qu'elle apparaît dans la Torah est patrilocale, donc suit naturellement — sinon obligatoirement — les coutumes, y compris religieuses, du mari et non de la femme. Rien n'y indiquerait une matrilinéarité obligatoire du judaïsme, cette règle serait en fait d'apparition plus tardive et n'a pas le crédit de tous les Juifs.

[modifier] Articles connexes


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