Fables de La Fontaine

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Illustration des Deux pigeons par Gustave Doré.
Illustration des Deux pigeons par Gustave Doré.

Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre de Jean de La Fontaine écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables écrites dans un but éducatif étaient adressées au Dauphin.

Sommaire

[modifier] Les sources

Travail de réécriture des fables d’Ésope, de Phèdre, Abstémius, mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.

[modifier] L'inspiration indienne

Plusieurs fables de La Fontaine sont des reprises de fables du Pañchatantra qui sont passées dans la version arabe Kalîla wa Dimna. Les animaux malades de la peste imite « le Loup, le Renard et l'Âne » de François Philelphe qui a pu utiliser le Kalîla wa Dimna latin de Jean de Capoue intitulé Directorium humane vite alias parabole antiquorum sapientum (Guide de la vie humaine ou Parabole des anciens sages) et paru entre 1262 et 1278. Pour Les poissons et le cormoran, La Fontaine a pu utiliser la traduction française des quatre premiers livres de la version persane « Anwari Sohaïli » parue en 1644 sous le titre Le Livre des lumières ou la Conduite des Rois[1]. Le Chat et le Rat, Les deux Perroquets, le Roi et son Fils, ou la Lionne et l'Ours, qui ne figurent pas dans Le Livre des lumières, proviennent vraisemblablement de la traduction en latin de la version grecque de Siméon Seth[2] réalisée par le jésuite Pierre Poussines et parue en 1666 sous le titre Specimen sapientiae Indorum vetorum (Exemples de la sagesse des anciens Indiens)[3].

[modifier] Portée de l’œuvre

Les Fables constituent un des recueils poétiques les plus connus du classicisme. Sainte-Beuve a pu dire que Jean de La Fontaine était l’Homère des Français : ainsi, le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune dignité littéraire et était réservé aux exercices scolaires de rhétorique et de latin. La Fontaine procède d’ailleurs souvent à une élévation du « genre bas », celui de la fable, en intégrant dans ses récits le moyen style (pastoral) et le style élevé (épopée). La fable épitre du livre deuxième est un parfait exemple de cohabitation des trois styles.

Œuvre tout à la fois de poésie et de pensée : car les Fables offrent une méditation en acte sur la nature et les effets de la parole, spécialement politique, et de leur propre énonciation : Louis Marin a ainsi montré la subtilité de la réflexion comme du dispositif de ces fables apparemment innocentes, à partir de l’exemple paradigmatique de la fable intitulée le Pouvoir des Fables (voir Bibliographie).

[modifier] Illustration des Fables

Les fables de La Fontaine de Jean-Baptiste Oudry : Tapisserie d'Aubusson
Les fables de La Fontaine de Jean-Baptiste Oudry : Tapisserie d'Aubusson

Les fables sont illustrées dès la première édition par Chauveau et ses disciples : c’est que la fable est un genre proche de l’emblème, et à ce titre fonctionne comme une image morale ; elle accueille donc volontiers son redoublement iconographique à des fins didactiques. Au XVIIIe siècle, Oudry propose de nouvelles illustrations, plus naturalistes. Grandville en 1838, puis Gustave Doré en 1867 proposent successivement une nouvelle iconographie. Au XXe siècle, Benjamin Rabier suivi de Chagall proposent, à leur tour, leur vision des Fables.

[modifier] Les Fables

[modifier] Notes

  1. Selon Antoine-Isaac Silvestre de Sacy, le traducteur, identifié par un pseudonyme, serait l'orientaliste Gilbert Gaulmin
  2. qui traduisait lui-même le Kalîla wa Dimna arabe.
  3. Auguste-Louis-Armand Loiseleur-Deslongchamps, Essai sur les fables indiennes et sur leur introduction en Europe, Paris, Techener, 1838, p. 18, 24, 25, 36, 37 et 66

[modifier] Lien externe