Exception culturelle française

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On désigne par exception culturelle française une expression utilisée pour caractériser certaines spécificités de la France par rapport aux autres pays d'Europe, voire du monde, dans le secteur culturel, depuis la création du Ministère de la Culture par André Malraux en 1959 et notamment certains acquis de l'action de Jack Lang à ce poste, notamment l'engagement de l'État dans le soutien au secteur de la culture et à la création artistique.

Dans chaque branche (cinéma, théâtre, télévision, ou autres moyens de communications), il y a un système d'aide automatique à la création. C'est ainsi que le CNC (Centre national de la cinématographie) qui prélève un petit pourcentage sur tout billet de cinéma, peut, grâce à cet argent, apporter des aides à l'écriture, à la création ou à la diffusion d'œuvres d'expression française. Au théâtre privé, un fonds de soutien, alimenté essentiellement par les plus gros succès, permet de rebondir sur de nouvelles créations qui ne verraient pas le jour autrement. À la télévision, le système est moins efficace car il ponctionne dans les aides du CNC, pour des émissions qui n'ont souvent rien à voir avec le cinéma.

Le terme « exception culturelle française » est parfois pris dans un sens péjoratif. Il désigne alors la culture française au sens large et stigmatise un certain orgueil ou prétention française à se croire « au dessus de la mêlée » et à entretenir le mythe de la grandeur passée.

Sommaire

[modifier] Sont partie prenante de l'exception culturelle française

  • La Francophonie : L'idée qu'il faut défendre la culture et la langue française dans le monde entier. Ce point est sujet à controverse puisque dans le même temps la France refuse de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Voir la loi Toubon.
  • La volonté des pouvoirs publics de ne pas traiter la culture comme une marchandise comme les autres et de protéger son économie. (Le "mieux-disant" culturel.)
  • La création des DRAC : Directions régionales des affaires culturelles qui gèrent la majorités des crédits d'intervention de l'État et sont un des acteurs les plus important de la déconcentration.
  • Le statut des intermittents du spectacle, statut envié (jusqu'à ces dernières années) et unique au monde qui a permis pendant des années de faire vivre la création en protégeant les métiers du spectacle dans les périodes d'inactivité (Théâtre, Cinéma, Arts de la scène etc.).
  • Le prix unique du "Livre" destiné à soutenir les libraires.
  • Le système de financement pour la création cinématographique en France qui permet notamment de produire et co-produire un grand nombre de court-métrages et surtout projets de cinéastes de pays africains ou européens qui ont du mal à trouver des financements dans leur pays.
  • Le Fonds de soutien au Théâtre privé.
  • France Culture : radio culturelle nationale.[réf. nécessaire]

[modifier] Ne sont pas partie prenante de l'exception culturelle française

  • La création en langue minoritaire en France, littérature, théatre, cinéma, télévision, chanson.
  • La diffusion en langues minoritaires de l'édition, dans les médias.[réf. nécessaire]

[modifier] Critique

Pour certains auteurs, le concept d'exception culturelle et la tentation de la protection par des quotas et des mesures protectionnistes sont les véritables dangers, pour la culture française en particulier. Ainsi, l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa écrivait-il en 1993[1] :

« La chose la plus importante que j'ai apprise est que les cultures n'ont pas besoin d'être protégées par les bureaucrates et les forces de police, ou placées derrière des barreaux, ou isolées du reste du monde par des barrières douanières pour survivre et rester vigoureuses. Elles doivent vivre à l'air libre, être exposées aux comparaisons constantes avec d'autres cultures qui les renouvellent et les enrichissent, leur permettant de se développer et de s'adapter au flot constant de la vie. La menace qui pèse sur Flaubert et Debussy ne vient pas des dinosaures de Jurassic Park mais de la bande de petits démagogues et chauvinistes qui parlent de la culture française comme s'il s'agissait d'une momie qui ne peut être retirée de sa chambre parce que l'exposition à l'air frais la ferait se désintégrer. »

De façon assez proche, José Maria Aznar considèrait en 2004 que le repli sur une « exception culturelle » est le signe d'une culture en déclin[2] :

« L’idée de créer une exception culturelle vient des pays dont la culture est en déclin, ceux qui ne connaissent pas ce problème n’ont rien à craindre. (..)L’exception culturelle est le refuge des cultures en déclin. Je ne crois pas en l’exception culturelle européenne et je ne redoute pas la globalisation. »

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes

  1. Mario Vargas Llosa, Konstnärliga verk är ocksa varor, entretien au journal danois Dagens Nyheter, relaté par Johan Norberg dans Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste
  2. Ils ont osé le faire Aznar y va franco, L'humanité, 16 janvier 2004

[modifier] Voir aussi