Eugène Deloncle

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Eugène Deloncle est un homme politique français, né à Brest (Finistère) le 20 juin 1890 et mort à Paris le 17 janvier 1944, co-fondateur de La Cagoule en 1935.

[modifier] Biographie

Fils du commandant Deloncle, qui refusa de quitter sa passerelle et fut englouti en mer avec son bateau La Bourgogne lors de son naufrage le 4 juillet 1898.

Sa sœur, qui épousa l'avocat Laurent-Cely fut la mère de l'écrivain Jacques Laurent. Son autre sœur fut mariée un temps avec le grand bridgeur Pierre Albarran.

Polytechnicien (Promotion X1910, second), ingénieur du Génie maritime, il combattit pendant la Première Guerre mondiale comme officier d'artillerie et fut blessé sur le front de Champagne. Il est fait chevalier de la légion d'honneur.

Il adhére d'abord à l'Action française, puis fonde en 1935, avec Jean Filliol, l' Organisation secrète d'action révolutionnaire nationale (l'adjectif nationale fut ensuite supprimé ; mal lu, le « O » fut pris pour un « C ») connue de la police sous le nom de comité secret d'action révolutionnaire (CSAR) et surnommé La Cagoule par la presse. Ce surnom est d'ailleurs attribué avec mépris par Maurice Pujo de l'Action Française.

Anticommuniste, antirépublicain.

Ses principaux faits d'armes sont l'attentat contre la Confédération générale du patronat français et du groupe des industries métallurgiques le 11 septembre 1937 et l'assassinat des frères Rosselli, deux militants italiens anti-fascistes.

Selon Pierre Péan [1], à la fin du mois de novembre 1936, Deloncle rencontre le général Henri Giraud. Giraud promet son aide à Deloncle en cas de soulèvement communiste, et Deloncle lui annonce que les cagoulards se rangeraient sous ses ordres en échange. Très satisfait, Giraud « est évidemment d'accord pour travailler avec les gens de l'OSARN et souhaite la meilleure réussite à l'entreprise de Deloncle et Duseigneur [...] »

En juillet 1938, l'état-major civil et plusieurs militaires soit un total de 120 personnes sont arrêtés par la police.

Après l'armistice de juin 1940, Deloncle rejoint l’amiral François Darlan et reprend contact avec d’anciens cagoulards.

Fin 1940, Eugène Deloncle crée le Mouvement social révolutionnaire pour la Révolution nationale (MSR), soutenant le maréchal Pétain, puis, au travers du Rassemblement national populaire, se rapproche de Marcel Déat. Les intrigues entre les deux hommes ont raison de cette alliance et Deloncle est exclu en mai 1942.

Il collabore aussi avec l’amiral Wilhelm Canaris, qui dirige le contre-espionnage militaire allemand.

Le 17 janvier 1944, Deloncle est assassiné (avec son fils) par la Gestapo en raison de ses relations avec l'amiral Canaris et d'autres membres de l'Abwehr opposés à Hitler.

Son fils adoptif, Jacques Corrèze (1912-1991), membre de la « Cagoule » fut après la Seconde Guerre mondiale un cadre important de la société L'Oréal, chargé notamment de négocier la levée du boycott mis en œuvre par les pays arabes après que cette société eut racheté la société Helena Rubinstein. Jean Filliol, n° 2 et tueur de la Cagoule, après avoir trempé dans le massacre d'Oradour, imaginé des maquis blancs à partir de l'Allemagne, combattu en Italie, fut embauché par L'Oréal-Espagne [2].

En 1939, la nièce d'Eugène Deloncle, Edith Cahier, épouse Robert Mitterrand, l'un des frères de François Mitterrand. Par ailleurs, les liens personnels entre plusieurs membres de la Cagoule et la famille Mitterrand sont avérés, avec Jean-Marie Bouvyer notamment, dont la mère deviendra la marraine de Jean-Christophe Mitterrand mais aussi Gabriel Jeantet, Yves Dautun, François Méténier et Simon Arbellot.

[modifier] Notes et références

  1. Le Mystérieux Docteur Martin, p. 140
  2. Delluc B. et G., 2005, Jean Filliol, du Périgord à la Cagoule, « de la Milice à Oradour », Pilote 24 éd.
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