Esturgeon d'Europe

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Esturgeon d'Europe
Esturgeon
Esturgeon
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Superclasse Osteichthyes
Classe Actinopterygii
Sous-classe Chondrostei
Ordre Acipenseriformes
Sous-ordre Acipenseroidei
Famille Acipenseridae
Sous-famille Acipenserinae
Genre Acipenser
Nom binominal
Acipenser sturio
Linnaeus, 1758
Statut de conservation IUCN :


CR A2d :
En danger critique d'extinction

Statut CITES : Annexe II ,
Révision du 01/07/75

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L'esturgeon d'Europe (Acipenser sturio) est le plus grand poisson migrateur anadrome de France.

Sommaire

[modifier] Répartition géographique

L'esturgeon se rencontre du Golfe de Gascogne à la mer du Nord. Le dernier fleuve dans lequel la population vient se reproduire est la Gironde (France).

[modifier] Habitat

Migrateur, l'esturgeon fréquente les eaux littorales et les estuaires.

[modifier] Description

Ce poisson longiligne a un museau en forme de groin, dotés de barbillons sensitifs, se terminant par une longue pointe. Les nageoires dorsales sont situées très en arrière du corps, qui comporte cinq rangées longitudinales de grosses plaques osseuses. Le ventre est jaunâtre et le dos gris cendré à gris brun.

L'adulte mesure de un à deux mètres de long (au maximum trois mètres et demi) et pèse 300 kilogrammes (jusqu'à 500). Il peut vivre plus de 80 ans avec une maturité sexuelle tardive, s'exprimant après 10 années pour les mâles et après 13 années pour les femelles.

[modifier] Régime alimentaire

Les esturgeons se nourrissent d’animaux benthiques et principalement d’invertébrés. En eau douce, ils s’alimentent de vers, de larves d’insectes et de crustacés ; en eau saumâtre, de vers et de crustacés ; en eau de mer, essentiellement de vers. Les poissons représentent une part notable de proies pour les adultes.

[modifier] Reproduction

L'esturgeon est amphihalin potamotoque, c'est-à-dire qu'il effectue sa reproduction en eau douce et une partie de sa croissance en lacs et rivières.

La reproduction naturelle a lieu de mai à juillet dans le cours moyen des fleuves sur le fond des graviers. Les adultes qui vivent dans les eaux littorales commencent à remonter le fleuve en avril (comportement migratoire). La femelle, chargée d’œufs, rase le fond. Elle s’aide du flux montant et pond en plusieurs fois, sur un emplacement profond et graveleux, entre 300 000 et 2 000 000 œufs (ce qui représente 10 % de sa masse) ; Les mâles répandent ensuite leur semence à proximité. Vifs et alertes, ils sont capables de sauter par dessus les filets et les défendent contre les prédateurs, tels les barbots et les anguilles.

Les frayères sont généralement toujours caillouteuses et bien oxygénées. La profondeur (5 à 10 mètres) est d'autant plus importante que la turbidité de l’eau est faible. La température de l’eau est de 13 à 16 °C, et le courant vif (5 km/h). Si le courant est trop faible, les œufs s’agglutinent et si le courant est trop fort, les œufs sont entraînés.

Le temps d’incubation dépend de la température : à 14 °C, l’éclosion des œufs survient environ six jours après leur fécondation.

À la naissance, l’alevin mesure environ 10 millimètres. Son sac vitellin est de grande taille et richement vascularisé. À partir du dixième jour, les larves ont une alimentation mixte. Les larves plus âgées se déplacent pour chercher des proies benthiques — essentiellement des larves d’insectes —, qu'elles détectent grâce à leur goût, puis leur odorat.

[modifier] Cycle biologique

Le cycle de développement de cette espèce anadrome se caractérise par l'existence de deux migrations concernant les adultes et les juvéniles.

[modifier] Phase juvénile dulçaquicole

Après leur éclosion, les alevins demeurent sur les sites de frai jusqu'en décembre. Ils descendent ensuite progressivement vers la mer. L'alimentation et le comportement des juvéniles en eau douce sont encore très mal connus. Leur régime serait essentiellement constitué de macro-invertébrés comme les Oligochètes et les larves de Chironomidés.

[modifier] Phase juvénile estuarienne

À partir d'avril, pour une raison inconnue, les juvéniles et immatures remontent les eaux estuariennes et y demeurent jusqu'en septembre. Cette zone de migration est caractérisée par des profondeurs supérieures à cinq mètres, des fonds sableux et une température de l'eau proche de 20 °C.

En Gironde, cette migration est appelée « mouvée de la Saint-Jean ».

[modifier] Phase (sub)adulte marine

Durant l'hiver, les adultes et les immatures occupent les abords immédiats de l'estuaire, sur le plateau continental. Les individus les plus jeunes restent dans un rayon de 10 à 30 kilomètres autour de l'embouchure, alors que les adultes les plus âgés peuvent s'en éloigner de plus de 100 kilomètres. Cette zone est caractérisée par des fonds sableux de 20 à 80 mètres.

[modifier] Phase reproductive dulçaquicole

Dès avril, les géniteurs remontent le fleuve pour s'y reproduire. Selon leur position géographique, les frayères sont occupées de début mai à fin juin.

[modifier] Détermination de l’âge

Les esturgeons ne possèdant pas d'écailles et la lecture de leurs écussons épais et opaques étant difficile, on détermine couramment leur âge en observant à la loupe binoculaire une coupe mince du premier rayon des nageoires pectorales. Cependant, cette technique atrophie la nageoire pectorale, ce qui peut déséquilibrer le poisson.

L’interprétation, fondée sur le postulat de proportionnalité entre la croissance de la pièce osseuse et celle du poisson (loi de LEA), peut être délicate pour les raisons suivantes :

  • étalement de la période de reproduction annuelle chez les espèces univoltines (une génération par an) ;
  • nombre de générations annuelles chez les espèces pluri-voltines ;
  • méconnaissance de la date d’éclosion du poisson par rapport à sa capture ;
  • méconnaissance de l’histoire du poisson que l’on détient : les structures osseuses peuvent aussi bien transcrire des épisodes de stress, des variations d’alimentation, des perturbations métaboliques — migration, métamorphose, etc. — que des rythmes saisonniers.

[modifier] Utilisation

Il était très recherché au début du XXe siècle pour la fabrication du caviar, constitué d'œufs d'esturgeon.

[modifier] Protection

L'esturgeon européen est protégé par la loi depuis 1982. C'est l'espèce de poisson européen la plus menacée : il ne resterait plus que quelques centaines d'individus. Sa dernière reproduction date de 1994 dans le bassin versant Gironde-Garonne-Dordogne. Les causes de sa disparition sont la surpêche, les barrages et la pollution. Deux centres de recherche travaillent actuellement sur cette espèce : le Cemagref (de Cestas) et l'IGB (Institut de recherche sur l'eau douce de Berlin). Un plan de sauvegarde animé par le WWF (World Wide Fund) est actuellement en cours de création.

[modifier] Voir aussi

Liste d'espèces menacées | Liste des poissons des lacs et rivières utilisés en cuisine

[modifier] Liens externes

répartition : Acipenser sturio Linnaeus, 1758 (fr+en)