Empire grec de Trébizonde

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Βασίλειον τής Τραπεζούντας (el)

(Empire de Trébizonde)
1204 — 1461
Monarchie, successeur local de l'Empire byzantin
Carte de l'Asie mineure et des Balkans en 1265 ; l'empire de Trébizonde est situé à l'extrême-est.
Carte de l'Asie mineure et des Balkans en 1265 ; l'empire de Trébizonde est situé à l'extrême-est.

Quatrième croisade et création 1204
Conquête ottomane 15 août 1461

Capitale Trébizonde
Langue(s) Grec
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Entité précédente
Empire byzantin
Entité suivante
Empire ottoman

De l’établissement de l’Empire latin de Constantinople en 1204 à la prise de Trébizonde par Mehmet II en 1461, l’Empire grec de Trébizonde (en grec Αυτοκρατορία της Τραπεζούντας) a été un état successeur de l’Empire byzantin, centré autour de l'actuelle Trabzon, à l'est de l'Anatolie, sur le littoral de la mer Noire.

[modifier] Histoire de l'Empire grec de Trébizonde

En 1185, l'empereur byzantin Andronic Ier Comnène est renversé par son favori Isaac II. Deux de ses petits-fils, Alexis et David, s'enfuient à Trébizonde. La ville accueille ces deux descendants impériaux. Alexis et David instaurent leur pouvoir sur toute cette région séparée du reste de l'empire byzantin par le sultanat turc seldjoukide de Konya (Ικονιον, Iconium, qui plus tard sera partiellement puis totalement occupé par les Ottomans en 1475).

En 1204, les Croisés de la quatrième croisade prennent et pillent Constantinople. À Trébizonde, Alexis est alors proclamé par ses soldats Alexis Ier Grand Comnène (Αλεξιος Α' Μεγαλοκομνηνος) « Empereur des Romains ». Il entreprend aussitôt avec son frère David Ier des campagnes pour étendre son territoire. Au cours d'une courte phase, David fait des conquêtes vers l'ouest et le sud aux dépens du sultanat seldjoukide. Mais David perd la vie au cours de ces campagnes, et après sa défaite, son frère Alexis réussit à contenir les Seldjoukides et à conserver ses anciennes possessions. Il se tourne vers la mer. Il se met à construire une flotte, reconquiert les côtes de Crimée perdues par l'Empire de Nicée et conquiert la région de l'embouchure du Dniepr.

Après que l'Empire de Nicée a repris Constantinople aux Croisés en 1261, Jean II de Trébizonde (Ιωαννης Β') (1280-1298) abandonne le titre d'« Empereur des Romains », reconnaissant que ce titre ne revient qu'au seul empereur de Byzance, et prend celui d'« Empereur d'Anatolie et des pays d'outre-mer ».

L’État résiste aux convoitises de ses voisins, grâce à sa situation privilégiée à l'extrémité occidentale de la route de la soie. En 1315 les Génois y établissent un comptoir, assurant une certaine prospérité à Trébizonde, dont l'influence s'étend alors à toute la mer Noire, autour de laquelles les Génois multiplient les comptoirs.

Au milieu du XIVe siècle, Trébizonde a à souffrir d'une agitation politique et sociale comparable à celle qui sévit à Byzance même, mais l'empire et la dynastie y survivent : les Grands Comnènes ne sont jamais chassés ni remplacés, et l'empire conserve un caractère byzantin indiscutable.

Le lien principal qui unit les Grecs de Trébizonde à Constantinople est d'ordre surtout religieux car l'Église de Trébizonde a toujours accepté de bon gré son rattachement au patriarcat de Constantinople. On peut encore voir aujourd'hui dans la montagne, au dessus de la ville, les ruines du monastère de Sumela, le "mont Athos" pontique.

Le sultan Bayezid Ier envisageait de s'emparer de l'empire de Trébizonde, mais l'attaque de Tamerlan contre les Ottomans, vaincus à la bataille d'Ankara en 1402 et les conflits de succession qui opposent les successeurs de Bayezid donnent à l'empire pontique un sursis de plusieurs décennies.

En 1429, Jean IV Kaloyannis s'empare du trône en faisant assassiner son père Alexis IV et résiste victorieusement aux assauts de ses voisins, dont en particulier l'assaut que mène, en 1442, le sultan turc Mourad II.

La prise de Constantinople par le sultan ottoman Mehmed II en avril 1453 met fin à l’empire byzantin, dont une partie des habitants se réfugie à Trébizonde.

En 1456, le gouverneur ottoman d'Amaseia attaque Trébizonde: il ne parvient pas à entrer dans la ville, mais fait un grand nombre de prisonniers et exige de l'empereur une lourde rançon et un lourd tribut.

Jean IV tente alors de s'allier au khan des Turcomans du "Mouton Blanc", Uzun Hasan, auquel il donne sa fille en mariage. En échange, le khan s'engage à défendre personnellement Trébizonde avec tous ses hommes et toutes ses ressources.

À sa mort, en 1458, son frère David II lui succède et prend immédiatement contact avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon et le pape Pie II. En vain : en juin 1461, une armée ottomane attaque Sinope et ravage tout le pays pontique ; devant les forces déployées par son adversaire Mehmed II, David II capitule le 15 août 1461.

Une partie de la noblesse de Trébizonde parvient à se faire une place dans la nouvelle Istanbul, s'intégrant aux Phanariotes; une autre partie se réfugie dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie. Le peuple pontique, lui, survit sur place, soit comme minorité grecque orthodoxe (Rum) au sein de l'empire ottoman, soit en se convertissant à l'islam et en devenant turc pour ne plus payer l'impôt sur les non-musulmans, le haraç.

[modifier] Héritage de l'Empire grec de Trébizonde

La ville de Trébizonde recèle encore des oeuvres d'architecture et d'art remontant à l'Empire des Comnènes. Le musée local, mais aussi de nombreux antiquaires, en présentent et en font commerce. La publication en 1996 à Istanbul de l'ouvrage La culture du Pont (titre en turc Pontos Kültürü) de l'historien turc Ömer Asan (né en 1961) révéla l'existence de nombreux locuteurs musulmans du pontique, peut-être 300 000, notamment dans une soixantaine de villages aux alentours de Trébizonde. L'affaire fit grand bruit, Ömer Asan fut accusé de trahison, d'insulte à la mémoire d'Atatürk, de vouloir le démembrement de la Turquie ou d'y réintroduire le christianisme et l'hellénisme. Il fut déféré devant les tribunaux et finalement acquitté, mais cet épisode montre à quel point certains Turcs ressentent leur identité comme contestable, malgré un millénaire de présence turque en Anatolie et plus de huit décennies de République unitaire et laïque. Depuis cette affaire, les locuteurs du pontique utilisent de préférence le turc et évitent d'employer leur langue.

[modifier] Liste des empereurs de Trébizonde