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 L'Univers
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Pays France France
Langue(s) Français
Périodicité Quotidien
Genre
Date de fondation 1833
Date du dernier numéro 1919
Ville d'édition Paris

ISSN -

L'Univers était un journal quotidien catholique français, fondé en 1834 par l'abbé Jacques Paul Migne. Racheté par le comte de Montalembert en 1838, il devint à partir de 1840, sous la direction de Louis Veuillot, polémiste violent et talentueux, l'organe du « parti catholique ». Ultramontain et favorable au pouvoir temporel du pape, opposé à la politique italienne de Napoléon III, et interdit sous le Second Empire, il suivit l’évolution légitimiste de Louis Veuillot sous la Troisième République.

Sommaire

[modifier] Un organe de combat au service du « parti catholique » de Montalembert

Charles de Montalembert
Charles de Montalembert

L'Univers religieux est fondé en novembre 1834 par l'abbé Jacques Migne, l'éditeur de la patrologie latine. Celui-ci cède le titre deux ans plus tard à M. Bailly de Surcy. Dès 1838, l'Univers est en crise financière et menace de déposer son bilan. Le comte Charles de Montalembert, membre de la Chambre des pairs, l'un des promoteurs du catholicisme libéral et ancien rédacteur au journal l'Avenir de Lamennais, condamné en 1832 par le pape Grégoire XVI, entreprend alors de sauver le titre. Avec l’aide de son beau-père, Félix de Mérode, il emprunte pour couvrir les dettes de l'Univers, et prend ensuite en main la rédaction du journal.

[modifier] Des débuts difficiles

La reprise de l'Univers par le comte de Montalembert se situe dans un cadre politique plus large. En effet, à partir de 1837, Montalembert entreprend de rassembler autour de lui un véritable « parti catholique » unifié, dont l'objectif serait d’obtenir les libertés religieuses et politiques revendiquées dès 1830 par les hommes de l'Avenir, notamment la liberté d'association pour les congrégations, et la liberté d'enseignement, hors du monopole de l'Université napoléonienne.

Montalembert a tiré les leçons de l’échec de l'Avenir, et de la rupture de Lamennais. Les causes de cet échec, selon lui, résidaient principalement dans la puissance des évêques légitimistes et gallicans au sein de l’épiscopat français, farouchement opposés à l’ultramontanisme libéral du journal. L’Univers sera donc lancé avec prudence, et avec le soutien d’un nombre croissant d’évêques, puisque Montalembert appuie auprès du roi les nominations de libéraux aux principaux sièges épiscopaux français.

Aux rédacteurs ordinaires, tels Melchior du Lac, Roux, Douhaire, de Bonald, Guerrier de Dumast, Montalembert adjoint ses amis, comme Alexandre de Saint-Chéron et Frédéric Ozanam, ainsi que des correspondants étrangers, tels Nicholas Wiseman à Londres, le P. Theiner à Rome, Zander en Allemagne. Cependant, la plupart des proches de Montalembert, comme Léon Cornudet, François Rio ou Henri Lacordaire, refusent leur collaboration, échaudés par l’échec de l'Avenir. Face aux difficultés persistantes du titre, Montalembert s’écrie alors, s'adressant à Rio :

« Si l’Univers est dépourvu d’intérêt et de nerf, d’où cela vient-il, je voudrais bien savoir, si ce n’est de ce que tous les catholiques de France font comme toi, c’est-à-dire restent les bras croisés au lieu de combattre, et se placent commodément aux premières loges pour rire et siffler, comme s’il s’agissait d’une comédie où ils n’ont rien à perdre ou à gagner, au lieu de descendre eux-mêmes dans l’arène pour défendre, selon la mesure de leurs forces, leurs biens les plus précieux ? »[1]

En 1839, l'Univers ne compte que 1500 abonnés. Montalembert se heurte au refus des catholiques légitimistes de participer, à l’absence de soutien des évêques français, encore dominés par les idées légitimistes, ainsi qu’aux réticences des libéraux après la condamnation de l'Avenir.

[modifier] L'arrivée de Louis Veuillot

Dans cette situation difficile, le 27 décembre 1839, Saint-Chéron écrit à Montalembert, lui parlant « d'un jeune et énergique écrivain », qui désire entrer au journal. « Sa collaboration nous serait très précieuse, mais il est très pauvre et nous le sommes encore plus que lui. Il sera entièrement à nous, le jour où nous pourrons payer un peu ses articles. » Le 24 janvier 1840, la collaboration de Louis Veuillot à l'Univers commence. Pendant les quarante années qui suivent, l'histoire du journal s’identifie aux combats inlassablement menés par Veuillot, d’abord aux côtés des libéraux sous la Monarchie de Juillet, des cléricaux sous le Second Empire, puis des légitimistes sous la Troisième République.

La direction modérée de l'Univers s’efface vite devant Louis Veuillot, récemment converti au catholicisme le plus ultramontain, « débordant d’énergie, de verve et d'esprit » (p. 164). Excessif et violent, soutenu à ses débuts par Henri Lacordaire et Théophile Foisset, Veuillot se heurte très tôt à l’archevêque de Paris, le gallican Denys Affre, ainsi qu’à la vive désapprobation du nonce Fornari. Montalembert se rapproche de l'Univers de retour d'Orient. Il rencontre Veuillot pour la première fois en 1843.

« Si nous avons gagné quelque chose depuis la Révolution, […] à qui nous le devons ? […] C’est aux preux, aux fiers courages, aux mauvaises têtes, comme on disait de leur temps du comte de Maistre et de l'abbé de Lamennais. Voilà les hommes qui nous ont fait ce que nous sommes, si tant est que nous soyons quelque chose. Ce Veuillot m'a ravi. Voilà un homme selon mon cœur. »[2]

[modifier] Le combat pour la liberté d'enseignement (1840-1850)

[modifier] L'organe du catholicisme libéral

À ses débuts, le journal est bien l'organe de la pensée des catholiques libéraux, menés par Montalembert, et à cet égard, le continuateur de l'Avenir (journal). Il défend les thèmes classiques de la doctrine développée depuis 1830 par Lamennais, et ses premiers disciples, et, en premier lieu, celui de la liberté religieuse :

« Rien de bon ne peut se faire, aucune plaie ne sera fermée, aucune sécurité ne sera bien établie que par l’accord de la religion et de la liberté. La religion a besoin de la liberté ; la liberté a besoin de la religion et elles jettent entre elles les bases d’une loyale alliance. »[3]

En matière politique, le titre est également favorable à une monarchie constitutionnelle modérée :

« Ces institutions du gouvernement constitutionnel, dont nous sommes encore loin de recueillir tous les bienfaits, sont belles et bonnes et nous devons les aimer, les défendre, nous y attacher avec amour. » [4]

Mais la personnalité de Veuillot, excessif, souvent injurieux, dessert le titre.

Montalembert et Lacordaire le défendent alors avec constance face aux nombreuses critiques le visant, de la part du clergé gallican comme des autorités romaines, qui désapprouvent alors ses orientations considérées comme trop libérales.

« Je suis ravi de ton rapprochement avec l'Univers ; ce sont des gens droits et courageux, et leurs excès de journalistes sont bien difficiles à éviter dans une polémique quotidienne. Nous en savons quelque chose. Au fait, sans ce journal, où serait le plus petit bruit fait en France pour défendre nos droits ? » [5]

[modifier] Vers la loi Falloux (1850)

Louis Veuillot soutient avec véhémence l'abbé Théodore Combalot, condamné à 15 jours de prison pour sa brochure contre le monopole de l'Université. L'Univers et Veuillot sont traduits en cour d'assises. Veuillot est condamné à 3000 francs d’amende et un mois de prison en août 1844. Mais ses excès de langage déclenchent la colère de l'archevêque de Paris, Dens Affre, ainsi que la vive désapprobation du nonce, et celle de l'évêque de Langres, proche de Montalambert, Monseigneur Parisis.

Dès 1843, Montalembert lassé de l’indocilité de Veuillot, veut créer un comité directeur destiné à le contrôler. Ce comité est composé de lui-même, de Lacordaire, Ravignan, Dupanloup et Lenormant, qui exigent la soumission préalable de tous les articles. Veuillot refuse. Finalement, Charles de Coux est nommé directeur du journal en 1843, Veuillot reste rédacteur en chef. Finalemet, en 1845, Montalembert admet que l'Univers lui échappe, tout en reconnaissant la nécessité du talent de Veuillot, qui menace régulièrement de démissionner. Face à l’agacement de Montalembert, Guéranger et Lacordaire soutiennent encore le titre et Veuillot.

« Certainement, l'Univers a quelquefois des articles détestables […] Je souffre autant que personne de ce ton hautain qui verse l’injure et le mépris, changeant à tout propos les questions de choses en personnalités. Cependant, […] je ne puis méconnaître dans l'Univers la seule feuille véritablement dévouée depuis quatorze ans à toutes les idées que nous défendons. Cette certitude absolue de ne trouver jamais des gens vendus par argent ou vendus par ambition, est un inestimable bienfait », [6]

L’Univers est par ailleurs en butte à l’opposition pontificale. Il en effet est considéré à Rome comme l’organe du « laïcisme », et combattu par l’abbé Henri de Bonnechose, supérieur de Saint-Louis des Français. Opposition de M. Rossi. Le titre est saisi à plusieurs reprises à Rome. En 1846, Montalembert, découragé, défend lui-même le journal auprès du pape. « Rome voudra-t-elle briser nos armes entre nos mains ? […] je me réserve seulement le droit de demander à Dieu avec ferveur que l’espoir de conserver la protection de plus en plus inefficace des princes ne fasse pas perdre de nouveau à l’Eglise le cœur des peuples… »

L'opposition entre Félix Dupanloup et Veuillot éclate en 1847. Dupanloup critique les « opinions extrêmes » de Veuillot. Dans cette polémique, Montalembert prend de manière décisive le parti de Dupanloup. Le vote de la loi Falloux entérine la rupture entre Veuillot et les libéraux menés par Montalembert.

La séparation entre Veuillot et Montalembert est effective en 1850. Veuillot s'oppose en effet au projet de loi Falloux. Ces divisions signent la fin du « parti catholique » unifié, dont l'Univers était l'organe. Le comité central du journal se divise. En effet, parmi les promoteurs de la loi, on trouve Montalembert, soutenu par Dupanloup et Ravignan. Prosper Guéranger et Théophile Foisset s'y oposent, de même que Lacordaire, par antipathie à l'égard de Dupanloup.

À la demande de Pie IX, l'Univers finit par approuver la loi Falloux en mai 1850.

[modifier] Sous le Second Empire : ultramontanisme et pouvoir temporel (1850-1870)

[modifier] Le soutien au nouveau régime

Après un temps d'hésitation plus ou moins long, les catholiques libéraux, réduits à l'impuissance, condamnent le Second Empire, régime autoritaire, au nom des libertés, et se retirent de l'action politique. En revanche, Louis Veuillot soutient l'Empire sans réserve, s'adjoignant aux partisans de l'ordre et d'un catholicisme de plus en plus réactionnaire, ultramontain et absolutiste. Lacordaire condamne fermement cette évolution :

« L'Univers s'appuie sur les peurs et les passions du moment où nous sommes ; apostat public, il a choisi son terrain au centre même de toutes les réactions, et il a couvert sa lâcheté propre de la lâcheté de tous, en y ajoutant, pour se dérober encore plus à la vindicte de sa conscience, l'audace immesurée des opinions contraires à celles qu’il avait auparavant soutenues. » [7]

« cette odieuse école Veuillot-Guéranger »[8]

[modifier] L'Univers et la crise italienne

[modifier] La Troisième République et l'option légitimiste (1871-1919)

[modifier] Notes

  1. Lettre de Charles de Montalembert à Rio, 2 août 1839, in Lecanuet, op. cit., t.II, p. 57.
  2. Lettre de Charles de Montalembert à Théophile Foisset, 11 novembre 1843, in Lecanuet, op. cit., t. II, p. 167.
  3. L'Univers, 16 septembre 1846.
  4. L'Univers, 24 mai 1844.
  5. Lettre d'Henri Lacordaire à Charles de Montalembert, 21 juillet 1843.
  6. Lettre d'Henri Lacordaire à Charles de Montalembert, 28 décembre 1846.
  7. Lettre d'Henri Lacordaire à Charles de Montalembert, 18 janvier 1855, in Charles de Montalembert, Correspondance inédite : 1852-1870, p. 60.
  8. Lettre de Charles de Montalembert à Henri Lacordaire, 28 février 1860, in Charles de Montalembert, Correspondance inédite : 1852-1870, p. 187.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Sources

  • Henri Lacordaire, Charles de Montalembert,Lacordaire, Montalembert : Correspondance inédite : 1830-1861 ; textes réunis, classés et annotés par Louis Le Guillou ; révision du texte et des notes par André Duval ; préf. de José Cabanis, éd. du Cerf, Paris, 1989 (ISBN 2-204-02899-1)
  • Charles de Montalembert, Correspondance inédite : 1852-1870,

[modifier] Bibliographie

  • Claude Bellanger, Jacques Godechot, Histoire générale de la presse française, t. II. De 1815 à 1871, t. III. De 1871 à 1914, PUF, Paris, 1969.
  • Édouard Lecanuet, Montalembert, Poussielgue, Paris, 1895.

[modifier] Liens externes

Henri Perreyve (Paris, 11 avril 1831-26 juin 1865), était un prêtre catholique et professeur français.

[modifier] Biographie

Fils d’un professeur à la Faculté de droit de Paris, Henri Perreyve étudie d’abord au lycée Saint-Louis. Membre de la Société de Saint Vincent de Paul fondée par Frédéric Ozanam, dont sa famille est proche, il crée en 1848 des cours du soir destinés aux ouvriers. Il commence ensuite des études de droit à Paris. Mais, de santé fragile, atteint par la tuberculose, il doit partir pour l’Italie en 1850. Il y rencontre le pape Pie IX alors en exil à Gaète, et assiste ensuite à sa rentrée à Rome.

A la même époque, il rencontre le père Lacordaire, le restaurateur des dominicains en France, dont il suit avec assiduité les conférences à Notre-Dame. Séduit par le jeune homme, qu’il considère comme un fils spirituel, Lacordaire en fait un ami intime et proche confident. Révolté par la « honte » du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, et convaincu de la nécessité de l'engagement des catholiques en faveur de la défense de la liberté, Henri Perreyve se lie à cette époque avec les principaux représentants du catholicisme libéral et social français : outre Lacordaire et la famille Ozanam, il fréquente notamment Augustin Cochin, le comte de Montalembert ou le vicomte de Melun…

Ayant achevé son droit en 1853, il entre en novembre de la même année à l’Oratoire de Paris, refondé depuis peu par le père Joseph Gratry, et principalement destiné à l’enseignement et la recherche. Il y retrouve ses amis Charles et Adolphe Perraud. Mais de santé fragile, il doit quitter cette congrégation en 1855. Il retourne alors à Rome, où il étudie chez les jésuites du Collège romain. Il est ordonné prêtre le 29 mai 1858 à Saint-Sulpice par le cardinal Morlot, archevêque de Paris.

Auteur dès 1853 d’écrits sur l’Immaculée Conception, et d’une biographie de Frédéric Ozanam, il publie plusieurs articles dans le Correspondant, la revue des catholiques opposés à la dictature impériale de Napoléon III. En Italie, il écrit, à la demande de Francesca Ferrucci, la biographie de sa jeune fille défunte, la pieuse Rosa Ferrucci.

Rêvant d’être « une voix libre en même temps qu’une voix chrétienne ; une voix qui au milieu de la confusion extrême des choses, sans crainte des hommes, quels qu’ils soient, saura crier la justice et la vérité, qui sera pleine d’amour, même pour les méchants, même pour les égarés, qui ne prononcera pas l’anathème mais le pardon, qui appellera la liberté et le progrès social au nom de Jésus-Christ, malgré les menaces des amis exclusifs du passé et les menaces des révolutionnaires impies… »

D’abord vicaire à l’église Saint-Thomas d’Aquin, à Paris, où il est chargé du catéchisme, il est nommé aumônier du lycée Saint-Louis en 1860. En 1861, après avoir obtenu le doctorat en théologie, il reçoit la charge du cours d’histoire ecclésiastique de la Sorbonne, et est nommé professeur titulaire de cette chaire en 1863, y succédant à l’abbé Lavigerie.

En 1861, il reçoit en legs du père Lacordaire l’ensemble de ses papiers, manuscrits et correspondances. Il publie en 1862 les lettres que celui-ci lui avait adressées, sous le titre de Lettres du R.P. Lacordaire à des jeunes gens.

Il prêche le carême à Sainte-Barbe à partir de 1862. En 1862, l’évêque d’Orléans, Monseigneur Dupanloup, le nomme chanoine honoraire de sa cathédrale, et l’invite le 8 mai à prêcher le panégyrique de Jeanne d’Arc. A partir de 1863, malade, il s’éloigne de la vie publique, et meurt de la tuberculose à Paris le 26 juin 1865.

[modifier] Œuvres de l’abbé Perreyve

  • Méditations sur le Chemin de la Croix, 1858
  • Biographies et panégyriques
  • La Journée des malades, 1860
  • Etudes sur la constitution de l’Eglise
  • Lettres du R.P. Lacordaire à des jeunes gens, 1862
  • Une station à la Sorbonne, 1863
  • Entretiens sur l’Eglise catholique, 1864
  • La Pologne, 1865

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes