Ultramontanisme

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En France, l’ultramontanisme est un courant de pensée favorable à la primauté, spirituelle et juridictionnelle, du pape (au-delà des mont(agne)s, en Italie, à Rome) sur le pouvoir politique (en matière religieuse et notamment de nomination des évêques), par opposition au gallicanisme. À partir du XVIe siècle, ce courant est surtout le fait des jésuites, des ligueurs, et des dévôts.

Il s'impose au cours du XIXe siècle de 1815 à 1926.

Sommaire

[modifier] Cadre historique

  • Le cadre historique où se développe l'ultramontanisme est celui de la Restauration en France, c'est à dire d'un courant politique qui, à partir de Charles X, tend à prendre le contrepied de la Révolution française. Ses principaux penseurs sont Joseph de Maistre et Louis de Bonald.
  • Plus largement en Europe, il se dresse contre la modernité qu'elle soit politique et s'exprime en termes de Droits de l'Homme ou de Printemps des peuples a fortiori d'aspriration à la démocratie.
  • Les changements économiques et politiques caractéristiques de cette modernité héritée de la Révolution Industrielle s'accentuent au point que le noyau de la modernité semble devenir la technologie. La finalité de la société semble être la laïcisation et la sécularisation. Le catholicisme trouve des difficultés à trouver ses marques dans ce contexte. L'église catholique se situe clairement dans le camp du conservatisme voire de la réaction[1], au moment de la Restauration.

En même temps la lecture et l'écriture connaissent une grande expansion dans toutes les classes de la société suscitant bien des remises en cause nouées dans un désir d'émancipation de l'individu.

Dès les années 1850, l’Europe et les Etats-Unis sont touchés par la révolution intellectuelle : on se retrouve en pleine effervescence sur le plan de l’alphabétisation. Au 18ème siècle un public de lecteur s'est formé et c'est la raison même pour laquelle on crée une censure des oeuvres. L'école primaire obligatoire et gratuite est dans la constitution dès 1848 et la population alphabétisée passe de 30% en 1830 à 90% en 1850[2] En France, la situation s'améliore doucement avec une brusque accélération entre 1865 et 1900 [3] Il en résulte que l'école sera le point focal du conflit entre les 2 Frances.

[modifier] L'expression d'une ecclésiologie

Les ultramontains s'opposent, en France, aux gallicans. Le clivage est d'abord ecclésiologique. Le gallicanisme prône l'existence d'une Église de France relativement indépendante du Saint-Siège et autonome au sujet des nominations d'évêques. Le gallicanisme ayant été porté à son paroxysme avec la Constitution civile du clergé de 1790, le retour à la monarchie avec la Restauration en 1814 a discrédité cet important courant ecclésiologique français.

Les idées ultramontaines s'imposent lentement grâce à l'action de nombreux apologistes, au premier rang desquels Lamennais, dom Guéranger, Montalembert, Lacordaire, et d'évêques, en particulier Mgr Gousset et Mgr Pie. Les thèses romaines sont popularisées grâce au journal L'Univers de Louis Veuillot (à partir de 1840).

L'ultramontanisme, au départ mal vu par le clergé français, prospère face à la succession de déceptions vécues par les catholiques français après la Monarchie de Juillet en 1830. Ne se sentant plus soutenus par un pouvoir d'essence catholique comme l'étaient la monarchie d'Ancien Régime et la Restauration, les catholiques se tournent vers le pape comme seul guide possible. Le Concile Vatican I parachève cette évolution en 1870 : il consacre la primauté absolue du pape (celui-ci a autorité sur tous les autres évêques, les décisions d'un concile ne lui sont pas supérieures) et affirme l'infaillibilité pontificale quand le pape, en matière de foi ou de morale, prononce, en vertu de sa charge, solennellement et ex cathedra, qu'« une doctrine doit être tenue par toute l'Église ». L'installation de la Troisième République en 1871 impose définitivement l'ultramontanisme en France au sein d'une population catholique en grande partie hostile à ce régime, dont les lois d'inspiration anticléricales des années 1880 - 1905 semblent lui montrer que le clergé n'a plus rien à attendre de favorable de l'État français.

Cette ecclésiologie a été ausi facilitée par le développement des communications (le chemin de fer qui rend le pèlerinage à Rome plus facile, la presse,...), et l'expansion géographique du catholicisme (missions). Le perte de sa souveraineté temporelle en 1870 élargit l'audience religieuse du pape.

[modifier] L'expression d'une piété

La ralliement du clergé aux thèses romaines exprime aussi une volonté d'unité autour de Rome, le siège apostolique. D'où l'adoption de la liturgie romaine dans les tous les diocèses français et l'adoption d'une théologie morale romaine (celle d'Alphonse de Liguori). En philosophie, le pape Léon XIII privilégie le néo-thomisme. Les vecteurs de cette unité sont les congrégations romaines (congrégation de l'index), les ordres religieux masculins qui se reconstituent (bénédictins, dominicains, assomptionnistes...), les séminaires nationaux fondés à Rome. Le pape, « vicaire de Jésus-Christ », devient lui-même un objet de dévotion.

L'ultramontanisme reflète aussi une piété particulière : dévotion mariale (proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854) et dévotion eucharistique (la fête du Sacré-Cœur de Jésus élevée au rang de fête universelle en 1856, adoration perpétuelle, Quarante Heures, communion fréquente...) relayées par de nombreuses confréries et associations pieuses, culte des saints, culte des reliques – importées de Rome...

Aujourd'hui, le terme ultramontanisme n'est plus guère utilisé puisque son contraire, le gallicanisme, a presqu'entièrement disparu.

[modifier] Chefs ultramontains du Canada

[modifier] Articles connexes

[modifier] Références

  1. PELLETIER Denis, Les catholiques en France depuis 1815, Paris, La Découverte, coll. Repères, 1997
  2. dictionnaire historique de la Suisse
  3. Jean-Pierre Pélissier et Danièle RébaudoUne approche de l’illettrisme en France : La signature des actes de mariage au xixe siècle dans « l’enquête 3 000 familles » Dans Histoire et mesure, volume 19n n° ½ mis en ligne le 15 juin 2007, référence du 9 mars 2008