Dynastie Xin

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La dynastie Xin 新朝 fut fondée en 9 ap. J.-C. par Wang Mang 王莽 (45 av. J.-C. -octobre 23 ap. J.-C.) , dignitaire de la cour des Han qui s'était emparé du pouvoir. Il s'efforça de mettre en pratique l'idéal social et politique des classiques confucéens, projet irréaliste qui s'acheva dans le chaos et la perte de sa courte dynastie en 23, le laissant avec une réputation d'usurpateur.

Sommaire

[modifier] Ascension de Wang Mang

Wang Mang (également appelé Jujun 巨君) appartenait au clan Wang originaire du district de Wei 魏 dans le Hebei. Ce clan avait acquis une position importante sous les Han, donnant à la cour plusieurs dignitaires et une impératrice (Wang Zhengjun 王政君). Wang Mang n'était pas au départ le plus favorisé de la famille, son propre père étant mort avant d'avoir obtenu un titre. Sans poste, il se concentra quelque temps sur l'étude des classiques confucéens, particulièrement les Lishu 禮書, trois traités sur les rites et l'administration des dynasties pré-impériales, avant de se rapprocher de Wang Feng 王鳳, un oncle titulaire d'un poste important à la cour (sima 司馬). C'est ainsi qu'il obtint par recommandation auprès de l'impératrice son premier poste. Il monta rapidement en grade, et bientôt sa réputation dépassa celle de son oncle qui accepta de lui céder une partie de son fief . En -16, il fut fait marquis de Xindu 新都侯. La famille Wang comptait alors 5 simas et 9 marquis.

Dans sa rapide promotion, on peut voir l'aide d'une puissante parentèle, mais également l'effet de l'image qu'il se donne, celle d'incarnation vivante des vertus confucéennes. Il s'occupe de son oncle mentor mieux encore que son propre fils, et le soignera pendant sa maladie. Promu, il distribue une partie de ses émoluments à ses subalternes ou fait des dons charitables aux pauvres. Il a soin, comme le veut l'idéal de politesse confucéen, de refuser trois fois avant d'accepter dons et promotions. Il gardera tout au long de sa vie cette attitude dans laquelle il est difficile de faire la part de la sincérité et d'un sens politique avisé .

En 8 av. J.-C., il remplace un oncle récemment décédé (Wang Gen 王根) dans la position de grand sima. Mais son ascension va bientôt subir un coup d'arrêt : Chengdi décède l'année suivante. Le pouvoir passe au clan de la mère de son successeur, Aidi 哀帝. Wang Mang est contraint d'abandonner son poste et de se retirer à Xinye 新野 dans le Henan. Il s'y remet aux études, et ne recule devant rien pour cultiver son image de politicien exceptionnellement intègre dépourvu de tout esprit de favoritisme : il fait exécuter son propre fils coupable du meurtre d'un serviteur, action pour laquelle il est grandement loué.

On plaide en sa faveur à la cour et en 2 av. J.-C. il revient à la capitale. Un an après, Aidi meurt. Le sceau impérial se retrouve de nouveau entre les mains de l'impératrice douairière Wang, qui nomme l'année suivante Wang Mang régent du nouvel empereur Pingdi 平帝. Il est fait Duc de Anhan 安漢公, titre rappelant celui qu'avait reçu Zhougong 周公 (Duc de Zhou), personnage de l'antiquité et modèle confucéen du souverain . Il place sa fille en position d'impératrice consorte. Il reçoit un nouveau fief, Jiuxi 九錫. A 49 ans, il devient premier ministre, dominant tous les nobles et dignitaires.

Il continue de soigner son image : il redistribue une partie de ses émoluments et condamne à mort par suicide son fils aîné Wang Yu 王宇 impliqué dans un complot. Il fait de la connaissance des ouvrages d'instruction morale Jieshu 誡書 et du classique de la piété filiale Xiaojing 孝經 un critère essentiel pour le recrutement des fonctionnaires. Il continue de promouvoir le confucianisme en créant des écoles pour l'enseignement des classiques et en multipliant par cinq le nombre des spécialistes du Canon confucéen résidant au palais. Il s'attire ainsi le soutien des lettrés, qui le portent aux nues en clamant qu'il n'a mis que 4 ans à mettre en place un système qui avait pris 7 ans au fameux Zhougong.

Pingdi tombe malade. Durant sa maladie, Wang Mang ne manque pas l'occasion de manifester son dévouement au suzerain en déclarant vouloir mourir à sa place si cela était possible. L'empereur n'en meurt pas moins en l'an 6, et Wang Mang choisit pour lui succéder Ruzi 孺子, un enfant de deux ans. Appelé officiellement "régent impérial" shehuangdi 攝皇帝par les ministres, il est connu de la cour sous l'appellation non officielle de "pseudo-empereur" jiahuangdi 假皇帝. Le nom de l'ère impériale est changé en "régence" 居攝. Tout ceci n'échappe pas à l'attention d'opposants (Zhai Yi 翟義, Zhao Ming 趙明 et Huo Hong 霍鴻) qui déclenchent une rébellion armée, finalement matée par Wuang Yi 王邑.

La propagande en faveur de Wang Mang se poursuit, sur le thème du mandat du Ciel, un très ancien concept qui veut que toute dynastie connaisse un apogée et un déclin, au terme duquel surgit un sage souverain désigné par le Ciel, qui fondera la dynastie suivante. Des ouvrages sont écrits sur ce thème. Des fuming 符命, sortes d'écrits oraculaires favorables à Wang Mang surgissent. Ceux qui les présentent sont récompensés : les oracles se multiplient. Finalement, un nommé Aizhang 哀章 dépose dans le temple du fondateur des Han un document au nom de 11 dignitaires déclarant que Wang Mang est le futur titulaire du mandat céleste. Le lendemain, âgé de 54 ans, Wang Mang accepte "modestement" la décision du Ciel et monte sur le trône. Il nomme sa dynastie Xin 新, nouveauté. La première ère en sera shijianguo 始建國 début de construction de l'État.

[modifier] Wang Mang empereur

Empereur, Wang Mang cherche à appliquer cette fameuse "nouvelle politique" xin zheng 新政, une tentative de mise en pratique du système administratif décrit dans le Zhouli 周禮 Rites de la dynastie Zhou, équivalent en fait au retour à un passé plus mythique que réel. Les mesures comprennent l'instauration d'un système de culture par groupe de huit foyers appelé jingtian 井田, modèle d'équité théorique, mais dont l'aspect en réalité peu avantageux a été démontré par des sinologues modernes comme Léon Vandermersch. Il instaure un monopole d'État sur le commerce du fer, du sel et de l'alcool, "nationalise" les forêts et les terres non cultivées. L'état contrôle les prix et la monnaie, fait obstacle au libre échange. De manière générale, tout, des cérémonies de mariage jusqu'aux vêtements, doit être conforme aux prescriptions des Lishu, traités rituels des Zhou.

Outre le fait que beaucoup d'idéaux sociaux et politiques confucéens étaient surtout de belles idées qui n'avaient jamais jusque là subi l'épreuve de la réalité, Wang Mang avait grandement sous-estimé les difficultés de leur mise en pratique. Le démantèlement des grands domaines prévoyant la répartition des terres aux paysans qui paieraient l'impôt à l'État, décidé en l'an 9, fut annulé trois ans après, devant la résistance des grands propriétaires. Face aux difficultés,Wang Mang modifie constamment les ordres et la monnaie. Méfiant vis à vis de ceux qui résident dans les régions frontalières qu'il considère peu civilisées, il réduit le titre des nobles de ces fiefs, entrainant des révoltes.

La nature ne l'aide pas : entre 2 et 5, puis en l'an 11, le Fleuve jaune change de cours, amenant la famine et des épidémies. Deux armées de populations mécontentes se forment, les "sourcils rouges" chimei 赤眉 et les "montagnes vertes" lulin 綠林. L'armée impériale ne peut les arrêter. En 23 elles sont au pied des murailles de Chang'an. Wang Mang rassemble ses courtisans pour une cérémonie où il "se plaint au Ciel" 哭天大典 Kū tiān dàdiǎn, lui rappelant qu'il ne doit pas l'abandonner après l'avoir choisi. Mais le Ciel a dû faire un autre choix car il est tué le lendemain par le marchand Duwu 杜吳 lors de l'attaque du palais, dans laquelle meurent de nombreux courtisans. Sa tête sera exposée sur la place Yuanshi 宛市. La dynastie Han revint au pouvoir en 25 avec l'empereur Guangwu.

[modifier] Principales réformes

[modifier] Régime de la terre et du servage

  • Système dit "puits-champ" 井田 jǐngtián : Les terres sont cultivées par groupes de neuf parcelles formant un carré (la parcelle centrale est le "puits"). Huit foyers paysans cultivent chacun une parcelle dont il garde la récolte; la parcelle centrale dont le produit revient au seigneur est cultivée par les huit foyers en commun.
  • Les terres reviennent à l'État. Il est interdit de les vendre et on en a seulement la jouissance. Les paysans se voient attribuer une surface dépendant de la force de travail de la famille, évaluée selon le sexe et l'âge des membres. Les terres non cultivables par manque de bras retournent à l'État.  
  • Le servage et l'esclavage subsistent, mais les serfs et esclaves ne peuvent être vendus.    
  • Les champs ne peuvent être laissés en friche sous peine d'amende. Les vagabonds doivent être mis au travail.

[modifier] Commerce et finances

  • Contrôle de l'État sur six activités (六筦事業 Liù guǎn shìyè)

Les marchés (五均賒貸 Wǔ jūn shēdài) : à Chang'an et dans cinq autres villes, un fonctionnaire contrôle le marché et fixe chaque saison les prix à ne pas dépasser. Il rachète à prix coutant les produits de subsistance (céréales, tissu) en surplus qui ne doivent pas être stockés inutilement. Il doit fournir des prêts sans intérêt aux pauvres pour les mariages ou enterrements, ou comme capital à utiliser dans l'exercice de leur profession.

  • Les salines, les distilleries d'alcool, les fonderies de fer et de monnaie, l'exploitation des marécages et terres non cultivables reviennent à l'État.
  • Des impôts sont prévus sur les bénéfices des ventes de certains produits et les revenus de certaines activités.

[modifier] Empereur et ères de la dynastie Xin

Ères de la dynastie Xin
Années Nom de l'ère (nianhao) Pinyin Traduction Empereur
9-13 始建國 Shǐjiànguó Nouvelle fondation du pays Wang Mang
14-19 天鳳 Tiānfèng Phœnix céleste
20-23 地皇 Dìhuáng Empereur de terre