Histoire de la République de Chine

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Histoire de la Chine
Les Trois Augustes et les Cinq Empereurs
-2205 Dynastie Xia
-1570 Dynastie Shang
 -1046 Dynastie Zhou
 -722 Printemps et Automnes
 -453 Royaumes combattants
 -221 Dynastie Qin
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9 Dynastie Xin
  25 Dynastie Han orientaux
 220 Trois Royaumes
 265 Dynastie Jin et
 304 Seize Royaumes
 420 Dynasties du Nord
et du Sud
 581 Dynastie Sui
 618 Dynastie Tang
 690 Dynastie Zhou
 907 Les Cinq Dynasties et les Dix Royaumes
 960 Dynastie Song
 907 Dynastie Liao
1032 Dynastie Xixia
1115 Deuxième dynastie Jin
1234 Dynastie Yuan
1368 Dynastie Ming
1644 Dynastie Qing
1912 République de Chine
1949 République Populaire
  Taïwan

La République de Chine est l'appellation du régime qui a succédé à l'Empire chinois (221 av. J.-C.-1912).

Sommaire

[modifier] Vue rapide

Au XIXe siècle, l'Empire chinois se voit dramatiquement doublé par les puissances occidentales et leur dynamisme capitaliste, colonial, et militaire. La Dynastie Qing (1644-1911) n'arrive plus a faire face et ne parvient plus à garantir l'intégrité du territoire de l'Empire. Une opposition modernisatrice, pareille à l'Ère Meiji japonaise se développe, mais ses échecs et sa lenteur conduisent à la Révolution chinoise de 1911 qui renverse l'Empire Qing, et instaure la « République de Chine » (Nankin, 1912).

Cet État est dominé par le parti nationaliste Kuomintang, mais Yuan Shikai -un puissant général- parvient à devenir l'homme fort de Chine, mais ses abus (dissolution du parlement, tentative de s'introniser Empereur) conduisent à une seconde révolte du Sud républicain. Yuan Shi kai meurt, mais la Chine repart dans une période de guerre civile des « Seigneurs de la Guerre » au nord. En République de Chine (au sud) les luttes intestines voient la consécration du sévère général Tchang Kaï-chek, affirmant son contrôle sur le Kuomintang par l'éviction de ses concurrents modérés (assassinat de Liao Zhongkai, 1925, plus à gauche). Lorsque le gouvernement républicain du sud commence à reprendre le contrôle de la Chine entière (1926-1937), les Japonais modernisés profitent des derniers troubles pour envahir la Mandchourie en 1931, marquant la lente marche vers la guerre.
Tchang se consacre alors davantage à l'affirmation de l'hégémonie de « son » Kuomintang sur « sa » République de Chine par la répression des opposants (monarchistes, communistes), la situation de crise exigeant de tels recours. Le sud est sous contrôle de Tchang et sa République de Chine; le Nord-Ouest sous celle de Communistes affaiblis et des derniers Seigneurs de la Guerre ; le Nord-Est sous contrôle Japonais.
En 1937, les Japonais lancent une grande opération militaire, Tchang laisse les japonais affronter les Seigneurs de la Guerre et les Communistes, Tchang espérant qu'ils s'épuisent mutuellement. Finalement, les excès autoritaires de Tchang discréditent la République, tandis que les communistes et leur bonne volonté anti-japonaise gagne le soutien des paysans. En 1945, le Japon capitule devant les États-Unis.
La République de Chine de Tchang contrôle le Sud et les grandes villes, récupérant l'île de Taiwan « au nom de l'ONU ». Les communistes du PCC (Mao) contrôlent les campagnes du nord. Tchang est armé par les É.-U., et se lance sans négociation contre les communistes, mais les Maoistes sont en permanence informés par les paysans, et emportent victoire sur victoire. Le territoire sous la République est rongé, et lorsque les taiwanais manifestent contre les abus des fonctionnaires du Kuomintang (28 février 1947), Tchang envoie l'armée et 10 000 taiwanais sont abattus : la situation sur le continent explique la sévérité, mais l'élite politique taiwanaise est détruite, et les taiwanais se désintéressent alors de la vie politique.
Le 1er octobre 1949, Mao proclame la République populaire de Chine sur le continent, tandis que Tchang doit exiler la République de Chine et 1 million de continentaux (membres du Kuomintang, soldats) sur île de Taiwan, « pacifiée ».

La chine s'installe à Taiwan, mais c'est rapidement une retraite, qui s'organise. Face à certaines agitations dans l'île, et vu le contexte continental, l'armée de la République de Chine se crispe, réprime le mouvement du 27 février 1947, et le Kuomintang établit une mainmise totale sur la vie politique et administrative de l'île. L'État d'urgence est proclamé. Cet isolement, et cette situation délicate d'îlot anti communiste permet finalement l'afflux de l'aide militaire et économique américaine, et favorise le miracle industrio-économique de l'île. Des voix -Chinoises- commencent à demander posément plus de démocratie, une lutte contre la corruption, et le pluripartisme. Mais la censure tombe, et les leaders sont arrêtés, et emprisonnés.
Les années 60, l'apaisement de la situation, et le vieillissement de Tchang permet d'affaiblir la ligne dure du Kuomintang. Des mouvements démocratiques commencent à s'exprimer avec plus de force. Lorsque Tchang meurt, et que son fils Chiang Ching-kuo lui succède, il desserre l'étau du KMT. Un groupement politique « Hors parti » se crée, permettant d'éviter les lois répressives envers « les opposants au régime ». Sa mort, en 1988, laisse Taiwan dans le doute. L'arrivée de Li Denghui, un taiwanais de souche[1], favorise finalement les réformes et la démocratisation commencées. Les élections de 1996 se font démocratiquement, et reconduisent Li Denghui.
Mais la véritable évolution se trouve sans doute dans la polarisation autour de l'idée d'indépendance officielle pour l'archipel, débat qui monopolise en grande partie la politique Taiwanaise.

Traduction de République de Chine : trad : 中華民國 (littéralement République démocratique de Chine), simp : 中华民国, EFEO : Tchong-houa Min-kouo, Wade-Giles : Chung-hua Min-kuo, Tōngyòng pīnyīn : JhongHuá MínGuó, Hànyǔ pīnyīn : Zhōnghuá Mínguó, taïwanais : Tiong-hoâ Bîn-ko; en : Republic of China.

[modifier] Origines

Alors que les siècles avant 1800 voyaient la Chine comme une puissance clef, de tête du monde, le XIXe siècle en est tout autrement. Les européens prennent une avance technique considérable par la mécanisation, par leur artillerie, par l'organisation de leurs banques et la philosophie capitaliste d'initiative commerciale. L'Europe s'est créée par la force de vastes empires, et les britanniques entendent exporter vers la Chine leur production indienne d'Opium tandis que la Chine stagne dans sa situation féodale et non-industrielle. Les guerres de l'Opium sont des victoires complètes des Occidentaux, même si les nobles mandchous se voilent la face en prétendant avoir "géré" la menace barbare. L'Occident, bientôt rejoint du Japon modernisé par l'Ère Meiji(cf Guerre sino-japonaise), impose ses choix à la Chine qui doit davantage s'ouvrir à l'extérieur, et davantage payer des indemnités de guerre. L'opposition modernisatrice chinoise espère, la réforme des 100 jours de 1898 et le brillant mais utopiste Kang Youwei leur laisse un espoir mais la réforme est finalement abattue dans le sang par les conservateurs. L'opposition se radicalise donc: elle devient anti-monarchique, prônant pour une "République de Chine" selon le modèle Occidental. Les réformes qu'entreprend tardivement et trop lentement Cixi vers 1905 ne sont pas suffisantes et sa mort est l'occasion d'une dernière contraction des conservateurs. En 1911, la révolte du Double 10 sonne le départ de l'insurrection républicaine. La République de Chine est rapidement proclamée à Nankin, y contrôlant tout le sud de la Chine.

[modifier] Révolution chinoise et période combattante

[modifier] Révolution de 1911

Icône de détail Article détaillé : Révolution chinoise de 1911.

Alors que la Chine était en effervescence politique, tant dans les hautes sphères que dans les regroupements de partisans libéraux et républicains, des groupes armés, secrets, s'organisent un peu partout. À Wuchang, et alors que ce n'était pas encore l'heure d'une révolte organisée : des explosions ont accidentellement lieu dans une cache d'armes républicaine de la ville. Les révolutionnaires doivent prendre précipitamment les armes et l'emportent finalement dans cette ville : c'est le soulèvement de Wuchang (武昌起義 wǔchāng qǐyì) du 10 octobre 1911. La nouvelle traversant la Chine, la révolution chinoise de 1911 en est lancée. Un peu partout, les groupes secrets prennent les armes et appellent Sun Yat-sen à leur tête, qui revient précipitamment en Chine.

[modifier] Régime de Yuan Shikai

Icône de détail Article détaillé : Hésitation républicaine chinoise.

L'Empire s'effondre rapidement, mais la « République de Chine » proclamée finit dans les mains de Yuan Shikai, le plus puissant général chinois, « opportuniste par conviction » qui a les moyens militaires de s'imposer comme chef du pays, les républicains et Sun Yat-sen sont obliger d'y consentir. Mais lorsqu'il ruine les espérances démocratiques et libérales en congédiant le parlement nouvellement établit, il provoque l'opposition des républicains. S'en suit une période d'instabilité, de soulèvements républicains, de sécessions, de répressions, durant laquelle Yuan Shikai tente de s'introniser Empereur de Chine, n'y parvenant qu'à moitié : la cérémonie officielle ne peut avoir lieu, et il meurt peu de temps après.

[modifier] Les Seigneurs de la guerre

À sa mort commence une nouvelle période de « Seigneurs de la guerre », le chaos est suffisant pour que les principaux généraux chinois se battent pour leurs propres ambitions politiques, pour leur propre gloire, et pour établir leur propre domaine de souveraineté. Ces Seigneurs de la guerre se partagent et disputent le nord de la Chine tandis que le gouvernement républicain contrôle le sud, et tente de reprendre le contrôle de l'ensemble, et progresse lentement. Le parti du Kuomintang est créé.

[modifier] La décennie de Nankin

Conquêtes japonaises en Asie, de 1932 (Mandchourie) à 1945 (armistice)
Conquêtes japonaises en Asie, de 1932 (Mandchourie) à 1945 (armistice)

En 1933, le Japon profite des derniers restes de chaos dans le nord de la Chine pour stopper la réunification chinoise qui se faisait au profit de la « République de Nanjing ». Partie de la Corée qu'ils occupent depuis 1895, ils prennent le contrôle de la Mandchourie chinoise : l'État-client du Manzhouguo est créé, Puyi y est restauré Empereur tout en restant sous le parfait contrôle du pouvoir japonais.

La République de Chine doit ainsi faire face à un impressionnant adversaire, moderne, organisé, gourmand. Mais elle doit aussi faire face à la montée des « alternatives internes », notamment la montée des courants communistes. Les dernières années de guerre (depuis 1911 en fait) n'ont pas satisfait les chinois, l'état d'urgence dans lequel se trouvait la région engendrant nombre d'exactions des Seigneurs de la guerre comme des généraux et militaires républicains. Pire, Tchang Kaï-chek, le tout puissant chef du Kuomintang l'est devenu par l'excès de ses positions : ne tolérer aucune opposition interne. Les leaders modérés ont souvent été exécutés selon ses souhaits, et il entend continuer à tenir ses territoires sous une autorité parfaite que nécessite la situation. Les mécontentements augmentent donc, les courants communistes s'en nourrissent. Lorsqu'ils deviennent un courant imposant et alors que leurs requêtes sont de l'ordre des tendances politiques, être plus socialiste, Tchang Kaï-chek impose des répressions sanglantes, les courants communistes deviennent donc de plus en plus Anti-Kuomintang. Lorsque les communistes, sous commandement de Mao Zedong, menacés d'être exterminés, partent dans leur Longue marche pour se porter sur le front anti-japonais, ils gagnent davantage la sympathie des chinois comme de nombreux militaires. Tchang Kaï-chek, lui, calcule l'assise de son contrôle sur la région sud tandis que les communistes et les Seigneurs de la guerre du nord font face aux armées japonaises, et s'épuiseront peut-être mutuellement.

[modifier] Fin de la guerre civile

Les excès autoritaires de Tchang Kaï-chek, et la « bonne volonté » communiste durant la guerre sino-japonaise de 1937-1945 finit d'asseoir les 2 réputations. À la fin de la guerre, décidée surtout, par l'effort américain et les décisives bombes d'Hiroshima et Nagasaki, Tchang Kaï-chek a un contrôle militaire sur les grandes villes de Chine abandonnées par le Japon tandis que Mao contrôle, par le militantisme de ses partisans, les campagnes chinoises. La guerre civile repart donc de plus belle, Tchang Kaï-chek profitant par les Américains des surplus hightech de l'armée américaine, Mao et sa guérilla campagnarde se contentant de s'armer par prise de guerre et petit artisanat. L'erreur de Tchang Kaï-chek est de croire qu'une armée contrôlant les routes contrôle un pays. La stratégie de Mao, elle, fuit les batailles rangés, se cache, et n'attaque que par embuscades, surgissant des bois pour prendre des convois, profitant du réseaux des paysans pour s'informer de tout. Chars, avions, canons lourds, tout cet armement américains livré à Tchang Kaï-chek ne trouvera presque jamais de cibles à détruire : les maoïstes se cachent. De 1945 à 1948, Mao reprend toutes les campagnes de Chine, Tchang Kaï-chek se retrouve acculés, sans appuis territoriaux, et doit fuir de grande ville en grande ville.

En 1949, lorsque les communistes prennent le pouvoir en Chine se préparant à établir la République populaire de Chine, les dirigeants du Kuomintang et 1 millions de continentaux s'exilent massivement sur l'île de Taiwan, redevenue chinoise en 1945. Le gouvernement nationaliste chinois -du Kuomintang- y installe son siège provisoire de sa « République de Chine », et s'impose avec violence aux expressions locales (février 1947), toujours selon la nécessité du moment. Le parti continental du Kuomintang, installé sur l'île, resta longtemps le parti unique, et l'appellation chinoise de « République de Chine » venue sur l'île de Taiwan est encore de nos jours le nom officiel du régime.

[modifier] La République de Chine à Taiwan

Icône de détail Article détaillé : République de Chine (Taiwan).

[modifier] Retraite, crispation, et mainmise du Kuomintang

Territoires réclamés par Tchang Kaï-chek et la ROC. Cette vision ne sera abandonnée que dans les années 1980.
Territoires réclamés par Tchang Kaï-chek et la ROC. Cette vision ne sera abandonnée que dans les années 1980.

Le régime de République de Chine n'est dès lors présent que sur l'île de Taiwan et quelques autres petites îles des environs[2], mais continue a prétendre une souveraineté sur l'ensemble. La période 1945-1949 est particulièrement difficile. Les continentaux du kuomintang sont largement corrompus, l'île jusque là japonaise et relativement en paix est vampirisée pour les derniers efforts de guerre continental, l'économie de l'île est coulée par l'inflation du continent.
Le renouveau est rendu possible par la défaite sur le continent : les liens sont coupés. Un autre point décisif est la réforme agraire de Chen Cheng (1949), pour que les paysans taiwanais soient insensibles à la propagande communiste, le kuomindang permet ici de répartir les terres agricoles entre les paysans, affaiblissant du même coup les grands propriétaires taiwanais (tout de même indemnisés).
Le Kuomintang de Tchang a désormais le plein contrôle de l'île, en rajoute avec la loi martiale (19 mai 1949-17 octobre 1987), et fait la chasse aux communistes, mais les « lois contre la subversion » sont finalement utilisées contre tous les opposants, jusqu'à « ceux qui savent mais ne dénoncent pas »[3]. La situation de guerre froide naissante lance l'importante aide américaine (1951-1965), qui permet au Kuomintang de poursuivre facilement la politique de modernisation entreprise sous le gouvernorat japonais.

[modifier] Miracle industrio-économique et premières mise en doute

Le « miracle » industrio-économique de l'île et le temps passé permet l'émergeance d'une nouvelle élite intellectuelle démocrate. Lorsqu'en 1956, Tchang Kaï-chek se déclare « sans préjugé et à l'écoute de la nation » [4], Lei Zhen et l'équipe de La Chine Libre s'engage dans la rédaction d'analyses-critiques[5] de la politique du Kuomindang, puis de la constitution même[6]. Les 5 élus taiwanais [7] rejoignent logiquement le mouvement, qui prend le nom de « Parti Démocratique Chinois », mais le 4 septembre 1960, ses leaders sont emprisonnés, tuant l'alliance des élites démocrates chinoise et taiwanaise.

[modifier] Dernières années de Tchang et affaiblissement du Kuomintang

Par ailleurs, dans la mesure où Chine populaire et Union soviétique étaient désormais en opposition franche, les É.-U. se rapprochèrent de la Chine populaire, et, en 1971, la résolution 2758 de l'ONU enlève le siège de membre permanant au gouvernement de République de Chine pour l'« offrir » au gouvernement de la Chine populaire, d'où une crise diplomatique entre la République de Chine et les États-Unis.
Les dernières années de Tchang (mort en 1975), permirent l'apparition d'élus « Hors parti »[8]. Mais c'est surtout lorsque son fils Chiang Ching-kuo arriva au pouvoir -selon sa volonté- que l'on ouvrit les portes du pouvoir aux taiwanais de souche. Le vice-premier ministre Xu Qingzhong été taiwanais, ainsi que Li Denghui, qui entra dans le gouvernement.

[modifier] Les mouvements démocratiques, les « Hors parti », et Chiang Ching-kuo

Les élus locaux n'étaient en fait pas libres de tout leur choix, tandis que le pouvoir central était encore sous le contrôle des parlementaires élus en terre chinoise, et promis à retrouver leur place après la reconquête prévue. Mais les opposants et le mouvement « Hors parti » profitent de chaque élection locale comme d'une tribune, et certaines fraudes du Kuomintang ravivèrent la conscience politique et les aspirations démocrates des habitants. À partir de 1969, des réformes permettent de timides percées de l'opposition aux législatives de 1972, mais surtout de 1975, puis de 1977 et sa participation record, marquée par l'émeute de Zhongli, et les « Douze grands travaux politiques » de leur programme commun. 1979 est un pas de plus dans le sens des « Hors parti », des incidents éclatèrent ("l'Affaire Formosa"). Le gouvernement lance alors une vague d'arrestations chez les « Hors parti », ruinant la construction du mouvement. Le procès qui suit, avec l'accusation de leaders tel Annette Lu, les mit durablement en lumière, et permit l'apparition d'avocats brillants, tel Chen Shui-bian, et lance un soutien populaire envers les leaders restant éligibles: Su Zhengchang, Xie Zhangting, Cheng Shui-bian élus en 1980. En 1983, une « Amicale des Hors parti » est créée, se comportant comme des permanences de parti politique, mais sans enfreindre les points de la loi anti subversion. Mais en 1986, la décision est prise de se faire dénommer désormais « Parti démocratique progressiste », un défi lancé au Kuomintang, et Chiang Ching-kuo répondit en déclarant « Les temps changent, le contexte change, les grandes tendances changent », encourageant à la réforme du Kuomintang. L'avancée du PPD aux législatives de 1986 confirma la « tendance », le KMT ne semble pas pouvoir répondre, et la population de l'île s'agite. Le 14 octobre 1987, la loi martiale est levée par Chiang Ching-kuo, la censure de la presse est levée en janvier 88. Chiang meurt le 13 janvier 1988, et Li Denghui, taiwanais de souche, lui succède.

[modifier] Réformes et Démocratisation sous Li Denghui

Li Denghui (ou Lee Teng-hui), taiwanais de souche, continue l'ouverture entreprise, et place finalement le KMT dans un non-réactionisme qui fait le jeu des réformes et de l'opposition du PPD, Li Denghui se placant en médiateur entre les conservateurs du KMT et les réformateurs populaires du PPD. Sous la pression populaire, une loi pour la « démission volontaire » des parlementaire de « l'assemblée nationale [chinoise] éternelle »[9] est proposée le 7 novembre 1988 -avec indemnités-, et en 1989, les démocrates progressent encore avec 40% des votes. Le Kuomintang se divisa (02/1989) et les étudiants se lancent alors dans des sittings pacifistes pour la démocratie, pour l'élection présidentielle au suffrage universel, et pour la démission des vieux parlementaires en poste depuis 1947. Li Denghui, réformateur, en sort renforcé, et propose une révision de la constitution et une réforme en faveur du pluripartisme. Mais une partie du KMT souhaite un réaffermissement, et Li Denghui nomma donc Hao Bocun -un militaire- au poste de Premier ministre, créant une réaction populaire, qui affaiblit donc la ligne dure du KMT, et légitime donc la modération de Li Denghui. La question des vieux parlementaire est finalement réglée en limitant les dernières indemnités jusqu'au 31 décembre 1991. Beaucoup de vieux parlementaires quittent le parlement, dissolvant la ligne la plus dure du KMT, et débloquant la vie parlementaire. La démocratisation continue, les taiwanais de souche investissant de plus en plus la politique du pays, amenant davantage représentativité, les divergences n'en disparaissent pas pour autant. En 1996, les premières élections présidentielles par suffrage universel reconduisent Li Denghui.

[modifier] Polarisation autour de l'idée d'indépendance officielle

Mais le changement est sans doute ailleurs, la démocratisation a également amenée la discussion sur le « Statut de Taiwan », de l'île, car l'état continue de se prétendre un état chinois, légitime souverain de l'ensemble de la Chine. Des voix s'élevent pour demander la clarification de ce statut en faveur de la déclaration d'un état taiwanais, purement insulaire, reflétant l'état de fait, et qui abandonnerait donc l'appellation de « République de Chine » pour quelque chose du type "République de Taiwan". D'abord, de tels militantismes ont été réprimés dans le cadre de la loi contre la subversion (années 1970, 1980), les auteurs de tels idées étant arrêtés. Mais la réalité des faits, et la volonté de se dissocier de l'état communiste de la République populaire de Chine, actrice de la répression de Tian'anmen conduit taiwanais de souche et certains immigrées chinois à militer en faveur de cette officialisation de l'indépendance, le PPD se montrant officieusement favorable à ceci, sans trop se mouiller.
Avec l'élection du candidat PPD Chen Shuibian à la présidence, en 2000, devenant ainsi le premier président hors KMT, l'idée d'indépendance et de fin de la « République de Chine » est renforcé, mais le KMT et la Chine Populaire s'opposent vivement à cette idée, et la réaction s'organise. Le KMT empèche la tenue d'un référendum, tandis que la Chine Populaire -qui souhaite toujours récupérer l'île- menace l'île de représailles militaires en cas de déclaration d'indépendance.
En 2004, Chen Shuibian est réélu, mais ne parvient pas à imposer ses vues indépendantistes à la population qui, majoritairement, se satisfait d'un statu quo pacifique qui permet la stabilité et la prospérité économique de l'île. En mars 2005, la Chine populaire rationalise et officialise sa position par les 10 points de la Loi anti sécession chinoise de 2005.
De nos jours, la « République de Chine » existe donc encore, à Taiwan, et se pose la question de son existence en tant que future province de la Chine populaire ; en tant qu'entité étatique non reconnue de la République de Chine[10] (Statut quo); ou en tant qu'État de la « République de Taiwan » réclamant une reconnaissance d'État.

[modifier] Note

  1. Par « taiwanais de souche » on entend communément, les Chinois qui vivaient déjà à Taiwan lors de l’occupation japonaise, par opposition aux continentaux qui eux sont arrivés après 1945
  2. LEE Hsiao-Feng (py : Li Xiaofeng), Histoire de Taïwan, 150 pages, ed. L'Harmattan, Paris, 2005, est donc une référence possible pour la période depuis 1945.
  3. Histoire de Taïwan, p.108.
  4. Idem, p.110
  5. Idem, p.110, en : « 15 articles de fond [...] : « La question de la reconquête du continent », « Notre armée », « Nos finances », « Notre économie », « La question de l'aide américaine », « Grande organisation, petite zone d'influence », « Notre système politique central », « Notre système politique local », « Le Yuan législatif aujourd'hui », « Notre liberté d'information », « La question de l'Oganisation de la Jeunesse anticommuniste », « Les problèmes de notre enseignement », « Les idéaux politiques et la réalité de ces dernières années », « La question du pluripartisme » » parut dans La Chine Libre, rubrique Problèmes actuels, en 1957 et 1958.
  6. Idem, p.111, 1960 : « Derniers conseils très respectueux à l'adresse du Président Chiang », qui ne sera pas écouté, la constitution est modifiée pour permettre d'autres mandats à Tchang Kaï-chek.
  7. Idem, p. 112 : Xu Shixian, et Li Wanju, Guo Guoji, Wu Sanlian, Li Yuanzhan, Guo Yuxin, appelé « Le phoenix et les 4 dragons »
  8. Ces personnages "sans étiquette" évitaient ainsi la répression contre les partis opposants et la « Loi contre la subversion »
  9. Histoire de Taiwan, p.145 , Cette assemblée nationale, représentant l'ensemble de la Chine de 1949, été en grande partie constitué par les parlementaires en poste en Chine continentale en 1949, et élus en 1947.
  10. Non reconnaissable, car les diplomaties ne reconnaissent l'existence que d'une seule « Chine ».

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes