Dub

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Dub
Origines stylistiques Reggae
Origines culturelles Début des années 1970 en Jamaïque
Instrument(s) typique(s) Table de mixage
Basse
Batterie
Guitare
Claviers
Mélodica
Platines
Sampler
Percussions
Popularité Internationale

Sous-genre(s) {{{sous_genres}}}
Genre(s) dérivé(s) Dub poetry
Dubstep
Rub-a-Dub
Dub Techno
Genre(s) associés(s) Drum'n'Bass
Downtempo
Smooth jazz
Dancehall
Trip hop
Ambient
Scènes régionales voir :
Catégorie:Dub

Voir aussi Projet:Musique électronique
Projet:Reggae

Le dub est un genre musical issu du reggae qui se caractérise par la mise en avant du couple rythmique basse+batterie et l'utilisation massive d'effets appliqués aux autres instruments et/ou générés par des machines.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Genèse

C'est en 1967 sur l'île de la Jamaïque que le Disc jockey Rudy Redwood du très célèbre sound-system Supreme Ruler Of Sound va diffuser par accident le premier morceau de reggae en version instrumentale (c'est-à-dire sans la partie vocale) dans un dancehall. Cette erreur involontaire est en fait due à un mauvais pressage du vinyl. La surprise est immense et le public est alors très réceptif. Le DJ va immédiatement en parler au producteur du label Treasure Isle, Duke Reid, qui est à l'époque le plus important de Jamaïque et qui va dès lors éditer les 45 tours des groupes locaux avec en face B les versions instrumentales des morceaux.

Ce n'est que quelques mois plus tard que l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, très impressionné par les prestations du sound-system, va se lancer dans des expérimentations sur ces versions instrumentales : il a l'idée de graver ses dubplates de manière à amplifier l'espace sonore du couple basse/batterie, en atténuant les voix sous des effets de réverbération. S'il est difficile de savoir qui a réellement créé ce nouveau genre musical, Tubby est néanmoins le producteur par lequel le mouvement s'est développé, en inventant ou popularisant la plupart des effets (basses saturées, réverbération, écho, phaser...) qui définissent le style. Nous sommes en 1968 et le dub vient alors de naitre.

Rapidement développé par des artistes tels que Lee Scratch Perry, Bunny Lee ou Jah Shaka, jusqu'alors preneurs de son de groupes de reggae, le style va se caractériser par une accentuation rythmique lourde et dépouillée, sur une mélodie squelettique et une ligne de basse mise en valeur à l'aide d'effets qui vont alors permettre au disc-jockey de faire un spectacle sonore très captivant. D'autres artistes signeront des compositions intégralement dub qui achèveront de populariser le mouvement, tels Linton Kwesi Johnson, fer de lance de la "dub poetry", ou Augustus Pablo qui, dans un album produit par King Tubby, fit connaitre le mélodica au monde entier. Errol Thompson enfin, enregistre en 1970 le premier disque de reggae intégralement instrumental.

Autour des années 1980 de nombreux musiciens et groupes de reggae se sont mis à développer de nouvelles techniques de production qui firent grandement avancer le dub par la suite. Il faut citer le groupe The Revolutionaries ou les artistes Prince Jammy et Scientist, qui multiplient les effets (notamment l'equalizer) sur leurs morceaux. Le célèbre couple rythmique Sly & Robbie fut également à l'origine des rythmes "rockers" qui donneront les "steppers" du dub des années 1990.

[modifier] Renaissance britannique

Le dub restera cette variante du reggae pendant vingt ans, avant de connaître un nouvel essor au Royaume-Uni où de nombreux labels anglais signaient des groupes de ska jamaïcains dans les années 60. Ainsi de nombreux artistes s'expatrient en Angleterre où ils nouent des liens avec les groupes de punk locaux. Les Sex Pistols, The Stranglers, Killing Joke ou The Clash signent alors quelques titres dub et d'importants rassemblements se développent sous le nom de "Punk Reggae Parties".

Mad Professor et Adrian Sherwood sont aussi les symboles vivant de cette époque. Le premier commence à produire du dub dès 1980 sur son label Ariwa. Il développe le style "dub stepper" en appliquant des techniques de production très modernes sur des riddims originaux. Ses remixes lui confèrent une notoriété internationale qui lui a permis de collaborer avec de nombreux artistes de styles différents (Massive Attack, Baba Zula, Horace Andy, Mafia & Fluxy...). Adrian Sherwood, fan de reggae, de punk et de musiques underground co-fonde le label Carib Gems (Black Uhuru) en 1975 puis en 78 Hitrun Records (Prince Far I et Roots Radics) et enfin le label On-U Sound en 1980. Jusqu'alors, le dub était cette musique remixée, jouée par les sound-systems jamaïcains. Avec On-U Sound, il devient une musique à part entière, nourrie d'expérimentation, qui s'écoute autant qu'elle se danse. Il faut retenir les nombreuses expérimentations alors menées par les chanteurs Mark Stewart et Prince Far I ou par les groupes The Slits et Depeche Mode. On-U Sound révèle aussi la formation Dub Syndicate qui enregistrera le premier album où les techniques de production popularisées par King Tubby seront utilisées comme base de création musicale et non de remixage.

[modifier] Nouvelle vague

Après l'assassinat de King Tubby le 6 février 1989, le dub connait une nouvelle impulsion par le mariage avec les sonorités de la musique électronique. Une série de groupes britanniques développent alors un son plus radical et violent que le dub originel, en utilisant des tables de mixage, des boîtes à rythmes et des synthétiseurs. Il faut par exemple citer Iration Steppas, The Disciples, Zion Train ou Alpha & Omega qui sont alors les pionniers d'un style neo dub multipliant les innovations grâce aux techniques nouvelles.

Puis, les années 90 voient se créer un grand nombre de Home studio avec des projets dub novateurs et le style se développe lentement avec de plus en plus d'artistes n'appartenant pas à la scène reggae classique. Le groupe The Orb produit le premier dub "ambient", instigateurs d'un style très prisé à l'heure actuelle. La scène allemande apparait avec le DJ Burnt Friedman, Pole ou le groupe Rhythm & Sound pour un son "dub minimaliste" truffé de grésillements et autres bruits parasites. Le batteur Mick Harris des Napalm Death invente un dub "industriel" avec son groupe Scorn. Des projets de dub "hybride" naissent : le groupe autrichien Sofa Surfers développe un dub "planant" orchestré comme une musique de film, les musiciens de Bad Brains agrémentent leurs disques de morceaux reggae/dub (avant de consacrer un album entier au genre) et le bassiste Bill Laswell devient un producteur des plus prolifiques avec d'innombrables collaborations.

[modifier] France : l'explosion du "live"

Il semble que ce soit le groupe de metal industriel parisien Treponem Pal qui fut le premier à développer un son dub en France. L'album Higher paru en 1997 propose une fusion novatrice qui sera à l'origine du mouvement "novo dub" (appellation qui cependant ne trouve pas d'écho sur un plan international). De nombreuses formations naissent à la fin des années 90 produisant un son "live", par opposition au dub conçu en studio avec des machines. Les musiciens, souvent passés par des groupes de rock underground, confrontent le style avec une multiplicité de genres musicaux. Il convient de citer les groupes High Tone, Improvisators Dub, Zenzile, Dub Wiser, Brain Damage ou Kaly Live Dub qui sont à l'origine d'un véritable renouveau du dub, alliant l'énergie live des instruments avec des expérimentations sur le son, des samples, des scratchs et beaucoup d'effets. Des formations tels Ez3kiel ou Lab° travaillent sur une fusion entre le dub et le rock instrumental, le groupe Löbe Radiant Dub System sera également le premier à mêler des instruments traditionnels aux sonorités électroniques actuelles.

Si la scène française peine à se faire une réputation internationale, elle n'en est pas moins à l'origine des plus récentes innovations portées aux techniques de production sur le dub. L'approche du genre devient encore plus radicale avec des emprunts de plus en plus marqués à la musique électronique et au metal, mais aussi aux sonorités breakbeat, Hip-hop et Drum and bass.

Le genre n'est donc plus à l'heure actuelle une ramification du reggae mais bien un style musical à part entière qui s'est ainsi développé aux quatre coins de la planète avec des musiciens aux influences musicales et aux origines sociales ou culturelles très diverses. Si la base commune reste le reggae, le son produit devient de plus en plus riche et varié. Nous pouvons dénombrer une multitude d'ambiances, jazz ou rock, proches des musiques de transe ou des sonorités tribales, parfois chaleureuses ou parfois très sombres, avec aujourd'hui un apport important de la musique électronique.

[modifier] Approche étymologique

L'appellation « Dub » aujourd'hui accolée à ce genre musical, ne possède pas d'origine clairement définie et un grand nombre "d'inventeurs" peuvent toujours s'attribuer la paternité du nom. Cependant, il est très possible que le mot « Dub » soit né de la contraction d'un des termes suivants :

  • Dubbing : procédé consistant à transférer un format (audio ou vidéo) d'un support sur un autre, le plus souvent dans un but de restauration et de sauvegarde.
  • Dubplate : disque acétate produit avant le pressage final en vinyle. Ils étaient utiles afin d'affiner les réglages studio et servaient de "test" auprès du public, sous l'impulsion des sound-systems.
  • Double : en raison du nombre important de versions différentes, pouvant être éditées à partir d'un même riddim.

[modifier] Styles

Le dub est une musique qui a la particularité de pouvoir être jouée avec des machines, par un groupe en live, ou uniquement par un DJ qui mixe ses vinyles. La musique peut ainsi être sobre et épurée comme riche en instruments. Nous pouvons différencier plusieurs styles de dub :

  • Le roots dub : remix "dub plates" de riddims originaux. C'est le premier dub, les premières expérimentations originellement produites sur les faces B des vinyles.
  • Le dub poetry ou spoken voice: qui regroupe le dub et la poésie. C'est un peu le retour des partitions vocales dans le dub, un style souvent écarté par les puristes car il rappelle en fait le reggae.
  • Le dub instrumental : reggae exclusivement sans paroles, avec ou sans écho (dont les précurseurs furent The Crystalites, backing band de Derrick Harriott).
  • Le dub stepper : le "pied" ou beat est nettement mis en valeur. Sur une mesure à quatre temps la grosse caisse marque chaque temps de façon cyclique. Ce son est plutôt qualifié de britannique après l'apparition d'artistes comme Mad Professor au Royaume-Uni.
  • Le dub ambient ou abstract-dub: souvent produit par un artiste seul aux machines, ce style bénéficie d'un gros apport d'électronique où l'ambiance sonore est planante. Parfois nommé "Dark Dub" le son se caractérise par des mélodies poignantes et mélancoliques (dont les précurseurs furent The Orb).
  • Le dub techno ou dub minimaliste : produit le plus souvent par des artistes issus de la scène Techno et/ou House underground, le style se reconnaît grâce à une structure musicale extrêmement épurée. Les mélodies sont réduites, sur une section rythmique très simple. La scène électronique allemande reste la plus représentative de ce son, avec par exemple le groupe Rhythm & Sound, l'ensemble des productions du label Basic Channel, ou le duo Echospace.
  • Le novo dub : joué par des instruments en live (par opposition au remix) avec beaucoup d'effets comme le delay ou le cut-off. Les parties de batterie sont souvent agrémentées de beats à tendances hip hop ou drum'n'bass et de nombreux scratch ou samples étoffent les morceaux. Ce son est en plein essor avec une scène française très développée.
  • Le dub hybride : le dub n'est plus qu'un prétexte, une base sonore (tenue par la ligne de basse) pour fusionner avec tous les autres genres musicaux. Nous voyons ainsi apparaitre de nombreux groupes fusionnant par exemple avec le metal, le smooth jazz ou la musique traditionnelle orientale.
  • Le dubstep : né au sud de Londres, le dubstep s’est développé sur la base d’atmosphères urbaines et futuristes avec des polyrythmes sur un tempo généralement situé entre 130 et 140 bpm. La prédominance des fréquences dites "sub-basses" permet à cette musique d'être autant perceptible par les oreilles que par le reste du corps.

[modifier] Musique "Meeting"

Il est nécessaire de noter le nombre important de featuring (invitations) dans le milieu du dub. Les musiciens dub font souvent des "mélanges" entre eux ou invitent des instrumentistes extérieurs afin d'obtenir des sonorités nouvelles. Plusieurs exemples illustrent parfaitement cette tendance, les Anglais The Disciples, Mad Professor, The Rootsman ou, en France, les groupes High Tone et Improvisators Dub, ont déjà entièrement réalisé plusieurs albums en coopération. De même la plupart des artistes "solo" (DJ) invitent des Mc sur leurs morceaux et évitent ainsi de sampler des voix. La multiplication des interprétations d'un même riddim appelées « Versions » montre globalement, et chez tout les artistes, ce phénomène de rencontre. Le remix et la réappropriation d'un titre ou d'un disque entier reste l'essence même du dub, tel que le jouaient les premiers activistes du genre. Des artistes aussi divers que Serge Gainsbourg, U2, Nusrat Fateh Ali Khan, Hallucinogen, Linkin Park, Gorillaz, Massive Attack, Black Eyed Peas ou Lili Boniche sont ainsi tous « passés à la moulinette » dub.

De même, plusieurs collectifs se créent autour d'un projet dub. Il convient par exemple de citer le collectif new-yorkais Easy Star All-Stars qui, avec l'album Dub Side Of The Moon, nous a présenté une relecture complète de l'album Dark Side Of The Moon du groupe Pink Floyd. Le collectif d'artistes internationaux General Dub également, s'est produit quelques années avec un projet dark-dub futuriste à forte connotation politique. Notons enfin que certains groupes sont nés de la rencontre entre instrumentistes issus d'un milieu musical différent, le plus souvent en projet parallèle : c'est par exemple le cas des formations Dub Trees ou De Facto.

[modifier] Artistes et groupes

Cette liste non exhaustive est avant tout informative : un nombre important d'artistes ou de groupes présentés ci-dessous ne peuvent prétendre à un article, en raison de leur trop faible notoriété. (voir : Wikipédia:Notoriété de la musique)









[modifier] Labels représentatifs

[modifier] Sources

[modifier] Liens externes