Droits des animaux

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Une affiche publicitaire de PETA pour le traitement éthique des animaux "battue, seule et victime d'abus - Boycott des cirques"
Une affiche publicitaire de PETA pour le traitement éthique des animaux "battue, seule et victime d'abus - Boycott des cirques"

Les Droits des animaux, aussi connus sous l'appellation libération animale, sont fondés sur l'idée que les intérêts des animaux - comme le fait d'éviter la souffrance - sont les mêmes que ceux des êtres humains [1]. Les défenseurs des droits des animaux jugent que ces derniers ne devraient plus être considérés comme des objets que l'on peut posséder ou utiliser mais qu'ils devraient être considérés comme des personnes légales[2] et des membres à part entière de la communauté humaine.[3].

L'idée d'accorder des droits aux animaux est soutenue par des professeurs de droit tels qu'Alan Dershowitz[4] et Laurence Tribe de Harvard Law School,[2] et des cours de "loi animale" sont maintenant dispensés dans 92 des 180 écoles de droit des États-Unis[5].

Certains critiques du concept de droits pour les animaux argumentent que les animaux n'ont pas la capacité de signer un contrat social ou de faire des choix moraux, et ne peuvent donc pas être considérés comme possédant des droits moraux. Le philosophe Roger Scruton postule que seuls les êtres humains ont des droits et que "le corolaire est inévitable : nous seuls avons des droits"[6]. Les critiques soutenant cette position avancent qu'il n'est pas mauvais en soi d'utiliser les animaux pour se nourrir, se distraire, ou faire de la recherche, bien que les êtres humains puissent avoir l'obligation de garantir qu'ils ne souffriront pas inutilement [7]. Cette dernière position est généralement nommée la position du bien-être animal, soutenue par certaines des associations de protection des animaux les plus anciennes.

Sommaire

[modifier] Histoire

Le débat sur les droits des animaux n'est pas récent. Il a été initié par les philosophes les plus anciens[1]. Au VIe siècle av. J.-C., Pythagore, le philosophe et mathématicien grec — qu'on a appelé le premier philosophe des droits des animaux[8]— réclamait le respect pour les animaux parce qu'il croyait en la transmigration des âmes entre humains et non-humains : en tuant un animal, on aurait pu alors tuer un ancêtre. Il défendait le végétarisme, rejetant l'emploi des animaux comme nourriture ou victime sacrificielle[9],[10].

Peter Singer, dans son Oxford Companion to Philosophy, écrit que le premier chapitre de la Genèse décrit comment Dieu donna aux êtres humains la domination sur les animaux, modérée dans la Torah par des injonctions à la douceur ; par exemple, en ne faisant pas travailler ses bœufs lors du sabbath. Le Nouveau Testament est dépourvu de telles exhortations, Paul interprétant cette exigence au bénéfice des propriétaires humains et non des animaux eux-mêmes. Augustin considère que Jésus a permis au porc de Gadarène de se noyer dans le but de démontrer que l'homme n'a aucun devoir de prendre soin des animaux, une position adoptée par Thomas d'Aquin, qui dit que les humains ne devraient montrer de la charité envers les animaux que pour s'assurer que des habitudes de cruauté ne s'insinuent dans notre traitement envers les êtres humains[11], une position reprise par Locke et Kant.

Bust of Theophrastus
Bust of Theophrastus

Aristote, au IVe siècle av. J.-C., déclarait que les animaux se plaçaient loin en-dessous des humains dans la scala naturae, à cause de leur prétendue irrationalité, et parce qu'ils n'auraient pas d'intérêt propre[1]. L'un de ses élèves, Théophraste, exprima son désaccord, se positionnant contre la consommation de viande en alléguant qu'elle privait les animaux de leur vie, et qu'elle était donc injuste. Les animaux, dit-il, peuvent raisonner, sentir, et ressentir de la même manière que les êtres humains[12]. Cet avis ne prévalut pas, et c'est la position d'Aristote - selon laquelle les humains et les non-humains vivaient dans des règnes moraux différents parce que les uns étaient doués de raison et non les autres - qui persista largement jusqu'aux contestations de certains philosophes dans les années 1970.

Au XVIIe siècle, le philosophe français René Descartes soutint que les animaux n'avaient ni âme ni esprit, et qu'ils n'étaient que des automates complexes. Ils ne pouvaient donc ni penser ni souffrir. Ils seraient équipés pour voir, entendre, toucher, et même éprouver la peur et la colère, mais ils ne seraient pas conscients. En opposition à cette thèse, Jean-Jacques Rousseau, dans la préface de son Discours sur l'inégalité (1754), rappelle que l'homme a commencé comme un animal, bien que non « dépourvu d'intelligence et de liberté »[13]. Cependant, les animaux étant des êtres doués de sensibilité, « ils devraient participer au droit naturel, et … l'homme est sujet a de certains devoirs envers eux ».

Plus tard, au XVIIIe siècle, l'un des fondateurs de l'utilitarisme moderne, le philosophe anglais Jeremy Bentham, déclara que la souffrance des animaux est aussi réelle et moralement importante que la souffrance humaine, et que « le jour viendra où le reste de la création animale acquerra ces droits qui n'auraient jamais dû leur être refusés si ce n'est de la main de la tyrannie »[14]. Bentham considérait que la faculté de souffrir, et non la faculté de raisonner, devait être le critère pour évaluer le traitement juste des autres êtres. Si la capacité à raisonner en était le critère, plusieurs êtres humains, en comptant les bébés et les personnes handicapées, seraient traitées comme s'ils étaient des choses, écrivit-il en une citation célèbre.

Au XIXe siècle, Arthur Schopenhauer déclare que les animaux partagent la même essence que les humains, malgré le manque de faculté à raisonner. Bien qu'il considère le végétarisme comme excessif, il défend le respect envers les animaux dans la morale, et dénonce la vivisection. Sa critique de l'éthique kantienne contient une longue polémique, souvent passionnée, contre l'exclusion des animaux de son système moral.

La première association de bien-être animal la Society for the Prevention of Cruelty to Animals, fut fondée en Grande-Bretagne en 1824, et des groupes similaires naquirent rapidement ensuite en Europe puis en Amérique du Nord. Le premier groupe aux États-Unis, l'American Society for the Prevention of Cruelty to Animals, entra dans la charte de l'État de New York en 1866. Le premier mouvement anti-vivisection fut créé dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le concept de droits des animaux devint le thème d'un livre influent en 1892, Animals' Rights: Considered in Relation to Social Progress, par le réformateur social anglais Henry Salt, un an après avoir formé la Ligue Humanitaire, avec pour objectif d'interdire la chasse en tant que sport.

Au début du XXe siècle, les sociétés de bien-être animal et les lois contre la cruauté envers les animaux étaient présentes dans presque tous les pays du monde. Des groupes spécialisés dans la défense des animaux se sont multipliés, entre ceux qui se consacrent à la préservation des espèces en danger, et les autres, telles que People for the Ethical Treatment of Animals (PETA), qui protestent contre les méthodes de chasse brutales ou douloureuses, les mauvais traitements aux animaux élevés dans les élevages intensifs, et l'utilisation d'animaux dans les expériences et les divertissements. En 1978, une Déclaration universelle des droits de l'animal a été proclamée à la Maison de l'Unesco.

[modifier] Mouvement moderne

Icône de détail Article détaillé : Animal Liberation Front.

Sri Aurobindo déclare : « La vie est la vie, que ce soit un chat, un chien ou un homme.Il n'y a pas de différence entre un chat, un chien, un homme. L'idée de différence est une conception humaine pour mettre l'homme a son avantage. »

[modifier] Les associations

Il existe de nombreuses associations pour la défenses des drois des animaux (La Société protectrice des animaux est également protectrice des animaux, comme son nom l'indique. Le World Wide Fund for Nature, association écologique tente de protéger la planète de l'action humaine dévastatrice ; tout comme Greenpeace, SOS planète).

L'une d'entre ces associations, la plus radicale, est cependant considérée comme pratiquant une forme de terrorisme et se nomme Animal Liberation Front (ALF). En effet, ils libèrent des animaux de laboratoire destinés à la vivisections ou à d'autres expériences.

[modifier] Notes

  1. abc "Animal Rights." Encyclopædia Britannica. 2007.
  2. ab "'Personhood' Redefined: Animal Rights Strategy Gets at the Essence of Being Human", Association of American Medical Colleges, retrieved July 12, 2006.
  3. Taylor, Angus. Animals and Ethics: An Overview of the Philosophical Debate, Broadview Press, May 2003.
  4. Dershowitz, Alan. Rights from Wrongs: A Secular Theory of the Origins of Rights, 2004, pp. 198–99, and "Darwin, Meet Dershowitz," The Animals' Advocate, Winter 2002, volume 21.
  5. "Animal law courses", Animal Legal Defense Fund.
  6. Scruton, Roger. Animal Rights and Wrongs, Metro, 2000.ISBN 1-900512-81-5.
  7. Frey, R.G. Interests and Rights: The Case against Animals. Clarendon Press, 1980 ISBN 0-19-824421-5
  8. Violin, Mary Ann. "Pythagoras—The First Animal Rights Philosopher," Between the Species 6:122–127, cited in Taylor, Angus. Animals and Ethics. Broad view Press, p. 34.
  9. Taylor, Angus. Animals and Ethics. Broadview Press, p. 34.
  10. Pythagoras's thought has been the subject of much debate; none of his original work is extant. See Huffman, Carl. "Pythagoras" in Zalta, Edward N. The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Winter 2006, retrieved January 10, 2007.
  11. Singer, Peter. "Animals" in Honderich, Ted (ed). The Oxford Companion to Philosophy, Oxford University Press, 1995.
  12. Taylor, Angus. Animals and Ethics. Broadview Press, p. 35.
  13. Rousseau, Jean-Jacques. Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1754, préface.
  14. Bentham, Jeremy. An Introduction to the Principles of Morals and Legislation, 1789. Latest edition: Adamant Media Corporation, 2005.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Susan Armstrong et Richard Botzler, The Animal Ethics Reader, Londres, Routledge, 2003.
  • Tom Regan, The Case for Animal Rights (1983), University of California Press, 2004.
  • Bernard E. Rollin, Animal Rights & Human Morality, Prometheus Books, 2006.
  • Peter Singer, In Defense of Animals: The Second Wave, Wiley-Blackwell, 2005.
  • Cass R. Sunstein et Martha Nussbaum (dir.), Animal Rights: Current Debates and New Directions, Oxford University Press, USA; nouvelle édition, 2005.
  • Brent A. Singer: An Extension of Rawls' Theory of Justice to Environmental Ethics. Environmental Ethics 10, 1988, p. 217-231
  • Donald VanDeVeer: Of Beasts, Persons, and the Original Position. The Monist 62, 1979, p. 368-377

[modifier] Liens internes