Droit divin

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Le droit divin concerne la justification d'un pouvoir non démocratique par le choix de Dieu. Ce choix est souvent exprimé par l'affirmation d'une généalogie, d'une « race choisie ».

Dans l'Occident chrétien, la Réforme protestante ne modifia pas forcément cette doctrine là où elle existait. Elle en souligna une des conséquences qui n'avait pas non plus échappé au catholicisme : le monarque de droit divin se doit d'obéir à Dieu, sous peine de perdre sa légitimité.

Le Vatican justifie aussi le pouvoir du Pape par le Droit divin, de même que toute institution religieuse pour ses « ministres ». Mais il s'agit plutôt ici d'une théocratie. Les conceptions issues du Coran concernant la fusion des rôles spirituels et temporels en les mains du Calife mènent également à des régimes légitimés par le droit divin.

Au Japon, l'Empereur est supposé descendre de la déesse Amaterasu, ce qu'exprime la dénomination de l'Empire du Soleil Levant figurant sur l'emblème du drapeau.

Sommaire

[modifier] Trois monothéismes

Il est pratiquement impossible de savoir à quelle époque exactement cette théorie a pris naissance dans les institutions politiques de l’Europe occidentale, ni exactement quel était le premier auteur ayant défendu cette théorie et ayant cherché à la mettre en application. Historiquement, on peut situer cette théorie avec apparition du christianisme en disant également qu’elle a trouvé tout au long de l’histoire de l’Europe occidentale et pendant les 20 derniers siècles, plusieurs applications sous différentes formes. Cette théorie du droit est toujours en application aujourd’hui mais sous différentes formes. Certes, elle a subi une très grande évolution ; en particulier les idées théologiques que l’on peut classer sous cet intitulé ont changé de contenu. Le droit divin ne reste pas dans son sens classique pour la restauration de la monarchie, il y a aussi les nouvelles lectures plus démocratiques qui sont confirmées par les Écritures sacrées.

D’ailleurs, c’est ce qui distinguait l’islam par rapport au judaïsme et au christianisme. Le christianisme n’a pas eu de théorie de l’État malgré la prédominance, dans l’occident chrétien, pendant plusieurs siècles, de la théorie du droit divin. Celui-ci se présentait contre la théorie : celle du droit naturel de l’homme, même pendant sa période de gloire et de domination au Moyen Âge. C’est pourquoi l’Église voulant étendre son pouvoir, tout comme les émirs musulmans, avait en quelque sorte oublié le commandement célèbre de Jésus, surtout ses Béatitudes qui auraient pu entraîner à codifier les droits de l’homme et le droit politique naturel de l’homme. Toutefois indépendamment des circonstances historiques, on constate qu’il y a dans le christianisme une théorie de l’État par négation. C’est-à-dire que le christianisme, même aujourd’hui dans son for intérieur, est une religion qui nie l’existence d’un rapport entre le temporel et le spirituel, et accepte la laïcité, du moins au niveau des institutions politiques. Ainsi le légitimisme monarchique fondé sur le droit divin et la tradition, qui a existé n’a plus guère aujourd’hui qu’un intérêt historique.

Par contre, l’islam est une religion qui a une théorie de l’État par affirmation, admettant en théorie, l’existence et la nécessité d’établir une confusion d’une part entre le temporel et le spirituel, et d’autre part entre le droit divin et le droit politique naturel. Or parmi les centaines de milliers de livres et d'épîtres écrits par les oulémas musulmans avant 1900, pas un seul consacré spécifiquement aux droits naturels de l’homme en Islam. Cela n’est pas étonnant, car la naissance et l'élaboration d'une religion monothéiste furent assimilées à des liens étroits, voir inséparables, entre le droit divin et les droits humains. Tandis que derrière l'émergence des idées des droits de l'homme réside le principe de la séparation entre le droit divin et les droits naturels humains sans que cette séparation signifie forcement contradiction ou rapport conflictuel. Dans ce cas le droit politique naturel demande que les hommes réunis en société politique bénéficient d’un gouvernement, et d’un bon gouvernement ; la forme démocratique ne s’impose pas, en tout temps et en tout lieu ; ni le droit naturel, ni le droit divin ne prennent parti entre les formes et les méthodes de gouvernement. Mais ils discutent sur les principes de la légitimation et sur les contenus de ces formes.

[modifier] Bibliographie

  • Javad Javid, Droit naturel et droit divin - thèse sous la dir. de Henry Roussillon. Université des sciences sociales, Toulouse, 2005.
  • Jacques Ier Stuart, Basilikon doron (Du don royal), 1599
  • Jacques-Bénigne Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture Sainte, 1679.
  • François Bluche, Louis XIV, Fayard, 1986.
  • Père Philippe A C.ss.R. Le Catéchisme des droits divins dans l'ordre social

[modifier] Mises en œuvre

[modifier] Cas de la monarchie française

L'Église franque, puis française, a imposé à la monarchie, depuis Clovis, le droit divin, à savoir l'affirmation que Dieu est maître des trônes qui ont prétention à gouverner le peuple chrétien. Le droit de Dieu s'exerçait notamment :

  • à tout moment par la prédication et la juridiction de son Église (entendue comme l'Église catholique officielle), y compris éventuellement l'excommunication du roi infidèle ;
  • lors du sacre, par cette investiture nécessaire même lorsque l'élection par les grands feudataires aura disparu ;
  • par la succession par primogéniture masculine (dans une théologie où Dieu est celui « qui fait mourir et qui fait vivre »), afin d'empêcher les calculs politiciens pour « marier l'héritière » (dans une société où il était difficile pour une femme de s'imposer jeune).

Cette conception qui séparait pouvoir spirituel (des évêques, même nommés par le roi) et pouvoir temporel (du roi par naissance, même soumis à l'Église) est loin d'avoir toujours rencontré les faveurs des monarques ! Les derniers Mérovingiens et les Carolingiens ne s'y sont guère pliés, préférant être les maîtres en toutes choses, à la manière des rois germaniques. Les Capétiens eux-mêmes rechigneront parfois. Les guerres de religion seront l'occasion pour l'État français de se replacer au-dessus de l'Église, par l'édit de Nantes. Louis XIV poussera à l'extrême l'utilisation de la religion pour justifier sa mainmise du pouvoir, suite au traumatisme politique de la Fronde. Sa monarchie absolue ne reposait donc plus sur le droit divin manifesté par la loi salique et le sacre, mais désormais tous devaient s'agenouiller devant le Roi-Soleil.

Cette nouvelle conception fera peut-être partie des raisons qui mèneront le peuple souverain, représenté désormais hors de tout autre droit que le sien, lors de la Révolution française, à proclamer la déchéance du Roi en même temps que les Droits de l'homme.

[modifier] Cas du Vatican

En Europe, le seul régime qui peut être assimilé à une "monarchie absolue" à l'heure actuelle est le Vatican, où la légitimité du pape est basée sur le principe qu'il est censé avoir été nommé par Dieu. Il faut néanmoins souligner que, selon les règles de l'Église catholique, son pouvoir s'exerce dans le cadre de la collégialité des évêques. Et d'autre part, que pour toutes les Églises chrétiennes, c'est Dieu qui, en dernière instance, confie la charge de gouverner à ceux à qui elle échoit, quel que soit le mode de leur désignation.

[modifier] Cas de Jacques Ier d'Angleterre

Notons qu'en Angleterre, l'emploi du Droit divin comme source du pouvoir relève du domaine de la généalogie.

La devise de la Maison d'Angleterre est – en français – Dieu et mon Droit (c'est-à-dire "Je règne avec la bénédiction divine").

Pour se justifier du droit divin par la généalogie, les héritiers de la Couronne tracèrent une lignée remontant au Roi David de l'Ancien testament :

Ces conceptions furent reprises depuis le Moyen Âge anglais par l'historiographie anglo-saxonne tirée de Bède le Vénérable ; s'opéra une synthèse portant sur l'Historia regum Britanniae des Bretons de l'île, qui les fait descendre leurs rois légendaires (tels Vortigern) de Britannicus jusque l'Antiquité classique via un ancêtre troyen.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

  • DROIT NATUREL ET DROIT DIVIN COMME FONDEMENTS DE LA LÉGITIMITÉ ...

www.biu-toulouse.fr/uss/scd/theses/fiches-pdf/javid-m-j/ThMJJavid.pdf