Denis Kambouchner

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Denis Kambouchner, né le 26 juin 1953 à Paris dans une famille de journalistes (il est le neveu de Kamb, le célèbre dessinateur de Pif Gadget), est un philosophe et historien de la philosophie français.

[modifier] Etudes et travaux philosophiques

Reçu 1er à l'Ecole normale supérieure (1974) et à l'agrégation de philosophie (1976), il a directement enseigné dans le supérieur, sans passer par l'expérience du professorat en lycée : il a été en poste aux universités de Besançon, Clermont-Ferrand et Paris X Nanterre, ainsi qu'à l'ENS. Il est actuellement professeur à l'Université Paris I Sorbonne. Elève et proche de Jacques Derrida, à l'œuvre de qui il a consacré plusieurs études, Denis Kambouchner s'est orienté vers l'étude de la philosophie de Descartes, avec une thèse d'Etat (1990) dirigée par G. Brykman et publiée en 1995 sous le titre L'Homme des passions (Albin Michel, 2 vol). Il est également l'auteur, avec Frédéric de Buzon, d'un Vocabulaire de Descartes (Ellipses, 2002) et a entrepris un nouveau commentaire des Méditations Métaphysiques (un seul volume paru, PUF, 2005). Il co-dirige, avec Jean-Marie Beyssade, la nouvelle édition des Œuvres de Descartes à paraître chez Gallimard dans la collection « La Pléiade ». Cherchant d'abord à étudier dans leur complexité les relations entre l'âme et le corps dans la théorie cartésienne de l'homme, Denis Kambouchner s'efforce de montrer le travail de pensée propre à Descartes et de soustraire la philosophie cartésienne à certaines interprétations réductrices. L'ambition la plus générale de la pensée cartésienne peut être rapportée à « la plus parfaite installation de l'ego dans son monde ». Pour la cerner, Denis Kambouchner a forgé le concept d'« espacement du vrai », visant à caractériser l'effet d'une rationalité assurée de son savoir et ironique.

Il a participé à l'organisation du nombreux travaux collectifs. Citons par exemple l'ouvrage à vocation scolaire : Notions de philosophie (Folio-Gallimard, 1995, 3 vol.), où il a signé l'article sur « La culture ». Avec François Jacquet-Francillon, il a organisé une rencontre de la Sorbonne sur La crise de la culture scolaire: origines, interprétations, perspectives (actes parus aux PUF, 2005). Il est aussi le responsable du numéro de la Revue de Métaphysique et de Morale : « Penser l'éducation aujourd"hui » (automne 2007).

[modifier] Interventions politiques

Tirant arguments de son travail philosophique[1], il s'est illustré dans le débat public par ses interventions concernant les politiques éducatives. En août 2000, il publie un traité de réfutation des positions pédagogiques de Philippe Meirieu, sous le titre polémique Une école contre l'autre[2]. Faisant peu de cas des nombreux travaux contemporains comme ceux de Bernard Charlot[3], il affirme l'urgence d'ouvrir à nouveau la réflexion philosophique sur l'école :

  • « Exception faite de quelques travaux courageux, il faut bien faire état d'une sorte d'assèchement, dont témoignent aussi bien l'inexistence presque absolue de la philosophie de l'éducation comme spécialité universitaire que le faible intérêt marqué dans l'Université et autour d'elle pour la définition des tâches, contenus et structures d'un nouvel enseignement de masse. »[4]

Sa nomination en 2007 comme président du jury de l'agrégation externe de philosophie[5] marque aussi la reconnaissance officielle de l'intérêt politique de ces interventions. Son hostilité aux réformes des socialistes comme Lionel Jospin l'amène en effet à soutenir toute proposition de retour à une éducation plus classique, comme le préconise aussi Alain Finkielkraut. Après la tribune publiée dans Le nouvel observateur par Luc Ferry et Jack Lang contre leur ancien collègue Xavier Darcos et ses nouveaux programmes scolaires présentés au printemps 2008[6], il prend ainsi la plume pour apporter, dans les colonnes du journal Le Monde, un soutien sans ambages à la politique du ministre de l'Éducation nationale[7]. Il y reprend la rhétorique proche des slogans d'Henri Guaino qu'utilise M. Darcos pour présenter sa réforme :

  • « Au principe "enseigner moins pour enseigner mieux", il s'agit donc de préférer cet autre : "enseigner mieux en enseignant plus" - "plus" ne voulant pas dire ici plus longtemps, mais en transmettant davantage, à commencer par les bases. Un tel principe est-il réactionnaire ? Nullement. Sera-t-il aisément reçu ? C'est autre chose. »

Comme exemple de ce « plus » de concentration, le ministère avait, début 2008, supprimé 7 postes sur 47 pour l'agrégation de philosophie[8], que Kambouchner préside en cette session commencée le 15 avril[9].

[modifier] Notes et références

  1. Jacques Derrida avait qualifié l'approche du politique par son ancien élève, de « protocoles formalistes » qui n'étaient peut-être pas délivrés de tout « fondamentalisme ». Le retrait du politique, Galilée, 1983, p. 158.
  2. Aux Presses Universitaires de France, collection « Questions actuelles ».
  3. Cf. ibid. p. 149 n. 1.
  4. Ibidem, p. 7.
  5. Bulletin officiel du ministère de l'Education nationale, 17 avril 2007.
  6. Le nouvel observateur du jeudi 13 mars 2008.
  7. « Ecole, révision indispensable », Le Monde, 9 avril 2008.
  8. Information publiée sur le site du SIAC, [1].
  9. Information publiée sur le site Publinet, [2].