Dandachi

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les Dandachi ou Dandashi (en arabe دﻨﺪﺸﻲ) sont une famille libano-syrienne, dont son fief historique est aujourd'hui partagé entre le nord du Liban (District du Akkar) et la Syrie (Provinces de Homs et de Tartous). Une forme plurielle existe pour désigner la famille ou la tribu par Al Danâdicha (ﺍﻟﺪﻨﺎﺪﺸﺔ). La famille est exclusivement de confession musulmane sunnite. Les membres de la famille sont originaires de quatre villages dont trois au Liban (Machta Hassan, Machta Hammoud, Ouadi Khaled) et Tell-Kalakh en Syrie, qui est la "capitale" historique du fief familial.

La famille est divisée en plusieurs branches :

  • A Tell-Kalakh :
    • Les Othmanides dont sont issus les Al Mohammad par exemple;
    • Les Abbassides (à ne pas confondre avec la dynastie caliphale);
    • Les Brahimides.
  • A Machta Hassan :
    • Les Isberides dont sont issus les El Assaad, les El Restom (dont sont issus les Ezzeddine);
    • Les Assaadites dont sont issus les El Kanj par exemple;
    • Les Derbassides.
  • A Machta Hammoud :
    • Les Abboud.

Sommaire

[modifier] Origines et histoire

Les Dandachi sont des arabes chammarites, de la lignée de Daygham et descendant des Bani Himyar. Ils descendent du roi himyarite Abîkarib As'ad qui se convertit au judaïsme en 380. Les Himyarites descendent de Qahtan (Yoktan dans la bible), ancêtre des Arabes du sud (Yémen). Ils sont des ʿArabu'l-ʿAriba, c'est-à-dire des Arabes arabes ou Arabes purs.

De manière complète, les Dandachi descendent de : 'Obaid ben Rachîd ben 'Arar al-Daîghamî ben Mâlek ben Zeîd ben Kahlân ben Abîkarib As'ad ben Bakr ben Asad al-bîda ben Hassân ben Tobba' ben Himyar ben Saba ben Yachjob ben Ya'rob ben Qahtan.

Ils vécurent dans le Houran, région de la Syrie méridionale, sous le patronyme d'Al Fuhayli. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, ils escortaient et protégeaient, des pillards et des voleurs, les pèlerins en partance pour La Mecque, à travers le désert de Syrie et la Jordanie actuelle. Ils étaient appelés les Din Daşi ou Dindaşli, qui voulait dire en ancien turc "les protecteurs de la religion".

Au début des années 1680, le sultan ottoman Mehmed IV (1648-1687), donna le titre héréditaire de Agha (آغا), du turc "souverain" ou "chef", à tous les membres mâles de la tribu. A l'époque, elle était dirigée par Isma'îl ben Na'mour. Ce titre donna une distinction et une importance à la famille qui prit comme nouveau patronyme la forme arabisée de Dindaşli, qui devient alors Al Dandachi. Par la même, le sultan offrit une propriété immense en Syrie, entre les villes de Homs et Tripoli, Tartous et El Hermel. Au sein de ce fief, tous ce qui s'y trouvaient (paysans et leurs familles, animaux et terres agricoles) devinrent la propriété exclusive des Dandachi.

Le tire de Agha est une distinction militaire qui était placée après le prénom des personnes qui la recevaient. Ce titre eût une signification officielle jusqu'en 1918. Cependant, il est encore utilisé aujourd'hui de manière honorifique par les membres de la famille. Certains par la suite obtinrent en plus le titre de Bey (ou Beik en arabe) signifiant en turc "chef de clan". Mais ce titre n'est pas héréditaire.

[modifier] Les Dandachi lors des bouleversements de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle

Cette période de l'histoire est une époque charnière pour le monde et pour l'Empire Ottoman. Cette période fût marquée par la montée des nationalismes en Europe, puis dans l'Orient ottoman. Le mouvement des Jeunes-Turcs pris le pouvoir à Istanbul en 1908. Son objectif était la constitution d'un État exclusivement turc, rejetant les autres composantes de l'Empire (Arabes, Arméniens, Kurdes...). Les Dandachi, de part leurs liens généalogiques, restèrent attachés à leur identité arabe. Ils vont donc commencer à être sensible aux mouvements nationalistes arabes.

Certains membres de la famille accédèrent à l'époque à des postes importants au sein de l'administration impériale ottomane. Ce fût le cas par exemple de Mustafa Bey El-Assaad Al-Dandachi, qui était député au Parlement ottoman à Istanbul. Ce dernier se rapprocha du l'émir Fayçal, fils de Hussein ibn Ali (chérif de la Mecque), et député de la Villayet de Djeddah, qui se lia aux nationalistes arabes pour la création d'un grand royaume arabe avec comme souverain son père.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les Turcs s'allièrent à l'Allemagne. Les Britanniques vont alors soutenir les Arabes dans leur Grande Révolte de 1916 (voir révolte arabe), à laquelle les Dandachi vont participer.

A la fin de la Grande Guerre, certains Dandachi vont se rendre à la Conférence de Paris de 1919, au sein de la délégation arabe avec à sa tête l'émir Fayçal. Parmi eux on peut citer Mustafa Bey El-Assaad Al-Dandachi, qui fût décoré en 1919 Commandant de l'ordre de la Renaissance (Wissam al-Nahda) et Mohammad Agha El-Kanj Al-Dandachi.

Citons également Mohamamad Agha El-Khaled El-Restom Al-Dandachi qui fût également décoré de l'ordre de la Renaissance par le Chérif Hussein ibn Ali.

[modifier] La Révolte des Dandachi de décembre 1919

La société des nations (SDN) va entériner les accords Sykes-Picot de 1916 signés entre la France et la Grande-Bretagne, qui partage les territoires arabes de l'Empire ottoman. La France va se voir attribuer un mandat sur le Liban et la Syrie. Cependant, une partie de la Syrie reste sous contrôle arabe. Le fief des Dandachi est quant à lui sous occupation militaire française. La famille accepta mal cette présence, l'armée française se comportant comme si elle était en pays conquis alors qu'ils furent alliés quelques mois auparavant contre les Turcs.

Tout va se gâter lors de la nomination du Général Henri Gouraud au poste de Haut-Commissaire au Levant, le 5 octobre 1919.

Le 8 décembre, des Dandachi vont tirer sur des officiers français désarmés en promenade à cheval. Quelques jours plus tard, c'est près de 400 cavaliers Dandachi qui attaquèrent l'armée française à Tell-kalakh, capitale du fief familiale. Ils vont prendre d'assaut le Sérail réquisitionné par l'armée française, situé dans la localité. Le drapeau français sera arraché et le drapeau arabe hissé à sa place au-dessus du bâtiment. Le Général Gouraud va envoyer un bataillon pour venir en aide à l'armée française et rétablir la situation. Naturellement, les Dandachi sont en infériorité et la révolte va vite être matée.

Cette défaite va créer un mouvement de panique au sein de la famille. Les hommes ayant survécus vont rejoindre Femmes, enfants et personnes âgées ayant pris la fuite juste avant la révolte. Certains n'ont réussi à s'enfuir, comme Ahmed Agha El-Hussein Al-Dandachi, qui fut arrêté puis condamné. Il sera exécuté par pendaison le 21 janvier 1920 dans la cours de son palais à Tell-Kalakh.

D'autres Dandachi vont être condamnés à verser des indemnités à l'Etat français:

  • Assaad Al-Mohammad et son fils Fayyad : 2000 Livres d'Or, une jument et un cheval
  • Hassan El-Ali et son fils Sami : 2000 Livres d'Or et trois juments
  • Mohammad El-Ali et son fils Qassem : 250 Livres d'Or et un cheval
  • Sleiman El-Khaled : 75 Livres d'Or et un cheval
  • Mohammad El-Jassem et ses frères : 1500 Livres d'Or et trois juments
  • Diab El-Othman : 500 Livres d'Or et deux chevaux
  • Mohammad El-Mahmoud : 500 Livres d'Or et un cheval
  • Imad el-Din El-Ibrahim et son frère : 500 Livres d'Or et deux chevaux
  • Ibrahim Arnous (Non Dandachi) : 150 Livres d'Or et un cheval
  • Abdelkarim El-Fayyad : 750 Livres d'Or et un cheval
  • Mohammad El-Kanj et son fils Khaled : 250 Livres d'Or et un cheval
  • Kadhem Mohammad El-Assaad : 20 Livres d'Or
  • Assaad Al-Mohammad : 20 Livres d'Or
  • Omar El-Ibrahim et son fils Mohammad : 500 Livres d'Or et deux chevaux
  • Abdellatif El-Restom : 1500 Livres d'Or et deux chevaux
  • Ahmed El-Jezzar : 150 Livres d'Or et un cheval
  • Khaled El-Jezzar : 150 Livres d'Or et un cheval
  • Mohammad El-Jezzar : 100 Livres d'Or et un cheval
  • Khaled El-Ibrahim : 300 Livres d'Or et un cheval
  • Assaad El-Ibrahim : 50 Livres d'Or et un cheval
  • Hussein El-Hamid : 150 Livres et un cheval
  • Badr El-Hamid : 50 Livres d'Or et un cheval
  • Mustafa Abdelhamid : 50 Livres d'Or et un cheval
  • Hajj Hussein El-Abboud : 500 Livres d'Or et un cheval
  • Abdellatif El-Kanj : 20 Livres d'Or et un cheval
  • Mohammad El-Restom : 20 Livres d'Or et un cheval
  • Abdelfattah El-Ali El-Abboud : 100 Livres d'Or et un cheval
  • Abdellatif El-Omar El-Abbas : 40 Livres d'Or et un cheval
  • Hassan El-Hassan et ses fils : 120 Livres d'Or et un cheval

Suite à l'échec de la révolte, les Dandachi vont déserter leur fief pendant quelques années, et s'établir à Tripoli et à Homs.

[modifier] L'après-révolte ou le début du déclin

L'hostilité des Dandachi à l'égard de la présence française va avoir des conséquences pour la famille. Lorsque l'État du Grand-Liban est proclamé par le Général Henri Gouraud le 1er septembre 1920, les frontières de son territoire va traverser le fief familial. En effet, la frontière est établie au Nahr el-Kebir et coupe la plaine de Bqaaya. Les villages de Machta Hassan, Machta Hammoud et Ouédi Khaled vont se trouver du côté libanais et Tell-Kalakh, en Syrie.

Cependant, certains vont continuer à lutter contre la présence française au Liban et en Syrie, mais politiquement. Le docteur Abdelrazak El-Restom Al-Dandachi, diplômé de la faculté de droit de Bruxelles, va fonder au début des années 30, le Hezb Al'Amal Alqawmi, un parti nationaliste arabe. Son leïtmotiv était la désobéissance civile, et appelait à la grève ou au boycott de l'administration mandataire.Il mourût le 5 juillet 1935 dans un mystérieux accident de tramway à Damas. On y accuse la main des services français. Cependant, certaines rumeurs disent que Michel Aflaq, fondateur du parti de la résurrection arabe ou Parti Baas (Hezb alba'th al'arabi), aurait fait éliminer Abdelrazak Al-Dandachi pour des raisons politiques.

Autrement, beaucoup vont intégrer des partis nationalistes, notamment le parti social nationaliste syrien, fondé en 1932 par le Libanais Antoun Saadé.

Cette révolte va sonner le glas de la puissance tribale des Dandachi pour plusieurs raisons. Outre, leur hostilité envers la France qui a coûté très cher autant en vie humaine que financièrement, les Dandachi sont restés fidèles au Roi Fayçal et à l'idée de l'intégration de la Syrie au sein d'un royaume arabe unique. Donc au moment où Fayçal se fait chasser du pays, et où la République est proclamée en Syrie, les Dandachi étaient d'office écartés de tout espoir d'avoir des responsabilités au sein de l'administration syro-libanaise sous mandat français. Même si ce déclin n'est que politique dans un premier temps, elle deviendra sociale puis économique à partir du début des années 60. En effet, l'élite traditionnelle issue de l'Empire ottoman, duquel les Dandachi font partis, sera accusée de la perte de la Palestine en 1948. Les coups d'États militaires orchestrés par des officiers issus de la classe paysanne aux idées socialisantes vont se suivre en Syrie, en Égypte et en Irak. Cependant, l'union de la Syrie et de l'Égypte au sein de la République arabe unie est applaudie par la majorité des Dandachi au nom du nationalisme arabe.

Le coup d'État baasiste de 1961 qui mis fin à l'union va avoir des conséquences désastreuse pour la famille. Le régime va confisquer les terres appartenant à la famille depuis des siècles, privant ainsi les Dandachi de leur source de revenus. S'en suit une période où les Dandachi vont vivre une situation économique difficile parfois même désastreuse dans certains cas. Les choses vont davantage se dégrader avec l'arrivée au pouvoir de Hafez el-Assad en 1970. Celui-ci est issu de la communauté alaouite or les paysans qui servaient jadis les Dandachi étaient issus de cette communauté. Ces paysans se souviennent toujours de la maltraite des Dandachi envers leurs ainés.

Les années 70 et 80 vont être caractérisées par une immigration économique principalement vers l'Arabie saoudite et le Koweït, mais aussi en France et aux États-Unis. Cette immigration est une immigration de long terme, les migrants restant dans le pays d'accueil après leurs études pour y travailler.

[modifier] Les Dandachi aujourd'hui

Ces expatriés vont se distinguer dans des domaines aussi variés que les affaires, la finance, la médecine ou l'architecture. Comme par exemple le syro-saoudien Fayyad Dandashi qui établit la première banque de sang privée en Arabie Saoudite ou encore le riche homme d'affaires syro-émirien Mortada Al-Mohammad Al-Dandachi connu notamment pour un projet de centre commercial à Homs où il a investi près 80 millions de dollars. Notons également un retour des Dandachi à la politique au Liban, avec l'élection en 2005 du docteur Azzam Dandachi à la députation.

Politiquement d'ailleurs, il n'existe pas une unité chez les Dandachi. Une partie soutient le courant du 14-mars de Saad Hariri (dont fait parti Azzam Dandachi) et l'autre, celui du 8-mars.

La famille Al Dandachi se distingue aujourd'hui par son attachement à ses traditions arabes ancestrales, à la Kabaîliya c'est-à-dire la conscience d'appartenir à une tribu, à la solidarité parmi ses membres, le culte des ancêtres, ainsi qu'à son histoire singulière, faite de gloire et de décadence. Même la jeune génération née à des milliers de kilomètres de Tell-Kalakh voue un culte à leurs ancêtres. Également, les mariages entre branches sont encore très fréquents au XXIe siècle. Ces alliances intra-familiales ont notamment pour but de préserver le patrimoine familial.

Outre le Liban et la Syrie, les Dandachi sont établis pour la grande majorité à Dubaï, Abou Dhabi, Djeddah, Koweït City, mais aussi aux États-Unis, en France et au Canada.

[modifier] Personnalités

Ahmad agha El-Hussein Al-Dandachi

Mustafa bey El-Assaad Al-Dandachi

Docteur Abdelrazak El-Restom Al-Dandachi

Ali bey Al-Dandachi

Docteur Azzam Dandachi

Ayman Nawaf Dandashi

Fayyad Dandashi