Déisme

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Le déisme, du latin deus (dieu) est la croyance en un Dieu, mais pas en son instrumentalisation religieuse. Les déistes ne croient ni aux prêtres, ni à une « Église », ni à des textes sacrés ou des messies. Le déisme consiste donc en l'affirmation, hors de toute révélation religieuse, de l'existence d'un être suprême dont la nature et les propriétés restent inconnues.

Selon certains auteurs athées, le déisme serait un athéisme non abouti, ce que nient les déistes.

Sommaire

[modifier] Historique

C'est dès le XVIe siècle qu'apparaît cette notion intermédiaire entre le théisme chrétien et l'athéisme. Il ne s'agit plus ici de transcendance divine mais d'immanence. L'authenticité historique de la Révélation dans les Écritures est contestée : l'Être suprême devient directement perceptible aux facultés de l'Homme.

Parce que le déisme prétend se passer des dogmes révélés de la religion, et même les contester, il fut, dès le XVIIe siècle, l'une des cibles privilégiées du christianisme, au même titre que l'athéisme.

Depuis Kant (XVIIIe siècle), il est d'usage de distinguer déisme et théisme. En effet, ce dernier veut déterminer par la raison la nature de Dieu, alors que le déisme se contente d'affirmer son existence, sans prétendre pouvoir la comprendre.

Voltaire se déclarait déiste, notamment dans son article intitulé « Prière à Dieu ». Le Dieu déiste est universel, il n'y a pas d'intermédiaire entre les êtres et Dieu, ce Dieu est bien supérieur à la « petitesse humaine » (il assimilera d'ailleurs les hommes à des « atomes » : on ne peut plus petit que l'homme), et ne s'occupe donc pas de ses affaires, ses cultes, ses rites et autres superstitions. Cette conception d'un Dieu distant se résume dans ces deux alexandrins du Français : « L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger ».

Dans l'entourage de Newton et alimenté par la nouvelle compréhension de l'Univers que font entrevoir ses théories, le déisme donna naissance à l'idée d'une religion naturelle dont font écho les premières Constitutions d'Anderson qui fondent la franc-maçonnerie moderne en 1723.

Le déisme inspira de nombreuses déclarations d'hommes politiques américains à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle (Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et Thomas Paine). La notion de créateur apparaît dans la Déclaration d'indépendance américaine de 1776.

[modifier] Deux conceptions de l'Être suprême et du déisme au XVIIIe siècle

L'Abbé Mallet dans l’article « déistes » de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers cite longuement M. l’abbé de la Chambre, docteur de Sorbonne, qui, dans un traité de la véritable religion imprimé à Paris en 1737 distingue deux types de déistes[1] :

  • « La première espèce de Déistes avance et soutient ces propositions : il faut admettre l’existence d’un être suprême, éternel, infini, intelligent, créateur, conservateur et souverain maître de l’univers qui préside à tous les mouvements et à tous les événements qui en résultent... ». Il semble être fait référence ici à Newton et aux déistes anglais, car au début de son article, l'Abbé Mallet fait référence aux Unitariens et à de prétendus esprits forts anglais.
  • « La seconde espèce de Déistes raisonne tout autrement. L’être suprême, disent-ils, est un être éternel, infini, intelligent, qui gouverne le monde avec ordre et avec sagesse ; il suit dans sa conduite les règles immuables du vrai, de l’ordre et du bien moral, parce qu’elle est la sagesse, la vérité, et la sainteté par essence. Les règles éternelles du bon ordre sont obligatoires pour tous les êtres raisonnables... ». Cette conception s'inscrit dans la tradition de Malebranche et de Leibniz

[modifier] Références

  • Mallet, 1988, [1751-1780], "Déistes" in Diderot, D'Alembert, L'Encyclopédie, volume 4, Friedrich Frommann Verlag, p.774
  • Voltaire, 1763, "Traité sur la Tolérance, Prière à Dieu" [2].

John Locke "le caractère raisonnable de la chrétienté"

[modifier] Notes

  1. 4 Cette différence entre ces deux formes de déisme est essentielle pour comprendre la controverse Newton Leibniz du début du XVIIIe siècle et celle sur le système de l’optimisme vers 1750. Elle n’est pas sans influence sur la façon d’interpréter la main invisible dans l’œuvre d’Adam Smith et peut-être sur l'évolution des relations entre Diderot et d'Alembert
  2. Le Traité sur la tolérance est un essai philosophique où Voltaire développe ses idées contre le fanatisme et la persécution. Le texte a la forme d'une prière en apparence, en réalité le contenu de la demande du texte est adressé aux hommes. Le but de Voltaire est d'amener les hommes à une tolérance mutuelle sur le plan religieux et social. C'est un appel à la fraternité entre les hommes. C'est un texte qui développe également le déisme de Voltaire : condamnation de la hiérarchie et des pratiques religieuses qui divisent les hommes. Ce texte fait partie du combat qu'ont mené au 18ème Siècle les philosophes pour la tolérance et le respect entre les hommes.

[modifier] Voir aussi