Coteaux-du-tricastin

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La proximité de l'AOC côtes-du-Rhône fait que l'on assimile souvent les coteaux-du-tricastin à sa grande voisine. Pourtant il s'agit d'une appellation bien distincte.

Le vignoble s'étend au sud de Montélimar sur la plaine et les contreforts du Tricastin.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Antiquité

A l’époque augustéenne, dans la Provincia, est fondé la «Colonia Julia Augusta Tricastinorum » [1].

Sur ordre de Vespasien, en 77, le territoire d’Orange, alors cité du Tricastin, est cadastré[2]. Le cadastre B, le plus complet, couvre la partie septentrionale d’Orange, c’est à dire l’actuel Tricastin. Sur certaines parcelles, l’inscription TRIC RED (tricastinis redditarei publicae) signale les terres et les vignes que les autorités rendirent aux Tricastini.

La plus importante unité viti-vinicole de l'antiquité, la villa du Mollard a été mise à jour au sud de Donzère. Elle s’étendait sur deux hectares. L’entrepôt des vins de 70 x 15 m contenait deux travées abritant 204 dolia. L’exploitation a été datée entre 50 et 80 de notre ère.

Il ne fait aucun doute que tout ou partie de sa production fut expédiée par le Rhône en tonneaux, à l’exemple de la scène représentée sur la stèle de Colonzelle (Ier siècle) toute proche. Située sur le porche d’un prieuré clunisien, elle représente le levage de quatre tonneaux et leur embarquement sur un navire marchand.

[modifier] Moyen-Âge

En 680, l’abbé Lambert de Fontenelle quitte sa charge pour devenir archevêque de Lyon. Huit ans plus tard, le prélat fonde à Donzère un monastère qui replante l’antique vignoble[3].

Le Xe siècle va âtre celui de Cluny. En 954, l’abbaye reçoit des Adhémar des «villae », avec leurs vignes, champs et bois, situées dans le Tricastin. En 958, Conrad le Pacifique cède à Cluny l’abbaye de Saint-Amand de Clansayes, près de Montségur-sur-Lauzon. Cette donation est confirmée, un an plus tard, par le roi Lothaire.

En 993, tandis que la «villa Sancti Restituti » (Saint-Restitut) augmente la manse viticole du siège épiscopal du Tricastrinus, le comte Lambert d’Adhémar donne à dom Maïeul, abbé de Cluny, des «villae » avec leurs vignes dans le terroir du Tricastin.

Au XIIe siècle, les Princes d’Orange édifient le château de Suze-la-Rousse, c'est aujourd’hui siège de l’Université du Vin.

Lors de sa guerre en Valdaine[4], le 5 janvier 1392, Raymond de Turenne fait déposer à Valence une plainte contre la ville de Montélimar. Il accuse le Conseil de la Ville d’avoir saisi un convoi lui appartenant. Il réclame l’annulation de cette prise et qu’on lui rende ses dix-neuf mulets chargés de blé, de fromages et de «vin de benne »[5].

Ce «vin de benne » prouvait pourtant que ce convoi avait une origine douteuse. Ce type de vin était obtenu par récupération du jus lors du transport des «tombadou » (bennes à vendange) au seigneur décimateur. Il coulait par saignée – méthode utilisée pour obtenir actuellement des vins rosés – et était recueilli par les paysans grâce à des seaux judicieusement placés. Il était encore appelé «vin couladou ».

[modifier] Période moderne

La Marquise de Sévigné, qui vécut longtemps, auprès de sa fille à Grignan, comparait les raisins du terroir à «des grains d’ambre qui vous feraient fort bien tourner la tête si vous en mangiez sans mesure ».

[modifier] Carte d'identité de l'appellation

[modifier] Notes et références

  1. Le nom de Tricastinorum fut ensuite déformé en « Trois Châteaux », il se retrouve dans Saint-Paul-les-Trois-Châteaux.
  2. Sur ces cadastres romains, uniques au monde, étaient affichés publiquement afin que les particuliers restituent les terres publiques ou privées qu’ils s’étaient appropriées.
  3. Donzère devient une dépendance de Tournus à la fin du IXe siècle, les prieurés de la Motte de Galaure, la Garde-Adhémar et du Val des Nymphes lui sont rattachés.
  4. Cf. Tristan, le Bâtard de Beaufort.
  5. Cf. Baron de Coston, Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville, T. 1. Montélimar, 1878.
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