Cockney

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Le terme cockney désigne les Londoniens issus de la classe ouvrière et habitant l'est de la ville. Selon la tradition, ce mot qualifie, au sens strict, ceux qui pouvaient entendre sonner les cloches de Bow, c'est-à-dire les cloches de l'église St Mary-le-bow. Les cloches furent muettes de la Seconde Guerre mondiale jusqu'en 1961.

Sommaire

[modifier] Origine du mot

Le mot cockney fut employé pour la première fois au début du XVIIe siècle par Samuel Rowlands dans sa satire The Letting of Humours Blood in the Head-Vaine où il fait référence à un « Bow-Bell Cockney ».

Selon le dictionnaire Webster's New Universal Unabridged Dictionary, le mot cockney pourrait dériver de l'expression française « Pays de Cocagne », expression que les Normands utilisaient pour désigner Londres, lieu d'oisiveté et de luxe. Une autre étymologie possible est celle de l'expression formée à partir de cock (coq) et egg (œuf), désignant un œuf mal formé (1362), puis au sens figuré une personne ignorant les coutumes locales (1521).

La région recouverte par le terme cockney, au sens indiqué dans l'introduction, a varié au fur et à mesure.

[modifier] Le parler cockney

[modifier] L'accent

Le cockney désigne aussi la façon de parler des Cockneys. C'est un accent très populaire en ce sens qu'il dénote une classe sociale basse. Il est possible que l'accent cockney soit au départ une imitation de l'accent français, qui représentait l'accent de la haute société dans les temps anciens. Les caractéristiques du cockney speech sont les suivantes :

Tout d'abord, on retrouve des composantes régionales qui dénotent le sud et le sud-est:

  • les a sont prononcés graves et longs avant les consonnes affriquées: grass [grɑ:ss], gaff [gɑ:f], etc.
  • l'accent est non-rhotique, c'est-à-dire que les R finals ne se prononcent qu'à la liaison, comme en anglais standard.
    • winner [wɪnə], the winner is [ðəwɪnəʁɪs].
    • door [do:], door opening [do:ʁəʊpnɪŋ]
  • Le R silencieux peut venir se prononcer là où il n'est pas écrit. data=dater
    • data [deɪtə], data analysis [deɪtəʁənælɪsɪs]

Au niveau des consonnes, on retrouve certains traits de l'accent français:

  • th sourd θ se prononce souvent comme f. Exemple : breath, prononcé [bref]
  • th sonore ð se prononce souvent comme v. Exemple : breathe prononcé [bri:v]
  • Le h initial tombe fréquemment. head prononcé [ed]

Ces réalisations peuvent se retrouver dans d'autres accents régionaux.

Il y a cependant deux détails qui indiquent infailliblement un parler de Londres :

  • Le l final ou précédant une consonne est réduit à un dark L très marqué, proche d'un [o] ou d'un [ʊ]. milk se prononcera [mɪok].
  • Le goat split est un phénomène complexe qui affecte l'ouverture de la diphtongue /əʊ/, la faisant se rapprocher de /aʊ/. Ainsi, know tendra vers now, tandis que le [aʊ] de now sera aplati en un [a:]. Cette ouverture est une division (split) du phonème car il ne l'affecte pas toujours : ainsi on pourra assister à la différenciation de deux homophones, par exemple holy et wholly qui se réaliseront respectivement [həʊli] et [hɑʊli]. (sans considérer la chute du h, cf supra.)
  • Les voyelles longues sont diphtonguées. Exemple : fleece, prononcé [fleɪs]

Les diphtongues fermantes ont également une distribution particulière en anglais de Londres, encore plus marquée en Cockney :

  • /eɪ/ ~> /aɪ/
  • /aɪ/ ~> /ɑɪ/ ; /ɔɪ/
  • /ɔɪ/ ~> /oɪ/

C'est ce que l'on appelle le diphthong shift. Ainsi, bee bay buy boy se prononcera [bi: beɪ baɪ bɔɪ] en anglais standard, et [beɪ baɪ bɑɪ boɪ] en Cockney. Ce décalage des diphtongues se retrouve aussi dans d'autres accents, notamment le Brummie (Birmingham).

  • L'ouverture de la voyelle [ʌ] est sensible.

London se prononcera [landn].

  • Le O long a tendance à se fermer.

Door sera réalisé plus proche de [do:] que du [dɔ:] standard.

  • Parfois, la voyelle de lot se fermera.

On peut l'entendre dans certains mots, comme cloth [clo:f] et stop [sto:p].

Cette consonne [ʔ] correspondant à l'attaque d'une voyelle vient remplacer le t en position médiane ou finale. Butter se dira [baʔə], mate [maɪʔ]. Ceci n'est pas typique de Londres mais dénote un parler des classes populaires. Tony Blair a pu être critiqué pour essayer d'émailler son discours de coups de glotte dans un but purement démagogique.

[modifier] Le rhyming slang

Les personnes parlant cockney utilisent volontiers le cockney rhyming slang, qui est un argot aux expressions imagées. Comme son nom l'indique, cet argot se base sur des rimes, mais ces rimes sont sous-entendues dans la pratique: l'idée de départ est de faire correspondre à tout mot une paire de mots avec laquelle il rime, puis de supprimer le second mot de la paire dans le langage parlé. Ex: stairs rimera avec apples and pears, et on dira donc apples pour dire escaliers. De même phone rimera avec dog and bone et dog voudra dire téléphone.

En pratique, le cockney n'utilise pas le rhyming slang à foison. Aussi sa surutilisation est souvent révélatrice d'une contrefaçon de l'accent, ce qu'on appelle couramment le mockney, que nombres d'acteurs, chanteurs, etc. adoptent.

[modifier] cockney celebres

[modifier] Fictions

[modifier] Personnalités

David Beckham, David Bowie, Mike Skinner (de The Streets), Steve Marriott (des Small Faces), Eddie Argos ( d'Art Brut), Alfred Hitchcock, Jimmy Pursey (de Sham 69) et Keira Knightley, Pete Doherty ou encore Kate Nash figurent parmi les Cockneys les plus connus.