Château du Taureau

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48° 40′ 33″ N 3° 53′ 04″ W / 48.67573, -3.88447

Le château du Taureau est un ouvrage militaire de défense de Morlaix élaboré suite au pillage de la ville en 1522... Le traumatisme est si fort que, dès 1540, les bourgeois de la ville entreprennent la construction d'une forteresse sur l'îlot du Taureau qui verrouille la passe d'entrée de la baie. Elle se composait d’une tour d’artillerie - la Tour Française peut-être due à l’architecte de la Renaissance Philibert de l’Orme, et de canonnières situées au ras de l’eau. Le Taureau deviendra rapidement l'emblème de la cité.

A la fin du XVIIe siècle, un nouveau fort est construit sur l'ancien. Le schéma directeur de la reconstruction est celui de Vauban, mais ce furent les ingénieurs Siméon Garangeau et Frézier qui menèrent la reconstruction à son terme. Le château est totalement achevé en 1745. Si économie et fonctionnalité semblèrent toujours guider l’évolution des travaux, en réalité il y eut toujours décalage entre les divers besoins et les possibilités réelles de l’édifice : le fort est jugé trop exigu !

Forteresse, garnison, octroi, cet édifice fut aussi une bastille, une maison de force où étaient emprisonnés des gentilshommes bretons à la demande de leur propre famille. Au XVIIIe siècle, un certain Tapin de Cuillé, écrivain fourbe et menteur, y passera 20 ans, sur simple lettre de cachet.

En 1902, Prosper Hémon publie une brochure sur Sébastien du Trévou, un lieutenant de vaisseau, commandant de la corvette Le Papillon en 1787 et 1788. Les démêlés du Comte du Trévou avec son équipage le firent enfermer au château du Taureau d’où il voulut s’évader. Son corps fut retrouvé fracassé sur les rochers de Plougasnou

Pendant trois siècles, le château du Taureau est un acteur de l'histoire de Bretagne et de France à l'instar du château d'If (rade de Marseille), de Saint-Malo, la cité-corsaire et de l'arsenal de Brest.

Sommaire

[modifier] Le XIXe siècle

En 1845, un fanal (de couleur blanche puis rouge) est installé sur l'échauguette nord du fort. Quatre des onze casemates (n° 2, 4, 6 et 10) sont armées par des canons de 30 livres modèle 1840 sur affut de fer modifié. La batterie basse est conçue pour tirer vers la passe de 200 mètres de largeur à bout portant… La batterie haute est constituée de neuf obusiers de 22 cm modèle 1827 sur affut de fer. D’un calibre de 221 mm, les obus pèsent un peu moins de 26 kg. Des travaux ont été réalisés pour cette nouvelle artillerie… L’ancienne cuisine du XVIIIe siècle abrite un poste de télégraphie tandis que le magasin aux vivres du bâtiment est devient la cuisine dotée d’un fourneau. Des latrines occupent la casemate n°1.

Le fort du Taureau continue à l'occasion à servir de prison : des communards, tel Blanqui, y sont relégués. Il est enfermé au fort du Taureau le 17 mars 1871 à la veille du début de la Commune. Blanqui occupe une pièce voutée appelée "salle de discipline". C'est là qu'il rédige L'Éternité par les astres, un essai philosophique sur l'univers et la condition humaine.

L’artillerie fait des progrès considérables rendant obsolètes de nombreuses fortifications. Désormais, c’est sous le roc que les hommes se protègent en attendant l’usage du béton armé. Le fort du Taureau est déclassé, tout comme le fort Cézon par la loi du 27 mai 1889, cette même année le fanal s'éteint définitivement. Au cours de la dernière période de tension politique avec l’Angleterre (affaire de Fachoda), le département de la Marine procède à l’installation de quatre canons à tir rapide sur la terrasse du fort, afin que le château serve de centre de dépôt et de ravitaillement pour les torpilleurs.

[modifier] Le XXe siècle

En 1905, un crâne et quelques ossements humains sont découverts dans les sous-sols du château du Taureau, mais l’affaire est bien vite enterrée… ; en effet, l’édifice intéresse avant tout par sa situation exceptionnelle. L'édifice, toujours propriété de l'État est classé au titre des Monuments Historiques le 29 juillet 1914, c’est l’un des tout premiers forts à être protégé en Bretagne.

De 1930 à 1937, le fort est loué par Mélanie Lévèque de Vilmorin, veuve du célèbre grainetier. La riche héritière convainc l’État, bien encombré d’un patrimoine aussi coûteux, de lui louer le site, dont elle fera sa résidence secondaire et où elle organisera de somptueuses réceptions de 1930 à 1937, date de son décès. Mélanie Lévèque de Vilmorin est la mère de Louise de Vilmorin, qui fut une conversationniste exceptionnelle et l'une des actrices principales de la vie mondaine et intellectuelle du Paris littéraire, des années trente aux années soixante. C'est sur les conseils d'André Malraux que Louise de Vilmorin se lança dans l'écriture de son premier roman, Sainte-Une fois, paru en 1934. Épistolière de talent, elle aimait jouer avec les mots ; elle correspondit avec des personnalités de son époque, hommes de lettres ou artistes. Dans les années 1950, elle se lança dans le journalisme, collaborant à Vogue et à Marie-Claire.

Durant la seconde guerre mondiale, les Allemands installent une pièce de défense contre avions sur la terrasse de la tour française.

Le fort est ensuite occupé pacifiquement pendant vingt-deux ans par une école de voile…

[modifier] 2006, la renaissance et l'ouverture au public

« Après le départ de l’école de voile en 1980, le château du Taureau est laissé à l’abandon. Le monument historique, livré aux furies de la mer, se dégrade rapidement, à la grande inquiétude de la population, attachée à ce symbole de la baie de Morlaix. Pour sauver le château de la ruine, une première association de promotion en créée en 1988. Elle regroupe les communes de Plouezoc'h, Carantec, Morlaix, Plougasnou, et l’Île de Batz... En 1994, une nouvelle impulsion est donnée au projet par le maire de Plouezoch Romain Guillou, qui favorise la constitution d’une seconde association élargie, regroupant aujourd’hui les communes de Plougasnou, Carantec, Plouezoc'h, Morlaix, l’Île de Batz, Roscoff, Saint-Martin-des-Champs, Henvic et Locquénolé. S’y associent de nouveaux partenaires comme l’État et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Morlaix. L’association Château du Taureau-Baie de Morlaix vient de naître... »

Le chantier de restauration du château a démarré officiellement le 26 mai 2000 ; la cale prévue par Vauban en 1689 est enfin réalisée. La restauration du fort maritime vient de s'achever après 6 ans de travaux. Il retrouve ainsi sa splendeur primitive et la Chambre de commerce et d'industrie de Morlaix, après avoir conduit une importante recherche historique sur le château, a fait le choix d’une orientation muséographique portant sur La vie quotidienne au Taureau au XVIIIe siècle.

Une nouvelle page d’histoire s’ouvre pour l’imposant vaisseau de granite, emblème du pays de Morlaix...

[modifier] Bibliographie

  • F. Le Coat, Louis Le Guennec, Le Château du Taureau, éditions Le Curieux / les éditions de la Plomée, Guingamp, (édition originale 1867 et 1920), réédition 1996, 160 p.
  • Guillaume Lécuillier, Le Taureau, Forteresse Vauban, Baie de Morlaix, éditions Skol Vreizh, Morlaix, octobre 2005, 144 p.
  • François de Beaulieu, Hervé Ronné, Le Taureau, sentinelle de la Baie de Morlaix, éditions Ouest France, Rennes, juin 2006, 32 p.

[modifier] Liens externes

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