Château de Kériolet

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Le Château de Kériolet est un château néo-gothique situé sur la commune de Concarneau, en Beuzec-Conq.

Monument Historique. Façades et toitures ; salle des gardes avec sa cheminée et ses vitraux. Inscription par arrêté du 21/12/1984.

Demeure privée.

Façade Sud du château de Kériolet. A droite, pavillon comprenant la "salle des gardes", la "chambre du Roy" et la statue équestre de Louis XII.
Façade Sud du château de Kériolet. A droite, pavillon comprenant la "salle des gardes", la "chambre du Roy" et la statue équestre de Louis XII.

Sommaire

[modifier] Un château breton

A la fin des années 1850, sous le Second Empire, Charles Chauveau est un bel officier d'origine champenoise. Il a à peine trente ans lorsqu'il rencontre la princesse russe Zénaïde Youssoupoff, née Narischkine, à la cour de Napoléon III. Zénaïde est devenue princesse Youssoupoff en épousant feu le prince Boris et de cette première union est né un fils, le prince Nicolas. La lignée princière Youssoupoff, d'origine arabe et tartare, a pour fondateur, au VIe siècle, un descendant du prophète Ali Ibn Abi Talib, gendre de Mahomet. Cette famille s'est ralliée à la Russie, s'est convertie à la religion orthodoxe et a participé à la conquête de la Sibérie. Les Youssoupoff possèdent de multiples propriétés et demeures, dont le fameux palais Youssoupoff à Saint-Pétersbourg. Situé au 94 quai de la Moïka, à proximité de la cathédrale Saint-Isaac, le palais conçu par Jean-Baptiste Vallin de la Mothe en 1760 fut la propriété du comte Shuvalov. En 1830, il entre dans le patrimoine des Youssoupoff qui le font réaménager peu après par Andréi Mikhaïlov et Ippolito Monighetti. L'élégant bâtiment jaune d'architecture classique, à la longue façade ornée de colonnes côté quai, comprend une cour demi-circulaire à colonnade ouverte sur le jardin. A l'intérieur on remarque, entre autres curiosités, l'imposant escalier d'honneur, l'exotique salle mauresque, l'exceptionnel théâtre à l'italienne blanc et or, de style Louis XV, de 180 places. Enfin, exposée dans les innombrables salles, galeries et salons du palais, une partie de la prestigieuse collection familiale d'oeuvres d'art, parmi lesquelles des portraits de famille, comme le tableau exécuté à Saint-Pétersbourg en 1797 par Elisabeth Vigée Le Brun, représentant la très belle et brillante princesse Tatiana Youssoupoff, nièce du prince Grigori Potemkine et soeur de la comtesse Skravonska. Quai de la Moïka, c'était la maison pétersbourgeoise de Zénaïde, qui y avait son salon ouvert aux idées nouvelles. Ce qui la fâcha quelque peu avec le pouvoir autocrate russe et l'incita à s'installer au pays des Lumières.

En France, la princesse Youssoupoff vit dans sa villa du Parc des Princes (4, avenue Robert Schuman à Boulogne-Billancourt), beau bâtiment habité ensuite par le Grand-Duc Paul de Russie, actuel collège Dupanloup. Elle reçoit beaucoup. L'une de ses amies, la princesse Mathilde, au salon très prisé de la rue de Courcelles, fille du roi Jérome, cousine de l'empereur, n'a-t-elle pas été mariée au richissime et brutal comte russe Anatole Demidoff, qui doit lui verser une pension annuelle de 200 000 fancs depuis leur séparation en 1845 ? La princesse Mathilde a gardé des liens étroits avec la Cour de Russie. En France, un autre mariage unit le comte (et bientôt duc) de Morny, demi-frère de l'empereur, à Sophie Troubetzkoï en 1857.

La princesse Zénaïde est de vingt-cinq ans l'ainée de Charles Chauveau, et veuve. Elle s'éprend de lui, lui achète deux titres nobiliaires (comte de Chauveau et marquis de Serres), l'épouse à Saint-Pétersbourg. La nouvelle position sociale du comte lui permet alors d'ambitionner une carrière politique. Justement un siège de conseiller général se libère à Concarneau, dans le Sud-Finistère. Afin de pouvoir se présenter aux élections, le jeune candidat doit acquérir une résidence dans la circonscription qu'il convoite. Il recherche donc une propriété, est élu en 1860 et achète personnellement, en 1862, le domaine de Kériolet, en Beuzec-Conq (la commune ne sera rattachée à Concarneau qu'en 1945). Remontant au XVe siècle, le manoir, bâtisse relativement modeste, ancienne propriété des Kéryollet, des Trédern, des Kersalaun, est entourée de près de cinquante hectares de terres. L'endroit, proche de l'océan et du Moros qui coule en contrebas, est plein de charme. La princese, désireuse de pouvoir s'éloigner en été de la vie parisienne, est séduite. La Bretagne l'enchante. Grâce à sa fortune, elle va permettre à son époux de transformer l'endroit à sa guise. Il lui en coûtera la coquette somme d'1,5 million de francs-or. Le manoir du Moros, domaine voisin et ancienne propriété d'Abraham Duquesne, est également acheté par le couple et remanié, dans des proportions bien moindres que Kériolet.

Allée du parc.
Allée du parc.
Portail d'entrée sur la cour d'honneur.
Portail d'entrée sur la cour d'honneur.

Un architecte de talent. C'est en la personne de Joseph Bigot, architecte départemental et diocésain très prolifique, que le couple trouve celui qui donnera une nouvelle vie à Kériolet. Bigot est l'auteur de nombreuses églises, chapelles, presbytères et écoles de la région. A Quimper, il a élevé les flèches de la cathédrale Saint-Corentin (1854-1856). La préfecture finistérienne lui doit aussi la restauration de l'église Notre-Dame à Locmaria, son Musée des Beaux-Arts (inauguré en 1872) et des pavillons pour les patients à l'hôpital Etienne Gourmelen (1837-1850). On retrouve ses commandes dans toute la Cornouaille, à Douarnenez (les halles), à Pont-l'Abbé (travaux au château de Kernuz, alors propriété d'Armand du Châtellier et de son fils Paul, archéologues et collectionneurs), par exemple. Après plusieurs projets non-validés par l'impatiente princesse, dont un château de style élizabéthain, l'architecte parvient enfin à la convaincre de débuter une importante série de transformations sur le vieux manoir, à la condition expresse de ne pas la déranger dans son intérieur. La demeure est alors recouverte par une enveloppe de granit finement travaillé. On bâtit une tour et une nouvelle aile, de style médiéval, pour fermer la cour d'honneur. Les entrepreneurs Martineau et Bonduelle, de Concarneau, vont ensuite rajouter un pavillon comprenant, notamment, une imposante salle des gardes, et puis se lanceront dans la constuction de la chapelle.

L'appareilleur sera Jean-Louis Le Naour, dont l'atelier familial se trouvait à Quimper. Ce tailleur de pierres apprit le métier lors de l'élévation des flèches de la cathédrale quimpéroise. Il sera l'auteur de nombreux clochers finstériens et participera à la construction du château de Trévarez

L'ensemble est un témoignage de son époque. Les travaux vont s'échelonner de 1863 à 1883. Le caractère composite de l'ensemble se situe bien dans le mouvement de retour vers la terre et les châteaux. On multiplie les références au Moyen-Age, on accentue le caractère féodal des constructions en ajoutant tourelles, donjons, machicoulis, douves et armoiries. Des châteaux à la Walter Scott. L'empereur lui-même n'a-t-il pas confié la restauration/reconstruction du château de Pierrefonds, ancienne forteresse de Louis d'Orléans, à Viollet-le-Duc ? Aux Etats-Unis, Georges Washington Vanderbilt, pour s'éloigner de New York, fait construire Biltmore près d'Asheville, en Caroline du Nord (façade achevée en 1895). Avec ses 255 pièces, Biltmore, inspiré des châteaux de la Loire, en particulier de celui de Blois, est l'oeuvre de l'architecte Richard Morris Hunt. En Grande-Bretagne, l'architecte Hyppolyte Destailleurs construit Waddesdon Manor (1874-1889), important château de style français, dans le Val d'Aylesbury (Buckinghamshire), pour le compte du baron Ferdinand de Rothschild. Son fils, Walter-André Destailleurs, construira le château de Trévarez pour le compte de James de Kerjégu, président du Conseil Général du Finistère.

Statue équestre de Louis XII, sur la façade Sud.
Statue équestre de Louis XII, sur la façade Sud.

C'est ainsi que le "nouveau" château de Kériolet se réfère au château de Blois (statue équestre en bas-relief de Louis XII sur la façade), au château de Rustéphan (tourelle-escalier), au prieuré de Locamand (portail d'entrée). Sur l'aile sud, on peut voir, sculptées, les couronnes de comte et de marquis, des fleurs de lys, des hermines de Bretagne, des étoiles d'inspiration russe, des coquilles Saint-Jacques, les lettres A (pour Anne de Bretagne) et L (pour Louis XII) accolées. Un ours en pierre, le regard tourné vers la Russie, domine du haut de la façade sur le parc, un couple de bretons en habits traditionnels. La devise "Toujours et quand mesme" est sculptée sur un ruban de granit. De superbes gouttières, ouvragées de feuilles de chêne en relief, ornent la demeure. Les lucarnes à pignon, la balustrade du corps de logis, ne sont pas sans rappeler celles du château de Josselin, chef-d'oeuvre du gothique flamboyant.

Le parc, superbement planté, est agrémenté de statues : une Velléda, copie de celle d'Hippolyte Maindron exposée au musée du Louvre [1]; un Vercingétorix, un Charles VIII, et une Anne de Bretagne, la bonne duchesse si chère au coeur de la princesse. Le parc comprend également, à proximité immédiate du château, la Tour de garde, et la Tour Marie-Jeanne (du nom de la cuisinière du comte).

Face à l'entrée de la chapelle se trouve un très un beau Christ sur la croix et, penché vers lui, un ange recueille le sang qui coule d'une de ses mains et de ses flancs, dans deux calices (XVIe siècle). La toiture de la chapelle est elle-même ornée, à l'extérieur, d'archanges aux trompettes et d'un Saint-Michel terrassant le dragon. La première pierre de la chapelle a été posée le 19 mars 1881 et l'édifice a été consacré au début de l'été 1882. Un autel avec retable est démonté en 1900 de l'église de Névez, puis remonté dans la chapelle du château de Kériolet. Il est à nouveau déplacé en 1956 pour revenir dans l'église de Névez.

A noter, à l'extrémité Ouest de la façade sur les jardins, un banc de pierre, sous un beau gable néo-gothique bénéficiant d'une remarquable accoustique.

La tour de garde, dans le parc.
La tour de garde, dans le parc.

Charles de Chauveau est fier de ses récents titres de noblesse et son domaine de Kériolet le pose en véritable châtelain. Le bâtiment luxueusement remanié lui permet de s'affirmer parmi les notables locaux, de recevoir ses invités dans cette nouvelle résidence d'été. C'est dans cet écrin que le comte, admirateur du musée de Cluny, va exposer toutes sortes d'objets, collections souvent dignes d'intérêt et bien représentatives de leur époque.

[modifier] Les collections (aujourd'hui disparues)

La pièce la plus emblématique, pure création à quatre mains de Bigot et du comte, est le grand hall ou "salle des gardes", véritable sanctuaire de la chevalerie et de la royauté. Dans cette vaste salle sont exposées différentes tapisseries, notamment "le mariage d'Anne de Bretagne et de Louis XII (Flandres, 1er quart du XVIe siècle), des scènes de chasse (série de 6 tapisseries des Flandres), mais également crédence et stalles gothiques, du mobilier d'époque Louis XIV, et toute une collection d'objets, parmi lesquels : 504 pièces manuscrites anciennes rangées dans un chartrier ; une statue équestre de Gaston de Foix par Frémiet ; un coffre contenant 110 médailles ou monnaies en argent, en or ; un olifant en ivoire. Le comte est bien présent dans cette salle. Il pose, assis, en chevalier en armure, sur une imposante cheminée en granit de Kersanton, heaume sur la tête et lance en main, avec son (pseudo) arbre généalogique, et sa devise "Tout est honneur et loyauté. Tout est lumière et vérité". Quatre vitraux, au Nord, représentent quatre de ses "ancètres". Leur faisant pendant, quatre vitraux, au Sud, représentent des rois de France. Dans un angle, une loggia permettait à la princesse d'assister aux bals et autres réceptions donnés dans la salle sans se méler aux invités. La rejoindre à l'étage était un privilège.

Le salon comprend, notamment, une chaise longue et une grande console Louis XIV, du mobilier Louis XV (table-bureau, très grande tabe, canapé, fauteuils et chaises), un guéridon Empire, un portrait de Louis XIV, et deux tapisseries des Flandres.

La salle-à-manger, où sont accrochées quatre tapisseries des Flandres, contient deux grandes vitrines remplies de merveilleuses céramiques. Les Rouen sont très bien représentés ; on découvre des objets en faïence de Quimper, de Nevers, de Moustiers, de Sèvres, de Chine. Un ensemble d'une grande valeur artistique et témoignage de l'intérêt du couple pour cet art. Le comte de Chauveau a d'ailleurs fait partie de la commission de l'Exposition de céramiques , évènement qui eut lieu à Quimper en 1876 et patronné pa la Société Archéologique du Finistère. De nos jours, le Musée Départemental Breton expose un beau plat à décor rouennais, aux armoiries des Moëllien et Caroff, attribué à la manufacture quimpéroise de Pierre Bousquet, au XVIII siècle, plat de l'ancienne collection de Kériolet.

Le salon et la salle-à-manger sont deux belles pièces du rez-de-chaussée, orientées au Sud, qui s'ouvrent sur les jardins. La salle des gardes donne sur la même terrasse ornée de deux lions en pierre.

Dans la sacristie, on peut voir le superbe retable ayant appartenu à Anne de Bretagne au château de Blois, retable aux quatre panneaux ornés de peintures sur bois et enrichi d'un Christ janséniste, le tout agrémenté de décorations en émail de Limoges. Une pièce majeure des collections.


L'Archange Gabriel veille sur le château.
L'Archange Gabriel veille sur le château.

La cuisine est l'une des plus belles pièces du château (elle est parvenue pratiquement intacte jusqu'à nous). Dotée d'un confort très moderne pour l'époque, ses murs sont couverts de cinq mille précieux carreaux en faïence de Desvres, décorés de fleurs de lys et d'hermines, en bleu et blanc. Une collection unique de vingt-trois bassinoires, achetée en avril 1870, y est présentée.

A l'étage, on découvre la chambre du Roy, celle de la princesse et celle du comte.

Le château n'a jamais accueilli de roi. La Troisième République a balayé la monarchie et l'Empire. Pourtant, la chambre du Roy attend somptueusement son illustre occupant, tendue de cuir gaufré, décorée d'un grand lit en bois sculpté, à colonnes et balustres, avec tenture et dessus de lit en soie jaune agrémentée de broderies.Dans le mobilier, on compte également un secrétaire hollandais marqueté, cinq fauteuils Louis XIII, un tableau représentant le roi Philippe II d'Espagne, une grande tapisserie des Flandres à scène champètre.

La chambre de la princesse contient, notamment, le bureau à cylindre Louis XVI du comte de Mirabeau, deux commodes Régence, le lit en bois sculpté et doré Louis XV de la tragédienne Rachel Félix, dite Rachel.

La chambre du comte est ornée de son portrait par Fouques, et de celui de son épouse par Dubufe père.

[modifier] Remous et espoir à Kériolet

Le comte de Chauveau, âgé de 60 ans, décède en 1889 à Kériolet. Son caveau se trouve dans le cimetière, tout proche, de Beuzec-Conq. Sa veuve décide alors de faire don du domaine, avec ses terres et ses collections, au Département du Finistère, à condition de tout laisser en l'état. Amoureuse de la Bretagne, elle passera encore quelques étés dans sa résidence concarnoise, avant de s'éteindre à son tour, en 1893, dans son hôtel particulier du Parc des Princes, à l'âge de 90 ans. Sa dépouille est rapatriée en Russie. Peu après, Kériolet est ouvert au public, fort curieux de découvrir ce nouveau musée, jusqu'alors demeure privée. Les collections du comte et de la comtesse de Chauveau sont complétées par un ensemble d'oeuvres du peintre Camille Bernier (1823-1902), qui vécut au manoir de Kerlagadic à Bannalec, et par de nombreux costumes bretons. Le peintre concarnois Théophile Deyrolle (1844-1923) participera à la mise en valeur du nouveau musée, en tant que premier conservateur nommé. C'est ainsi que Kériolet deviendra un lieu de promenade et de visite très prisé, pendant de nombreuses années, jusqu'à ce que les soubresauts de l'Histoire ne le rattrapent.

Cave Canem : ce chien pompéien monte la garde.
Cave Canem : ce chien pompéien monte la garde.

Dans la deuxième moitié des années 1910, en Russie, le tsar Nicolas II est confronté à une grave crise politique. Le pays est engagé dans la guerre commencée en Europe en 1914, le peuple gronde, on accuse le couple impérial d'être sous la coupe de Raspoutine. L'aristocratie elle-même rue dans les brancards. C'est ainsi qu'un complot s'organise pour éliminer le staretz, et est finalement mis à exécution, le 29 décembre 1916, dans le palais Youssoupoff, quai de la Moïka, à Saint-Pétersbourg. C'est le prince Félix Youssoupoff lui-même, arrière petit-fils et filleul de la princesse Narischkine, qui participe à cet assassinat. Les évènements s'accélèrent. La révolution de 1917. L'exécution de la famille impériale à Ekaterinbourg en 1918. Le prince Félix et son épouse, la princesse Irina Alexandrovna de Russie (fille du grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch et de la grande-duchesse Xénia ; cette dernière, soeur du tsar Nicolas II) quittent définitivement la Russie en avril 1919. C'est l'exil. Tous leurs biens sont confisqués en Russie. Ils s'installent en France, achètent une maison à Boulogne-Billancourt, une dépendance de l'ancien hôtel particulier de la comtesse de Chauveau. Le prince a réussi à sauver d'importants bijoux (dont la célèbre perle la Pélégrina, perle de 58,50 carats, trouvée au XVe siècle dans le golfe Persique, figurant à partir de 1826 dans la légendaire collection de la princesse Tatiana Youssoupoff, et finalement vendue par le prince Félix en 1953, à Genève), des dagues orientales couvertes de pierreries, des miniatures dans des cadres de diamants, des créations de Fabergé, deux portraits par Rembrandt. Il vend progressivement tous les vestiges de son ancienne et fabuleuse fortune. Avec son épouse, il crée la maison de couture Irfé (Ir pour Irina, pour Félix). Le couple aide de nombreux réfugiés russes et ses moyens financiers déclinent rapidement. Le prince visite Kériolet une première fois, dans les années vingt, alors que sa mère a déjà tenté en vain de récupérer le domaine (les clauses du legs n'auraient pas été respectées par le département du Finistère, des objets et une parcelle de terre ayant été vendus).

Bien plus tard, dans les années cinquante, il essaiera à son tour d'obtenir la restitution du château à sa famille. Après des années de procédure, il gagne son procès, en 1956. La préfecture de Quimper récupère alors un portail du parc, aujourd'hui ornement du jardin du préfet, le département retire ses rajouts aux collections primitives. Le prince entre en possession de Kériolet, mais la demeure ne lui plait pas, et très vite les collections sont dispersées, le domaine morcelé. Félix Youssoupoff propose à la ville de Concarneau d'acquérir son château, les pourparlers s'éternisent. Il offre même, en pure perte, le puits des cuisines de Kériolet, puits aujourd'hui remonté dans la Ville-Close de Concarneau. Le domaine se réduit en peau de chagrin, il est finalement vendu, revendu. Différents projets d'aménagement de Kériolet ne se réalisent pas. En 1971, la chapelle est détruite pour récupérer ses pierres. Le château se dégrade inexorablement, il est livré aux pilleurs, de nombreux éléments de décoration intérieure et du parc disparaisssent à jamais. La tempête de 1987 aurait pu lui infliger le coup de grâce. Elle emporte la toiture. Mais Christophe Lévèque, charmé par ce château si rempli de souvenirs, le rachète. Depuis, il le restaure, le remeuble, et l'ouvre au public qui peut ainsi, à nouveau, découvrir cette demeure vraiment très attachante.

[modifier] Notes et références de l'article

  • Prince Félix Youssoupoff, "Mémoires" (V&O Editions, 1990)
  • Prince Félix Youssoupoff, "La fin de Raspoutine" (V&O Editions, 1992)
  • "Guide Bleu Bretagne" (Hachette, 1924)
  • A. Paban, "Catalogue du Musée Départemental de Kériolet" (Librairie Le Tendre, CONCARNEAU, 1900)
  • "Le Guide Quimper", ouvrage collectif (monum, Editions du patrimoine, 2006)
  • Michèle Le Goffe, "Sites, signes, vies, au centre de la vallée de l'Aulne" (Editions ar Garo, 1989)
  • Miriam Rothschild et Lionel de Rothschild, "Les jardins Rothschild" (Editions Abbeville, 1997)
  • Derek Wilson, "Les Rothschild" (Editions Stock, 1989)
  • Tatiana de Metternich, "Les Stroganoff" (V&O Editions, 1991)
  • Géza von Habsburg, "Fabergé" (Editions Abbeville, 1996)
  • Claude de Grève, "Le voyage en Russie, anthologie des voyageurs français en Russie aux XVIIIe et XIXe siècles" (Editions Robert Laffont, 1990)
  • Nicholas V. Riasanovsky, "Histoire de la Russie" (Bouquins, Editions Robert Laffont, 1998)
  • Andreï Efimovitch Martynov et Dominique Fernandez, "Saint-Pétersboug" (Editions Critérion, 1994)
  • "Guide Saint-Pétersbourg" (Hachette, 2005)
  • "Monuments Historiques, Russie", n°179 de janvier-février 1992 (Editions de la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites)
  • "LA COTE des oeuvres d'art et des antiquités, bijoux et pierres précieuses", n°11 d'octobre 1988
  • Bernard Jules Verlingue et Philippe Le Stum, "Encyclopédie des céramiques de Quimper, tome II, le XIXe siècle" (Editions de la Reinette, 2004)
  • Gilles et Bleuzen du Pontavice, "La cuisine des châteaux de Bretagne" (Editions Ouest-France, 1997)
  • Alexis Gregory, "Fortune" (Editions Assouline, 1993)
  • Jean-Marie Pérouse de Montclos, "L'Art de Paris" (Editions Mengès, 2000)
  • Hervé Maneglier, "Paris Impérial" (Editions Armand Colin, 1990)
  • Jean Nagle, "Luxe et charité, le faubourg Saint-Germain et l'argent" (Librairie Académique Perrin, Histoire et fortunes, 1994)
  • Jules et Edmond de Goncourt, "Journal" (Bouquins, Editions Robert Laffont, 1989)
  • Marcel Boulenger, "Le Duc de Morny" (Librairie Hachette, Figures du passé, 1925)
  • Jean des Cars, "La Princesse Mathilde" (Librairie Académique Perrin, 1988)
  • "Diptyques du Collège Stanislas 1835-1901" (Collège Stanislas de Paris, 1901)
  • "Bretagne XXe, un siècle d'architectures", ouvrage collectif (Terre de Brume, Archives Modernes d'Architecture de Bretagne, 2001)
  • "Bretagne, terre des peintres", catalogue de l'exposition présentée au château de Suscinio et au musée des beaux-arts de Vannes en 2003 (Editions Cloître, 2003)
  • Pierre Angrand, "Histoire des musées de province au XIXe siècle, l'Ouest" (Le cercle d'or, 1984)
  • Collection personnelle de cartes postales anciennes du Musée de Kériolet

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

47°53′12″N 3°54′29″W / 47.88667, -3.90806