Faïence de Quimper

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un exemple du décor traditionnel "petit breton", typique de la faïence de Quimper
un exemple du décor traditionnel "petit breton", typique de la faïence de Quimper

La faïence de Quimper est décorée et peinte à la main depuis 1708. Les Faïenceries de Quimper se trouvent dans le quartier faïencier historique de Locmaria, près du centre ville de Quimper. La Faïencerie d'Art Breton, nouvellement créée en 1994, s'est établie en dehors du centre historique.

Sommaire

[modifier] Historique

[modifier] Les origines

Jean-Baptiste Bousquet, potier et maître pipier (fabricant de pipes en terre) arrive de Marseille à Locmaria fin 1699, pour y faire profession de "terrailler". Il est rejoint en septembre 1707 par son fils Pierre, maître faïencier, patenté de Marseille en 1700, qui crée la première faïencerie de Quimper en 1708, et par son autre fils Charles, né à Saint-Zacharie en 1690.
Tandis que le second poursuit la production des pipes en terre aprés la mort de son père, en 1708, le premier fabrique un peu de vaisselle de faïence, des plats et assiettes, et surtout des pièces de forme, vierges, grottes de religion, tonnelets, cruches, pots à eau, tasses et autres récipients.
Pierre Bellevaux, d'une lignée de notaires, né à 40 km au sud de Nevers et très tôt orphelin, est recueilli par son oncle Edme Serrurier, faïencier à Rouen. Devenu marchand faïencier, il vient vendre et acheter à Locmaria et se marie avec la fille de Pierre Bousquet. Il apporte les techniques et les couleurs de la faïence de Rouen.
Pierre Clément Caussy, fils d'un faïencier de Rouen, marié avec la fille de Bellevaux, fait le choix de Quimper. En 1770 il emploie 80 salariés. Il meurt en 1782, laissant l'entreprise à sa fille Marie Elisabeth Françoise Perrine et à son gendre, Antoine de la Hubaudière.

François Eloury, ancien ouvrier tourneur de Caussy, crée sa poterie à proximité en 1778, produisant du grès et des pipes, mais meurt dès 1779. Sa veuve et son fils aîné Guillaume, âgé de 16 ans, poursuivent l'entreprise, et Guillaume Eloury, peu après la mort de sa mère, parallèlement à sa poterie, commence une production de faïence blanche et surtout mi-brune, comme la mode commence à s'en répandre. Il semble avoir employé un peintre vers 1801.
Guillaume Dumaine, potier en grès originaire de Ger, dans le sud-Manche, autre ouvrier de Caussy et De la Hubaudière, après s'être établi à Quimperlé en 1783 et y avoir fait faillite, installe un atelier de poterie de grès à Locmaria en 1791, employant un à deux ouvriers de façon saisonnière.

Au début du XIX° siècle, il n'y a donc encore qu'une grande manufacture de faïence à Locmaria, devenu Quimper depuis 1791: La Grande Maison De la Hubaudière, et une naissante, Eloury, qui va prendre rapidement de l'essor.

[modifier] Le siècle de l'expansion

Le XIX° siècle sera le siècle de tous les changements. On verra se créer puis s'arrêter plusieurs manufactures. Les Eloury et Guillaume Dumaine fils tentent vers 1840 de se mettre à la faïence.
Des sociétés se créent et se défont. Les propriétaires de faïenceries placent des gérants à la tête de leurs entreprises pour mieux se consacrer à la vie publique, plusieurs d'entre eux et de leurs enfants occupant des places de maires, adjoints, conseillers de préfecture, députés ou sénateurs.

La mécanisation apportera son lot d'évolutions avec des machines à vapeur et des roues à engrenages pour le travail de la terre, tandis que l'industrialisation, déjà naissante au dernier tiers du XVIIIe siècle, achève la faïence artistique survivante dans la première moitié du XIXe et fait la part belle à la faïence utilitaire et culinaire.
A ce jeu, la manufacture Porquier frères, successeurs par acquisition des Eloury en 1838 et 1843, dépasse en importance la manufacture De la Hubaudière et Compagnie, tandis que les Tanquerey, acquéreurs en 1841 de la manufacture Dumaine, commencent à lui donner une certaine importance et se lancent également dans la faïence culinaire.
La seconde moitié du siècle verra plusieurs tentatives pour retrouver une ligne plus importante de faïence artistique, d'abord à la Grande Maison, chez De la Hubaudière, vers 1851, puis vers 1860.
A partir de 1870 environ, le troisième essai est réussi grâce à la concurrence plus affirmée de la maison Porquier, qui s'était lancée dans la reproduction du vieux Rouen quelques années plus tôt. Veuve en 1869, la dame Porquier s'associe vers 1875 à Alfred Beau, dont l'apport en matière de peintures sur faïences et de style artistique sera déterminant pour Quimper.
A partir de 1891, le jeune Jules Henriot, fils d'une Demoiselle Tanquerey et héritier de la manufacture, se lance à son tour dans la faïence artistique.
Au début du XXe siècle, Quimper compte trois grandes manufactures de faïence, dont les marques sont renommées dans toute la France: HB pour De la Hubaudière, PB pour Porquier-Beau et HR pour Henriot.

[modifier] Les restructurations du XXe siècle

La manufacture Porquier connut de graves difficultés dues en grande partie à la contrefaçon de sa production par Malicorne et Desvres (entre autres) et cessa de fonctionner définitivement en 1904.
En 1913, Jules Henriot racheta la marque, les moules et les poncifs de Porquier.

En raison de problèmes familiaux et financiers, HB dut sous-traiter une partie de sa production dans le Nord, à la Faïencerie de la Madeleine (Boulogne sur Mer), appartenant à Jules Verlingue. La production HB fut complètement arrêtée en 1914.
Le dernier héritier de HB tombe au front en 1916. Jules Verlingue rachète alors en 1917 la "Grande Maison".

Le climat social de l'époque est dur. En 1925, pendant une grève, les ateliers Henriot sont ravagés par un incendie. Alors que Jules Henriot en profite pour réorganiser ses locaux et moderniser la production, Jules Verlingue investit lui aussi pour profiter de l'essor touristique dû au chemin de fer.

La concurrence entre les deux manufactures fut rude, marquée par le débauchage, la contrefaçon et bon nombre de procès. Mais, au-delà, c'est par des engagements artistiques forts que les deux manufactures rivalisent. Chez Henriot, Méheut fait figure de chef de file tandis que chez HB, René Quillivic remplit ce rôle.

La guerre causa entre 1941 et 1946 un arrêt presque total des faïenceries, qui furent aussi obligées de produire pour l'armée occupante (il existe ainsi des pièces inscrites en allemand, avec la croix gammée au dos).
La production reprit lentement après la guerre.

En 1968, la faïencerie Henriot connut de graves difficultés. Jean-Yves Verlingue, propriétaire de "la Grande Maison", fit une offre de reprise et fusionna en 1969 les sociétés HB et Henriot, réunissant les trois grandes manufactures d'origine (Dumaine, Eloury, Bousquet) sous le même toit, sous le nom de "Faïenceries de Quimper".

En juillet 1983, les Faïenceries de Quimper elles-mêmes furent contraintes de déposer leur bilan et de cesser toute activité. Elles furent sauvées par le distributeur américain des marques HB et Henriot, Paul Janssens, qui réunit un groupe d'investisseurs et reprend la société qui, dès lors, sera connue du public sous le nom "HB-Henriot".
La reprise est conduite jusqu'en 1987 par le Directeur Général Pierre-Jules Henriot, l'arrière petit-fils de Jules Henriot.

En 1994, les vieilles familles faïencières quimpéroises Henriot et Verlingue, associées à la famille Breton (distributeur de faïence à Quimper depuis plus de 70 ans) ainsi qu'à la Poterie de Montgolfier, lancent la "Faïencerie d'Art Breton", sous la direction de Pierre-Jules Henriot.

En 2003, HB-Henriot est acquise par Pierre Chiron, un industriel breton, et dirigée par Michel Merle.

Aujourd'hui les deux Faïenceries, la Faïencerie HB-Henriot et la Faïencerie d'Art Breton, subsistent dans un climat économique difficile pour la faïence de prestige.

[modifier] Caractéristiques

Elle a toujours été décorée et peinte à la main. La peinture du Quimper peut se faire sur émail, dite"à cru" ou sous émail. Cette peinture se fait au pinceau ou à l'éponge, parfois, pour des pièces complexes avec l'utilisation d'un poncif (calque à petits trous). Les motifs caractéristiques traditionnels sont les motifs floraux, colorés et luxuriants et après 1860 le "petit Breton" à la fois stylisé et naïf, représentant intemporel de la Bretagne.

[modifier] Artistes

Exemple de décor
Exemple de décor

En 1875, Alfred Beau, peintre, s'associe à la faïencerie Porquier. Beau est le premier artiste a donner un souffle créatif aux faïences de Quimper. Durant sa collaboration avec Porquier, il crée des décors somptueux : la série botanique dite à bord jaune (environ 122 modèles différents recensés), les scènes bretonnes (environ 225 modèles différents recensés) et les scènes des légendes (7 modèles) ainsi que des vues de paysages bretons (environ 20 modèles).


Théophile Deyrolle, le fondateur de l'école de peinture de Concarneau dessine quelques pièces et les manufactures HB et Henriot éditent des pièces inspirées notamment des dessins d'Olivier Perrin.

Mathurin Méheut collabore longtemps avec la faïencerie Henriot et y réalise entre autres les services La Mer et La Galette en 1925, et réalise la décoration de la facade de la faiencerie en 1952 (ce bâtiment est aujourd'hui détruit).

Artistes historiques: Berthe Savigny, Marius Giot, Bazin, Louis Henri Nicot, René-Yves Creston, Jim Sévellec, Georges Géo-Fourrier, Robert Micheau-Vernez, Paul Fouillen, René Quillivic...

Artistes Contemporains à la Faïencerie d'art breton : Sophie Darley, Olivier Lapicque, Patrice Cudennec, Izabel, Franck Léon, Paul Moal, Jean Lemonnier...

--- Keraluc : Yvain, Xavier Krebs, Pierre Toulhoat, Jos Le Corre, René Quéré, André L'Helguen...

[modifier] Les faïenceries

  • HB Henriot : Héritière directe de la fabrique créée par Bousquet en 1699 dans le quartier de Locmaria à Quimper, HB Henriot est, de fait, une des plus anciennes entreprises françaises encore en activité. Elle est constituée de la réunion des faienceries HB et Henriot en 1969.
  • Faïencerie d'Art Breton : créée à Quimper en 1994 par les descendants des vielles familles faïencières quimperoises Henriot et Verlingue.
  • HB : HB sont les initiales de Hubaudière et de Bousquet. Cette faïencerie fut fondée par Jean-Baptiste Bousquet. Par alliance, elle passa à Pierre Bellevaux puis à Pierre Caussy. En 1805, De la Hubaudière, gendre de Caussy, prenait les rènes de la fabrique.
  • Henriot : À l'origine une faïencerie fondée par Guillaume Dumaine elle s'appela Dumaine fils. Elle doit son nom à son troisième propriétaire Jules Henriot.
  • Fouillen : Paul fonde sa manufacture en 1945. Cette production est caractérisée par toute une gamme de bruns, et des pièces extrêmement originales. Son fils Maurice, en 1980, doit se séparer de ses ouvriers mais continue à assurer, seul, une petite production.
  • Keraluc fondée en 1946 par Victor Lucas. Il s'entoure d'artistes qui savent faire revivre le fonds ancien et aussi apporter de la nouveauté, tels que Pierre Toulhoat ou Xavier Krebs. Après 1958, Keraluc se spécialise dans le travail du grès. Elle ferme ses portes en 1984. La marque a été rachetée par "Faïenceries de Quimper HB-Henriot"

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Christian De la Hubaudière : "Quel tricentenaire ? 1 : le fondateur", 1996.
  • Christian De la Hubaudière : "La Vierge de faïence", Coop-Breizh, 2003, (ISBN 9782843461859)
  • Christian De la hubaudière : "La fille du faïencier", Coop-Breizh, 2005, (ISBN 9782843462443)
  • Christian De la Hubaudière : "Madame la faïencière", Coop-Breih, 2007, (ISBN 9782843463198)
  • Christian De la Hubaudière et Chantal Soudée Lacombe : "L'art de la fayence" des Caussy, faïenciers à Rouen et Quimper au XVIIIe siècle. Falaise, Lilou, 2007, (ISBN 9782951023314).
  • Le Stum P., Verlingue B. J., Encyclopédie des céramiques de Quimper / Tome I / Des origines au XVIIIe siècle, Le Mans, Editions de la Reinette, 2003 (ISBN 978-2913566217)
  • Le Stum P., Verlingue B. J., Encyclopédie des céramiques de Quimper / Tome II / Le XIXe siècle, Le Mans, Editions de la Reinette, 2004 (ISBN 978-2913566293)
  • Théallet P., Verlingue B. J., Encyclopédie des céramiques de Quimper / Tome III / le XXe siècle, Le Mans, Editions de la Reinette, 2005 (ISBN 978-2913566347)
  • Théallet P., Verlingue B. J., Encyclopédie des céramiques de Quimper / Tome IV / les artistes au XXe siècle - A à La , Le Mans, Editions de la Reinette, 2006 (ISBN 978-2913566415)
  • Théallet P., Verlingue B. J., Encyclopédie des céramiques de Quimper / Tome V / les artistes au XXe siècle - Le à Z, Le Mans, Editions de la Reinette, 2007 (ISBN 978-2913566491)
  • Quimper, Trois siècles de faïences, exposition présentée au Musée des Beaux-arts de Quimper, 5 mai - 30 septembre 1990, Rennes - Quimper, Ouest-France - Ville de Quimper, 1990 - 2002 (ISBN 978-2737331374)

[modifier] Notes et références

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