Burckhardt de Munnich

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Burckhardt de Munnich
Naissance : 9 mai 1683
Neuenhuntorf
Décès : 16 octobre 1767 84 ans)
Tartu
Origine : Oldenbourg
Arme : Ochakov
bataille de Stavuchany
siège de Khotin (1739)
Grade : Maréchal
Distinctions : Maréchal, comte
Ordre de Saint-Alexandre Nevski
Ordre de Saint-André
Autres fonctions : Ingénieur
Premier ministre

Burckhardt de Munnich est né le 9 mai 1683[1], à Neuenhuntorf (Oldenbourg). Il est décédé le 16 octobre 1767, à Dorpat (de nos jours Tartu en Estonie).

Descendant de spécialistes de l'architecture hydraulique, Allemands, mais déjà au service du Danemark, Burckhardt de Munnich, après avoir servi la France et le Landgrave de Hesse, part en Russie. Son nom devient Burckhardt Minikh, il devient un proche des empereurs et impératrices de ce pays immense, puis un maréchal, qui réforme ses armées, qui est fait en remerciements comte. Il est aussi premier ministre... envoyé en Sibérie... Certains de ses descendants sont eux-aussi célèbres.

Sommaire

[modifier] Ses origines et sa jeunesse

Sa famille depuis 3 générations s’occupe d’architecture hydraulique. Son père, Anton Günther von Münnich, fut lieutenant-colonel et Inspecteur-général en Nordfriesland[2], il le forme dès l'enfance. Fils de gentilhomme allemand, il est élevé parmi des membres de la noblesse danoise.

En 1699, Munnich vient en France, à l'âge de 16 ans. Il est fasciné par Catinat et le maréchal de Luxembourg[3]. A Strasbourg, il obtient une place d'ingénieur dans l'armée d'Alsace.

Mais, du fait de la Guerre de Succession d'Espagne, il repart en Allemagne, où il obtient en 1701, à l'âge de 18 ans, une compagnie dans les troupes de Ernest Louis de Hesse-Darmstadt (1667-1739) et combat au siège de Landau.

Icône de détail Article détaillé : Guerre de Succession d'Espagne.

Son père, devenu le Conseiller intime du duc de Frise orientale, le fait venir auprès de lui et nommer ingénieur en chef de ce pays.

Burckhardt de Munnich est blessé et fait prisonnier à la bataille de Denain.
Burckhardt de Munnich est blessé et fait prisonnier à la bataille de Denain.

En 1706, il reprend du service dans l'armée du Landgrave de Hesse et rejoint les troupes de Prinz Eugen en Italie. Le prince Eugène l'accueille, l'emploie, et ne tarde point à récompenser sa bravoure et ses talents. Burckhardt de Munnich reçoit le grade de major de la Garde à pied après avoir participé à la bataille de Castiglione et à la prise de plusieurs forteresses.

Burckhardt de Munnich passe en Flandres, assiste à la bataille d'Audenarde et se trouve au siège des principales villes du pays. Il se distingue à la bataille de Malplaquet et est nommé lieutenant-colonel. Munnich est laissé pour mort[4] et fait prisonnier à la bataille de Denain. On le conduit à Cambrai, où il fait partie de ces prisonniers traités avec tant d'humanité, par Fénelon. Il paie lui-même sa rançon.

En 1713, il revient dans sa patrie, où il est reçu sur le grade de colonel. Le landgrave de Hesse le charge du plan d'un canal, destiné à joindre la Fulda à la Weser. Il construit des écluses à Carlshaven et le canal de Grabenstein.

En 1716, Munnich entre au service de la Pologne du prince électeur de Saxe, futur roi de Pologne, grâce à Munnich, avec bientôt le grade de général major et d'Inspecteur général des armées polonaises. Il tue en duel le colonel français Bonnefoux, comme lui au service de la Pologne. Le comte de Fleming le fait éloigner de la Pologne, par jalousie.

[modifier] Au service de Pierre le Grand

Le clocher de l'église Saint-Pierre de Riga.
Le clocher de l'église Saint-Pierre de Riga.

En février 1721, à l'invitation de l'ambassadeur russe, le prince Dolgorouki, se rend à Saint-Pétersbourg.

Munnich est employé tout d’abord, comme Ingénieur-général, en Russie. Le Tsar Pierre le Grand l'emmène avec lui, pour dresser de nouveaux plans pour l'amirauté, le port de Cronstadt et les fortifications de Riga. Burckhardt de Munnich ne plait pas beaucoup au Tsar, car il est jeune, poli et en rien rébarbatif comme ses vieux généraux. Néanmoins, il reconstruit ses ports, ses forts, pave les rues et les routes, construit des canaux. Le Tsar en est très satisfait, mais ne lui donne la patente de Lieutenant-général que contre les plans du clocher de l'église Saint-Pierre de Riga, qui venait d'être consumée par le feu. Il craint la réaction de ses vieux généraux rébarbatifs.

En 1723, Burckhardt de Munnich reçoit la mission de continuer les travaux commencés par Pisarew, protégé de Alexandre Danilovitch Menchikov. Il doit unir le grand canal du lac Ladoga, la Wolochow, à la Néva[5]. Sous sa direction les travaux avancent vite. Pierre le Grand dit à son sujet : Je n'ai jamais encore eu un étranger, qui se soit, comme Munnich, entendu à concevoir de grandes entreprises et à les réaliser.

Le Tsar est malade va jusqu'à dire : J'espère que les travaux de Munnich me guériront[6], mais hélas pour Munnich Pierre le Grand meurt en 1725. Catherine Ire de Russie est Tsarine.

[modifier] Au service de Catherine Ire de Russie

En 1727, Munnich reconstruit la forteresse Pierre et Paul, en pierre.
En 1727, Munnich reconstruit la forteresse Pierre et Paul, en pierre.

Burckhardt de Munnich sait se maintenir en crédit, malgré la haine d'Alexandre Danilovitch Menchikov, favori de Catherine Ire de Russie. Avec l'aide de 25.000 travailleurs il termine le canal le 12 juin 1728. La navigation peut y être ouverte, au grand désespoir d'Alexandre Danilovitch Menchikov.

Dans le même temps, Munnich reconstruit la forteresse Pierre et Paul, en pierre. Il participe à la reconstruction de Kronstadt et fait les plans pour renforcer et moderniser les fortifications de Vyborg et Schlusselbourg.

Pour le récompenser, il est nommé général de corps d'armée en 1727. Il n'a que 34 ans.

Catherine Ire de Russie décède en 1728. Pierre II de Russie devient empereur, le 8 mai 1727. Trop jeune pour diriger personnellement le gouvernement, il laisse le pouvoir passer aux mains de la famille Dolgorouki, qui prend le contrepied de la politique menée par Pierre Ier. Pierre II passe, quant à lui, sous l'autorité de Menchikov.

[modifier] Au service de Pierre II de Russie

Blason de la famille de la 1re femme de Burckhardt de Munnich, les Witzleben.
Blason de la famille de la 1re femme de Burckhardt de Munnich, les Witzleben.

Malgré cela, en 1728, Pierre II de Russie le retrouve Gouverneur du duché d’Ingrie[7], de la Carélie[8] et de la Finlande. Il est aussi nommé général en chef et fait comte russe et décoré de l'Ordre de Saint-Alexandre Nevski. Il fait jouer ses relations pour que son frère Christian Wilhelm et son fils Ernst, soient également décorés de l'ordre de Saint-Alexandre-Nevski[9].

Burckhardt de Munnich, se remarie le 18 septembre 1728 à Saint-Petersbourg, avec Barbara Éléonore de Maltzahn (1691-1774), Gouvernante de la Grande Duchesse Élisabeth Ire de Russie, future tsarine[10]. Il était déjà veuf de Christiane Lucretia de Witzleben et avait plusieurs enfants, dont Louise (1713-1775), Ernst de Munnich (1707-1788) et Sophie.

Dans le même temps, de 1728 à 1729, le comte Minikh[11] compile la collection héraldique de Russie. En 1730, celle-ci sera approuvée par l'Impératrice Anna Ivanovna, Anne Ire de Russie.

Car, Pierre II de Russie meurt de la petite vérole le 19 janvier 1730 et Anna Ivanovna, Anne Ire de Russie lui succède.

[modifier] Au service d'Anne Ire de Russie

Du temps d'Anne Ire de Russie, en tant que ministre et maréchal, il gagne deux guerres, modernise le pays et réorganise son armée.
Du temps d'Anne Ire de Russie, en tant que ministre et maréchal, il gagne deux guerres, modernise le pays et réorganise son armée.

Anne Ire de Russie le nomme en 1730, feld-maréchal et le place à la tête de l'administration de la guerre. Burckhardt de Munnich commence la réforme de l'armée pour la faire arriver au standard européen. Munnich et Biron, jaloux l'un de l'autre, mais rapprochés par la politique , se partagent l'autorité pendant ce règne[12].

En 1731, il est ministre d'état. En outre, il est l'année suivante maréchal et est président du Collège militaire. Le comte a réorganisé l'armée nationale russe.

  • Sur son initiative la Garde impériale devient une unité d'élite de 10.000 hommes. Il crée deux régiments : un régiment d'infanterie, le régiment Ismaïlovski, nommé d’après un village proche de Moscou où se trouve le manoir familial de l’impératrice, et un régiment de cavalerie, le régiment des dragons de la Garde de Menshikov, très vite renommé régiment des Gardes du Corps à cheval; cette dernière unité était destinée à rassembler tous les anciens officiers de la Garde à cheval de Pierre Ier, qui ne remplissaient jusqu'alors, et de manière temporaire, que des fonctions honorifiques. Ils portent des cuirasses.
  • Burckhardt de Munnich forme des unités d'ingénieurs.
  • Son école du corps des cadets Shlyakhetsky ouverte à quatre à cinq cents jeunes nobles ou de notables va fournir pendant presque deux siècles les futures générations d'officiers supérieurs des armées russes. Les exercices physiques et militaires, et l'étude des langues étrangères, de l'art de la guerre et de la science sont une nouveauté en Russie.
  • Burckhardt de Munnich modifie, toujours en 1732, le système du recrutement en Russie : une recrue pour 350 paysans avec possibilité de rachat.
Burckhardt de Munnich veut forger une armée moderne, mais en ne supprimant pas les excellentes unités Cosaques.
Burckhardt de Munnich veut forger une armée moderne, mais en ne supprimant pas les excellentes unités Cosaques.

L'armée russe aligne en cas de guerre ce qui est considérable pour l'époque.

  • Il fait venir des officiers étrangers et augmente les soldes. Munnich crée 12 régiments de cuirassiers, et des unités de hussards.

Le Prinz Eugen approuve ses réformes.

Voltaire à propos de la Russie, vers 1735/1740, nous dit que : Le gouvernement entretenait alors dix mille hommes de gardes; cent bataillons, qui faisaient le nombre de soixante mille hommes; vingt mille dragons; deux mille cuirassiers; ce qui montait au nombre de quatre-vingt-douze mille hommes de troupes réglées; trente mille de milice, et autant de Cosaques, de Tartares et de Kalmouks qu’on voulait assembler de sorte que cette puissance pouvait mettre, sans faire d’efforts, cent soixante-dix mille hommes en campagne. La flotte russienne était évaluée alors à douze vaisseaux de ligne, vingt-six vaisseaux d’un ordre inférieur, et quarante galères[13].

[modifier] La guerre de succession de Pologne (1733-1738)

En 1735, Munnich place Auguste III de Pologne sur le trône de Pologne.
En 1735, Munnich place Auguste III de Pologne sur le trône de Pologne.

Anna Ivanovna, Anne Ire de Russie le nomme ministre de la Guerre, il est membre du Conseil privé de l'Impératrice, surnommé le parti des Allemands. En 1733, Andrei Osterman et Biron, les favoris l’éloignent de la Cour et lui confie la guerre de succession de Pologne. Bühren, qui francise son nom en Biron, s'entoure lui-même pourtant de ministres et généraux allemands, dont le but essentiel est de s'enrichir. Ensemble, ils inaugurent en Russie un régime de terreur, favorisent la délation, déboussolent le pays. On appelle cette époque la bironovchtchina[14].

Arrivé au front, Munnich chasse Stanislas Leszczynski de Pologne (1734). Le Précis du siècle de Louis XV, par Monsieur de Voltaire nous en parle : Le roi Stanislas vit sa tête mise à prix par le général des russes, le comte de Minikh, dans la ville de Dantzig, dans un pays libre, dans sa propre patrie, au milieu de la nation qui l'avait élu suivant toutes les lois. Il fut obligé de se déguiser en matelot, et n'échappa qu'à travers les plus grands dangers[15].

En effet, 1735, Munnich prend Dantzig. Andrei Osterman et Biron critiquent la durée du siège, mais Munnich réplique : Dans Dantzig étaient trente mille hommes de troupes, je n'avais pas vingt mille hommes pour maintenir le siège, alors que mes lignes fortifiées encerclant la citadelle se prolongeaient sur neuf milles. Il n'a à sa disposition avec pratiquement aucune artillerie. Burckhardt de Munnich enseigne aux Russes l'art de conduire des sièges comme Pierre le Grand leur avait appris à gagner des batailles[16]. Le comte de Munnich réussit à priver les Polonais du secours de la mer.

Munnich, par les contributions les plus sévères, fait payer leur dévouement à la cause de Stanislas aux habitants de Dantzig. Il place Auguste III de Pologne sur le trône de Pologne.

Icône de détail Article détaillé : guerre de succession de Pologne.

[modifier] Guerre Russo-Turque (1735-1739)

Burckhardt de Munnich pendant la Guerre Russo-Turque doit surtout lutter  contre les Tartares.
Burckhardt de Munnich pendant la Guerre Russo-Turque doit surtout lutter contre les Tartares.

La Tsarine excitée par le comte de Munnich et par plusieurs autres étrangers dont les talents illustraient son règne, résolut de réparer, par une guerre contre les Ottomans des siècles de revers militaires et de pertes de territoires[17].

A l'automne 1735, Burckhardt de Munnich entame cette guerre contre la Turquie. Le 20 mai, au début de la campagne Munnich combat 100.000 Tatars de Crimée, armés par les Ottomans. Il ne parvient pas à soumettre tout entier ce pays, mais il porte ses armes jusqu'à la forteresse d'Azov qu'il prend en octobre 1736, puis libère la Crimée du joug ottoman avec seulement 54.000 hommes. 80.000 charriots transportant le ravitaillement et les munitions dans ces contrées désertiques. Des bandes armées tartares les attaquent sans cesse. Ils inventent les bataillons progressant en formation carrée [18].

Au bout de l'isthme qui joint la Crimée au continent, les armées de Burckhardt de Munnich se retrouvent en face d'un profond fossé protégé par six tours et la forteresse de Perekop. En deux jours Munnich franchit le fossé, l'épée à la main et met en déroute 100.000 Tartares. Il prend Perekop, le 30 mai 1736. Ce qui stupéfait les Tartares.

Ses généraux lui conseillent de bâtir un camp retranché et de se préparer aux attaques des Ottomans et des Tartares, mais Burckhardt de Munnich décide d'attaquer et malgré l'échec d'un de ses généraux et l'insubordination des autres généraux, il prend Koslov et peut ravitailler ses troupes affamées, et les payer, du fait d'un riche butin. Les généraux comprennent qu'ils ont plus à redouter leur terrible général que les Tartares.

Le maréchal-comte de Lowendal est formé à l'école de Munnich.
Le maréchal-comte de Lowendal est formé à l'école de Munnich.

Le 27 juin 1736, Burckhardt de Munnich pénètre dans le camp des Tartares à la tête d'un bataillon de la Garde impériale et les met en déroute. Il prend Bakhchisaray et d'autres villes-forteresses. Hélas du fait de l'insubordination de ses troupes et d'une grave épidémie, il doit se replier sur la Russie.

Burckhardt de Munnich y est accueilli en héros. Mais il ne pense qu'à retourner sur les bords de la Mer Noire mener une guerre à outrance contre les Turcs. Il refuse d'envoyer un corps auxiliaire à la Hongrie qui vient de rentrer en guerre et le 6 mai 1737, c'est avec 70.000 hommes qu'il passe le Dniepr. Il encercle et prend Ochakov. Cette victoire ne plaît pas à Soljenitsyne qui écrit : Anna Ivanovna a mené des guerres stupides et les a perdues ; son chef militaire, Munnich, avec un manque outrageant de qualités prit d'assaut Ochakov (1737) depuis l'emplacement le moins avantageux, négligeant une approche facile. Vision un peu partiale de cette bizarre, on sait que Munnich s'empare de la ville très rapidement avec de faibles moyens[19] et contre des forces nettement supérieures. L'explosion de la poudrière provoque la mort de 6.000 Turcs. Et si un premier assaut échoue, c'est que le matériel de siège n'est pas là c'est du fait d'un prince russe incapable, imposé à Munnich et qui n'a pas obéi à ses ordres. Le maréchal de France Ulrich Frédéric Woldemar de Löwendal et Manstein sont au contraire très admiratif pour cette prise éclair qui a surpris les Ottomans.

Burckhardt de Munnich refuse une paix séparée avec les Turcs. En 1738, il avance au delà du Bug et arrive au bord du Dniestr avec 55.000 hommes. Il reçoit l'ordre de prendre Khotin, malgré un ennemi supérieur en nombre, fortement retranché et des troupes très fatiguées. La peste décime ses troupes. Son armée doit retourner en Russie.

Janissaires
Janissaires

Burckhardt de Munnich revient en 1739 en Ukraine et en Moldavie, en passant par la Pologne qui est pourtant neutre. A la bataille de Stavuchany, il attaque 80.000 Turcs fortement retranchés avec 20.000 hommes sans bagage. Il comprend que le sort de la Russie est entre ses mains. La Pologne et la Suède s'apprête en cas de défaite russe à attaquer l'empire. Celui qu'on a surnommé le faucon voie du côté gauche les Turcs sont très faibles, croyant être protégés par des marais. Les pontonniers russes construisent 20 ponts et leur armée se jette sur les Turcs qui les attendent du côté droit. L'artillerie de Munnich écrase sous son feu meurtrier 20.000 janissaires. Le lendemain, il prend Khotin sans combat.

L'Autriche fait la paix, alors que Munnich se dirigeait sur la Grèce pour la conquérir. La tsarine, mal conseillée par Biron fait de même. Au Traité de Belgrade, grâce à Burckhardt de Munnich, la Russie acquiert définitivement Azov à la Russie et la Moldavie. Toutefois les vaisseaux russes ne peuvent naviguer sur la Mer Noire et une partie des conquêtes de Munnich sont rendues aux Turcs. Ses offensives victorieuses ont permis aux Autrichiens de progresser en Valachie et en Bosnie. Seule la menace suédoise n'a pas permis à Burckhardt d'aller plus loin. Il est décoré par Anna Ivanovna de l'Ordre de Saint-André. Les Russes le surnomment le pilier de l'empire russe. La gloire de Munnich est sans bornes. Le sultan, disent les janissaires, donnerait la moitié de son empire pour un général tel que lui ; et l'empereur Charles VI d'Autriche écrit qu'il n'aurait pas signé le Traité de Belgrade avec un tel général[20].

A partir de cette guerre gagnée par Munnich les Russes vont avoir du mépris pour les armées ottomanes qu'ils avaient jusqu'ici redoutées[21].

Icône de détail Article détaillé : en:Russo-Turkish War (1735–1739).

[modifier] La paix

Pendant qu'il négocie une alliance russo-française, Burckhardt de Munnich fait construire une chapelle funèbre dans le compartiment occidental de St. John's Church  à Tartu, formant un nouveau portail baroque.
Pendant qu'il négocie une alliance russo-française, Burckhardt de Munnich fait construire une chapelle funèbre dans le compartiment occidental de St. John's Church à Tartu, formant un nouveau portail baroque.

Avant la paix, mais en 1738, un Hongrois Tóth est envoyé par la France auprès du commandant de l'armée russe. Tóth décrit dans son compte-rendu l'état de l'armée russe dont le camp se trouvait sur le bord du Dniestr. L'année suivante, Tóth revoit le comte de Munnich qui propose par l'intermédiaire de l'agent hongrois une alliance russo-française au chef de la diplomatie française. Tóth rend ainsi l'opinion du comte de Munnich : Je n'ay point d'autres vues, dit-il, dans la proposition que je vais vous faire que le bien et l'intérêt commun des deux Puissances, car Dieu m'a donné assés de bien pour vivre, et plus que ni moi ni mes enfants, s'ils sont sages, n’en pourront manger. Je vous déclare, en même tems, que j'ay toujours été bon françois, et serai toute ma vie bon Russien, et par cette raison j'ai toujours été contraire à l'alliance que nous avons avec l'Empereur, et je l'ay regardé toujours désavantageuse pour ma cour et sans entrer dans d'autres détails, il est évident qui la cour de Vienne à plus souvent la guerre que nous, car quand nous avons la paix avec les Turcs, nous sommes tranquilles d'ailleurs, au lieu que nous sommes obligés par notre alliance avec l'Empereur de fournir nos troupes même sur le Rhin, comme on l'a vû dans la dernière guerre. Ce n'est pourtant pas tout à fait l'intérêt que j'envisage dans cette alliance inégale et nous ne sommes sensibles qu'au dur traitement et à la hauteur avec laquelle la cour de Vienne a toujours agi avec ses alliés, témoins les Anglais qui par une sage politique s'en sont séparés[22]

Biron est emprisonné à Schlusselbourg.
Biron est emprisonné à Schlusselbourg.

Même si le projet proposé par le maréchal de camp Münnich restera sur le papier, l'importance de André Tóth grandit certainement aux yeux de l'ambassadeur Villeneuve et par son intermédiaire même à Versailles[23].

Toujours en 1738, Burckhardt de Munnich termine la construction du canal du lac Ladoga et ses 32 écluses. La même année, l’Impératrice le nomme, Feld-maréchal et membre du Conseil privé.

Le 19 novembre 1740[24] : le maréchal Burckhardt de Munnich fait arrêter le Régent Biron, du fait d'une décision commune prise avec Anna Ivanovna[25], qui est emprisonné à la prison de Schlusselbourg. Pendant des siècles cette prison accueille les opposants et les princes ou les politiques victimes des rivalités à la Cour. Munnich avait seul conçu et exécuté ce coup de main[26].

[modifier] Au service d'Anna Léopoldovna

Burckhardt de Munnich devient le Premier ministre d'Anna Léopoldovna.
Burckhardt de Munnich devient le Premier ministre d'Anna Léopoldovna.

Anna Léopoldovna, mère de l’empereur Ivan VI de Russie, est proclamée régente fin 1741.

La tranquillité a été rétablie en Russie. De nouveau tous les gens se sont réjouis de ce nouvel état de fait, et en plus se sont félicités sur la bonne fortune de l'Empire russe ! Tout cela a duré pendant quatre semaines, au moment où Biron quitte la Régence, et les mêmes faits se reproduiront encore, quand un autre viendra pour renverser la Régente Anna Léopoldovna !

Münnich devient Premier ministre, ce qui le déçoit profondément. Anna Léopoldovna laisse les ministres gouverner, et notamment le feld-maréchal Buckhardt de Munnich. Celui-ci créé un Règlement des fabriques fixant les relations entre les propriétaires et leurs ouvriers et règlementant la journée de travail.

Burckhardt veut une alliance avec la Prusse, mais la Régente préfère s'allier avec les Autrichiens, d'où une nouvelle répartition des pouvoirs entre les ministres en Russie. Münnich ne conserve que l’armée et restitue les Affaires étrangères à Andrei Osterman. Puis, il n'est plus rien, lui qui avait été si puissant, car il a vraiment affaire à des ingrats[27]. Il tombe très malade et on pense à un empoisonnement[28]. Il guérit. La Régente lui accorde une pension de 15.000 livres et une garde d'honneur. Sa famille et lui vivent paisiblement à Saint-Pétersbourg jusqu'au jour où le pouvoir passe entre d'autres mains.

Des dissensions apparaissent entre les ministres, compromettant la stabilité et le crédit du gouvernement. Par ailleurs, la noblesse russe reproche à la régente le caractère trop germanique de son entourage : un sentiment national anti-allemand apparaît et l'opinion publique se tourne vers Élisabeth Petrovna, fille de Pierre le Grand et jugée plus "russe" qu'Anna Léopoldovna.

[modifier] Les espoirs trompés (1741)

Ernst Johann von Biron a fait déporter plus de 20.000 personnes en Sibérie. Il a fait écarteler les princes Dolgorouki. Or c'est l'un d'eux, ambassadeur en Pologne, qui avait permis à Burckhardt de Munnich de rencontrer Pierre le Grand.
Ernst Johann von Biron a fait déporter plus de 20.000 personnes en Sibérie. Il a fait écarteler les princes Dolgorouki. Or c'est l'un d'eux, ambassadeur en Pologne, qui avait permis à Burckhardt de Munnich de rencontrer Pierre le Grand.

Revenons un peu plus longuement sur l'ingratitude de cette Régente et les sentiments de Munnich.

C'est au lendemain de cette nouvelle révolution, que Munnich entre dans le palais avec une allure fière pour demander une entrevue avec la Régente Anna Léopoldovna.

- Votre altesse, dit-il, en ne s'agenouillant pas devant son souverain comme la coutume l'exige, mais seulement en appuyant légalement sa main à ses lèvres, votre altesse, j'ai accompli ma promesse. Je vous avais promis de vous libérer de Biron et de vous rendre la régence, et je l'ai fait. Maintenant, Madame, il est temps pour que vous accomplissiez votre engagement ! Vous avez solennellement promis que si je réussissais à vous rendre Régente, vous m'accorderiez immédiatement et sans réserve ce que je vous demanderais. Hé bien, maintenant, vous êtes Régente, et je viens vous faire ma demande !

- Je serais heureuse, Comte-maréchal, de me décharger d'une partie de mes obligations en accédant à votre demande. Aussi vite que possible, dit Anna Léopoldovna, avec un sourire engageant.

- Faites-moi le Chef suprême de vos forces ! répondit Munnich avec un ton presque autoritaire.

Un nuage apparaît sur l'expression un peu trop souriante de la Régente.

La Régente a nommé Chef suprême Ulrich de Brunswick, son mari, père de l’empereur Ivan VI de Russie
La Régente a nommé Chef suprême Ulrich de Brunswick, son mari, père de l’empereur Ivan VI de Russie

- Pourquoi demandez vous ceci avec précision - c'est la seule faveur qu'il n'est pas dans mon pouvoir de vous accorder ? dit- elle tristement. Il y a tellement d'autres charges, ainsi que beaucoup de positions influentes, par lesquelles je pourrais vous prouver ma gratitude. Demandez de l'argent, des trésors, des domaines, des terres, tout ce qu'il est dans ma puissance de donner. Pourquoi la nécessité vous fait exiger avec précision cela, ce qui n'est plus en mon pouvoir ?

Munnich la regarde avec les yeux révulsés, un tremblement des lèvres, et les joues très pales. Sa tête chancèle, et il pense ne pas avoir correctement entendu.

- J'ai l'espoir que ceci est seulement un malentendu ! bégaie t'il. Je dois avoir mal entendu, il ne peut pas être dans vos intentions de me le refuser.

- Puisse Dieu me donner la puissance de vous l'accorder ! réplique la Régente Anna Léopoldovna. Mais je ne puis donner ce qui n'est plus à moi! Pourquoi n'êtes vous pas venu quelques heures plus tôt, Comte-maréchal ? Alors là, il aurait été possible d'accéder à votre demande. Mais, maintenant il est trop tard !

- Vous avez alors nommé un autre Chef suprême ? crie Munnich, en tremblant de rage.

- Oui, dit Anna, souriante, et le voilà.

C'est le mari de la Régente, le prince Ulrich de Brunswick, qui à ce moment précis entre dans la salle et salue calmement Munnich.

- Vous avez ici un rival... mon mari, lui annonce la princesse Anna Léopoldovna, sans scrupule, et si je n'avais pas déjà signé votre diplôme, il n’est pas certain que je le ferai, maintenant que je sais le Comte Munnich désire le poste.

Andrei Osterman(1686-1747)
Andrei Osterman(1686-1747)

- J'espère répondit dédaigneusement le prince, que le comte Munnich comprendra que cette charge, qui place la puissance entière de l'empire dans les mains de celui qui la détient, convient seulement au père de l'empereur !

Le comte Munnich ne fait aucune réponse. Déjà si près du but, il le voie devenir irréalisable d'un coup. Il avait travaillé, lutté, tout cela en vain. C'est la deuxième révolution qu'il a provoquée, avec son plan préféré en vue : deux Régents rendus redevables de leur puissance, mais tous les deux avaient refusé la seule chose pour laquelle il les avait fait des régents ; ni l'un ni l'autre n'avaient été disposés à le nommer Chef suprême des Armées !

Dans ce moment Munnich se sent incapable de cacher sa fureur sous une apparente tranquillité, simulant un malaise, il demande permission de se retirer.

Chancelant, à peine en possession de ses moyens, il passe vite à travers le hall grouillant de courtisans venus quémander une faveur. Tous le saluent respectueusement, mais il lui semble qu'il peut lire la moquerie et une joie malsaine sur tous ces visages souriants. Peu d'heures plus tôt, il aurait pu les massacrer tous, et leur faire lécher ses bottes, avec cette rage qui le domine.

Quand il atteint son carrosse et que ses fiers chevaux l'emmènent vite loin, quand plus personne ne peut plus le voir, il laisse exploser sa colère, et les larmes de la fureur coulent de ses yeux; il s'arrache les cheveux et se frappe la poitrine; il se sent perdu, effrayé de sa fureur et de son désespoir. Une pensée, un souhait le poursuivait depuis de longues années, il avait travaillé et avait essayé d'obtenir la fonction de Chef suprême pour lui. Il avait souhaité être le premier, l'homme le plus puissant dans le Russe empire. Il contrôle la force militaire, et dans ses mains reposent les moyens de donner la paix ou la guerre au pays ! C'était ce qui il voulait et ce pour quoi il avait travaillé, et maintenant il se pose des questions : Oh, Biron, Biron, pourquoi gémit-il faiblement vous-ai, je renversé ? Vous m'avez aimé, et peut-être un jour m'auriez vous accordé ce qui vous m’aviez d'abord refusé! Biron, je vous ai trahi avec un baiser. C'est votre ange- gardien qui vous venge maintenant !

Elisabeth Ire de Russie va prendre le pouvoir et envoyer en Sibérie Munnich.
Elisabeth Ire de Russie va prendre le pouvoir et envoyer en Sibérie Munnich.

Enfin, Munich arrive à son palais, et les domestiques lui ouvrent la porte. Son cocher recule le carrosse, affolé par l'expression inquiétante du visage de son maître. Il est devenu gris, ses lèvres bleues ses yeux tremblent et des larmes brillantes semblent menacer ceux qui osent l’approcher.

Descendant en silence, il avance en zigzaguant, il pleure et soupire, il met en avant ses mains pour prier, implorer.

- Quoi de neuf ? demande t’il à son maître d’hôtel.

- Feodor a eu le malheur de casser la tasse de votre excellence.

Une joie étrange soudainement envahit le visage du Comte.

- Allez me chercher Feodor, dit-il, respirant mieux, et en se redressant : Oh, je remercie Dieu, je sais maintenant sur qui je vais me venger ! Et il punit sévèrement le coupable.

A partir de ce moment, la vie de Munnich devient une chaîne continue de vexations et de mortifications. Comme son ambition excessive est connue, il est constamment suspecté, et puni avec une incroyable sévérité pour chaque faute.

Il est vrai que la Régente Anna Léopoldovna le nomme au poste de premier ministre ; mais Andrei Osterman, qui vient de guérir, après l'arrêt réussi de l'entreprise révolutionnaire, se livre à diverses intrigues en tant que ministre des affaires étrangères; tandis que Golopkine capte le ministère de l'intérieur, de sorte que seul le Ministère de la guerre reste au premier ministre, Munnich. Il a commencé et mené à terme deux révolutions pour devenir général en chef, et n'a rien obtenu, juste des mortifications et des humiliations à chaque moment de sa vie!

[modifier] L'exil en Sibérie, règne d'Élisabeth Ire de Russie

Ce portrait de son ancien ennemi, Menchikov, et sa famille,  en exil en Sibérie, peut nous donner une idée de ce qu'a été la vie de Munnich, de sa femme et de ses fidèles domestiques pendant 20 ans.
Ce portrait de son ancien ennemi, Menchikov, et sa famille, en exil en Sibérie, peut nous donner une idée de ce qu'a été la vie de Munnich, de sa femme et de ses fidèles domestiques pendant 20 ans.

Mais, le 27 janvier 1742, il est condamné à être écartelé, car partisan du jeune Empereur. La révolution a frappé surtout les officiers dit étrangers bien que naturalisés et qui ont permis les victoires russes contre les Polonais et les Turcs. L'accusation officielle est détournement de fonds destiné à un hôpital. Burckhardt de Munnich est arrêté sur le chemin de à la frontière, et ramené à Saint-Pétersbourg pour y être exécuté. Une autre version nous dit qu'il est arrêté dans son lit, même s'il songeait à partir pour la Prusse[29] .

Au dernier moment il est retiré de l'échafaud, puis envoyé en Sibérie à Pelym par l’Impératrice, Élisabeth Ire de Russie[30].

De 1742 à 62, soit 20 ans, il vit en exil en Sibérie dans la plus affreuse misère. Il est toutefois, grand, aux yeux de ses contemporains, dans l’exil, par la pitié et la résignation qu’il manifeste. Il occupe la maison de Biron et croise celui-ci venant d’être libéré à Kazan. C'est une cabane ! Burckhardt de Munnich cultive lui-même son petit jardin. Il devient le professeur des enfants de la région, écrit beaucoup, dessine des plans militaires et civils.

L’officier - un homme avide - qui le garde reçoit 3 roubles par jour, pour son entretien, celui de sa Femme, du docteur Martens, son ami et de quelques fidèles domestiques allemands. Il ne reçoit de nouvelles de Saint-Pétersbourg que par un jardinier qui enveloppe des plantes avec des gazettes.

Tous ces biens sont confisqués et son fils, Ernest de Munnich, exilé de la Cour. Au bout de quelques d'années d'exil, il réussit à terroriser les fonctionnaires locaux qui craignent d'être châtiés pour leurs abus quand Munnich retournera à la Cour. Cela lui permet, même sans sa fortune, d'aider à nouveau les pauvres, qui sont là même parfois d'anciens hommes riches et puissants, comme lui.

[modifier] Au service de Pierre III de Russie

En 1762, Pierre III de Russie le rappelle, mais est très rapidement arrêté et assassiné dans sa cellule.
En 1762, Pierre III de Russie le rappelle, mais est très rapidement arrêté et assassiné dans sa cellule.

Élisabeth décède le 5 janvier 1762. Devenu tsar, Pierre III de Russie le rappelle. Munnich a 82 ans, mais il conserve toute sa vigueur et surtout une ardeur infatigable. De Moscou à la capitale sa marche est triomphale. Tous les militaires qui avaient servi sous ses ordres accourent pour le voir et répandent des larmes de joie. Mais surtout il retrouve son fils unique et la Comtesse de Vitinghof, sa petite-fille.

Pierre III de Russie le comble de bienfaits et lui rend tous ses titres. Mais Pierre III de Russie, arrête la guerre au moment où Frédéric II de Prusse, pourtant complètement vaincu. En quelques mois, Pierre réussit à se faire détester de tous ceux qui pourraient lui être favorables à la cour de Russie. Un premier oukase oblige l'armée à se vêtir d'uniformes prussiens. Un second oblige les popes à se couper la barbe et à s'habiller comme des pasteurs protestants. Les icônes sont enlevées des églises, et les biens du clergé orthodoxe sont confisqués.

Au printemps 1762, Pierre III s'apprête à déclarer la guerre au Danemark afin de s'emparer du Schleswig et de l'annexer à son duché du Holstein. Il assigne Catherine à Peterhof et part rejoindre ses troupes à Cronstadt.

La future tsarine, qui a peur pour sa vie, décide de prendre le pouvoir par la force et de renverser son époux, avec l'aide de Nikita Panine et des frères Orlov. Ceux-ci soudoient une centaine de soldats des régiments Préobrajenski et Ismaïlovski, qui servent d'escorte à Catherine dans sa marche sur Saint-Pétersbourg. Après quelques hésitations, les autres régiments se joignent à eux. À son arrivée dans la capitale, Catherine est accueillie triomphalement et reconnue par le clergé et le sénat.

[modifier] Au service de Catherine II de Russie

Munnich avait conseillé le Tsar face à l'agitation qui a amené Catherine II de Russie au pouvoir. Mais, celui-ci était trop faible. Il va être très rapidement assassiné.

Burckhardt de Munnich paraît dès le lendemain de ce renversement devant Catherine II de Russie :

- Vous avez voulu combattre contre moi, lui dit cette Princesse.

- Oui, Madame, lui répondit le vieux Feld-maréchal, pouvais-je moins faire pour le Prince qui m’a délivré de ma captivité ? Mais c’est à présent mon devoir de combattre pour votre majesté et je le remplirai avec dévouement.

Il meurt à Tartu en Livonie et est enterré sur ses terres toutes proches de Lunia.
Il meurt à Tartu en Livonie et est enterré sur ses terres toutes proches de Lunia.

L’Impératrice le nomme Directeur Général des Canaux et des Ports de Russie. Certes, Burckhardt de Munnich veut chasser les Turcs d’Europe et rétablir l'Empire romain d'Orient. Mais, il n'a plus d'influence politique personnelle sur la conduite de la guerre.

Burckhardt de Munnich meurt à 84 ans, lors d’une inspection à Dorpat, dans les Provinces baltes, (de nos jours Tartu en Estonie). Il voulait dans les derniers revoir sa terre natale. Il possédait des terres considérables, mais s'inquiétait dans ses courriers à leur administrateur de son jardin et plus particulièrement de ses roses et la dernière cueillette des groseilles.

[modifier] Après sa mort

Frédéric II de Prusse professe une grande admiration pour ses exploits et il l’appelle le Prince Eugène des Moscovites.
Frédéric II de Prusse professe une grande admiration pour ses exploits et il l’appelle le Prince Eugène des Moscovites.

A sa mort, la plupart des grands travaux dans les ports seront abandonnés. Mais Catherine II de Russie dit de lui : Si Munnich n'est pas un des enfants de la Russie, il en est l'un des pères.

Frédéric II de Prusse professe une grande admiration pour ses exploits et il l’appelle le Prince Eugène des Moscovites. Voltaire écrit de son côté : Le comte de Münnich, qui du service de Saxe avait passé à celui de Pierre Ier, était à la tête de l’armée russe. C’était le prince Eugène des Moscovites; il avait les vertus et les vices des grands généraux: habile, entreprenant, heureux; mais fier, superbe, ambitieux, et quelquefois trop despotique, et sacrifiant la vie de ses soldats à sa réputation. Lacy, Keith, Löwendal, et d’autres habiles généraux, se formaient dans son école.

D’après Hermann von Manstein, son aide de camp : Le Comte de Munnich est un vrai contraste de bonnes et de mauvaises qualités. Poli, grossier, humain, emporté, tour à tour, rien ne lui est plus facile que de gagner les cœurs de ceux qui ont affaire à lui. Mais soudain, un instant après, il les traite d’une manière si dure qu’ils sont forcés pour ainsi dire de le haïr. Dans de certaines conditions, on l’a vu généreux, dans d’autres d’une avarice sordide. C’est l’homme du monde qui a l’âme la plus haute et cependant on lui a vu faire des bassesses. L’orgueil est un vice dominant. Dévoré sans cesse par une ambition démesurée, il a tout sacrifié tout au monde pour la satisfaire. Un des meilleurs ingénieurs de l’Europe, il a été aussi un des plus grands capitaines de son siècle. Souvent téméraire dans ses entreprises, il a toujours ignoré ce que c’est que l’impossible. D’une stature haute et imposante, et d’un tempérament robuste et vigoureux, il semble être né général.

Ernst Gideon von Laudon et Lacy ont fait leur apprentissage sous ses ordres devant Ochakov et Khotin.

Burckhardt de Munnich est enterré dans sa terre de Lunia en Livonie[31]. Malgré son rôle de bâtisseur de la Russie moderne sa tombe est profanée et en partie détruite par les Soviétiques.

Le 37e dragon portait son nom du temps de la Russie impériale.

[modifier] Sa descendance

Deux de ses descendants : Barbara Juliane von Krüdener, peinte en 1786 avec son fils Paul.
Deux de ses descendants : Barbara Juliane von Krüdener, peinte en 1786 avec son fils Paul.

Burckhardt de Munnich a eu dix sept enfants de sa première femme. Quatre seulement lui survivent, mais ils auront une nombreuse descendance. Il n'a pas d'enfants avec sa deuxième femme, mais la fille de celle-ci se marie avec le général Hans Karl von Winterfeldt, un ami de Frédéric II de Prusse.

Ernst de Munnich (1707-1788), son fils, est membre du ministère du Commerce. Catherine II de Russie pense à lui à propos de l'Ermitage : J'ai dit : Bon Dieu! la foire a changé de place! Il faudra que le comte de Munnich établisse la douane là où était le théâtre de l'Ermitage[32]. Finalement la Tsarine l'emploie principalement à la constitution du Musée de l'Ermitage, dont il tient lui-même le catalogue des oeuvres, durant les premières années. Et bien qu'il signe en 1766 un traité de commerce entre la Russie et l'Angleterre, son rôle de fondateur du Musée de l'Ermitage restera son titre de gloire[33]. Le comte Ernest de Munnich est le Conseiller privé de l'impératrice, chevalier des ordres de St. Alexandre Newsky et de l'aigle blanc de Pologne.

Barbara Juliane von Krüdener est l'une de ses arrière-petites-filles. Une autre de ses descendantes se marie en 1804 à Armand François d'Allonville, maréchal de camp, historien... On attribue à ce d'Allonville la paternité du plan de Michel Barclay de Tolly qui organise la retraite des troupes russes pendant la Campagne de Russie (1812).

Anton Günther von Münnich (1645-1721)
 |
 |--> Burckhardt de Munnich (1683-1767)
 |     x Christiane Lucretia de Witzleben
 |       |
 |       |--> Ernst de Munnich (1707-1788)
 |       |       x Anne-Dorothée de Mengden
 |       |         | 
 |       |         |--> Antoine de Munnich
 |       |         |      |
 |       |         |      |--> Serge de Munnich
 |       |         |      |
 |       |         |      |--> Céleste Octavie de Munnich (1785-1851)
 |       |         |            x Armand François d'Allonville (1764-1832)
 |       |         |
 |       |         |--> Johan Gottlieb de Munnich (1735-1813)
 |       |         |
 |       |         |--> Ernst Gustave de Munnich(1740-1812)
 |       |         |
 |       |         |--> Anna Ulrika de Munnich (1741-1811)
 |       |               x Otto Hermann de Vietinghoff (1722-1792)
 |       |                  |
 |       |                  |--> Barbara Juliane von Krüdener (1764-1824)
 |       |
 |       |--> Sophie de Munnich
 |       |
 |       |--> Louise Dorothée de Munnich
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 |--> Johann Rudolf von Münnich (1678-1730) 
 |        
 |--> Christian Wilhelm von Münnich (1686-1768)

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Histoire de France pendant le dix-huitième siècle, par Charles de Lacretelle, p.129
  2. Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les ..., Par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand), Firmin-Didot, p. 935
  3. Histoire de France pendant le dix-huitième siècle, Par Charles de Lacretelle, p.129
  4. Histoire de France pendant le dix-huitième siècle, Par Charles de Lacretelle, p.129
  5. Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les ..., Par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand), Firmin-Didot, p. 936
  6. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre alphabétique de la vie ... Par Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, p. 408
  7. La région de la capitale
  8. Région de Mourmansk
  9. Nicolas Botta-Kouznetzoff
  10. Universitätsbibliothek Düsseldorf - Geschichte des Geschlechts von Maltzan und Maltzahn - Dr. Berthold Schmidt - 4 Bände, Schleiz 1907, 1913, 1920, 1926.
  11. Son nom russifié
  12. Histoire de France pendant le dix-huitième siècle, Par Charles de Lacretelle, p. 131
  13. HISTOIRE DE MON TEMPS, CHAPITRE Ier. INTRODUCTION, 1740
  14. Le gâchis à la Bühren
  15. Voltaire ajoute : Remarquons ici que ce comte maréchal de Minikh, qui le poursuivait si cruellement, fut quelque temps après relégué en Sibérie, où il vécut vingt ans dans une extrême misère, pour reparaître ensuite avec éclat. Telle est la vicissitude des grandeurs.
  16. Histoire de France pendant le dix-huitième siècle, Par Charles de Lacretelle, p.144
  17. Histoire de France pendant le dix-huitième siècle, Par Charles de Lacretelle, p. 204.
  18. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou Histoire par ordre alphabétique de la vie ... Par Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, p. 409.
  19. Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les ..., Par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand), Firmin-Didot, p. 939
  20. Archives littéraires de l'Europe, ou, Mélanges de littérature, d'histoire et de philosophie, p. 393
  21. Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les ..., Par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand), Firmin-Didot, p. 942
  22. Le compte-rendu de Tóth: Archives du Ministère des Affaires Étrangères (Paris), série Mémoires et documents - Russie vol. 30 fol. 21-24.
  23. CADN, série Saint-Priest 17 (Journal de l'ambassade de M. le marquis de Villeneuve (1728-1741) pp. 281-282.; 288-289.
  24. 8 novembre du calendrier julien
  25. voir le texte qui suit intitulé Les espoirs tombés 1740
  26. La Cour de Russie il y a cent ans, Paris, 1858
  27. Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les ..., Par Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand), Firmin-Didot, p. 943
  28. Archives littéraires de l'Europe, ou, Mélanges de littérature, d'histoire et de philosophie, p. 396
  29. Archives littéraires de l'Europe, ou, Mélanges de littérature, d'histoire et de philosophie, p. 397
  30. Yelizaveta Petrovna, une bâtarde.
  31. Archives littéraires de l'Europe, ou, Mélanges de littérature, d'histoire et de philosophie, p. 403
  32. La Babylone des neiges, L'Express
  33. Comte Ernest de Münnich. Mémoires sur la Russie

[modifier] Bibliographie

Plusieurs auteurs ont écrits sur Munnich :

  • Son fils : Mémoires sur la Russie de Pierre le Grand à Elisabeth 1re : (1720 - 1742) , Ernest de Munnich. Trad., introd. et notes de Francis Ley. - Paris L'Harmattan, 1997.
  • Le Comte de Solms, son gendre, Kempel, Busching et Halem, dont l’ouvrage a été traduit en Français par Jean-François de Bourgoing, sous ce titre : Vie de Munnich, général, feld-maréchal au service de la Russie, Paris 1807
  • Le marechal de Münnich et la Russie au XVIIIe siècle, par Francis Ley, Plon 1959
  • Münnich: ingénieur, feldherr, hochverräter ..., par Melchior Vischer, Frankfurt a.M., Societäts-verlag, 1938.
  • Pervyĭ brosok na i︠u︡g,par A A Mikhaĭlov, Moskva : Izd-vo AST ; Sankt-Peterburg : Severo-Zapad Press, 2003.
  • Burchard Christoph von Münnich : die Beurteilung, Darstellung und Erforschung seines Wirkens in Russland in der deutschen und russischen Historiographie ; der Versuch einer Perspektivenuntersuchung an Hand von Beispielen, par Brigitta Berg, Oldenburg : Isensee, 2001.
  • Leben, Thaten, und betrübter Fall, des Weltberufenen, russischen, Grafens, Burchards Christophs von Münnich, gewesenen kayserl. Premier-Ministers, und General-Feld-Marschalls, in Russland etc. Aus sichern Nachrichten, bis auf den heutigen Tag, umständlich beschrieben, par Christian Friedrich Hempel, Bremen, N. Saurmann, 1742.
  • Zapiski grafa Minikha, syna felʹdmarshala, par Ernst Münnich, Graf von, Sanktpeterburg : V tipografīi N. Grecha, 1817.
  • Rossīi︠a︡ i russkiĭ dvor v pervoĭ polovini︠e︡ XVIII vi︠e︡ka, par Ernest graf von Münnich; Arved Jürgensohn; Vera Vasilʹevna Timoshchuk, S.-Peterburg, Izd. redakt︠s︡ii istoricheskago zhurnala "Russkai︠a︡ starina", 1891.
  • Leben, Thaten, und betrübter Fall des Weltberufenen russischen Grafen Bürchards Christophs von Münnich : gewesenen kayserlichen ersten Ministers, und General-Feld-Marschalls, in Russland ...
  • Novos progressos das armas russianas : relaçam da segunda victoria alcançada pelo famoso heroe do nosso tempo o Feld-Marechal Conde de Munick, General supremo de Exercito da Muito Augusta Emperatriz da Russia ; vencendo, e pondo em vergonhosa fogida o numeroso Exercito dos Turcos, e Tartaros, commandado pelo Bachâ de Bender na Ribeira de Savrane do territorio de Polonia em 19. de Julho de 1738, par José Freire de Monterroyo Mascarenhas, Lisboa Occidental : Na Officina de Antonio Correa Lemos, 1738.
  • Leben, Thaten, und betrübter Fall des russischen Grafen B.C. von Münnich : gewesenen kayserlichen ersten Ministers, und General-Feld-Marschalls, in Russland, Bremen, 1743.
  • Kontynuacya relácyi jegomośći páná feld-márszałka Munnicha, Microforme Microforme, Russian-Ottoman relations, 1600-1800, S.l. : s.n., 1738.
  • Ulrich Wilke "Von der Hunte an die Newa"
  • Die Memoiren des Grafen Ernst von Münnich

[modifier] Son oeuvre

Munnich a écrit plusieurs ouvrages :

  • Recueil des écluses du canal de Ladoga, publié en 1765.
  • Ébauche pour donner une idée de la forme du gouvernement russe, publié à Copenhague par Leipsick Breitkopf, en 1774.
  • Ses Mémoires sont disparues à tout jamais dans les Archives russes.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes