Black Market Music

Black Market Music ou l'envol de Placebo dans les charts, avec Special K, Taste In Men ou encore Black-Eyed. Un album enregistré dans les studios Olympic en compagnie de Paul Corcket. En deux albums, projetés au rang de rock stars, Brian Molko, Stefan Olsdal et Steven Hewitt ne perdent pas pour autant le lien avec la réalité et se sont remis en selle avec l'idée de faire mieux et d'innover. Ainsi l'album précédent qui avec le recul leur paraît bien trop lent, cafardeux et nombrilliste, a pour successeur un album plus ouvert au monde et à de nouveaux styles comme l'électronique, le métal et le jazz. Une ouverture qui permet à Placebo de collaborer avec d'autres artistes comme Justin Warfield sur "Spite And Malice" et différents producteurs: Dimitry Tikovoi et Rob Ellis.

Le titre, Black Market Music (Musique du marché noir), fut choisi en référence au développement du piratage de la musique auquel le groupe s'est toujours opposé et fait sous-entendre que cet album a quelque chose d'illegal, "qu'on se l'échangerait par dessous les tables". Placebo relève donc ici la tête, tourne un instant le dos à l'hédonisme et l'expression du "je" pour accoucher de titres plus politiques en phase avec le monde contemporain dont le plus significatif est "Slave To The Wage" (Esclave du salaire) préconisant la fuite de ce monde en sursis, ce "labyrinthe pour rats". Le son Placebo évolue, celui saturé et "noisy" laisse la place à un son plus lourd mais lisse, plus saignant et également plus métallique, symbolisé par l'utilisation, par Brian Molko, de la Gibson SG sur la plupart des titres de l'album. Au niveau émotionnel, Black Market Music, se caractérise par une dépression glaciale et lancinante, comme si la mélancolie était devenue une chose avec laquelle le groupe vit, là où son prédecesseur Without You I'M Nothing était douloureux et déchirant.