Beaux-arts et littérature (hindouisme)

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Les beaux-arts et la littérature dans l’hindouisme occupent une part essentielle dans cette religion qui peut se prévaloir d’être un substrat culturel incontournable.

Sommaire

[modifier] L’architecture

Exemple de gopura, à Hampi, au Karnataka
Exemple de gopura, à Hampi, au Karnataka

Les lieux de culte des divinités mineures, rudimentaires, consistent en de simples mausolées de brique. Au contraire, les grandes divinités sont adorées dans des temples, parfois creusés à même la roche[1].

temple monolithe taillé en un bloc de granit, à Mahâbalipuram
temple monolithe taillé en un bloc de granit, à Mahâbalipuram

À Mahâbalipuram, au sud de Chennai (Madras), on trouve, outre des grottes taillées, des temples monolithes sculptés et évidés en des blocs de granit. Le style Pallava y est représenté par le temple de la Plage (VIIe siècle) [1].

Les plans sont, jusqu’à la fin de la période classique, obsidiaux ou carrés, – avec une prédominance pour ces derniers. On rencontre également des temples octogonaux[1].

Les lieux où sont situés les temples font l’objet d’un choix minutieux, obéissant à des règles précises, car ceux-ci doivent contenir les éléments qui permettront de les regardes comme des microcosmes [1].

Les temples peuvent être entourés de mur (notamment dans le Sud) ; aux quatre points cardinaux, ces murs sont percés de portes surmontées de très haute tours (gopura) ; ainsi à Madurai (XVIe siècle) [1].

Gopura(m) du temple de Mînâkshî à Madurai (au Tamil Nadu)
Gopura(m) du temple de Mînâkshî à Madurai (au Tamil Nadu)

Le sanctuaire, de petite taille, se nomme garbhagriha, « matrice », tandis que l’âme du temple reste la minuscule cella (lieu du temple où est la statue du dieu) [1].

La symbolique du sanctuaire est évidente : tout comme le monde matériel dans son ensemble provient d’un « giron maternel », ainsi l’univers représenté par son axe, le mont Mérou, naît du garbhagriha. Ce dernier est constitué d’une simple pièce, sans lumière, généralement carrée (ce n’est qu’à l’époque postclassique – après 800 – que cette forme est progressivement abandonnée) [1].

bas-relief d'un temple de Khajuraho
bas-relief d'un temple de Khajuraho

À l’intérieur, on place l’image de la divinité principale ; dans les temples consacrés à Shiva, la représentation est souvent un linga. Le long de la structure principale sont souvent creusées des niches qui abritent les figurations de divinités secondaires. Une galerie de circumambulation entoure le garbhagriha, et permet au fidèle de pratiquer le rite fort important de la pradaksina, la déambulation dans le sens des aiguilles d’une montre, autour de l’objet à vénérer (ou bien de l’orient vers l’occident, suivant la course du soleil) [1].

Dès le début de la période post-Gupta (VIe-VIIIe siècle), on trouve, à l’entrée du temple, adjointe au girbhagraha, une série de salle (mandapa) de grandeur décroissante. Leur fonction est d’inviter les fidèles au recueillement et à la préparation du culte dans la garbhagriha ; c’est dans ce lieu également que se déroulent les danses rituelles[1].

Le temple (mandir) est un bâtiment sacré, il ne ne sert que de demeure au dieu, et permet au fidèle de l'adorer : le temple sans la statue en son sein n'est plus sacré, comme la statue sans son temple ne peut plus être vénérée corectement : il y a interdépendance des deux éléments, comme dans la vision hindoue il ne peut y avoir de corps vivant matériel (le temple) sans âme (la statue à l'intérieur du temple). Contrairement à une église ou une mosquée, un temple hindou n'est pas un lieu de congrégation religieuse (puisque dans l'hindouisme, c'est l'individu, ou la famille, et non la communauté, qui est porteur de l'activité religieuse). Pour l'organisation d'une assemblée hindoue, on se sert d'un vaste terrain en plein air agrémenté de grandes tentes.

Vue d'une berge (ghât) à Varanasi (Bénarès), en 1922 ; l'empereur moghol Aurangzeb, surpassant tous ses prédécesseurs, donna l'ordre de piller et de raser tous les temples. Malgré l'aspect antique de ceux-ci, peu de bâtiments hindous datent de plus de deux siècles.
Vue d'une berge (ghât) à Varanasi (Bénarès), en 1922 ; l'empereur moghol Aurangzeb, surpassant tous ses prédécesseurs, donna l'ordre de piller et de raser tous les temples. Malgré l'aspect antique de ceux-ci, peu de bâtiments hindous datent de plus de deux siècles.

L’évolution historique a déterminé, dans le domaine architectural, différents styles tels que, parmi les principaux : le style des Maurya (env. 320-176 av. J.-C.), qui témoigne d’un premier effort d’unification indienne ; aux sources du classicisme, le style gréco-bouddhique du Gandhâra (milieu du Ier siècle-fin du IVe siècle), mâtiné de tradition hellénistique ; le style de Mathurâ (env. IIe-IIIe siècle), qui, rapidement, assimile les influences étrangères (alexandrines, palmyréennes ou iraniennes) ; les styles classiques, Gupta et post-Gupta (fin du IVe siècle-VIIIe siècle) ; le style Pallava (VIe siècle-fin du VIIIe siècle), qui s’épanouit à Mahâbalipuram ; les styles médiévaux et l’implantation de l’art islamique, suite à la prise de Delhi par l’armée de Muhammad de Ghor en 1192 ; les styles du sultanat de Delhi (env. 1193-1555) ; enfin, le style impérial moghol (milieu du XVIe siècle-milieu du XVIIIe siècle). Précisons pour finir que les traités classent généralement les temples sous trois grandes rubriques : nâgara, drâvida et vesara [1].

[modifier] La sculpture

Les chutes du Gange, à Mahâbalipuram
Les chutes du Gange, à Mahâbalipuram
Statue de Natarâja (« seigneur de la Danse »)
Statue de Natarâja (« seigneur de la Danse »)
Statue de Brahmâ à Halebid, au Karnataka
Statue de Brahmâ à Halebid, au Karnataka
Statue de Bhairava (forme terrible de Shiva) à Katmandou, Népal
Statue de Bhairava (forme terrible de Shiva) à Katmandou, Népal
Roue du char du Soleil, symbole  du samsâra, le cycle des réincarnations (Orissa, temple de Konarak)
Roue du char du Soleil, symbole du samsâra, le cycle des réincarnations (Orissa, temple de Konarak)

Les parois extérieures des temples hindous sont souvent ornées de sculptures – jamais dissociées du programme architectural (contrairement à l’architecture baroque européenne) – depuis la base jusqu’au fronton [1].

Dans cet ordre vertical, les sculptures représentent la hiérarchie des êtres vivant (monde animal, humain, démonique, divin) et produisent souvent un effet grandiose [1].

Par rapport à la sculpture bouddhiste, la sculpture hindoue est nettement plus dynamique ; le temple de Mînâkshî, à Madura, en fournit un bel exemple[1].

Le bas-relief atteint son apogée dans la seconde moitié de la période classique, à l’époque du style Pallava à Mahâbalipuram (VIIe siècle). Dans cette localité se trouve un bas-relief à l’air libre extrêmement célèbre : long de 27 mètres sur 7 mètres de haut, il représente, entre autres, la descente du Gange sur la Terre, et la « pénitence » à laquelle se livre le héros Arjuna. On trouve également des figures mythologiques du Mahâbhârata et du Râmâyana représentées à Elephanta (VIIe siècle) et à Ellorâ (VIIIe siècle) [1].

L’intérieur de nombreux temples est orné de statues de divinités en pierre ou en bronze ; les bronzes du sud de l’Inde sont célèbres pour l’harmonie et la stylisation de leur posture (comme le Shiva dansant (Natarâja) du Xe siècle) [1].

Une forme androgyne de Shiva/Parvatî : Ardhanareshwara
Une forme androgyne de Shiva/Parvatî : Ardhanareshwara
le seigneur Vishnou (XIIe siècle)
le seigneur Vishnou (XIIe siècle)
Linga et yoni, sur les ghât de Varanasi
Linga et yoni, sur les ghât de Varanasi

Dotées d’ubiquité (attribut de Dieu, présent partout dans un même instant) et jouissant de très nombreux privilèges supra-humains, les divinités hindoues sont représentées soit d’une manière anthropomorphique, soit sous la forme d’animaux ou d’êtres fantastiques, soit d’une manière symbolique. Ainsi, Brahmâ est représenté comme un homme à quatre têtes et à quatre mains qui symbolisent les quatre Samhita (« récoltes » : Rig-Veda, Sâma-Veda, Yajur-Veda, Atharva-Veda), car il est le protecteur de la révélation divine[1].

L’iconographie religieuse est influencée par le yoga, la danse et l’art de faire un discours au moyen de doigts. Nous aurons alors, pour ce qui est des poses : en pieds (sthâna), assise (âsana) ; désigne aussi le siège, ou couchée (sayana). Pour les figures debout, les attitudes peuvent varier suivant la disposition des deux parties du corps de part et d’autre d’une ligne verticale imaginaire (brahmasûtra). Pour les figures assises, on distingue trois sortes d’âsana : « à l’indienne », signalant la concentration ; « à l’européenne », caractéristique d’une personne pourvue de signes royaux ; « de délassement », caractéristique des Bodhisattva et des dieux brahmaniques. En outre, on peut rencontrer des postures agenouillées, d’humilité et de dévotion[1].

Quand on représente, par exemple, Krishna dansant et jouant de la flûte avec sa compagne Râdhâ, la flûte symbolise l’homme, car cet instrument, en soi dépourvu de son et sans vie, est animé par le souffle du dieu[1].

L’union de Shiva et de sa Shakti, ou entre une divinité masculine et sa shakti, est souvent représentée comme union sexuelle[1].

Chaque divinité, en outre, a ses attributs[1].

Vishnou, par exemple, en a quatre : la fleur de lotus, le disque (chakra), la massue et la conque. Ceux de Shiva sont une hachette, une antilope, un cordon de grains, ou chapelet, une torche ou un pot à feu, un tambourin en forme de sablier, un serpent. Mais Shiva est aussi figuré symboliquement par son emblème phallique, le linga, représenté par un cylindre que soutient une cuve circulaire à ablutions, qui symbolise la Déesse sous la forme du yoni, organe sexuel féminin[1].

On attribue une valeur fortement symbolique – voire ésotérique – aux sculptures érotiques qui représentent des couples d’amoureux (mithuna), dont on peut voir des exemples illustres dans les temples de Bhubaneshvar (XIe siècle), Khajurâho (XIIIe siècle), Tanjore (XIe siècle) et Gangaikondaçolapuram (XIe siècle) [1].

De même qu’une phrase en sanskrit peut avoir, selon la manière dont on sépare les mots, une signification ascétique ou érotique, de la même manière les groupes de statues d’hommes et de femmes dans les différentes phases du jeu érotique et de l’union sexuelle sont des symboles de l’amour humain pour le divin et de l’obtention d’un état d’extase[1].

[modifier] La littérature

Un passage du Bhagavata-Purâna : Yaçoda lave son fils, Krishna (ici, un manuscrit datant de 1500)
Un passage du Bhagavata-Purâna : Yaçoda lave son fils, Krishna (ici, un manuscrit datant de 1500)

Les littératures philosophiques et sacrées de l’Inde sont extraordinairement variées[1].

Les textes fondamentaux de l’hindouisme peuvent être classés en deux ensembles : la shruti (« écoute »), qui regroupe les textes les plus anciens, et la smriti (« souvenir » ou « mémoire »), des textes postvédiques[1].

La shruti regroupe tous les textes centrés sur la révélation divine, à l’origine appris par cœur et récités devant un public. À savoir : le Veda (ou les Veda) et la Bhagavad-Gîtâ. Les hindous considèrent le Veda comme les premiers textes de l’histoire et la langue dans laquelle ils sont écrits, le sanscrit, comme la plus ancienne du monde[1].

Vishnou dans le Devimahatmya (miniature de 1675-1700)
Vishnou dans le Devimahatmya (miniature de 1675-1700)

Tandis que la littérature shruti reste l’apanage d’une petite élite, les textes qui appartiennent à la seconde catégorie, smriti, sont les plus populaires. Il s’agit d’œuvres qui retracent les faits et gestes de héros mythiques et de saints. En font partie quelques textes du Veda ainsi que des écrits postvédiques tels qu’épopées, sûtra, purâna, textes consacrés au dharma (dharmashâstra) – le mieux connu en Occident étant le Mânavadharmashâstra, le « Traité du dharma » – , enfin, les deux grandes épopées, le Mahâbhârata et le Râmâyana[1].

On entend par sûtra (littéralement, « corde, chaîne, fil ») un texte écrit sous la forme de petites phrases ou aphorismes. Parmi ceux-là, les grhya-sûtra, où sont énoncées les règles de vie sociale et domestique, et les Srauta-Sûtra, ensemble de prescription pour les rites et les cérémonies des prêtres. Les Kâma Sûtra (« aphorisme sur le désir ») sont attribués à Vâtsyayana (fin du IVe siècle). Ce célèbre ouvrage de technique philosophico-érotique est écrit principalement en prose[1].

Les purâna (« histoires des textes anciens ») constituent les textes canoniques des vishnouïtes et des shivaïtes. Attribués au mystique Vyasa, ils furent en réalité écrits au fil du temps par des auteurs anonymes, jusqu’au IXe siècle. Rédigés en vers, ils enseignent une cosmologie qui regroupe les éléments du réel, constitutifs de l’univers, sa création et sa recréation[1].

Outre qu’ils représentent les textes sacrés des vishnouïtes et des shivaïtes, les purâna constituent la principale source mythologique et iconographique de l’hindouisme, précisent la généalogie des dieux et des saints antiques ou encore l’histoire des généalogies royales[1].

Un très grand nombre de textes sont constitués par les âgama (« ce qui a été transmis ») ou les tantra (« livres »), dont les thèmes récurrents sont l’inâna, la doctrine philosophique, fondement de la religion ; les techniques du yoga ; les pratiques rituelles (kriyâ) ; les règles du comportement moral (caryâ) [1].

Le Râmâyana (« la marche de Râma ») est plus bref et vraisemblablement plus ancien que le Mahâbhârata, l’autre grand poème épique indien. Bien qu’attribué au poète Valmiki, il a sans doute été écrit en sanskrit, remanié par plusieurs auteurs et à des époques différentes. Il comprend sept livres et 24 000 shloka (strophes de quatre vers octosyllabes). La seconde épopée, immense, le Mahâbhârata (« la grande [bataille] des Bhârata »), fut composé entre le IVe siècle av. J.-C. et le IVe siècle après J.-C. ; on l’attribue à Vyasa. Sous sa forme actuelle, il comprend dix-neuf livres de quelques 120 000 versets, essentiellement des shloka, mais aussi des tristoubh (distiques de quarante-quatre syllabes). C’est le plus long poème épique de la littérature mondiale (son volume est égal à trois fois celui de la Bible). Il contient notamment la Bhagavad-Gîtâ (« le chant du Bienheureux »), le texte le plus sacré et le plus mobilisateur pour les hindous, un poème didactique d’inspiration philosophique et religieuse. Écrite aux environs de l’ère chrétienne, elle est divisée en dix-huit chants et 700 shloka, et constitue une partie du sixième livre du Mahâbhârata[1].

Un passage du Râmâyana : Râma est de retour vainqueur en son royaume, en compagnie de sa compagne retrouvée, Sita
Un passage du Râmâyana : Râma est de retour vainqueur en son royaume, en compagnie de sa compagne retrouvée, Sita

[modifier] Notes et références de l'article

  1. abcdefghijklmnopqrstuvwxyzaaabacadaeaf Encyclopédie des religions, Gerhard J. Bellinger ISBN 2253131113

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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