Bataille d'Inkerman

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Bataille d'Inkerman
Informations générales
Date 5 novembre 1854
Lieu Inkerman
(Ukraine actuelle)
Issue Victoire franco-britannique
Belligérants
Armée franco-britannique Armée russe
Commandants
Général Pierre Bosquet
Lord Raglan
Alexandre Menchikov

Forces en présence
Britanniques :
8 500 fantassins
38 canons
Français :
7 500 fantassins
18 canons
31 000 fantassins
4 000 cavaliers
110 canons



Pertes
5 700 morts au total dont
Britanniques : 2 600 +
3 généraux et 4 blessés
Français : 1 400
de 11 800 à
18 000 morts
Guerre de Crimée
Sinop — Petropavlovsk — Alma — Balaklava — Inkerman — Sébastopol — Eupatoria — Taganrog — Chernaya — Kars  — Malakoff

La bataille d'Inkermann eut lieu le 5 novembre 1854 entre l'armée russe et une coalition franco-britannico-turco-piémontaise lors de la guerre de Crimée.

[modifier] Contexte

Malgré leur échec le 25 octobre précédent lors de la bataille de Balaklava, les Russes souhaitaient toujours briser le siège autour de leur place de Sébastopol. Débouchant d'Inkerman l'objectif russe était une hauteur dominant le camp britannique - au demeurant mal défendue. La veille les Russes avaient reçu un renfort de 30 000 hommes commandés par le général Dannenberg et les grands-duc Michel et Alexandre.

[modifier] Le plan russe

Les russes savaient que l’armée alliée était divisée en deux grands corps, l’un dit de siège, chargé directement des opérations militaires contre Sébastopol, l’autre d’observation, qui devait repousser les attaques venant du dehors.

La droite des anglais était dominée par une hauteur accessible du coté d’Inkerman et des marais de Tchernaïa.
L’état-major anglais avaient commis la faute de ne pas fortifier convenablement cette hauteur. Ils n’y avaient élevé qu’une petite redoute pour, seulement, deux canons, et d’un relief insuffisant pour mettre une grande-garde à l’abris de l’escalade.

A la suite de cette hauteur auprès de Balaklava, une ligne de monticules d’un escarpement inaccessible, où campaient les deux divisions françaises du corps d’observation.

Sur toute cette ligne, il n’y avait d’accessible que la hauteur d'Inkerman.
Ce fut donc ce point que les généraux Menchikov et Dannenberg résolurent d’enlever à l’aide de leurs forces, 5 fois plus nombreuse que le petit nombre de soldats anglais chargés de défendre une redoute inachevé et mal armée et qui ne pourraient donc pas résister.

Une fois maître de cette hauteur, les Russes devaient y placer une nombreuse artillerie, qui foudroieraient à volonté le camp anglais placé en contre-bas, pendant que des colonnes d'infanterie descendraient sur ce même camp, couperaient les communications de l’armée assiégeante avec Balaklava, et opérer sa jonction avec le reste de l’armée Russe entre cette ligne et celle des tranchées.
En même temps, la garnison de Sébastopol devait faire une forte sortie, et placer ainsi l’armée de siège entre deux feux.

Si cette grande et habile manœuvre réussissait, l’armée combinée, attaquée à dos, était forcée d’abandonner ses travaux de siège et de se faire jour au travers de l’armée ennemie pour regagner les deux ports de dépôt, Balaklava et la baie de Kamiesch .

Dès lors, chacune des deux armées alliées pouvait se trouver acculer à la mer, n’ayant d’autre moyen de salut qu’un embarquement précipité, si toutefois il ne lui arrivait rien de pire .

Ce plan était habilement combiné, mais il fut déjoué par le courage inébranlable des anglais et par la brillante valeur des français.


[modifier] Déroulement

Les généraux russes avaient choisi la matinée du 5 novembre pour livrer la bataille. Il avait plu toute la nuit; un brouillard épais couronnait les hauteurs et couvrait la vallée d’Inkerman .
À l'aube, à la faveur de l’obscurité, et profitant du brouillard, un puissant corps d’armée russe de 40 000 à 45 000hommes avec une nombreuse artillerie s’avança silencieusement sur la droite des anglais, et gravit la colline sur laquelle était placée la faible redoute, défendue par 8 000 britanniques. Les postes avancés de la 2ème division anglaise, surpris dans leur sommeil, se replièrent en toute hâte, en donnant l’alarme. Bientôt toutes les hauteurs furent envahies par les soldats russes qui avançaient en force .
Leur grandes capotes grises les rendaient presque invisible au milieu du brouillard, même à quelques pas de distance. Tous les postes avancés des anglais furent repoussés, et la redoute qui couvrait leur droite fut emportée. Les russes la garnirent d’artillerie, et commencèrent à tirer sur le camp des anglais .
Alors commença une des plus sanglante mêlée qu’on ait vues depuis que le fléau de la guerre est déchaîné sur le monde..... La bataille d’Inkerman défie toute description. Cette bataille fut une série d’actes d’héroïsme terribles, de combats au corps à corps, de ralliement découragés, d’attaques désespérées dans les vallées, dans les broussailles, dans les trous cachés aux yeux des humains, et d’où les vainqueurs, russes ou anglais, ne sortaient que pour se lancer de nouveau dans la mêlée, jusqu’au moment où les bataillons russes cédèrent devant le solide courage britannique et devant l'élan des français.
Pendant que l’attaque russe commençait du côté de la redoute, une démonstration avait été faite dans la vallée de Balaclava par l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie réunies, afin d’attirer sur ce point l’attention des français, campés sur les hauteurs qui la dominent, et de les empêcher de se porter au secours des anglais.
Mais le général Bosquet, qui commandait le corps d’observation français, ne s’y laissa tromper; il reconnu facilement que c’était une fausse attaque.

La division anglaise de Cambridge avait éprouvé des pertes énormes en perdant et en reprenant deux ou trois fois la redoute enlevée par les russes; le général Cathcart avait été tué. Les divisions anglaises de Cambridge et Cathcart, ayant conservé leur ordre de bataille sous un feu épouvantable, ne pouvaient cependant longtemps prolonger la lutte. C'est alors que vers dix heures, un premier corps français, de 3 000 hommes (des zouaves, des chasseurs d'Orléans, des tirailleurs algériens, des chasseurs à cheval d'Afrique, du 7e léger, des 6e et 50e de ligne) avec quarante pièces de canon en première ligne, (la brigade Monet et la cavalerie Morris en réserve) vint à leur rescousse, attaquant les Russes de flanc. Avant que l’ennemi eut le temps de se reconnaître, un bataillon de zouaves et un bataillon de tirailleurs algériens s’élancèrent dans la mêlée, et pénétraient dans la masse compacte des russes.
Au même moment, vers 10 heures une troupe de 8 000 Russes tenta d'attaquer les premières lignes françaises mais fut repoussée par les défenseurs français (des 39e et 19e de ligne, la légion étrangère et le 20e léger).
Pendant trois heures, sous les coups des français, des régiments russes entiers, chargés furieusement à la baïonnette ou fusillés à bout portant, disparaissaient. La hauteur est reconquise plusieurs fois par chaque camp.


Enfin, passé midi, la brigade Monet arrive à son tour sur la hauteur d'Inkerman et achève la déroute russe.

Les Russes perdirent quelques 15 000 hommes morts ou blessés, contre 2 600 Britanniques et 900 Français.

Bien que les Français aient été victorieux, Frédéric Henri Le Normand de Lourmel (1811-1854), général de brigade, fut tué à la bataille d'Inkermann. La rue de Lourmel, située dans le 15e arrondissement de Paris, lui rend hommage.