Bérénice (Racine)

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Bérénice

Illustration de Bérénice

Auteur Jean Racine
Genre Tragédie
Pays d’origine France France
Lieu de parution Paris
Éditeur Claude Barbin
Date de parution 1671
Date de la 1re représentation 21 novembre 1670
Lieu de la 1re représentation Hôtel de Bourgogne
Illustration : Édition Claude Barbin, 1671
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Bérénice est une tragédie en cinq actes (comportant respectivement 5, 5, 4, 8 et 7 scènes) et en vers (1506 alexandrins) de Racine représentée pour la première fois le 21 novembre 1670 à l’Hôtel de Bourgogne.

Racine se serait inspiré de la romance avortée entre Louis XIV et Marie Mancini nièce du cardinal Mazarin. On dit que le roi, présent à la première de la pièce, aurait versé quelques larmes. Racine semble avoir choisi le thème de la séparation de Titus et de Bérénice pour concurrencer Corneille, qui préparait au même moment sa pièce Tite et Bérénice. Cependant, certains disent que ce serait Henriette d'Angleterre qui aurait demandé aux deux auteurs de préparer cette pièce simultanément.

Suétone avait raconté l’histoire de l’empereur romain et de la reine de Palestine : parce que Rome s’opposait à leur mariage, Titus dut renvoyer Bérénice chez elle, invitus invitam (malgré lui, malgré elle). Racine élève la liaison sans doute assez banale d’un Romain et de sa maîtresse au niveau d’un amour absolu et tragique.

La tragédie naît de l’affrontement de deux impératifs inconciliables. Titus ne peut mettre en danger sa mission à la tête de Rome au nom de la passion qui l’unit à Bérénice. La pièce aurait pu procéder par revirements et coups de théâtre pour unir puis éloigner successivement les deux personnages. Racine choisit au contraire de supprimer tous les événements qui pourraient faire de l’ombre à l’unique action du drame : l’annonce, par Titus, du choix qu’il a fait de quitter Bérénice. Titus a en effet pris sa décision avant le début de la pièce ; il lui reste à l’annoncer à Bérénice et celle-ci doit l’accepter. Leur passion n’est jamais mise en doute, à aucun moment la vie d’un personnage n’est en danger : rien ne vient distraire l’attention. Le très grand art de Racine consiste à « faire quelque chose à partir de rien » (préface de Bérénice), à créer chez le spectateur « cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie » à partir d’un sujet que l’on peut raconter en une phrase. La tension atteint son paroxysme à la fin du 4e acte, lorsque Titus explique le drame qui le déchire à Bérénice, qui refuse la décision qu’il a prise. Puis le 5e acte montre admirablement les deux personnages faire face à leur devoir : contrairement à d’autres personnages de Racine, ils acceptent leur séparation sans se réfugier dans la mort.

Bérénice est longtemps restée dans un purgatoire dont elle n’est ressortie qu’au XXe siècle. Aujourd’hui, c’est l’une des tragédies de Racine les plus jouées après Phèdre, Andromaque et Britannicus.

[modifier] Résumé de la pièce

Acte I

  1. Antiochus envoie son confident Arsace chercher la reine.
  2. Resté seul, il frémit à l’idée de voir Bérénice pour la dernière fois avant son départ. Il l’aime en secret depuis 5 ans et ne peut supporter de la voir épouser Titus. Doit-il se taire ou parler ?
  3. Arsace revient et essaie de le convaincre de rester. Antiochus voudrait lui expliquer ses sentiments.
  4. Bérénice arrive, radieuse et rassurée. Malgré son long silence après la mort de son père, Titus l’aime toujours et doit l’épouser. Antiochus lui fait ses adieux mais finit par lui avouer les vraies raisons de son départ. Choquée dans sa gloire et déçue dans son amitié, elle le laisse partir, désespérée.
  5. Phénice, sa confidente, regrette ce départ dans l’incertitude de la décision de Titus.

Acte II

  1. Titus paraît et renvoie sa suite.
  2. Il interroge Paulin sur l’opinion de Rome concernant son mariage avec une reine étrangère. Celui-ci répond qu’elle n’est pas favorable. Mais Titus a déjà pris la décision de sacrifier celle qu’il aime à sa propre gloire. Il est désespéré;
  3. On annonce Bérénice et Titus chancelle.
  4. Elle s’interroge sur l’attitude de son amant, se plaint, tandis que Titus est incapable de répondre.
  5. Inquiète de sa brusque fuite et de son silence, elle en cherche les raisons et parvient à se rassurer.

Acte III

  1. Les deux rôles masculins, qui avaient occupé chacun un acte, se rencontrent enfin. Titus s’étonne du départ précipité d’Antiochus mais n’en demande pas la raison. Il le charge d’aller annoncer à Bérénice qu’il la renvoie.
  2. Malgré les encouragements d’Arsace, Antiochus se rappelle les sentiments de Bérénice à son égard et oscille entre espoir et inquiétude. Il décide de ne pas être le porteur de la mauvaise nouvelle.
  3. Mais Bérénice entre en scène à ce moment et force Antiochus à parler. Elle ne le croit pas et le bannit pour toujours de sa vue avant de sortir, effondrée.
  4. Antiochus attend la nuit pour partir, et la confirmation que la reine n’a pas, par désespoir, cherché à attenter à ses jours.

Acte IV

  1. Bref monologue de Bérénice qui nous révèle son profond et douloureux désespoir.
  2. Bérénice ne veut pas se changer car elle pense que seule l’image visible de son désespoir peut toucher Titus.
  3. Titus envoie Paulin voir Bérénice et reste seul.
  4. Il s’interroge sur la conduite à tenir. Il cherche des raisons pour revenir sur sa décision mais son honneur d’empereur finit par l’emporter sur ses sentiments.
  5. Arrivée de Bérénice. Ils sont en larmes. Titus prêt à céder parvient à se hausser à une décision présentée comme "romaine". Bérénice qui s’était déclarée prête à rester comme concubine, retrouve sa fierté et sort en annonçant sa mort prochaine, seule issue.
  6. Titus se compare à Néron et s’égare dans la douleur.
  7. Antiochus lui fait du reproche et l’encourage à aller voir la reine.
  8. Les corps constitués de Rome arrivent au palais. Titus choisit sans hésiter de les recevoir plutôt que de rejoindre Bérénice.

Acte V

  1. Le dernier acte s’ouvre sur un Arsace heureux en quête de son maître.
  2. Bérénice s’apprête à quitter Rome annonce-t-il à Antiochus qui n’ose plus espérer.
  3. Titus invite Antiochus à contempler pour la dernière fois l’amour qu’il voue à sa maîtresse.
  4. Quiproquo: Antiochus pense qu’il s’agit d’une réconciliation. Il sort, décidé à mourir.
  5. Bérénice veut partir sans écouter Titus, qui l’aime plus que jamais. Pendant qu’elle lui renouvelle ses reproches, il apprend par la lettre qu’il lui avait arrachée que son départ est feint et qu’elle veut mourir. Il envoie Phénice chercher Antiochus.
  6. Titus explique en une longue tirade ses sentiments, ses raisons d’agir, son souhait de mourir.
  7. Pour la première et dernière fois les trois héros sont réunis : Antiochus avoue à Titus qu’il est son rival et qu’il souhaite mourir. Bérénice intervient alors et prononce les mots de la séparation: que tous trois vivent, mais séparés, cultivant le souvenir de leur malheureuse histoire.

[modifier] Voir aussi

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