Autocensure

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L'autocensure est la mise en œuvre par la personne d'une censure qu'elle s'applique à elle-même.

Dans les pays démocratiques ou il n'y a théoriquement pas de censure, les journalistes (pour ne citer que le principal exemple) peuvent écrire sans avoir à faire valider leurs articles par le gouvernement. Cela s'appelle la liberté de la presse. La censure est, dans la plupart des cas, la surveillance, l'examen et le contrôle par un gouvernement ou un régime politique des moyens publics d'expression tel que les journaux, la télévision ou autres médias, mais aussi du théâtre, des livres, des réunions…

L’auto-censure peut avoir plusieurs causes.

Sommaire

Causes

Intérêts des actionnaires

Les grands médias sont souvent détenus par des compagnies privées.

Les journalistes ont parfois tendance à ne pas écrire un article pouvant nuire aux intérêts des actionnaires, voire développer une tendance à délivrer des points de vue complaisants sur ces actionnaires.

Exemple : la chaîne TF1 étant majoritairement détenue par Bouygues, le journal de TF1 pourrait avoir tendance à ne pas parler (ou seulement très rapidement) des problèmes juridiques que peut connaître cette compagnie, ou a contrario à la mettre trop en valeur[1].

Motifs politiques

Les journalistes peuvent parfois avoir peur de divulguer une information qui pourrait leur attirer les foudres du pouvoir politique.

Exemple : la fille naturelle du président Francois Mitterrand a longtemps été un fait non divulgué par les journalistes.

Motifs religieux

Le blasphème a été aboli en France par la Révolution française en 1792, cependant l'auto-censure à motif religieux n'a pas complètement disparu, comme l'illustrent spectaculairement les violentes réactions aux caricatures de Mahomet du journal Jyllands-Posten. Une des tactiques favorites consiste à prétendre parler au nom de l'intégralité de la communauté dans son ensemble.

Motifs internes

Pour des raisons hiérarchiques, un journaliste peut hésiter à écrire un article dont il sait qu'il sera mal perçu par sa hiérarchie, par peur d'un possible licenciement lorsque le journalisté est salarié, et a fortiori lorsque son statut est plus précaire (pigiste).

Exemple : après qu'un de ses salariés (Pierre Carles) a fait un reportage (Pas vu à la télé) sur une conversation privée entre Patrick Le Lay et Gérard Longuet, la chaîne Canal+ n'a pas diffusé le reportage qu'elle avait elle-même commandé et a cessé de travailler avec ce journaliste.

Conséquences

Ce type de censure est subtil : il permet d'éviter au pouvoir la forme contraignante d'une censure effective, qui serait mal perçue par l'opinion.

Cela permet à la fois de s'affranchir des coûts de surveillance, mais aussi de la contre-publicité engendrée par la perception de la censure dans l'opinion publique.

Le développement de l'auto-censure rend cependant la presse sujette au politiquement correct, et donne l'impression que les journaux développent les mêmes sujets et les mêmes idées. Il y a alors une perte du pluralisme des médias.

Voir aussi

Articles de Wikipédia

Liens externes

Concentration des médias et perte du pluralisme

À lire

Pascal Durand (éd.), Médias et censure. Figures de l'orthodoxie, Éditions de l'Université de Liège, coll. "Sociopolis", 2004

Sources

Notes

  1. Serge Halimi, dans les Nouveaux chiens de garde