Annexion de la Savoie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Histoire de la Savoie

Antiquité

Moyen Âge

Époque moderne

Époque contemporaine

Voir aussi

Chronologie de la Savoie

L'Annexion de la Savoie est le nom générique donné à l’annexion de l'ensemble de la Savoie (futurs départements de la Savoie et de la Haute-Savoie) correspondant au duché homonyme et du comté de Nice, alors partie intégrante du royaume de Sardaigne, à la France. Il est toujours utilisé avec un A majuscule.

Bien que le territoire fut occupé voire annexé à plusieurs reprises (par les Français : 1556-1559 ; 1600-1601 ; 1689 puis 1703-1713 ; par les Espagnols 1742-1749 ; à nouveau par la France durant la Révolution de 1792 à 1814 ), l'expression renvoie à la clause de rattachement prévu par l'Article premier[1] du traité de Turin du 24 mars 1860.

Les documents officiels ont utilisé, depuis 1860 et surtout durant le centenaire[2], le terme de « rattachement ». Toutefois les historiens, comme Jacques Lovie ou Paul Guichonnet, lui préfèrent le terme « annexion ».

Sommaire

[modifier] Chronologie de l'Annexion

Chronologie réalisée, en partie, à partir de l'article de Jacques Lovie dans la Revue de Savoie, citée en annexe, ainsi que la chronologie de Sabaudia.org[3] :

De août 1859 à janvier 1860, la Savoie est parcourue par l'incertitude de son avenir. Les libéraux se mobilisent en faveur de l'attachement de la Savoie à la Maison de Savoie. Un parti annexionniste - pro-français - voit le jour, tandis que dans le nord du duché, l'idée d'un rattachement à la Suisse voit le jour.

  • 25 juillet 1859 : Vingt-cinq/trente personnalités savoyardes, menées par le docteur Gaspar Dénarié et le journaliste Berthier, posent une Adresse au roi Victor-Emmanuel lui demandant de prendre en compte les vœux de la province ducale : « ... les actes mêmes émanés de Votre Gouvernement proclament la fondation d'une nationalité nettement dessinée par les Alpes ainsi que par la race, les mœurs, la langue de ceux qui sont appelés à en faire partie. Ces conditions, Sires, excluent la Savoie. La Savoie n'est pas italienne, ne peut pas l'être. »[4] Celle-ci fait l'objet d'un pétionnement à travers la Savoie, marquant à partir d'août un mouvement d'opinion à travers le pays, et notamment à travers la presse savoyarde, turinoise, genevoise et française...
  • 28 juillet 1859 : Douze députés savoisiens demandent au gouvernement de se préoccuper du sort matériel de la province de Savoie.
  • 3 août 1859 : Le Courrier des Alpes, hostile à la France, est suspendu pour avoir réclamé pour la Savoie les mêmes droits de vote de nationalité que les populations de l'Italie centrale (reprise des parutions le 1er décembre)
  • Août 1860, le comte de Cavour parcoure la Savoie, rencontrant ça et là des personnalités : l'Intendant général à Chambéry Pietro Magenta ; les anti-annexionnistes François Buloz, co-fondateur de La Revue des Deux Mondes et le libéral Albert Blanc. Cette "visite" est suivie par celle des deux jeunes fils du roi mais l'accueil reste poli.
  • Fin décembre/janvier 1860 : envois d'émissaires secrets français pour tâter l'opinion locale.
  • 16 janvier 1860 : Retour de Cavour au pouvoir.
  • Février/Mars : Pétitionnent en Chablais et Faucigny pour un rattachement à la Suisse. La pétition indiquait : « Nous avons été réunis à la France pendant quelques années et un grand nombre sentent encore leur cœur battre au souvenir de cette époque. Nous sommes étroitement unis au Piémont depuis 1848. Cependant, malgré toutes nos sympathie soit pour l'Italie libre, soit pour la France, d'autres sympathies d'un autre ordre plus élevés nous mènent à décider l'annexion à la Suisse... Oui, tel est notre désir le plus ardent, fondé sur nos rapports exclusifs avec Genève, sur nos intérêts commerciaux, sur tant d'avantages que nous ne saurions trouver ailleurs. ». Cette dernière reçu 13 651 signatures dans 60 communes du Faucigny, 23 du Chablais français et 13 aux environs de Saint-Julien-en-Genevois (cité par Paul Guichonnet)[5]. Le Journal de Genève publie la pétition, le journal parisien La Patrie participe au débat en publiant une motion émanant de Savoisiens habitants le nord du duché. Le 20 juillet, la Diète helvète décide de ne pas prendre en compte cette demande. La réaction des conservateurs pour le maintien de l'unité savoisienne ne se fait pas attendre, ils rappellent dans les journaux locaux la domination bernoise du XVIe siècle.
  • 26 février 1860 : Le gouvernement français repousse l'idée d'une Savoie indépendante.
  • 1er mars 1860 : Napoléon III annonce au Corps législatif son intention de réclamer un pourboire, c'est-à-dire de « réclamer le versant occidental des montagnes des Alpes »[6].
  • 8 mars 1860 : Vœu des conseils divisionnaires réunis à Chambéry en faveur du maintien de l'unité savoisienne.
  • 12 mars 1860 : Signature à Turin de la convention préliminaire secrète reconnaissant la cession de la Savoie et de Nice à la France. On retient le principe de consultation des populations.
  • 21 mars 1860 : Les conseils divisionnaires du duché se réunissent. Il est décidé de l'envoi d'une délégation de 41 savoisiens (nobles, bourgeois, officiers ministériels), menée par le comte Amédée Greyfié de Bellecombe[7], qui est reçue solennellement aux Tuileries par l'Empereur.
  • 24 mars 1860 : Signature et publication du traité d'Annexion, dit Traité de Turin. Les trois premiers articles précisent assez bien les conditions de cette annexion : tout d'abord, il n'est pas fait référence à une « annexion » mais à la « réunion » (art.I) ; d'où l'appel à l'assentiment des Savoyards et l'organisation d'un plébiscite ; la zone neutralisée de la Savoie du Nord, garantie par le traité de Turin de 1816, est maintenue (art.II) ; « Une commission mixte déterminera (...) les frontières des deux États, en tenant compte de la configuration des montagnes et de la nécessité de la défense » (art.III).
  • avril 1860 : Des émissaires français parcourent le Chablais et le Faucigny. Début de la mission du sénateur Armand-François-Rupert Laity (4 au 28 avril) en vue de la préparation du plébiscite.
  • 22-23 avril 1860 : Organisation du plébiscite dans le duché. La proclamation des résultats officiels par la Cour d'appel de Savoie (Chambéry) a lieu le 29 avril 1860. À la question « La Savoie veut-elle être réunis à la France? » 130 533 voix sur 130 839 exprimés (135 449 inscrits) ont répondu "oui"[8].

[modifier] Le centenaire de 1960

En 1960, le Centenaire du Rattachement fait l'objet de commémorations en Savoie et à Paris.

[modifier] Comité de célébration

La Savoie met en place un Comité d'organisation des fêtes du Centenaire du Rattachement de la Savoie à la France, constitué de personnalités locales.

[modifier] Chronologie des festivités

Les informations ci-dessous sont tirés de l'annexe de la thèse de Lacharme Amandine, 2001 [9] ainsi que la chronologie en ligne du site Sabaudia.org[10].

  • Décembre 1959 : Arbre de Noël savoyard offert à la Mairie de Paris.
  • 24 mars 1960 : Centenaire du traité de Turin. Les cloches des églises de Savoie commémorent l'événement en sonnant toutes ensemble à midi.
  • Le 25 mars 1960 : deux timbres commémoratifs sont émis (cf. Timbres de France 1960 et le lien ci-dessous).
  • 26 au 28 mars 1960 : Les Trois glorieuses : les Maires Savoyards montent à Paris, pour fêter le Centenaire de la Savoie française.
  • 8 avril 1960 : 85e Congrès National des Sociétés Savantes à Chambéry et Aix-les-Bains
  • 12 avril 1960 : Le château d'Annecy, rénové, accueille les membres des Sociétés Savantes.
  • 22-23 avril 1960 : Centenaire du Plébiscite. Fêtes commémoratives. Cloches des paroisses ont de nouveau sonné.
  • 29 avril 1960 : Centenaire de la publication des résultats du plébiscite. Les journaux publient des reproductions des résultats. Peu de manifestations particulières : audience solennelle, en présence du ministre de la justice, M. Michelet, lecture à Chambéry de l'arrêt du 29 avril 1860.
  • 12 juin 1960 : Centenaire de la ratification du Traité. Ce dimanche est décrété « fête nationale ». Pavoisement sur les bâtiments publics. Les cloches sonnent à nouveau.
  • Eté 1960 : beaucoup de fêtes populaires reprennent le thème du Centenaire.
  • 8 au 10 octobre 1960 : Visite du Président de la République, le général de Gaulle, en Savoie.
  • La région économique Alpes, formée depuis 1956, des deux département savoyards et de l'Isère, est intégrée à Rhône-Alpes.

[modifier] Utilisation officielle

Les principales villes de Savoie possèdent une rue de l'"Annexion". Toutefois, l'expression est beaucoup plus présente dans le Nord (cf. Haute-Savoie, avec Annecy et les villes proches de la Suisse comme Annemasse, Bons-en-Chablais, Rumilly, Sallanches, Thonon-les-Bains) que dans le Sud où Chambéry l'a faite remplacer[réf. nécessaire].

[modifier] Nationalisme

Suite au Centenaire, il semble que quelques Savoyards ont été déçus de la portée des festivités. Une partie des maires montés à Paris pensait être reçue par le Président de la République, il n'en fut rien. Quelques années après, le Club des Savoyards de Savoie (1965), premier mouvement identitaire et régionaliste d'importance en Savoie, se constitue. Cette dynamique identitaire qui trouve son apogée avec la création du Mouvement Région Savoie et le débat sur une région savoyarde peut être la conséquence de cette déception de quelques individus. On peut aussi tout simplement voir dans cette réactivation identitaire le simple fait que ces festivités ont rendu fiers les Savoyards, trouvant ici l'occasion de réaffirmer un particularisme au sein de la France.

Plus récemment, en 1995, la Ligue savoisienne prend un essor dans la contestation du traité de Turin de 1860, remettant en cause l'Annexion.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Voir le texte du traité de Turin (1860)
  2. Partie "II. Le débat mémoriel : la construction de la mémoire collective. A. La polémique sur les mots" in "La Savoie au miroir du Centenaire de son Rattachement à la France ", Lacharme Amandine, 2001, IEP de Lyon
  3. Chronologie sur le site Sabaudia.org
  4. Cité par Dardel (G), 1960, Et la Savoie devint française..., Librairie Arthème Fayard, pp.72-73.
  5. On note toutefois que certains patronymes sont farfelues : MM Pain, Viande, Rotisseur, etc. ou encore que des "idiots" ont apposé leur signature.
  6. Hudry (M), Beruard (A), Chatel (J), Favre (A), 1998, Découvrir l'Histoire de Savoie, Centre de la Culture Savoyarde, Albertville, p.156-157
  7. Voir l'article Amédée Greyfié de Bellecombe pour le discours prononcé par le comte.
  8. Pour le détail des résultats, consultez l'article Traité de Turin (1860).
  9. Thèse sur le Centenaire de l'Annexion "La Savoie au miroir du Centenaire de son Rattachement à la France ", Lacharme Amandine, 2001
  10. Chronologie sur www.sabaudia.org

[modifier] Bibliographie

  • Coll. 1959, Mémorial de Savoie. Le Livre du Centenaire 1860-1960, publié sous les auspices du Comité d'organisation des fêtes du Centenaire du Rattachement de la Savoie à la France, presse des Imprimeries Réunies de Chambéry
  • Revue de Savoie, n°1-2, 1er & 2e trimestre 1860, "numéro spécial du Centenaire 1860-1960", 300 pages
  • DARDEL (G), 1960, Et la Savoie devint française..., Librairie Arthème Fayard
  • Paul Guichonnet
    • 1960, Comment la Savoie se rallia à la France, coll. de la Savoie française, SILP (*)
    • 1982, 1998, 1999, Histoire de l'Annexion de la Savoie à la France. Les véritables dossiers secrets de l'Annexion, coll. Les Savoisiens, La Fontaine de Siloé
  • Jacques Lovie, 1963, La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875, PUF (Thèse de doctorat ès-lettres)
  • De Pingon (J), 1996, Savoie française, histoire d'un pays annexé, éd.Cabédita, coll. Archives vivantes
    Fondateur de la Ligue savoisienne

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

Autres langues