André-Marie Trémeaud

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André-Marie Trémeaud (1903-1993) était un haut fonctionnaire français, connu pour avoir fait l'objet d'une tentative d'attentat probablement commandé par les services soviétiques en 1957, qui coûta la vie à sa femme.

Préfet d'Alger des 1952 à 1955, puis de la Loire-Inférieure, André-Marie Trémeaud est nommé préfet du Bas-Rhin en 1956. Le 14 mai 1957, il reçoit dans sa préfecture à Strasbourg un colis contenant une boîte de cigares. Le colis n'est pas ouvert sur le moment, André-Marie Trémeaud devant se rendre à une réception marquant l'ouverture d'une session de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), où sont notamment conviés René Pleven et René Mayer.

Le 17 mai, trois jours après l'ouverture de la session de la CECA, alors qu'il recevait l'ancien ministre Pierre Pflimlin, la femme du préfet, Henriette Trémeaud, meurt en ouvrant le colis, qui contenait un explosif, le peroxyde d'acétone.

L'attentat est rapidement imputé à un mouvement néonazi, le « Groupement de combat pour une Allemagne indépendante » (« Kampfverband für unabhängiges Deutschland »), qui avait fait parler de lui en RFA. L'identité réelle de ce groupe semble cependant douteuse pour la DST, qui évoque l'idée que les services tchécoslovaques (Státní bezpečnost) seraient derrière celui-ci, mais faute de preuve, l'enquête aboutit à un non-lieu en 1964.

Alors que l'affaire fut délaissée, André-Marie Trémeaud continua son métier jusqu'à sa retraite en 1966, et mourut en 1993.

La piste tchécoslovaque sera confirmée après l'effondrement du Bloc communiste: en 1996, le bureau de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme (Úřad dokumentace a vyšetřování zločinů komunismu, UDV) se chargera de l'enquête, et après consultation des archives, il fut établi que le ministre de l'Intérieur de l'époque, Rudolf Barák, avait été informé d'une note intitulée « opération Strasbourg » (on parle aussi d'« opération Svastika »). La suite de l'enquête aboutira aux noms de 4 anciens agents du StB: deux étaient décédés, tandis que les poursuites contre les deux autres anciens agents furent suspendues, du fait de leur état de santé. L'implication du KGB ne fut jamais officiellement établie, même s'il semble acquis que celui-ci avait intérêt à déstabiliser la CECA, et plus particulièrement, la RFA.

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