Amnésie sélective de guerre

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Une image choc, ici un enfant déporté de la guerre du Viêt Nam aide à lutter contre l'amnésie du public
Une image choc, ici un enfant déporté de la guerre du Viêt Nam aide à lutter contre l'amnésie du public

L'amnésie sélective de guerre est l'amnésie implicite qu'États, médias, soldats et opinions publiques adoptent en « oubliant unanimement » les atrocités d'une guerre passée ou en cours. C'est le reniement des faits d'atrocités.

Les atrocités de son propre camp sont souvent passées sous silence ou imputées à d'autres (amnésie sélective de guerre) tandis que celles de l'opposant sont librement dénoncées.

Elle est étroitement liée au point de vue, notamment celui du vainqueur, ainsi qu'aux idées de « justice de la cause » et de guerre propre, ne faisant des morts que parmi les combattants, et pendant les combats.

Sommaire

[modifier] Mécanisme : oublier et imputer à l'« autre »

Dans cette amnésie, on constate la volonté d'oublier pour continuer à vivre, mais également des « transformations » des faits, notamment pour les imputer à d'autres ce qui permet d'en éloigner toute responsabilité.

  • Oublier pour continuer :

On ne peut pas nier une certaine qualité à cet oubli puisqu'il facilite les rapports : "On cesse d'en parler, cela n'a pas existé". Cette amnésie et amnistie facilitant la réconciliation et la reconstruction d'après guerre.

  • Imputer à l'autre...

Le déclenchement de la guerre, ses atrocités, sont souvent unanimement — mais par facilité — posées comme étant le seul fait de l'étranger. L'étranger pouvant être une idéologie ("les communistes", « les nazis »), une religion ("le calvinisme", "le judaïsme"), des hommes ("les Allemands", « les Américains ») ou des puissances extérieures ("les États-Unis", "l'URSS"). On éloigne la responsabilité et la culpabilité en tentant de dire : "Les massacres ont été perpétrés par les autres, nous, nous étions le bon côté."

[modifier] Amnésie sélective unanime

Cette amnésie sélective se constate dans de nombreuses opinions publiques, l'idée de guerre propre y est également liée : accepter cette formule c'est une amnésie sélective acceptant la croyance qu'une guerre puisse être propre.

L'État a souvent un rôle important, propagandiste, orientant les médias, usant éventuellement de la censure, mais également — depuis la révélation du poids des médias dans la guerre du Viêt Nam — d'autres moyens détournés, tel que l'interdiction d'accès sur place aux journalistes, interdictions de photos, tenue à distance de prétendues zones à risques dans un souci de protection de la vie humaine, qui sont autant de mesures pouvant être légitimes, comme abusives.

Les soldats, eux, ont souvent tendance à vouloir simplement oublier. Mais ils sont fréquemment choqués par les combats et développent des névroses dites de guerre.

L'opinion publique, dans le cas d'une amnésie de guerre, a souvent tendance à se contenter de la version officielle, de ne pas vouloir voir les dérives de son armée, à la soutenir, ainsi que son État.

[modifier] Révisionnisme face à l'amnésie de guerre

Ce révisionnisme apparaît souvent longtemps après les faits, du fait de la volonté de ne pas voir.

Le révisionnisme tend à affirmer une autre version du conflit, avec des règlements de comptes, des exécutions arbitraires, etc. : ensemble de dérives communes aux guerres dont l'aveu est délicat, plus encore dans une guerre fratricide (guerre de Corée).

Ce révisionnisme est souvent dénoncé comme mettant du sel sur la plaie et entravant la réconciliation des peuples, et attaqué comme antipatriotique. Mais il est défendu comme une sincérité nécessaire au pardon et à une saine réconciliation des parties.

NB : les plus fervents révisionnistes sont souvent les soldats eux-mêmes — témoins comme acteurs des atrocités — qui tiennent à éviter la continuité ou la répétition de ce qu'ils ont vu, ou fait.

[modifier] Conflits liés

Conflits ayant engendré une « amnésie sélective de guerre » particulièrement virulente :

[modifier] Voir aussi