Harki

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Le mot harki ['aYki] n. m. désigne un individu servant dans une harka et vient du mot arabe haraka signifiant littéralement « mouvement », mais en réalité le terme était utilisé au sens figuré pour désigner de petits affrontements, guerres, barouds entre tribus, ou contre un ennemi extérieur. Dans le langage courant, en France, il désigne les supplétifs engagés dans l’armée française de 1957 à 1962, durant la guerre d'Algérie. Par extension, on a dénommé « harkis » tous les Algériens musulmans soutenant le rattachement de l’Algérie à la République française durant la guerre d’Algérie. Le terme, en algérien, est devenu synonyme de traître et collaborateur[1].

Par extension, la communauté installée en France en 1962 et qui descend des harkis rapatriés est aussi appelée harki.

Sommaire

[modifier] Les harkis pendant la guerre d’Algérie (1954-1962)

Icône de détail Article détaillé : Harkis pendant la Guerre d'Algérie.

De 1957 jusqu’en 1962, les harkis sont des soldats indigènes musulmans engagés aux côtés de l’armée française dans des unités appelées harkas, tandis que l’Algérie française était constituée de départements. Au sein même de l’armée française, ils totalisent 63 000 hommes en décembre 1961. Le ministère des Armées évalue à 4 500 le nombre des soldats musulmans morts pour la France, pendant la guerre d’Algérie, et à plus de 600 les disparus. Au total, durant cette guerre, l’armée française a inscrit dans ses registres 160 000 harkis, moghaznis, GMPR devenus GMS ou « assès ».

[modifier] Les accords d’Évian

À la suite de l’infléchissement de la politique française vers l’indépendance algérienne à partir de 1961, commencèrent la démobilisation et le désarmement des supplétifs. Les accords d'Évian signés le 18 mars 1962 prévoient que :

« L’État algérien souscrira sans réserve à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et fondera ses institutions sur les principes démocratiques et sur l’égalité des droits politiques entre tous les citoyens sans discrimination de race, d’origine ou de religion. Il appliquera, notamment, les garanties reconnues aux citoyens de statut civil français. »
    — Accords d'Évian, chapitre II, partie A, article 1

« Nul ne pourra faire l’objet de mesures de police ou de justice, de sanctions disciplinaires ou d’une discrimination quelconque en raison :

  • d’opinions émises à l’occasion des événements survenus en Algérie avant le jour du scrutin d’autodétermination ;
  • d’actes commis à l’occasion des mêmes événements avant le jour de la proclamation du cessez-le-feu.
  • Aucun Algérien ne pourra être contraint de quitter le territoire algérien ni empêché d’en sortir. »
        — Chapitre II, partie A, article 2

Les accords d’Évian ne prévoient aucune disposition particulière quant à la protection ou l’avenir des loyalistes et de leurs familles, qu’ils soient Pieds-noirs, Juifs séfarades ou harkis, mais incluent une amnistie pour les actes effectués et les opinions émises avant l’indépendance. La loi française du 23 février 2005, dans son article 2 dénoncera le non-respect des accords d’Évian qui prévoyaient pour le futur gouvernement algérien d’assurer la sécurité des harkis. Cet article de la loi ne sera pas critiqué par le président algérien Bouteflika. Le FLN prétendra qu’il ne s’agissait que d’une « déclaration » qui ne l’engageait pas. Ce qui, d’après des associations de rapatriés, donnera tout son sens au slogan de certains nationalistes algériens : « La valise ou le cercueil »[2]

[modifier] Suite des accords d’Évian

Les harkis sont désarmés par l’armée française (repliée dans ses garnisons) qui laisse le territoire au FLN. Pendant une brève période, le nouveau pouvoir s’abstient de toute répression vis-à-vis des pro-Français, et à Paris le gouvernement, dirigé par Charles de Gaulle, limite fortement le nombre de ceux qui peuvent se replier sur la France.

[modifier] Les exécutions (1954-1962)

Selon le rapport à l’ONU du contrôleur général aux armées Christian de Saint-Salvy, 263 000 autochtones étaient engagés du côté français ou récemment démobilisés, dont 60 000 militaires, 153 000 supplétifs et 50 000 notables francophiles. Familles comprises, il y avait plus d’un million de personnes potentiellement menacées sur les 8 millions de musulmans algériens.

L’historien Gilbert Meynier pour qui les Harkis sont des « mercenaires » [3], a déclaré dans une interview publiée dans le quotidien El Watan, le 10 mars 2005, que les massacres avaient été moins importants et plus localisés que ce que déclarent certains journalistes comme Georges-Marc Benamou. Les chiffres des morts sont encore contestés car basés sur des témoignages locaux que l’on a supposé étendu à l’ensemble du pays. Georges-Marc Benamou, dans son livre Un Mensonge français, avance le chiffre de 70 000 victimes. Le Comité national de liaison des harkis survivants avance le chiffre de 150 000 harkis tués, et de 16 000 sauvés par leurs officiers français qui désobéirent aux ordres.

Les massacres de supplétifs ont commencé dès mars 1962 et ont culminé à l’automne. Les autorités françaises ont été au courant des faits comme le prouve les rapports faits par des Français en Algérie. Ces massacres sont dus à des règlements de compte, des vengeances mais aussi au zèle des « marsiens », ralliés FLN de la 25ème heure, voulant montrer leur patriotisme.

[modifier] De Gaulle et les harkis

Selon Rémi Kauffer, de Gaulle voyait dans les harkis des « jouets de l’Histoire », et non des éléments de l’armée française[4]. Peu après son retour au pouvoir, en 1958, de Gaulle se met à douter de l’intégration des musulmans d’Algérie qui était sous-jacente à la constitution de harkas. Ainsi, le 5 mars 1959, il se confie en ces termes à Alain Peyrefitte : « Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcher de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »[5]

Il accepte cependant, lors de la nomination du général Challe comme commandant suprême en Algérie (fin 1958), sa proposition de porter l’armée au niveau nécessaire pour défendre tout le territoire, en enrôlant massivement des musulmans[6].

Au conseil des ministres du 25 juillet 1962, peu après l’indépendance de l’Algérie, lorsque Pierre Messmer, ministre des armées, déclare : « Des harkis et des fonctionnaires musulmans, les moghaznis, se disent menacés, d’où des demandes qui viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il faut prendre une position de principe. », de Gaulle répond : « On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu’ils ne s’entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de rapatriés ne s’applique évidemment pas aux musulmans : ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères. Dans leur cas, il ne s’agit que de réfugiés ! Mais on ne peut les [?] tels que s’ils couraient un danger ! ». Le Premier ministre Pompidou ajoute alors : « Deux camps militaires ont été installés pour eux en métropole ; ils sont submergés. Ces gens ne veulent pas travailler… » et de Gaulle conclut « Il faut les mettre en demeure de travailler ou de repartir ». Et alors, selon Peyrefitte, plusieurs ministres baissèrent la tête[7].

[modifier] Les harkis en France à partir de 1962

[modifier] L’arrivée en France

Selon Philippe Denoix, « Louis Joxe, ministre d’État aux Affaires algériennes, adressa à l’armée une directive très secrète, le 12 mai 1962, menaçant de sanctions les militaires français qui organisaient le repli en métropole de leurs alliés musulmans en dehors du plan général de rapatriement », et ordonnant même le renvoi en Algérie des supplétifs débarqués en France. »

La note en date du 25 mai 1962, stipule notamment :

« Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront renvoyés en Algérie […]. Il conviendra d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure […]. Les promoteurs et les complices de rapatriements prématurés seront l’objet de sanctions appropriées. » Pierre Messmer, ministre des armées, a spécifié dans une note ministérielle de mai 1962 que les arrivées en France de harkis " dues à des initiatives individuelles […] représentent des infractions caractérisées. »

En fait, en 1962, il n’existe aucun plan d’évacuation ni de protection des harkis et de leurs familles, et le Gouvernement fut pris de court par l’arrivée des rapatriés. On estime (Philippe Denoix) à 15 000 ou 20 000 le nombre de familles de harkis, soit environ 90 000 personnes, qui purent s’établir en France de 1962 à 1968. La grande majorité resta en Algérie et des dizaines de milliers d’entre eux furent assassinés. Ces massacres perpétrés parfois par familles entières s’accompagnèrent souvent de tortures, de viols, etc, se déroulèrent dans le climat d’instabilité, de luttes internes (y compris armées) de l’ALN et du GPRA pour la prise de pouvoir qui précéda et suivit l’indépendance.

Fin 1962, 20 000 supplétifs avaient été accueillis dans les camps d’hébergement militaires en France et 3 200 se sont engagés dans l’armée française. Fin novembre 1963, le ministère des Rapatriés chiffre à 42 000 le nombre de musulmans ayant transité dans les centres d’accueil. Au final, 91 000 harkis et membres de leurs familles purent s’établir en France de 1962 à 1968.

[modifier] L’installation dans les camps

Les premiers rapatriements de harkis sont effectués entre les accords d’Évian et l’été 1962, à l’initiative de quelques officiers, démissionnaires ou non, souvent des anciens responsables des unités harkis. Comme les directives officielles interdisent ces rapatriements, des filières clandestines sont mises en place, qui dispatchent en-dehors de tout contrôle officiel ces familles de harkis vers les régions du Sud-Est, du Sud-Ouest en bordure du Massif Central (Ardèche, Dordogne, Lozère, Tarn…) ainsi de vers l’agglomération lyonnaise et vers Roubaix. [8]

Après les massacres de l’été 1962, le décret du 8 août 1962 met en place un dispositif officiel d’accueil. Les familles de harkis sont logées dans les baraquements de camps militaires, qui ont parfois servi pour d’autres populations (Espagnols catalans, militants suspects d’appartenir au FLN, Indochinois)[8] : camps de transit du Larzac et de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), puis celui de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), de Sainte-Livrade près de Villeneuve-sur-Lot, de Saint-Maurice-l'Ardoise et Lascours, situés sur la commune de Saint-Laurent-des-Arbres (Gard), de La Rye (Vienne), de Bias (Lot-et-Garonne).
Entre 1962 et 1969, quelque 42 500 personnes ont transité par ces camps censés éviter un déracinement brutal aux familles et les protéger contre d’éventuelles représailles du FLN. On distingue deux types de camps, les hameaux forestiers, perdus en pleine campagne et les cités urbaines à la périphérie des villes. Les hameaux forestiers, dont le nombre varie de 42 à 75 sont situés dans le midi et hébergent chacun de 20 à 50 familles. En 1982, il n’y a plus que 23 hameaux de forestage. Les 42 cités urbaines consistent en 2 000 logements Sonacotra près des villes d’Amiens, Bourges, Dreux, Lodève, Louviers, Montpellier…

Le 31 janvier 1964, les préfets reçoivent du ministre des Rapatriés François Missoffe une note où il est écrit : « Vous ne devez reloger les anciens harkis qu’après avoir relogé tous les rapatriés (c’est-à-dire les pieds-noirs) demandeurs de logement et particulièrement mal logés... »[9]. Ainsi le provisoire va durer vingt ans et même plus et comme le note Catherine Wihtol de Wenden, cette situation :

« ... favorise la marginalisation de populations trop coupées du reste de la société et maintenues dans une position d’assistés par l’encadrement social et administratif des cités et hameaux. Un encadrement qui a donné l’habitude, voire le goût, d’un certain contrôle social et enfermé parfois les populations dans une logique identitaire que le clientélisme associatif et politique a pu renforcer. »
    — [8]

[modifier] La dispersion

Des révoltes se produisent au cours de l’été 1975 parmi les résidents des camps de Bias et Saint-Maurice-l’Ardoise. Une politique de dispersion succède alors aux regroupements. Les camps et les hameaux sont officiellement supprimés, mais leurs résidents restent souvent sur place. En même temps que des bureaux d’information, d’aide administrative et de conseils (BIAC) sont créés, des mesures spécifiques sont prises pour disséminer les communautés et favoriser leur intégration[8]. Cependant les communautés harkies résistent à la dispersion, ayant tissé sur place des solidarités ou pour diverses raisons financières.

Selon Philippe Denoix, en 1990, la population issue des « musulmans français d’Algérie » dépasse les 400 000[10]. En 1991, on assiste à une révolte d’enfants de réfugiés harkis dans plusieurs villes françaises.

[modifier] La loi française du 23 février 2005

La loi du 23 février 2005 (controversée notamment dans son article 4) traite des harkis en France. Elle fixe les conditions de versement d’indemnités en reconnaissance des services rendus et des souffrances endurées par eux. À noter que les harkis contestent dans leur ensemble ces déclarations car ces indemnisations ne font que transformer la rente viagère dite « Jospin » qui est une retraite militaire déguisée en capital versable en une seule fois. Par ailleurs, certains harkis sont toujours en attente de ces indemnisations.

Les articles 6 et 9 de la loi du 23 février 2005 :

Par un arrêt Comité Harkis et Vérité C/ Gouvernement français du 6 avril 2007, le Conseil d'État a jugé les articles 6 et 9 de la loi du 23 février 2005 comme contraires à la Convention européenne des droits de l'Homme. Ces deux articles opéraient en matière de droits des familles de harkis une discrimination en fonction du mode d'acquisition de la nationalité du harki demandeur. Le gouvernement a annoncé en fin d'année 2007 lors du vote de la loi de finances pour 2008 que la loi du 23 février 2005 allait être modifié pour être mise en conformité avec le droit international. Tous les harkis à qui le gouvernement avait refusé leurs droits vont pouvoir y prétendre.

De plus, par un autre arrêt du 6 avril 2007, les circulaires ayant servi de fondement à la politique gouvernementale à destination des familles de harkis ont été déclarées illégales par le plus haute juridiction administrative.

Contrairement à une idée très répandue, des associations de harkis n’approuvent pas la thèse que la colonisation ait présenté des "aspects positifs", thèse affirmée par l’article 4 de la loi, article qui a d’ailleurs été abrogé. [11]


[modifier] Position des associations de harkis vis-à-vis de la France

Le Comité national de liaison des harkis survivants a déposé une plainte contre la France « pour crime contre l’humanité ». Une seconde plainte pourrait être parallèlement déposée devant la Cour européenne des droits de l'homme. Selon Boussad Azni, président du CNLH : « En livrant les harkis, réfugiés en métropole, la France savait pertinemment qu’ils seraient massacrés… ».

[modifier] Position du FLN puis de l’État algérien vis-à-vis des harkis

[modifier] Période transitoire entre le cessez-le-feu et l’indépendance

Le GPRA prendra la directive 442 du 10 avril 1962[réf. nécessaire], relative aux « harkis, goumiers et ralliés servant dans les rangs ennemis », directive en violation des accords d’Évian[réf. nécessaire] :

« Si la révolution les a condamnés, il n’en reste pas moins que le peuple les frappe de son mépris et continuera à les haïr et les nier…
Nous devons user de tact et agir avec souplesse afin de les gagner provisoirement…
Leur jugement final aura lieu dans une Algérie libre et indépendante devant Dieu et devant le Peuple qui sera seul responsable de leur sort…
Les égarés abandonnés doivent être surveillés dans leurs moindres gestes et inscrits sur une liste noire qu’il faudra conserver minutieusement. »

Les éxécutions de harkis commencent dès avril 1962 (à Geryville, à Bou Alam, liquidation du commando George...) et se continueront[réf. nécessaire].

[modifier] Peu après l’indépendance de l’Algérie

Après un premier rapport publié en 1963 où l’on peut lire : « La visite systématique des lieux de détention a permis de recenser 2500 harkis dans les établissements pénitentiaires relevant du ministère de la justice, 1300 d’entre eux se sont inscrits en vue de leur transfert en France. Il semble que, parmi les harkis demeurés libres, un certain nombre aient été requis pour l’exécution de travaux d’utilité publique. La réintégration dans la communauté algérienne ne semble pas s’être faite sans heurts, au moins dans certaines régions, ce qui explique les hésitations du gouvernement algérien à rendre la liberté à un grand nombre de harkis détenus »[citation nécessaire]. La Croix-Rouge a estimé en 1965 à 13 500[réf. nécessaire] le nombre de harkis incarcérés dans les prisons civiles ou militaires algériennes. À ce jour, la plupart des harkis français figurent sur des listes tenues secrètes par les services de sécurité (police, armée, service de renseignements, gendarmerie), sont interdits de séjour, et n’ont pas droit à un passeport algérien[réf. nécessaire]. En Algérie, les enfants de harkis n’ont pas le droit d’accéder à l'instruction supérieure. Les familles n’ont pas eu le droit d’enterrer en Algérie les harkis qui vivaient en France et y décédèrent.

[modifier] Après 2004

En Algérie, la question des harkis et des pieds noirs a été abordée en 2004 au cours du 10e congrès de l’ONM (Organisation des anciens combattants de la guerre d’Algérie) qui, faisant la distinction entre les motivations des uns et des autres, estime possible le pardon aux harkis qui n’ont pas fait usage de torture contre le peuple algérien. Cette déclaration est interprétée comme un message à l’adresse du président de la république pour ne pas intégrer les harkis et autres Français coupables de crimes, dans la Charte sur la paix et la réconciliation nationale perçue et présentée avant l’ouverture de la campagne comme devant être une loi portant amnistie générale.

Ainsi pour la première fois, le président de la république Abdelaziz Bouteflika aborda officiellement la question des harkis au cours de la campagne pour le référendum sur la Charte sur la paix et la réconciliation nationale soumise au vote le 29 septembre 2005. Au cours de cette campagne, il tiendra à ce sujet des propos très différents de ceux qu’il avait tenus le 16 juin 2000 à la télévision française où il avait déclaré que le peuple algérien n’était "pas encore prêt" à accepter que des harkis puissent revenir en Algérie. Le président algérien a comparé les harkis aux collaborateurs français sous l’occupation nazie de 1940 à 1944, ce qui a suscité la colère des représentants de la communauté harkie, refusant cette comparaison.

Le président Bouteflika déclara par ailleurs au cours de cette visite : « Nous ne faisons pas les mêmes erreurs qu’en 1962 : le massacre de toute une famille, voire de toute une tribu apparentée à un harki ! ». Abdelaziz Bouteflika reconnaîtra le 2 septembre 2005, au stade Mohamed Boumezrag de Chlef des « erreurs à l’encontre des familles et des proches des harkis » et que « les enfants des harkis ne sont pas responsables des actes de leurs parents ». Il déclara plus tard que par le passé, de graves erreurs avaient été commises vis-à-vis des familles de harkis et que « une erreur serait de tenir rancœur aux enfants de harkis ».

D’après des associations de harkis, ces déclarations entretiennent le « mythe » que les harkis et leurs enfants souhaitent rentrer en Algérie[réf. nécessaire], alors que la situation économique du pays pousse plutôt les jeunes Algériens à émigrer en France. Pour d’autres associations de harkis telles que « Harkis et droits de l’homme » ou « Ajir » certaines déclarations peuvent être considérées comme « un petit pas » vers une reconnaissance de la réalité des massacres. Elles demeurent toutefois sceptiques, et attendent de voir des changements concrets comme l’autorisation (encore interdite dans certaines communes) d’inhumer, en Algérie, les dépouilles des harkis morts en France.

Concernant les harkis restés en Algérie et leurs familles, dans le quotidien algérien Liberté du mardi 10 avril 2007, Khaled Bounedjma, président de la Coordination Nationale des Enfants de Chouhada, précise le contenu d’une loi de 1999 dont les circulaires d’application sont parues le 18 février 2007 : « Cette loi vise à préserver l’histoire du mouvement national. Grâce à cette loi, il sera désormais possible d’attaquer une personne qui était autrefois contre la Révolution algérienne et qui occupe aujourd’hui un poste à responsabilité. Il existe maintenant une disposition qui dit qu’une personne dont le père était un harki ne peut occuper un poste au niveau des institutions de l’État». Dans le cadre des élections législatives algériennes de 2007 Miloud Chorfi, porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), précise - dans le même esprit - dans La Tribune du 2 avril 2007, parmi les conditions requises pour être candidat : « l’assurance de n’être pas issu d’une famille contre laquelle a été retenue l’accusation d’avoir été « harki » pendant la période coloniale. ».

Le 5 décembre 2007, le président de la République Française Nicolas Sarkozy, de retour d'une visite diplomatique à Alger, reçoit les représentants des harkis à l'Elysée. Il annonce des dispositions pour améliorer l'intégration des harkis en France, sans toutefois aller jusqu'à "reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre de Harkis" comme il s'y était engagé lors de la campagne présidentielle ( voir le Journal "Le Monde" du 31 mars 2007).

[modifier] Bibliographie

Historiens

  • Guy Pervillé, Le Drame des harkis, revue Histoire, avril 1988
  • Jean-Jacques Jordi, La Réécriture de l'Histoire, actes du colloque du Centre universitaire méditerranéen de Nice, 1998
  • Mohand Hamoumou, Et ils sont devenus harkis, éd. Fayard, 1994 (réédité en 2001) épuisé
  • Mohand Hamoumou et Jean-Jacques Jordi, Les Harkis, une mémoire enfouie, Autrement, 1999.

Témoignages

  • Kader Hamiche, "Manifeste d'un fils de Harki fier de l'être", Edité à compte d'auteur, mai 2007
  • Fatima Besnaci-Lancou et Gilles Manceron, "Les harkis dans la colonisation et ses suites', préface de Jean Lacouture, Ed. de l'Atelier, février 2008
  • Karim Brazi, Le vilain petit Berbère, roman, septembre 2007
  • Fatima Besnaci-Lancou Fille de harki, préface de Jean Daniel et Jean Lacouture, éd. de l’Atelier, seconde édition septembre 2005
  • Fatima Besnaci-Lancou " Nos mères, paroles blessées, une autre histoire de harkis", préface de Claude Liauzu, Ed. Zellige, septembre 2006
  • Fatima Besnaci-Lancou " Treize chibanis harkis", préface de Gilles Manceron, Ed. Tirésias, novembre 2006
  • Maurice Faivre, L’Histoire des harkis, Guerres mondiales et conflits contemporains, janvier 2002
  • Jacques Duquesne, Pour comprendre la guerre d'Algérie, éd. Perrin, 2001
  • Nordine Boulhais, Histoire des harkis du Nord de la France, éd. L'Harmattan, essai, septembre 2005
  • Nordine Boulhais, Des Harkis berbères de l'Aurès au Nord de la France, éd. Presses universitaires du Septentrion, étude, septembre 2001
  • Taouès Titraoui et Bernard Coll, Le Livre des Harkis, éd. Jeune Pied-Noir - BP 4 - 91570 Bièvres
  • Dalila Kerchouche, Mon père, ce harki, éd. du Seuil, septembre 2003.
  • Dalila Kerchouche, Leïla, avoir 17 ans dans un camp de harkis, éd. du Seuil, octobre 2006.
  • Abderahmen Moumen, "Entre histoire et mémoire, les rapatriés d'Algérie", Dictionnaire bibliograhique, Editions Jacques Gandini, mars 2003.
  • Paulette Péju, Ratonnades à Paris, précédé de Les Harkis à Paris, préface de Pierre Vidal-Naquet Postface de François Maspero éd. La découverte.

[modifier] Filmographie

  • Harkis (2006), téléfilm de Alain Tasma pour France 2 sur un scénario de Dalila Kerchouche et Arnaud Malherbe.
  • Amères patries (documentaire, 2006), diffusé sur France 5, co-écrit par Dalila Kerchouche et Manuel Gasquet.
  • Les amandiers de l'histoire (2003), documentaire de J-H Bidermann et V. Lagard.

[modifier] Art

  • "Treize Chibanis Harkis" 62 tableaux d'art de Serge Vollin, textes de Fatima Besnaci-Lancou. Mémorial de Rivesaltes - conseil général des Pyrénées-Orientales.

[modifier] Sites harkis

[modifier] Sites divers

[modifier] Documents multimedia

[modifier] Références

  1. sur Harki.net
  2. D’après Maurice Faivre on retrouve le slogan "La valise où le cercueil" dés 1946 dans un tract émanant du courant populiste des nationalistes les plus radicaux. Par la suite, on assiste au sein du FLN à une fluctuation des positions concernant la place faite aux européens dans une Algérie indépendante, le slogan "La valise ou le cercueil" étant couramment utilisée pour exprimer la position la plus radicale prévoyant l’expulsion des européens Maurice Faivre, La Croix, 5 juin 2002
  3. Interview dans El Watan le 10 mars 2005 : "Pour l’historien que j’essaie d’être, les harkîs n’ont été ni plus ni moins que des mercenaires, recrutés comme tels par l’armée française, (...). Ce recrutement a joué sur le terreau des divisions algéro-algériennes, divisions que le colonisateur s’est toujours ingénié à cultiver et exploiter. Au surplus, des pratiques autoritaires violentes de l’ALN, ayant ici et là préféré parfois la violence au dialogue, se sont révélées contre-productives en ce qu’elles ont pu aussi conduire des hommes à devenir harkîs (...) Il est donc difficile de les assimiler, ainsi qu’on l’a parfois pu faire en Algérie, à des « collaborateurs »"
  4. Rémi Kauffer, Chapitre les harkis, in Histoire secrète de la Ve République, dir. Faligot et Guisnel, La découverte, 2006.
  5. Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Fayard, 1994, p.52
  6. Challe Notre révolte Presses de la Cité 1968
  7. Peyrefitte, p.196
  8. abcd Catherine Withol de Wenden, Regards sur l’actualité, (La documentation française), nov 1991
  9. Tom Charbi, Les Harkis, la Découverte
  10. Philippe Denoix, article harkis, in Encyclopædia Universalis, 2000.
  11. Voir l'appel d’enfants de harkis contre les articles 4 et 13 de la loi du 23 février 2005, et la déclaration de l’Association Harkis et Droits de l’Homme dénonçant la loi du 23 février 2005, par Fatima Besnaci-Lancou, présidente de l’Association Harkis et Droits de l¹Homme