Ambre gris

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Ambre gris provenant d'un cachalot
Ambre gris provenant d'un cachalot

L'ambre gris (de l'arabe عنبر `anbar « ambre gris » et de عنابر `anābir « cachalot »), est une concrétion intestinale du cachalot, provenant de la digestion par les cachalots de l'encre de seiches. C'est une substance très parfumée, solide, grasse, inflammable, de couleur variant du gris au noirâtre et à l'odeur spécifique. Il se forme à l'intérieur des intestins du cachalot et on le trouve le plus souvent flottant sur les océans ou déposé sur les côtes.

L'ambre gris a un unique point commun avec l'ambre jaune, qui est une résine fossile : on le récoltait naguère sur les plages ou flottant au milieu des vagues.

Sommaire

[modifier] Utilisation

À l'origine l'ambre gris a une odeur organique désagréable. Après exposition à la lumière et aux éléments pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, il exhale son odeur définitive, chaude, animale, rappelant le tabac. On utilise alors l'ambre gris dans la fabrication du parfum pour fixer et rehausser d'autres parfums plus fugitifs. En raison de son coût il est le plus souvent remplacé par un substitut de synthèse.

L'ambre gris doit sa valeur à son utilisation très ancienne en parfumerie, mais aussi et surtout à son extrême rareté. Du fait de la possibilité de le synthétiser chimiquement, et de l'interdiction de commercialiser les abattis de cachalots imposée par les Accords de Washington l'ambre gris n'est plus aujourd'hui une marchandise, bien que l'homéopathie lui assigne des vertus uniques.

Le produit de base extrait de l'ambre gris naturel en parfumerie est l'ambre pur, une solution à base d'alcool qui, exposée à l'air et à la lumière, permet une séparation en plusieurs produits dérivés, entre autres l'Ambrox. La note d'odeur peut être boisée, sèche, balsamique, fleurie ou proche du tabac, avec un effet aphrodisiaque. L'ambre gris, ou aujourd'hui sa forme synthétique, forme typiquement la note de base des compositions de parfumerie.

[modifier] Histoire

Jusqu'à la Renaissance, on récoltait l'ambre flottant à la surface des mers, par concrétions d'une dizaine de kilos, voire exceptionnellement de plus de 100 kg. Avec la chasse à la baleine, on découvrit lors du dépeçage des cétacés que l'ambre natif se formait dans l'intestin des cachalots, avec une accumulation pouvant atteindre 400 kg ; de telles concentrations sont cependant pathologiques et révèlent que l'animal a dû décéder d'une occlusion intestinale.

Dès le XVe siècle, l'ambre gris a été commercialisé en Europe et on le payait à son poids en or, bien que les échantillons ne fussent alors que de qualité très aléatoire. Léon l'Africain rapporte qu'au XVIe siècle, le prix de l'ambre gris sur le marché de Fez était de 60 ducats la livre (à comparer avec 20 ducats pour un esclave, 40 pour un eunuque et 50 pour un chameau) : ainsi était-il plus coûteux que l'or et les gemmes.

Le négociant hollandais Jan Huyghen van Linschoten écrivit dans son journal de voyage à propos de l'ambre gris :

« [On l'utilise combiné] à du musc, de la civette, du benjoin et d'autres arômes dans beaucoup de préparation de luxe, par exemple pour parfumer des assortiments de pommes et de poires serties dans des écrins d'argent et d'or que des serviteurs apportent aux convives [1]. »

Adam Lonitzer signalait en son temps la recette d'un substitut de l'ambre dans son « Kreüterbuch »  :

« … l'Ambra factitia n'est… que de l'ambre artificiel, que beaucoup utilisent comme substitut (de bien moindre saveur) de l'ambre naturel... on le prépare sous forme d'une pâte faite de noix de muscade, mélangée à des clous de girofle, à du spicanard, à du musc et à de l'eau de rose,... Certains se fondent sur une recette différente, mais dans tous les cas le mélange doit contenir du musc ou de la civette. »

[modifier] Dans la littérature

L'ambre gris revient souvent dans les odes amoureuses.

[modifier] Notes et références

  1. Trad. de Smollich, p. 28. D'après E. Bovill, « Moschus und Ambra », in « dragoco report » n°19 (1972), p. 200.