Alexandre d'Aphrodise

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Alexandre d'Aphrodise fut un philosophe péripatéticien du IIIe siècle. Né à Aphrodisie en Carie vers la fin du IIIe siècle, il enseigna à Alexandrie vers le temps de Septime Sévère.

Surnommé « le second Aristote » et l'« exégète », il a laissé sur presque toutes les parties des écrits de ce philosophe d'importants commentaires, les plus anciens qui nous soient parvenus. Ses commentaires ont servi de sources et de modèles pour ses successeurs grecs et byzantins et furent traduits en syriaque, arabe et latin. On lui attribue la forme du « grand commentaire » qui sera reprise par le péripatétisme arabe.

Il a en outre écrit en son propre nom les traités suivants :

  • Apories physiques, d'authenticité douteuse.
  • Problèmes moraux, 1 livre.
  • De l'âme, 2 livres conservés, le second d'authenticité douteuse.
  • De intellectu
  • Du destin
  • Du mélange

Le premier livre du De anima a joué un rôle très important jusqu'à la Renaissance.

D'une part, il soutient que l'âme n'est que la forme d'un mélange d'éléments physiques qui se défait en même temps que ce mélange. L'âme est donc mortelle, ce qui ne manqua pas de scandaliser les scolastiques latins.

Surtout, il y élabore une théorie de l'intellect combattue par Averroès, ce qui jusqu'à la Renaissance divisera les aristétoliciens entre partisans d'Alexandre (les alexandristes) et partisans d' Averroès (les averroïstes).

Alexandre distingue quatre sortes d'intellect :

1°) L'intellect en puissance ou hylique reçoit passivement les formes et est comparé à une table rase.

2°) L'intellect acquis, ou intellect comme disposition, naît du contact de l'intelligence avec l'universel lorsqu'elle sépare par abstraction les formes de la matière. C'est une sorte de pensée en puissance.

3°) L'intellect en acte. C'est la pensée actuelle.

4°) L'intellect agent est la cause faisant passer à l'acte les intelligibles en puissance. L'intellect agent n'est rien d'autre que l'intelligible en acte, séparé et sans mélange. Ce n'est pas une faculté de l'âme, mais la pensée pure en acte identifiable au Dieu d'Aristote. Dieu est donc l'agent qui intellige en nous ou par quoi l'âme intellige. Selon un mot de Bréhier, l'âme ne voit pas en Dieu, mais par Dieu.

Les spéculations sur l'existence, la nature et le rôle de cette intelligence agente seront déterminantes chez les péripatéticiens arabes (d'Al-Kindi à Averroès) et de là envahiront la scolastique médiévale à partir de la fin du XIIe siècle.

[modifier] Sources

Les commentaires et les traités ont été édités dans la collection de L'Académie de Berlin (3 tomes en 6 volumes de 1883 à 1892). On trouve en français :

  • Sur les commentaires du corpus aristotéliciens :
    • P.Moraux, Alexandre d'Aphrodise, exégète de la noétique d'Aristote, Paris, 1942.
  • Les écrits autonomes (qui complètent les commentaires là où la matière aristotélicienne fait défaut) :
    • P. Thillet : Alexandre d'Aphrodise, Traité du destin, Les Belles Lettres, 1984.
    • idem : Alexandre d'Aphrodise, Traité de la providence, Verdier, 2003.