Alain Colas

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Alain Colas est un navigateur français né le 16 septembre 1943 à Clamecy (dans la Nièvre, en Bourgogne), disparu en mer le 16 novembre 1978 au large des Açores.

Le monocoque 4 mats de course en solitaire avant-gardiste : Club Méditerranée de 1976.
Le monocoque 4 mats de course en solitaire avant-gardiste : Club Méditerranée de 1976.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] La jeunesse

Alain Colas naît le 16 septembre 1943 à Clamecy où son père, Roger Colas, dirige la faïencerie de la ville. Dès son enfance, il veut « réaliser ses rêves ». De la cinquième à la Terminale, il mène ses études au lycée Jacques Amyot d'Auxerre. A vingt ans, en 1963, il fait preuve de ses qualités d'organisateur en créant le club de canoë-kayak de Clamecy. Il étudie à l'université de Bourgogne à Dijon, en philologie anglaise, puis à la Sorbonne.

[modifier] Maître de conférences en Australie

Il part en Australie en janvier 1966, à vingt-deux ans, pour postuler comme maître de conférences à Sydney, sans même avoir les diplômes nécessaires. En effet, son père lui avait simplement communiqué une annonce de cette faculté cherchant un lecturer , c'est-à-dire un maître de conférences, et non un " lecteur " comme Alain le croyait. Essuyant un refus, mais s'étant déjà préparé au départ, il s'embarque sur un cargo pour Sydney. Sur place, son dynamisme et sa force de persuasion font le reste. Il devient maître de conférences, à vingt-deux ans, à St John’s College, université de Sydney en Australie où il enseigne le français.

En Australie, il découvre la voile et la course au large en baie de Sydney.

[modifier] Equipier d'Éric Tabarly

En 1967, il rencontre Éric Tabarly, qui dispute la course Sydney-Hobart. Ce dernier lui propose d’embarquer à son bord, sur Pen Duick III, pour un périple jusqu’à la Nouvelle-Calédonie.

Pour Alain, l’appel du large est plus fort qu’un avenir d’universitaire tout tracé. Il rejoint Tabarly qui prépare, pour la Transatlantique en solitaire de 1968, un multicoque expérimental géant : Pen Duick IV concu par l'architecte français André Allègre. Alain fait toute la saison de course 1968-1969 avec Tabarly. Il apprend le métier de marin de course au large et devient journaliste de ses aventures maritimes. En 1970, il rachète à Tabarly le trimaran Pen Duick IV. Pour financer son aventure, il raconte ses voyages dans la presse française et anglo-américaine.

A Tahiti, il rencontre en 1971 sa compagne, Teura, avec laquelle il aura trois enfants.

[modifier] Les victoires

Le 8 juillet 1972, il remporte sur Pen Duick IV la quatrième Course Transatlantique Anglaise en solitaire reliant Plymouth en Angleterre à Newport aux Etats-Unis. Avec un temps de 20 jours 13 h et 15 min, il pulvérise alors le record de l’épreuve. La France se découvre un héros sympathique au parcours original.

Son prochain objectif est de réaliser le premier tour du monde en solitaire en multicoque avec Pen Duick IV rebaptisé « Manureva », « L’oiseau du voyage » en tahitien. Alain Colas part de Saint-Malo le 8 septembre 1973 ; il franchit le cap Horn le 3 février 1974. Arrivé à Saint-Malo le 28 mars 1974, il bat de 32 jours le record du Tour du monde en solitaire détenu par Sir Francis Chichester, en monocoque. Il est le premier marin à réussir ce pari.

[modifier] Le quatre mâts Club Méditerranée

En 1975, il conçoit et met en œuvre la construction d’un voilier de quatre mâts de 72 mètres de long, à la pointe de la technologie, pour la Transat anglaise en solitaire de juin 1976. C’est le gigantesque « Club Méditerranée ».

Le 19 mai 1975, dans le port de La Trinité-sur-Mer, il est victime d'un accident : sa cheville droite est sectionnée par le cordage d'une ancre du Manureva. Il subit vingt-deux opérations qui lui permettent de conserver son pied, et continue à superviser la réalisation du Club Méditerranée depuis son lit de l'hôpital de Nantes. Le 15 février 1976, le navire est lancé à Toulon. Une équipe de bénévoles réalise ensuite les équipements très sophistiqués du navire, qui fait sa première sortie en mer le 21 mars 1976.

Le 5 juin 1976, Alain Colas est au départ, sur le Club Méditerranée, de la cinquième Transat anglaise en solitaire, à Plymouth. De terribles tempêtes (cinq dépressions se suivent en Atlantique nord), entraînent la rupture de drisses, câbles tenant les voiles. Tabarly est alors faussement localisé en tête, et la course paraît jouée. Alain Colas décide d'une escale technique de 36 heures à Terre-Neuve. Aussi, le 29 juin, il arrive second à Newport, 7 heures et 28 minutes après Éric Tabarly. Mais il est disqualifié après la course, les scellés sur le moteur du bateau étaient cassées.

Après la course, il traverse l'Atlantique en quinze jours et organise, en août et en septembre 1977, les opérations "Bienvenue à bord", dans des ports de la Manche et de l'Atlantique, du Havre à La Rochelle. Les visiteurs sont accueillis le matin sur le Club Méditerranée ; l'après-midi se déroulent des sorties en mer avec contribution aux frais.

[modifier] Disparition

En 1978, il participe à sa dernière course, celle qu’il ne gagnera jamais : sur son « vieux » Manureva, il prend le départ le 5 novembre de la première Route du Rhum. Son dernier message est envoyé le 16 novembre 1978 à 4 h du matin, au large des Açores : « Je suis dans l’œil du cyclone. Il n’y a plus de ciel, tout est amalgame d’éléments, il y a des montagnes d’eau autour de moi... » Il était parmi les premiers mais la tempête qui se déchaîne les jours suivants a raison de ce marin d’exception, âgé de trente-cinq ans.

Contrairement aux multicoques classiques dont les matériaux de construction sont insubmersibles ou flottent entre deux eaux en cas d'accident sérieux (structure nid d'abeille, composites), Manureva était un multicoque submersible conçu en AG4 (aluminium) ce qui ne permit pas de retrouver le moindre élément du navire qui aurait pu dériver.


Alain Colas a su faire évoluer son sport grâce à son intelligence et son caractère entreprenant. Il s'est beaucoup appuyé sur les médias. Il a obtenu l'aide de mécènes pour financer ses courses et son quatre mâts. Il a conçu le Club Méditerranée comme une vitrine de la technologie : le bateau comportait des panneaux solaires et une éolienne, un système de positionnement par satellite, un fax.

[modifier] La chanson Manureva

Ce drame inspira Serge Gainsbourg qui composa en 1979 pour Alain Chamfort la chanson « Manureva ».

[modifier] Hommages

Le lycée de la communication à Nevers a reçu le nom d'Alain Colas. À Clamecy, une statue en bronze du navigateur a été inaugurée en 2006.

[modifier] Bibliographie

Alain Colas a écrit de nombreux articles et deux livres.

Alain Colas, Un tour du monde pour une victoire, Arthaud, 1972, 312 p.

Alain Colas, Cap Horn pour un homme seul, Flammarion, 1977, 269 p.


Jean-Paul Aymon, Patrick Chapuis, Gilles Pernet, Colas Terlain Vidal Tiercé de la mer, Paris, Solar, 1972, 254 p.

Jean-Paul Aymon, Alain Colas la mer est son défi, Fernand Nathan, 1977, 96 p.

Alain Colas Manureva ne répond plus..., [Paris], Sipe, [1978], 96 p.

[modifier] Voir aussi