Abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune

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Saint-Maurice, vue en direction de l'Abbaye
Saint-Maurice, vue en direction de l'Abbaye

L'abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune se trouve dans le canton du Valais en Suisse. Elle a été fondée en 515 par le futur roi burgonde saint Sigismond à l'emplacement d'un sanctuaire plus ancien abritant les restes de Maurice d'Agaune, martyr du IIIe siècle, érigé par Théodore, premier évêque connu du Valais.

La cité d'Agaune a d'ailleurs pris son nom et s'appelle aujourd'hui Saint-Maurice ; l'abbaye a joué un rôle majeur dans l'histoire régionale et est aujourd'hui la plus ancienne abbaye d'Europe occidentale en activité à avoir été occupée en permanence. Le premier roi de Bourgogne transjurane, Rodolphe, y fut couronné.

Originellement et jusqu'au IXe siècle, c'est la laus perennis qui s'appliquait. Les moines furent alors remplacés par des chanoines qui adoptèrent la règle de saint Augustin en 1128.

Un important atelier d'orfèvrerie romane semble y avoir été tenu aux XIIe et XIIIe siècle.

Le trésor de l'Abbaye et les fouilles archéologiques peuvent être visitées. L'église actuelle, reconstruite après la Seconde Guerre mondiale suite à un éboulement, a obtenu le titre de basilique mineure en 1948.

Sommaire

[modifier] Histoire

L'emplacement de l'abbaye fut un lieu consacré dès au moins l'époque romaine. Un autel romain dédié aux nymphes y a été retrouvé à côté de la source elle aussi consacrée aux nymphes.

Il semble que ce soit Théodore (ou Théodule selon les transcriptions), premier évêque du Valais et siégeant à Martigny, qui créa le premier sanctuaire chrétien en 381 en y transférant les restes des martyrs dans une chapelle attribuée à Maurice et ses compagnons massacrés. Ce sanctuaire a été agrandi au IVe siècle.

L'abbaye proprement dite fut fondée le 22 septembre 515 par le futur roi burgonde Saint Sigismond. Alors que son père Gondebaud avait été fidèle à l'arianisme, Sigismond avait embrassé le catholicisme et fit de l'abbaye, dès son accession au trône en 516, un lieu de pèlerinage pour son peuple qui avait dû le suivre dans sa foi. La première basilique date de cette époque, ainsi que le baptistère, permettant de procéder selon le rite de l'immersion partielle, qui peut être encore visité.

Sigismond y installa une communauté de moines et y fit bâtir une nouvelle basilique, orientée est-ouest, au pied du rocher. Les moines instaurèrent la laus perennis, ce qui veut dire "louange perpétuelle". En effet, des choeurs de moines s'y relayaient jour et nuit afin d'assurer une prière continue. Le lieu prospéra pendant deux siècles.

En 574, l'abbaye fut ravagée par les Lombards. Après leur départ, la basilique fut reconstruite.

Le nombre de moines a peu à peu diminué aux VIIe et VIIIe siècle et ceux-ci deviennent des chanoines réguliers. Suite à des éboulements, la basilique est reconstruite aux VIIIe et XIe siècle, toujours dans le sens est-ouest.

Le roi de France Charles II le Chauve qui avait épousé en seconde noce sa concubine Richilde d'Ardennes accorda à son nouveau beau-frère Boson V de Provence, l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune, qui avait été détenue par son oncle maternel Hubert.

Acte de donation du roi de Bourgogne Rodolphe III à l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune (15 février 1018)
Acte de donation du roi de Bourgogne Rodolphe III à l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune (15 février 1018)

Le 15 février 1018, à la demande de ses familiers, le roi de Bourgogne Rodolphe III, donne ou plutôt rend à l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune les fiscs de Sciex (?), de Lully, de Commugny, la moitié de Pully, Oron, la pauté de Vuadens, Bouloz, le plaid de Vevey, Lutry, Vouvry, Ollon, Villy, Naters, quelques droits à Saint-Maurice et l'ensemble des alpages du Chablais.

Amédée III de Savoie aida à la renaissance de l'Abbaye de Saint-Maurice d'Agaune, dans laquelle les rois des deux Bourgognes se faisaient couronner, il en fut l'abbé laïc (1103-1147).

En 1128, les chanoines adoptent la règle de saint Augustin.

Durant le Moyen Âge, l'abbaye joua un rôle politique important en Valais, car grande propriétaire terrienne de par ses donations reçues. L'abbé devient comte et est fréquemment allié à la Maison de Savoie.

Suite à un nouvel éboulement, la basilique dut être reconstruite au XVIIe siècle, en suivant l'orientation nord-sud cette fois-ci.

Le rôle politique de l'abbaye disparut en 1798 lors de la Révolution valaisanne.

En 1942, un nouvel éboulemement détruit à nouveau l'église, qui fut reconstruite après la guerre et obtint le titre de basilique mineure en 1948.

Des fouilles sont en cours à l'emplacement des sanctuaires primitifs.

[modifier] Organisation

L'Abbaye ne fut jamais dépendante d'un diocèse et d'un évêque, car elle bénéficia dès sa fondation de l'immédiateté pontificale, c'est-à-dire qu'elle dépend directement du Pape et de lui seul. Après avoir été un "nullius diocesos", elle devient "abbaye territoriale". Ce qui veut dire que l'Abbé de Saint-Maurice exerce sa propre juridiction spirituelle sur sa communauté abbatiale ainsi que sur les paroisses de son territoire.

Congrégation canoniale autonome donc, l'abbaye compte actuellement 49 religieux, dont un prélat, 2 frères et 46 chanoines prêtres. Pas tous ne résident à l'abbaye ; certains habitent à l'extérieur, dans une paroisse du territoire, dans une paroisse du diocèse de Sion ou alors à l'extérieur pour assumer d'autres charges pastorales. Les chanoines desservent en effet 14 paroisses du diocèse de Sion, prêtant main forte à ce dernier.

Les paroisses du territoire abbatial sont au nombre de 5:

  • la basilique abbatiale, érigée en paroisse, comprenant l'abbaye, la basilique, le collège, la chapelle de Vérolliez et le home St-Jacques (résidence pour personnes âgées)
  • la paroisse de Saint-Maurice et Mex, comprenant la chapelle de Notre-Dame-du-Scex
  • la paroisse de Vernayaz
  • la paroisse de Salvan
  • la paroisse de Finhaut.

Ces paroisses regroupent environ 6000 catholiques.

L'Abbaye de St-Maurice possède un collège ayant un statut d'établissement semi privé car il est propriété des chanoines mais est régi par un concordat de 1806 entre l'abbaye et l'Etat du Valais. En 1806 en effet, le Valais reconnait le collège en tant qu'établissement d'utilité publique et participe à son financement. Aujourd'hui encore, les chanoines dirigent l'établissement et 4 d'entre eux y enseignent.

[modifier] Le trésor

Parmi les nombreuses pièces exposées, il convient de noter quelques éléments exceptionnels :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

Saint-Maurice d'Agaune (collectif), dans Les chanoines réguliers de Saint-Augustin en Valais, Bâle 1997 (Helvetia sacra, IV/1)

[modifier] Liens externes

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