332e régiment d'infanterie

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332e Régiment d'Infanterie
Période Août 1914
Pays France France
Branche armée de terre
Surnom Vieille Champagne
Inscriptions sur l'emblème L'Aisne 1914-1917
Verdun 1916
Picardie 1918
Argonne1918
Anniversaire Saint-Maurice
Guerres Première Guerre mondiale
Décorations Croix de Guerre 1914-1918

Le 332e régiment d'infanterie est un régiment d'infanterie constitué en 1914. Il est issu du 132e régiment d'infanterie ; à la mobilisation, chaque régiment d'active créé un régiment de réserve dont le numéro est le sien majoré de 200.

Il est appelé Vieille Champagne

Sommaire

[modifier] Création et différentes dénominations

  • Août 1914 : 332e régiment d'infanterie

[modifier] Chefs de corps

[modifier] Historique des garnisons, combats et batailles du 332e RI

[modifier] Première Guerre mondiale

Médaille du 132e et du 332e régiment d'infanterie, vers 1920
Médaille du 132e et du 332e régiment d'infanterie, vers 1920

À la mobilisation, en 1914, les régiments français d'infanterie forment chacun un régiment de réserve dérivé dont le numéro est celui du régiment actif majoré de 200 (ex. : à Châlons-sur-Marne : 106ème régiment d'active et 306ème régiment de réserve et, à Reims : 132ème régiment d'active et 332ème régiment de réserve). De surcroît, le régiment de réserve est, au départ, commandé par le lieutenant-colonel, commandant en second du régiment actif, et la numérotation des compagnies du régiment de réserve prend la suite de celle du régiment d'active.

Affectations : Le 332ème appartient à :

  • la 69e division de réserve d'août 1914 à décembre 1916;
  • la 42e division d'infanterie de décembre 1916 à novembre 1918

[modifier] 1914

Du 2 au 10 août 1914, le régiment se mobilise et s’organise à Reims. Le 11, le 332° régiment d’infanterie accompagné par la foule enthousiaste, quitte Reims pour se porter vers la Belgique par étapes successives, exécutées sous une chaleur accablante. Le 23 août, au soir, le régiment franchit la frontière et bivouaque entre Sartiau et Beaumont. Toute la nuit, s’écoulent sur la route de Beaumont les troupes en retraite du 18° Corps d’Armée. Dans le lointain, de nombreux villages sont en feu. Le 24 août, le 332e régiment d’infanterie reçoit le baptême du feu ; la 17e compagnie est particulièrement éprouvée par le feu violent des batteries lourdes ennemies. Au soir, placé à l’arrière-garde du Groupe de Divisions de Réserve, le régiment entraîné par le mouvement de retraite générale se dirige sur Bérelles et atteint Saint-Hilaire-sur-Helpe le 25. Dans la matinée du 25 au 26, l’arrière-garde s’engage avec la cavalerie et des cyclistes ennemis au sud de Saint Hilaire. Par une marche pénible de nuit, sous une pluie battante, le régiment se porte sur le Grand Wé où il arrive le 27 à 2 h. 30. Départ par alerte à 3 h. 30. Les jours suivants ne seront pas moins pénibles ; sans ravitaillement sur des routes encombrées, sans pause, le mouvement de retraite se poursuit par Le Sourd, Nouvion-le-Comte, Prémontré. La fatigue est extrême. La nuit du 31 août au 1er septembre, et cette journée, sont les plus pénibles de la retraite.

[modifier] Le 31 août 1914, la 20e compagnie du 332e, se trouva séparée par l'ennemi, de son corps qu'elle ne put rejoindre

La 20e compagnie, commandée par le Capitaine Klipfel est détachée dans la nuit du 31 pour escorter le Parc d'Artillerie de la Division. Il convient de relater ici l’épisode héroïque de cette compagnie qui reste 15 jours dans les lignes allemandes, livrant combat plusieurs fois, se cachant le jour dans les bois, marchant la nuit, se nourrissant de betteraves crues. Grâce à l’énergie et à la foi du Capitaine Klipfel, grâce à la haute valeur de ses gradés et de ses soldats, la 20ecompagnie peut échapper à l’ennemi, franchir les lignes et prendre contact avec l’Armée Française au Pavillon de Chasse de Bagatelleen Argonne. Le 31 août 1914, lorsque la 20° compagnie a commencé à escorter le convoi, le régiment se trouvait à Monceau-lès-Leups à une dizaine de kilomètres à l'est de La Fère dans l'Aisne. A vol d'oiseau, Bagatellese trouve à 120 kilomètres de Monceau.

Le retour du capitaine Klipffel est noté à la date du 14 septembre. Ce sont 250 hommes qui ont rejoint avec lui.[1].Ce détachement Klipfel, majoritairement composé d'une compagnie du 332e R.I. mais à laquelle se sont agrégés d'autres égarés de diverses unités (au moins une quinzaine d'unités parmi lesquelles des hommes des 74 eR.I, 119eR.I, 41 eR.I, 45 eR.I, 78 eR.I, 205eR.I, 224 eR.I. Un véritable exploit que de faire un tel trajet dans les lignes allemandes sans se faire prendre. Pour ces hauts faits, la 20e compagnie fut citée à l’ordre de l’Armée :

"Le 31 août 1914, la 20ecompagnie du 332e rég. d'infanterie, chargée d'escorter un convoi se trouva séparée par l'ennemi, de son corps qu'elle ne put rejoindre. Pendant 15 jours, cette compagnie traversa les lignes allemandes, marchant et combattant sans cesse. Grâce à l'énergie et à la sagacité du capitaine Klipffel, à la discipline, à l'endurance et au courage de la compagnie tout entière, cette faible troupe est parvenue, après des efforts héroïques, à rejoindre l'armée française le 15 septembre". C’est une des premières unités françaises qui eût cet honneur.[2]

[modifier] Quinze jours dans les lignes Allemandes en septembre 1914, récit du CAPITAINE KLIPFFEL

Le 332e régiment d’infanterie se mobilise à Reims à partir du 2 août 1914. Il quitte cette ville le 11 août 1914 et gagne, par étapes, le point de concentration de la 69e division de réserve. Le 332e fait partie de la 137e brigade. Le 19 août, la division commence sa marche vers le Nord et le 23, elle entre en Belgique. Le lendemain, à la suite de la bataille de Charleroi, commence la retraite de l’armée française qui devait se terminer par la bataille de la Marne.

Le 31 août, le 332e quitte Bry en Laonnois à 18 heures avec la 69e division de réserve pour se porter sur Anizy Pinon, par Fourdrain, Saint Nicolas aux Bois et Suzy. En arrivant à Suzy, vers 22 heures, la 20e compagnie qui marche en queue du régiment, reçoit l’ordre de s’arrêter et de s’établir autour du village pour couvrir le parc d’artillerie de la 69e division qui bivouaque à la sortie sud de Suzy.

La compagnie fournit aussitôt des postes pour couvrir les différents débouchés et les hommes disponibles s’installent en cantonnement d’alerte dans le village.

1er septembre 1914

Le parc, escorté par la compagnie, quitte le cantonnement de Suzy à 6 heures du matin et se porte sur Laon par l’itinéraire : CessièresMolinchart – faubourg de La Neuville (Laon). Le parc devait recevoir à Laon de nouveaux ordres. A 17 heures, le chef d’escadron commandant le parc, n’ayant pas reçu les ordres attendus, prend le parti de passer la nuit à la sortie sud de Laon (faubourg d’Ardon). La compagnie couvre le bivouac par des postes tenant les routes vers le sud pendant que le gros de la compagnie s’établit dans Ardon en barricadant les débouchés vers le nord. Le capitaine avait à Laon un officier pour y recueillir des renseignements sur la situation générale. L’officier (lieutenant Rozet) trouva la ville évacuée par les autorités militaires et civiles et rassembla les isolés de toutes armes qui erraient dans les rues. Les hommes qui appartiennent à une vingtaine de corps différents sont groupés sous les ordres des gradés de la compagnie. Un convoi de blessés et d’éclopés, appartenant pour la plupart au 287e régiment de réserve, est également recueilli ; vers une heure du matin, arrive à Ardon une compagnie du 205e R.I. de réserve qui, à la suite de combats dans la forêt de Coucy, a perdu le contact avec son régiment. Des renseignements assez vagues signalent qu’une brigade de cavalerie allemande est arrivée dans la soirée à Liesse (12 km au nord-est de Laon). Ces renseignements sont apportés par les gendarmes de Liesse qui ont pu s’échapper à bicyclette un peu avant l’arrivée des Allemands. Le chef d’escadron commandant le parc décide, n’ayant toujours pas reçu l’ordre, de se replier le lendemain dans la direction de Reims par la route : Bruyères, Bourg et Comin, Fismes.

2 septembre 1914

La colonne quitte Ardon à 6 heures, la compagnie du 205e forme l’avant-garde, la 20e compagnie du 332e est arrière-garde, les sections formées avec les isolés rassemblés pendant la nuit sont intercalées entre les sections de parc. Quelques cavaliers (un maréchal des logis des dragons, un brigadier et deux chasseurs d’Afrique) flanquent la colonne. La colonne prend l’itinéraire : Bruyères et Montbérault – Mont en Ault – ChamouilleTroyon. Vers 9 heures, au moment où la compagnie d’arrière-garde vient de franchir la rivière l’Ailette, la colonne est violemment canonnée par une batterie de 77 postée aux environs du Chemin des Dames. Le convoi reflue aussitôt en désordre, ainsi que les sections formées avec les isolés. Il est poursuivi par des détachements d’infanterie. La 20e compagnie du 332e dégage immédiatement la route pour éviter d’être entraînée par le reflux des voitures, se forme à droite et à gauche de la route et occupe les boqueteaux de la rive sud de l’Ailette de façon à faire barrage et à permettre le repli du convoi. Le capitaine n’a aucune nouvelle de la compagnie du 205e qui formait l’avant-garde ni des quelques cavaliers lancés sur les flancs. Les première et deuxième sections formées à l’est de la route ouvrent le feu sur les fractions d’infanterie allemandes descendant de Cerny en Laonnois et arrêtent leur mouvement. La 4ème section, à la faveur des bois, est poussée à l’ouest de la route jusqu’au sommet d’un mouvement de terrain qui barre l’horizon (900 mètres environ au sud de l’Ailette). La 2ème section (adjudant Degouy) qui était en pointe d’arrière-garde a été entraînée par le reflux et la capitaine n’en a plus de nouvelles. La progression de l’infanterie allemande cesse aussitôt que notre feu lui a causé quelques pertes. Au bout d’une heure environ, le capitaine apercevant sur les hauteurs du Chemin des Dames des mouvements de troupe importants, et tous les isolés du convoi s’étant repliés, prend le parti de repasser l’Ailette pour éviter d’être entouré dans les bois qu’il ne peut surveiller efficacement en raison de la faiblesse de son effectif. Le mouvement s’exécute par échelons et la compagnie réduite à trois sections va occuper la croupe au nord de Chamouille, d’où l’on peut surveiller facilement tout le terrain en avant et tenir par le feu tous les débouchés de la rivière l’Ailette et du ruisseau de Bièvres. De l’observatoire excellent que forme la croupe de Chamouille, le capitaine peut se rendre compte à peu près de la situation : une longue colonne d’infanterie, au moins une division, suit le Chemin des Dames de l’est vers l’ouest. D’autres fractions moins importante sont aperçues vers Ailles – Neuville et Courtecon – Crandelain. Ne pouvant se rendre compte, en raison de la distance et du mauvais éclairage si ces troupes sont amies ou ennemies, le capitaine fait monter à bicyclette quelques volontaires pour aller reconnaître ces troupes de plus près. Les éclaireurs reviennent bientôt, toutes les colonnes aperçues sont allemandes. Tous les débouchés vers le sud sont fermés, la situation n’est pas brillante. Ne pouvant avec un effectif réduit (3 sections) tenir un mouvement de terrain aussi étendu que la croupe de Chamouille, le capitaine prend la résolution de se replier sur Monthenault, ce petit village grâce à la configuration du terrain, peut être facilement défendu par une troupe peu nombreuse. Monthenault est, en effet, construit sur une sorte d’isthme très étranglé qui réunit la croupe de Chamouille au massif sur lequel est construit le fort de Monbérault. Les Allemands laissent exécuter le mouvement sans chercher à le contrarier. Aussitôt arrivée à Montbérault, la compagnie s’y barricade. Au cours du combat, la compagnie a eu 4 tués et 8 blessés. Ces derniers ont été recueillis et emmenés à Monthenault, les morts laissés sur le terrain, ainsi qu’un blessé (Mahut) que l’on avait cru mort. Le capitaine envoie deux cyclistes voir si la route de Laon est encore libre. Ils reviennent bientôt annonçant que Laon est occupée par les Allemands ; ils n’ont pas trouvé sur leur chemin les débris du parc divisionnaire (il avait, en effet, quitté la grande route pour gagner Presles où il fut capturé dans la soirée). Vers 17 heures, cinq autos allemandes chargées de fantassins et arrivant de la direction de Laon, viennent se heurter à nos barricades, elles sont accueillies à coup de fusil ; trois voitures ont leur moteur mis hors de service et après quelques minutes de fusillade assez vive, les Allemands survivants s’entassent dans les voitures restantes et prennent la fuite. Les autos démolies contenaient le produit de pillage : vivres, champagne et même une boite de bijoux usagés volés les jours précédents. Les trois autos furent brûlées, les vivres et le vin distribués aux hommes de la compagnie. Le capitaine décide alors de se replier sur Reims, à la faveur de la nuit, par Corbeny et Berry-au-Bac. Je ne possède malheureusement aucune carte de la région et personne ne connaît l’itinéraire. Quand, par hasard, arrive de Monthenault un habitant qui connaît assez bien la région. Le capitaine le prend pour guide. Plusieurs caissons du parc avaient été recueillis, mais la difficulté d’une marche de nuit, à travers un pays inconnu, oblige à les laisser et on se contente d’emmener les chevaux avec leur harnachement et deux voitures contenant les blessés. Au cours du combat de Chamouille, outre les tués et les blessés, la compagnie a perdu un adjudant, 3 sergents, 8 caporaux et 82 soldats disparus. La plupart faisaient partie de la section d’arrière-garde qui n’a pas rejoint. En outre, les hommes étaient restés avec le régiment à Suzy. A 20 heures, la compagnie quitte Monthenault emmenant les blessés et 19 chevaux d’artillerie, conduits par un maréchal des logis et 9 artilleurs de parc. La compagnie suit l’itinéraire : MontbéraultFestieux, par le chemin des crêtes pour essayer de gagner Corbeny et se jeter ensuite en plaine, de façon à gagner Reims par le nord de la ville, mais un peu avant de déboucher sur la grand-route de Laon à Reims, elle se heurte à une colonne allemande considérable et est obligée de se rejeter vers le sud par la Bôve, Bouconville, Vauclair. En arrivant auprès de l’ancienne abbaye de Vauclair, au point du jour, nouvelle rencontre d’une colonne allemande qui oblige la compagnie à se jeter dans les bois. Les voitures de blessés ne pouvant suivre, le capitaine charge le soldat Aveline et un artilleur de conduire les blessés dans le premier village qu’ils rencontreront et de les confier aux soins de la municipalité.

3 septembre 1914

Ne pouvant reprendre sa marche en plein jour, car les Allemands occupent toute la région, la compagnie reste toute la journée dans les bois entre l’Ailette et le Chemin des Dames. Le chemin, coupé de canaux d’irrigation ne permettant pas aux chevaux de suivre, le capitaine les fait déharnacher et abandonner dans les bois. Les harnachements et les selles emballées dans des couvertures sont déposés dans les bois à 400 mètres à l’ouest de l’abbaye de Vauclair. Le capitaine n’a toujours aucun renseignement sur la situation : les quelques civils rencontrés disent seulement que les Allemands sont partout. Le guide amené de Monthenault ne connaît plus la région et le capitaine n’a toujours pas pu trouver de carte. A la faveur des bois, la compagnie se rapproche, dans l’après-midi de la crête du Chemin des Dames et vient s’établir à bonne distance de la ferme de Hurtebise. Une patrouille envoyée à cette ferme la trouve vide d’Allemands ; elle ramène le fermier et quelques vivres qui sont les bienvenus, car toutes les provisions étaient épuisées. Le fermier se met à notre disposition pour conduire le détachement et lui faire franchir l’Aisne ; il demande seulement la permission de retourner à la ferme pour y prendre sa veste, car il est en bras de chemise. Le capitaine l’y autorise, mais l’homme ne revient pas. Un sous-officier et deux hommes envoyés à la ferme la trouvent occupée par les Allemands qui ont arrêté le fermier et sont en train de faire main basse sur le bétail et les provisions. La nuit approche rapidement, aussi, malgré les difficultés du terrain, le capitaine décide à partir quand même, en se dirigeant vers le sud à la boussole. Le terrain est extrêmement coupé, les bois épineux, aussi la marche est-elle pénible. Heureusement, au moment où la nuit tombe, nous entendons le bûcheron qui travaille dans les environs. Une patrouille nous le ramène quelques minutes plus tard. C’est un réfugié d’un village qui est en train de construire une hutte pour abriter sa famille ; il connaît un peu le pays. Sous sa conduite, en passant par le moulin de Vauclair et les bois d’Oulches, la compagnie gagne le château de Blanc-Sablon. La marche sous bois, par une nuit noire, est extrêmement pénible, car nous suivons les pistes à peine tracées, de façon à éviter les routes parcourues continuellement par les Allemands qui occupent tous les villages voisins. Au cours de la marche, une trentaine d’hommes ayant perdu le contact s’égarèrent et ne purent rejoindre la compagnie.


4 septembre 1914

En arrivant à Blanc-Sablon, vers minuit, la compagnie y trouve heureusement le fermier qui s’offre à la guider jusqu’au village de Cuiry-lès-Chaudardes, où se trouve un bac sur l’Aisne. La marche reprend malgré la fatigue, Cuiry n’est pas occupé par les Allemands qui y avaient pourtant cantonné les jours précédents. La compagnie gagne vivement les bords de l’Aisne, le bac est intact, mais malheureusement petit. Le passeur qu’on réveille passe tout le détachement en huit voyages. Les Allemands n’ont pas donné signe de vie. Aussitôt la rivière traversée, la marche reprend. Par Couvreux [sic] et Roucy, la compagnie gagne Cormicy où elle arrive fourbue et affamée, car, depuis Monthenault, il n’a pas été possible de faire de cuisine, on a marché presque sans arrêt. A Cormicy, le capitaine établit la compagnie dans une ferme un peu isolée, à la sortie nord-ouest du village. Des vivres sont réquisitionnés et la soupe mise au feu ; les habitants nous approvisionnent. Les bruits les plus alarmants courent : Reims aurait été occupé sans combat, nous ne voulons pas y croire. Pendant que la soupe cuit, nous prenons un peu de repos, après avoir établi un poste de garde. Le cycliste de la compagnie trouve dans le village une carte au 80 000ème de la région. Il l’apporte au capitaine. A 9 heures, la soupe est mangée. L’occupation de Reims par les Allemands semble être confirmée. Le capitaine va chercher à gagner la Montagne de Reims, en évitant la ville pour gagner Epernay. A 10 heures, au moment du départ, des coups de feu éclatent autour de la ferme. Ce sont les Allemands prévenus de notre présence (nous ne saurons jamais comment). Ils ont envoyé deux détachements pour nous enlever : le premier (une demi-Cie d’infanterie environ), venant de Berry au Bac, nous attaque le long de la voie ferrée. L’autre venu en auto arrive par le village où, arrêté par une barricade, il nous fusille à 100 m. En un instant, tout le monde est à son poste. Les Allemands accueillis vigoureusement hésitent et s’embusquent autour de la ferme. N’ayant nulle raison de s’attarder à Cormicy, où il risquerait d’être cerné, le capitaine décide de gagner les hauteurs ouest de Cormicy où il pourra manœuvrer et surtout surveiller les environs. Le mouvement commence aussitôt par échelons de sections sans que les Allemands tentent rien pour l’entraver, se contentant de tirailler à distance. Quelques pertes pour la compagnie : 2 tués, 6 blessés, 4 disparus. Avant de quitter la ferme, les blessés furent pansés dans une voiture abritée dans la cour d’une maison et un habitant chargé de les conduire à Reims. Les blessés y furent hospitalisés par les Allemands qui les abandonnèrent lors de l’évacuation de la ville. La compagnie se rassemble vers la côte 186 (entre Cormicy et Châlons le Vengeur) et, de là, par le chemin de crête, se dirige vers le fort de Saint Thierry. La compagnie y arrive vers 17 heures sans avoir rencontré un Allemand. Un avion ennemi l’a survolée vers 16 heures à faible altitude. Une patrouille reconnaît que le fort est désert, la compagnie peut s’installer dans les casemates et y passer la nuit. Le sergent-major de la compagnie, Pouillon, avec une patrouille, trouve le village vide d’Allemands et, avec quelques difficultés, obtient des vivres du maire. La nuit fut tranquille ; le détachement put se reposer, ce qu’il n’avait pas fait depuis le 31 août, plus de 3 heures par 24 heures

[modifier] 1914, suite

Le régiment suit le mouvement général de retraite, les 2, 3, 5 septembre. Ce jour, placé en soutien d’une division de cavalerie, il livre un rude combat à Courboin. Les pertes sont sévères. Mais la retraite doit se poursuivre ; lorsqu’enfin, le 5, l’ordre du jour du Généralissime prescrit la reprise de l’offensive. Le 332e est alors aux environs de Villiers-Saint-Georges. Malgré les fatigues terribles et les privations de la retraite le moral est splendide ; l’ennemi est culbuté et la marche en avant commence. Presque sans combat le régiment atteint le 12 au soir Trigny au nord-ouest de REIMS. Le lendemain, par La Neuville, Guignicourt, le 332e doit se porter sur Prouvais. Il est avant-garde du G.D.R. A 10 h., le 13, l’avant-garde franchit le canal à La Neuville et s’empare de 2 automobiles avec des officiers allemands. A 10 h 30, le 6e bataillon atteint Aguilcourt où il se déploie pour servir de flanc garde à la colonne. Le 5e bataillon continue sa marche sur Prouvais qu’il atteint vers 19 h. Le 6e bataillon est attaqué avec violence à Aguilcourt par une infanterie très supérieure en nombre et soutenue par une puissante artillerie. Le combat est violent, mais le bataillon remplit sa mission. A la nuit, des éléments d’une autre brigade remplacent le 6e bataillon. Les pertes ont été lourdes. Le Chef de Bataillon, les Commandants de Compagnie sont blessés, près de 400 hommes sont hors de combat. Mais le 3e C. A. à l’est et le 18e C. A. n’ayant pu déboucher respectivement de la Ferme Saint Hilaire et de La Ville au Bois, la division doit abandonner Prouvais par ordre. Par une marche de flanc sous le feu de l’artillerie ennemie, le régiment se porte sur Berry-au-Bac où il franchit l’Aisne, et sur Cormicy. Les jours suivants, il se reforme et organise le village. Les premiers renforts arrivent. La 20e compagnie après son épopée glorieuse rejoint le Corps. Le 5 octobre, le régiment est embarqué en convoi automobile, et débarque dans la région au sud de Soissons. Le 13, il relève dans les tranchées entre Vailly et Soupir l’infanterie anglaise. La position est difficile ; l’ennemi nous domine, nous sommes accrochés aux pentes, avec derrière nous l’Aisne, dont la vallée est enfilée par le feu du Fort de Condé, que tient solidement l’ennemi. Les ravitaillements sont par suite difficiles, l’arrivée de renforts impossible. Dans ces tranchées, jusqu’au 29 octobre, le régiment subit un bombardement d’une intensité croissante. Le 29, le bombardement est général et terrible. Le 30 au matin, l’infanterie ennemie attaque : le 5e bataillon à Rouge-Maison repousse plusieurs attaques successives. Le 6e bataillon tient sans fléchir le vallon d’Ostel. Notre fusillade cause des pertes très lourdes à l’ennemi. Notre artillerie sur la rive sud de l’Aisne, sans munitions ne peut soutenir notre infanterie. Au nord de Vailly-sur-Aisne, malgré les contre-attaques énergiques le 306e est obligé de fléchir ; le Général Commandant la Brigade donne l’ordre de repli prévu depuis la veille. Ce mouvement de repli exécuté sous le feu de l’artillerie de tous calibres qui bat avec précision tous les passages sur l’Aisne et le canal, nous cause de lourdes pertes. Le 30 au soir, le régiment cantonne à Limé où il se reforme les jours suivants. Le 7 novembre, le régiment relève des fractions du 1er Corps d’Armée dans les tranchées entre Vailly et Cys. Pendant de longs mois, ce sera la vie de tranchées avec ses fatigues, ses alertes quotidiennes, sa monotonie, où le bon moral des hommes lutte victorieusement contre la dépression physique et morale. [3]

[modifier] 1915

Fin juin 1915, le Lieutenant-Colonel SAUVAGE qui commandait le régiment depuis la mobilisation passe au 144e Régiment d Infanterie et est remplacé à la tête du 332e R.I. par le Lieutenant-Colonel HINAUX.[4]

[modifier] 1916

Fin février 1916, le régiment quitte le secteur de l’Aisne et se rend au Camp de CHALONS. Au commencement du mois d’avril, le régiment est embarqué pour la région de VERDUN. Le 8 avril, il monte en ligne dans le secteur du Fort de VAUX. La relève est faite sous un bombardement d’une grande violence. Le tunnel de TAVANNES restera longtemps présent à la mémoire des troupiers du régiment comme un souvenir des jours les plus pénibles de la guerre. Une compagnie de mitrailleuses et une compagnie d’infanterie du 6e bataillon sont au Fort de VAUX. Le 5e bataillon est dans les ouvrages à l’est du Fort. Le 11 avril, l’ennemi attaque dans la région de l’étang de VAUX. Le 5e bataillon enraye, vers 17 heures, une violente attaque. Le soir même, le régiment est relevé sous un bombardement très dense d’obus lacrymogènes. Il doit aller rejoindre la Division sur la rive gauche de la Meuse. Le 22 avril, à la nuit, le 332e monte en ligne sur les pentes nord-ouest du MORT-HOMME. Pendant la relève, un Chef de bataillon est grièvement blessé ; l’aumônier du régiment, M. l’abbé de LACROZE, célèbre par son courage et si sympathique à tous par son aménité est tué aux abris NETER. Jusqu’au 5 mai, les 5e et 6e bataillons restent en ligne. Entre temps, la 23e compagnie et la C. M. 6 repoussent, le 24, une attaque sur la tranchée LECOINTRE. La 19e compagnie mise en soutien d’un bataillon voisin au bois de CUMIÈRES, prend part à l’attaque dans cette région et engage un très dur combat à la grenade dans les boyaux et repousse une contre-attaque allemande. Pendant cette période, le bombardement ennemi, par obus de gros calibre, a été ininterrompu. Nos hommes l’ont supporté vaillamment dans des tranchées complètement éboulées, sans abri d’aucune sorte. Le ravitaillement, en vivres et munitions, était d’une difficulté extrême. La souffrance de la soif inapaisée, le marmitage effroyable n’ont pas entamé le moral extraordinaire des poilus. Le 5e bataillon devait rester en ligne jusqu’au 5 mai. Une tâche glorieuse lui était dévolue : l’enlèvement de l’ouvrage du Trapèze et de la Guitoune, à la crête du MORT-HOMME et la deuxième tranchée allemande à contre-pente. La 17e compagnie et 30 grenadiers du 5e bataillon sont chargés de l’attaque. L’action est foudroyante. Les ouvrages sont enlevés ; une vingtaine de prisonniers sont ramenés et quatre mitrailleuses sont prises. La C. M. 2. par le feu de ses pièces, interdit toute contre-attaque. Le 5 mai, le 5e bataillon rejoint le 6e bataillon au bivouac du BOIS BOUCHET où ce dernier se trouvait depuis le 3. Toutes les nuits sont employées à des travaux dans les secondes lignes sous un bombardement intense. Le 9 mai, le régiment est au demi-repos à IPPÉCOURT. Le 22 mai, le régiment se rend au BOIS BOUCHET, à la nuit, on apprend que les Allemands viennent de percer notre front au MORT HOMME. Le régiment s’engage immédiatement pour contre-attaquer. Les renseignements sur l’ennemi manquent. Sous un barrage uniquement d’obus de gros calibre, d’une densité peu commune, les deux bataillons se portent à l’attaque, dépassent la place d’armes de CHATTANCOURT et la ligne 1 bis et sont arrêtés par un feu violent de mitrailleuses et de mousqueterie. Les hommes se logent dans des trous d’obus et des vestiges de tranchées. La nuit du lendemain est mise à profit pour relier les trous d’obus. Un nouveau front est constitué. La journée du 23, comme les journées précédentes, est marquée par un violent bombardement. L’après-midi, le bombardement redouble d’intensité et atteint des proportions jusqu’alors inconnues. A 19 heures, une attaque ennemie se déclenche en formation dense. Prises sous les feux des 19e et 18e compagnies et des mitrailleuses, les forces ennemies tourbillonnent et disparaissent. Simultanément, une autre attaque se dessine sur le 6e bataillon. Cette attaque est menée avec des liquides enflammés, notre extrême gauche fléchit légèrement ; mais, les hommes entraînés par leurs officiers, se jettent en avant à la baïonnette et repoussent l’ennemi qui fuit alors, haché par une section de mitrailleuses qui tire de la place d’armes. Au cours de ces attaques, deux compagnies du 332e, les hommes debout sur la tranchée, baïonnette au canon, sifflaient la Marseillaise. Les boches pouvaient venir. Le 24 mai, le 6e bataillon est relevé, le 5e bataillon reste en deuxième position, il ne rejoint le régiment que le 29. C’est ainsi, que le 332e régiment d’infanterie s’est couvert de gloire à VERDUN.

Le régiment revient ensuite sur l’Aisne reformé à trois bataillons avec l’appoint d’un bataillon du 306e régiment d’infanterie. Il devait y tenir la tranchée du CHOLÉRA et de la MIETTE jusqu’au 4 décembre. Le 6 décembre, le 332e régiment d’infanterie passe à la 42e division d’infanterie où, avec le 94e régiment d’infanterie, les 8e et 16e bataillons de chasseurs à pied, il constitue l’infanterie de cette division. Le régiment adopte alors le nom de « VIEILLE CHAMPAGNE ». Composé en majeure partie d’enfants de REIMS, de la MARNE, ce nom est bien symbolique car dans la division d’élite qu’est la 42e division, à côté des alertes chasseurs de SIDI BRAHIM et de RAMSCAPELLE , des Grenadiers de la Garde, le 332e est l’élément pondéré ; les pépères des classes 1897 y voisinent avec les gosses de la classe 1917 et, s’il sait avoir la fougue de ses rivaux en gloire, il est aussi un encaisseur de premier ordre.[5]


[modifier] 1917

[modifier] 1918

[modifier] Entre-deux-guerres

[modifier] Seconde Guerre mondiale

[modifier] De 1945 à nos jours

[modifier] Drapeau

Batailles inscrites sur le drapeau [6]:

Par application des prescriptions de la circulaire n° 2156 D du 22 février 1918, le Maréchal de France Commandant en Chef les Armées françaises de l’Est a décidé que les unités ci-dessous auront droit au port de la Fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille Militaire : 332ème RÉGIMENT D’INFANTERIE. Cette unité a obtenu quatre citations à l’Ordre de l’Armée pour sa brillante conduite au cours de la campagne.[7]

[modifier] Traditions et uniformes

Après la Bataille de Verdun en 1916, le régiment adopte alors le nom de « VIEILLE CHAMPAGNE ». Composé en majeure partie d’enfants de REIMS, de la MARNE, ce nom est bien symbolique car dans la division d’élite qu’est la 42e division, à côté des alertes chasseurs de SIDI BRAHIM et de RAMSCAPELLE , des Grenadiers de la Garde, le 332e est l’élément pondéré ; les pépères des classes 1897 y voisinent avec les gosses de la classe 1917 et, s’il sait avoir la fougue de ses rivaux en gloire, il est aussi un encaisseur de premier ordre.[8]

[modifier] Insigne

[modifier] Devise

[modifier] Personnalités ayant servi au 332e RI

  • Pére Gonzague Menneson, sous-lieutenant au 332e d'infanterie.
  • Capitaine H.J.M. Klipffel : officier de réserve du 132éme RI de Reims [9], ce capitaine sera fait chevalier de la Légion d'honneur le 4 octobre 1914 et recevra à titre personnel une citation à l'ordre de l'armée, dont voici le texte : « Klipffel, capitaine au 332e rég. d'infanterie coupé des troupes françaises le 2 septembre a réussi par son énergie à rallier avec sa compagnie, grossie d'une cinquantaine d'isolés, le 2e corps d'armée, après avoir traversé, au prix des plus grandes difficultés, les lignes de marche de l'armée allemande. ». Il sera nommé par la suite chef de bataillon de réserve affecté au 67° R.I. de Soissons et officier de la Légion d'Honneur.[10]

[modifier] Voir aussi :

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources et bibliographie

Original de l’Historique du 332ème Régiment d’Infanterie « Vieille Champagne », Verdun, Imprimerie H. Frémont, 1921 Souvenir de l'inauguration du Monument aux Morts des 132e et 332e RI et 46e RIT ; 1925 ; Historiques sommaires des 132e et 332e RI et 46e RIT.

  1. Journal de marche et des Operations du 332e RI
  2. JO du 15 octobre 1914 - page 8307
  3. Original de l’Historique du 332ème Régiment d’Infanterie « Vieille Champagne », Verdun, Imprimerie H. Frémont, 1921
  4. Original de l’Historique du 332ème Régiment d’Infanterie « Vieille Champagne », Verdun, Imprimerie H. Frémont, 1921
  5. Original de l’Historique du 332ème Régiment d’Infanterie « Vieille Champagne », Verdun, Imprimerie H. Frémont, 1921
  6. Service Historique de la Défense, Décision N° 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007
  7. Extrait de l’Ordre n° 145 F du G. Q. G. du 12 janvier 1919.
  8. Original de l’Historique du 332ème Régiment d’Infanterie « Vieille Champagne », Verdun, Imprimerie H. Frémont, 1921
  9. Annuaire Officiel de l'Armée Française 1913 et 1914, Éditions Berger-Levrault, Paris
  10. Annuaire de 1921