Zuhayr

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Zuhayr, écrit aussi Zouhaïr, (arabe : زهير بن أبي سلمة) était un poète de l'époque pré-islamique ayant vécu de 530 à 627 après J.-C. environ, en arabie.

Sommaire

[modifier] Biographie

Zouhaïr ben Rabi'a ben Qourt ben Abi Soulma appartenait au groupe des Mouzaïna, issus des Modar. Par sa mère, il était rattaché à la tribu des Dhoubyan. Sa famille comportait de nombreux poètes.

Il est décrit comme quelqu'un de bon et de généreux, qui aimait faire de ses poèmes des louanges pour les hommes, pour la paix. Sa mu'allaqât contient d'ailleurs un appel à la réconciliation entre 'Abs et Dhoubyan pendant la guerre de Dahis et El Ghabra, et se termine par des séries de réflexions ou de proverbes.

Son fils, Kaâb ibn Zouhaïr, fut également poète.

[modifier] Extrait

Voici, dans sa mu'allaqât, deux exemples de sa façon de s'adresser aux chefs ennemis durant la guerre de Dahis et El Ghabra (traduction de Jean-Jacques Schmidt).


Vous êtes tous les deux des seigneurs magnifiques, dans
le triomphe comme dans l'épreuve.
...
Vous êtes grands. Votre noblesse vous élève au plus
haut rang de la race de Ma'd. Soyez guidés
vers le succès. Quiconque sait s'emparer d'un trésor
de gloire s'en trouve grandi.


Ou encore, traduction de Pierre Larcher v. 17-22:


J'en jure, par l'Édifice autour duquel tournent
Des hommes, qui l'ont bâti, de Qouraych et Jourhoum,

Solennellement: Ah! Les deux braves seigneurs
Qui êtes là, toujours, pour la corde ou le brin!

Vous avez ressaisi 'Abs et Dhoubyâne qui
S'entretuaient, broyaient entre eux la drogue de Manchem,

« Si nous tenons, avez-vous dit, une paix large
Par les biens, les propos d'usage, saufs nous serons! »

Alors vous fûtes, pour elle, à la meilleure place,
Loin, là, de toute ignominie ou trahison,

Sur les cîmes de Ma'add grands -bien guidés soyez!-
Car grand, qui s'autorise d'un tel trésor de gloire!


Et voici quelques sentences, à la fin (traduction de Jean-Jacques Schmidt):


Qui ne flatte abondamment risque d'être
déchiré à belles dents et écrasé comme sous les pieds
d'un chameau.

Quelle que soit la nature d'un homme,
il aura beau se croire capable de la cacher, il
se révélera toujours.

Que de gens, que tu admires tant
qu'ils n'ouvrent pas la bouche, expriment, dès qu'ils
parlent, leur valeur ou leur médiocrité.

Nous avons demandé et vous avez donné
Nous vous avons demandé encore et vous avez encore
donné. Mais à trop demander, le risque est de ne
plus rien recevoir.


Et voici les mêmes, traduites par Pierre Larcher (v. 50, 60, 61, 64)


Qui se montre intraitable en de maintes affaires
Est déchiré à belles dents, foulé aux pieds!

La nature d'un homme, quelle qu'elle soit, est connue,
Quand bien même il la croit des autres inconnue.

Que de gens, qui te plaisent, quand ils se taisent, tu vois
Devenir excessifs ou médiocres, dès qu'ils parlent!

Nous demandons, vous donnez: une fois, deux fois...
Qui trop a demandé, un jour, sera privé.


Enfin, voici, traduit cette fois par Jacques Berque, une vision de la vieillesse, un peu lasse...


Que je suis las des charges de l'existence
Quiconque a vécu quatre-vingt ans n'a plus de père,
et se sent bien las.
Je sais ce qu'aujourd'hui comporte ; et hier avant aujourd'hui
quant à le savoir pour demain, aveugle je suis
j'ai vu la calamité frapper au hasard : elle te couche
et tu péris, elle te manque et tu deviens âgé, caduc.

[modifier] Référence

  • Les Mu'allaqât, Les Sept poèmes pré-islamiques, préfacés par André Miquel, traduits et commentés par Pierre Larcher, Éditions Les immémoriaux / Fata Morgana (2000).
  • Les Mou'allaqât, poésie arabe préislamique. Présentation et traduction par Jean-Jacques Schmidt, Paris, Seghers, 1978.
  • Les dix grandes odes arabes de l'Anté-Islam, Les Mu'allaqât traduites et présentées par Jacques Berque, Paris, Sindbad, 1979.

[modifier] voir aussi

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