Yvonnig

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Yvonnig est un photographe français qui vit et travaille à Paimpol (Côtes-d'Armor) en Bretagne. Depuis de longues années il arpente les côtes bretonnes pour capter les plus indiscibles et les plus fugitives lumières. Photographe aujourd'hui reconnu, il a créé un style bien à lui. C'est bien la marque d'un grand artiste.

Sommaire

[modifier] La lumière et le temps

Il a reçu en héritage deux éléments qui apparaissent aujourd’hui comme essentiels. Un grand père paysan, lui a légué une lampe « tempête ». Celle qu’il utilisait le soir pour aller voir les chevaux. L’autre grand père, horloger de son état, lui a donné une montre à gousset. « La lumière et le temps : quel bel héritage pour un photographe », se souvient Yvonnig, un petit brin de malice dans la voix. Photographe est une vocation qui va naître très tôt chez lui. Il collectionne d’abord les images avec passion pour le simple plaisir des yeux. Des yeux qui donnent un sens à la vie. Il évoque, en effet, le souvenir d’un membre de sa famille recouvrant la vue seulement trois mois avant de mourir. Importance de l’œil… Cet œil qui capte la lumière dans la magie de ses plus belles apparitions. Yvonnig contemple la nature et sait y trouver ce que les autres ne voient pas. C’est alors qu’il décide de « faire des images ». Suivent trois années d’apprentissage à l’Institut Français de Photographie. Deux années d’études en histoire de l’art à Rennes puis le service militaire dans l’aéronavale en qualité de photographe. Et puis, l’arrivée à Paimpol au milieu des années 1970. C'est là qu'il a installé son atelier, rue Georges-Brassens. Depuis toutes ces années, il a beaucoup regardé les paysages. Il a appris à les connaître. Il sait que « par vent d’est la mer est couleur turquoise, par vent d’ouest, elle est émeraude. »

[modifier] Calme et sérénité

Dans les photographies d'Yvonnig, pas de lumière artificielle, pas de filtre. La lumière naturelle seule, dans toute sa splendeur. Il faut être là au bon moment pour avoir droit à cette intimité avec elle. Être en veille permanente, cela ne peut s’acquérir que par la pratique. Une pratique faite de longues années à regarder le monde. L’artiste prend la photo avec son œil avant de la prendre avec son appareil. « Je ferme les yeux quand je déclenche. » Le résultat est là quand une vue en noir et blanc révèle l’atmosphère enveloppant le port de Loguivy-de-la-mer par un matin calme. Un pêcheur s’affaire dans une barque sans se préoccuper du photographe. Une impression de fluidité, de silence et de sérénité se dégage de cet univers presque irréel. Un paysage qui a bien changé en vingt ans. « Aujourd’hui, les embarcations ne sont plus les mêmes. » Dimension humaine évidente : « ce sont les gens du coin au travail. » C'est encore cette image prise juste après un orage sur Loguivy, un halot de lumière cherche sa route entre deux nuages. Tout événement de la nature mobilise le photographe. « Ces plaques de goémons à la surface de l’eau éclairée par un coup de soleil. » Un instant rare : « deux minutes après, c’est fini ! ». Yvonnig est capable de donner avec précision les conditions de la prise de vue. Le moment de l’année. De la journée. Le matin de bonne heure ? Loguivy sous la neige. « Il neige. Il faut y aller. C’est trop important. C’est beau ! » Un matin de bonheur !

[modifier] Amoureux de Gauguin

Yvonnig compose avec les lignes du paysage. Un chemin sinueux, des champs de blés sous la pluie. Cette pluie qui crée des reflets sur la route. « J’adore les contrastes. » Il sait révéler de sublimes dégradés de couleurs dans la magie des lumières de septembre. Tous les éléments ont leur place. « On ne peut pas tricher et supprimer une chose disgracieuse. Il faut composer avec elle. » Comme ces lignes électriques qui entourent un arc-en-ciel. Elle donnent force et originalité à l’image. Il faut bien choisir les angles. Yvonnig compose comme un peintre. Mais pas question d’emprunter les techniques de la peinture. Faire une photo comme on ferait un tableau. La photographie à ses caractéristiques propres. Elle est complètement autonome. L’artiste connaît bien l’histoire de l’art. Il a lu Élie Faure. Amoureux de l’œuvre de Gauguin, il s’est également intéressé au comportement de la lumière et de la couleur en étudiant le Traité des couleurs de Gœthe. Toutes ses photographies trouvent leur origine dans la parfaite connaissance des côtes bretonnes. Une grande disponibilité à l’égard de la nature. La compréhension des comportements de la lumière et de la couleur. Pour le reste, deux appareils pour deux formats : 24x36 et 6x6. Des films de 50 ASA pour une très bonne définition. Pas de filtre, pas de manipulations en laboratoire… La lumière naturelle et elle seule…

[modifier] Source

Entretien publié dans la Presse d'Armor du jeudi 14 août 2003.